farouche. Ici est un discours plein de
passion, ( i ) que.tient cet amant infortuné
( 2 ) , qui se plaint des rigueurs (3)
de celle qu’il aime, sans espoir de retour.
Tels étoient les désirs et les regrets
qu’exprimoit Bacchus,au miiieude
prairies émaillées des fleurs ( 4) du
printemps, lorsqu’une Nymphe Hama-
dryade conseille à Ilacchus de surprendre
Aura et' de la forcer. ( 5 ) Bacclius
s’endort et voit en songe Ariadne,(<5 )
qui lui reproche sa nouvelle flamme et
son inconstance ( 7 ).
Bacchus se' réveille ( 8 ) et s’occupe
d’un moyen de faire réussir ses nouveaux
amours : il se rappelle la ruse,
dont il a usé pour jouir des faveurs de
N-icé pr ès des bords- de l’Astacus' (9).
Le hazard conduit dans ces lieux Aura
, qui dévorée par la soif (10) cher-
choit une fontaine pour se désaltérer.
Bacchus profite de l’occaiion ; il s'approche
d’un rocher, le frappe de sonTliyrse
et en fait aussitôt jaillir une source de
vin , ( 11) qui corde au milieu des fleurs
que font naître les saisons, compagnes
du soleil. Les Zéphirs planent au dessus
mollement, et agitent l’air, que le
rossignol et les autres oiseaux percïjh
sur -les’ arbres faisoient retentir de
leurs chants. C’est dans ces lieux char-
mans, qu’arriva la Nymphe Aura (12.)
pour se désaltérer. Elle boit , sans s’en
douter , la liqueur délicieuse que fait
couler pour elle Bacchus (i3). Elle en
admire la douceur ; et bientôt elle en ressent
les prodigieux effets. Elle s’apper-
■ (1 ) v. 488.
(2; v. 500. . '
(3) V. 504.
( 4) v. 515.
(5 ) v. 525.
(6) v. 530.
( 7) v - 55°-
(8) y. 564.
(9) v. 567.
(10) v. 572. ;
0 -0 v . 576..
(12) v . 590,
(13) v . 600,
v>4) Y. OC5.
çoit, que ses yeux s’appésantissent (i4) ;
que sa tête tourne, que ses pas chan-
cellent(i5). Elle se couche et s’endort.
L’amour la voit et averti; Bacchus (16);
et revoie aussitôt dans l’Olympe, après
avoir écrit sur les feuilles du printemps
, amant couronnes ton ouvrage ,
tandis qu’elle dort. Point de bruit, de
crainte qu’elle ne s’éveille( 17). Bacchus
fidèle à cet avis approche très - doucement
du lit de gazon où doimoit Aura.
Il lui ôte son carquois , sans qu’elle
le sente, et le çaclie dans une grotte
voifine"(i8).- Il l’enchaîne , et cueille la
première fleur de sa virginité. (19)
Il se retire ensuite, après avoir laissé
un doux baiser sur ses lèvres vermeilles.
Il la dégage de ses liens ; ('2.0) rapporte
près d’elle son carquois. A peine
est-il parti , que la Nymphe sortant des
bras du sommeil, qui avoit fi b’enservi
Bacchus, s’étonne du désordre dans lequel
elle se trouve , & dont le poète
nous fait une voluptueuse pèinture (ai).
Elles’apperçoit, qu’elle a perdu son plus
précieux trésor par un amoureux larcin.
Elle entre en fureur; elle s’onprend
à tout ce qu’elle rencontre. Les pâtres
du voisinageson t victimes de sa ra ge (22).
Elle frappe les statues de Vénus & de
Cupidon (23). Elle pleure la perte de
sa virginité (24) ! ignorant encore quel
est le ravisseur. (25) Elle porte ses soupçons
sur les dieux les plus connus par
leurs amoürs (26). Elle menace sur-tout
Vénus & Bacchus , en même temps
qu’elle se plaint deDiane. (27;
(15) v. 610.1 06) Y. 615. >
Ô7) v. 620.
OS) v. 625.
(19) v. 645.
O®) y. 648.
f2l) V. 655.
(22) V. 664®
. O s ) Y. 69e.
(249 v. 701.
<•25) Y. 70J.
(26) v. 71©.
f27) v * 7a<>
Enfin , elle s’apperçoit qu’ejle est
mère ( 1 )• Elle en veut à son-fruit pelle
en veut à elle même & cherche à se détruire
'( 2 ). C’est alors que Diane jouit
du fruit de sa vengeance., (3) et insulte
à son orgueil humilié , en lui rappelant
les circonstances d’une aventure ,
dont les suites se manifestent par des
signes de grossesse non équivoques (4)-
Elle la presse par des questions, qui ne
tendent qu’à la mortifier.(5 jqElle lui
dit, qu’elie connoît son amant & lui
découvre que ç’est Bacchus ( 6 )s 4Elle
continue de l ’accabler par ses railleries
amères ( 7 ). Après avoir satisfait
à sa vengeance, Diane se retire, & laisse
la malheureuse Aura errante sur les rochers
& dans la solitude ( 8 ) ,,qui retentit
de ses longs & douloureux gémisse-
mens. Enfin elle accouche & devient
mère de deux enfans ( 9 ). Bacchus engagé
Nicé sa première épouse, & qui
avoit éprouvé le même sort & la même
surprise cqxAura (10), à se charger du
soin de ces jeunes enfans, que leur mère
dans safureür pourroitfairepérir(li).Il
desire que Ce soit leur fille, la jeune prin-
cesseTeletè, ouFin(i2) fille de Bacchus
& de Nicé, qui soit chargée de ce dépôt.
Cependant Aura leur mère les abandonne
& les expose sur un rocher, pour
être la proie des animaux les plus féroces
(i3) ; mais une Panthère survient,
& loin de leur faire du mal, elle les
alaite & des dragons terribles font la
garde autour d’eux. Leur mère arrive
furieuse, comme unelione (14) j elle se
saisit de l ’un de ses enfans, le tue & en
dévore les membres (t5). Diane sous-
(x) v- 726.
O ) y . 735.
( î) y . 75°- ■
G) Y. 760.
(5) Y. 768.
1 (69 v . 772.
. (79 v. 780.
(8 ) -v. 787.
(9) v. 854.
Ç109 v . 875.
(1 1) V. 880.
(12) v, 886.
trait l ’autre à sa rage. Aura dans les
transports de safni-eur, se précipite e)le-
rnême dans un fleuve. Jupiter la métamorphose
(16) en fontaine! Diane vengée
rend à Bacclius le fils d'Aura , qu’elle
avoit. sauve des fureurs de sa mère (17),
& qui, encore enfant , fut remis à Minerve
à Athènes (18). Il devint un nouveau
Bacchus, que l ’on honore dans les
mystères d’Eleusis ( 19 )., comme le fils
de Proserpine & celui de Sémélé (20)
& ces trois Bacchus ont eu leurs mystères
& leurs Orgies à Athènes. Ce dernier
est le fameux Bacchus célébré dans
les mystères. (21)
Après avoir achevé ses travaux &
fourni sa carrière mortelle, Bacchus
fut reçu dans l’Olympe (22) & fut s’asseoir
à la table des immortels , près du
fils de la Pléiade Maia , & sur un trône
commun avec Apollon (23). - ■
Il n’a pas été fort difficile d’apperce-
voir le sens de cette dernière allégorie
sur les amours de Bacchus avec Zéphyr,
désigné sous le nom de la Nymphe Aura
, dont l ’agilité à la course égaloit
celle des vents (66). Aura est le nom du
vent doux, qui souffle aux approches du
printemps & du Taureau équinoxial où
se trouvoit arriver le Soleil à cette époque.
C’est ce qui l’a fait personnifier sous
le nom d’une Nymphe très-légère, fille
de Péribée, fille elle même de Polybée.
Elle est surprise dans un lieu charmant,
& dort sur un gazon, qu’émaillent les
fleurs nouvelles du printemps ; ce qui
caractérise bien l’état de la nature , à la
fin de la révolution annuelle , dont le
printemps est le point de départ. Bac-
(13) v. 910.
(14) v* 920»
(X5) Y*.924.
(16) y- 935-
(17) v . 947.
(18) y - 953-
(19) v. 958.
(20) v. 963.,-
V. 968. ' (22) V. 974.
(2 3 ) v. 978.