qu’ondisoit, qu’IsisenvoyoitcesSerpens à l’entrée des enfers , sont évoqués
contreles scélérats, pours’en venger. Cet par Hécate. C’étoit elle , qni en faisoit
Isis étoit alors unefuiie, comme Hécate. sortir le fameux Spectre , connu sous
Elle ayoit en effet tout l'extérieur d’une le nom d'Empousa (4)5 v!*.> dit-on ,
de ces déesses vengeresses : aussi est-elle avoit un visage éclatant de lumière et
associée aux Euménides {y ) dans Vir- une cuisse d’airain,
gile ( 1 ). Elle portoit en main le flam- On pourroit aussi croire, que c’estHé-
teau des Furies : des Serpenssiffloient sur cate qui est désignée dans Fausanias,
sa tête. On appeloit de Son nom le sous le nom de Despoina, fille de Cérès
poteau auquel étoient attachés les cou- comme elle , et soeur de Proserpine,
pables dans les prisons, Ecatê [Hesycli). Médée , dans Euripide, lui donne
Je ne doute pas , qu’Hécate , et les l’épithète de Despoina. Eschyle l’ap-
spectres qui la représentaient et qui for- pelle aussi Despoina , Hecate ( 5). Si
moient son cortège, ne jouassent un l’on examine les statues d’Hécate , qui
grand rôle dans les scènes magiques souvent ont été à tête de cheval, il
de l’initiation , puisque la doctiine en résultera encore un rapprochement
du Tartare et de l’Elysée y étoit mise avec la fameuse Despoina des Arca-
en représentation. Ainsi ses Orgies ou diens , qui , suivant Fausanias , etoit 6es mystères se trouvoient liés à la doc- fille des amours de Neptune et de
trine des récompenses et des peines. Cérès (6) ; car les uns faisoient naître un
C ’étoit la bête noire qu’on faisoit voir cheval, et les autres Despoina des fruits
aux enfans et au peuple , qui est tou- de ce mariage. Pausanias nomme bien
jours à cet égard dans l’enfance. On Proserpine , mais il n’ose dire le vrai
appeloit Hécate ces vastes cavités nom de cette Despoina. Cette Déesse et
sombres , qu’on, apperçoit ■ dans la Diane ou la Lune des signes supérieurs
Lune ( a ) , et on disoit que c’étoit là formoient le cortège de Cérès. Ainsi
qu’étoient renfermées les âmes des nié- Cérès se trouvoit entre ses deux filles (7).
chans, où elles subissoient différen s tour- Despoina passoit pour avoir été nour-
mens.-Les rapports, qu’avoit Hécate rie par Anytus un des Titans,
avec les âmes délivrées des corps, ont fait Elleparoît, enElide, unie à Diane
comparer cette Divinité Grecque avec ( 8 ). Son union à Cérès, dont on la
l ’Anubis , ou le Mercure Egyptien (3) , disoit fille (9 ), comme 1 etoit Hecate,
Divinité terrestre et céleste , chargée de justifieroit encore l’identité de ces Divi-
la conduite des âmes, et représentée, nités, Hécate et Despoina. Près du
comme Hécate, avec des formes ca- temple de Despoina, étoit une espece
nines. de table lsiaque (10). C’étoit une plaque
En E g y p t e , près du temple d’Hécate, où l’on avoit gravé tout ce qui étoit
étoient des portes sacrées, qu’on ap- relatif à l’initiation. On passoit du
peloit Portes du Cocyte et du Léthé; temple de Diane dans celui de Despoina.
ce qui rapproche encore le culte d’PIé- C’est dans ce Temple , que Çeres
cate dë la théorie des Egyptiens sur étoit accompagnée de ses deux filles,
le sort des âmes, grand objet de tous ou de la Lune dans les deux hémis-
les mystères, comme nous le ferons phères. On y voyoit Diane avec
voir ailleurs. les attributs du Serpent, et les Chiens
Tous les spectres, que Virgile place d’PIécate.
(1) AEneid. L 4, v. 619. (0 Pausan. Arcad. p. *71— 168.
i l ) Plut, de F acte in orbe Lun* , p. 944. (7) Ibid. p. *67.
m Idem de jside. (^) Heliac. I , p. 16a.
(4) Schol. Apoll. 1. 3 , v . Sèo. etAristoph. 296. (9) Arcad., p, 265. (5) Rat. Coin. p. *39- Orph. in Argon. (10) Ibid. p. 167.
R E L I G I O N U N I V E R S E L L E .
Cette Despoina étoit la grande Divinité
des Arcadiens ( 1 ) , comme le remarque
Pausanias, qui nous, parle des
sacrifices que ces Peuples lui faisoient, et
des initiations instituées en son honneur.
C’étoit son nom d’Hécate, sans doute ,
que Pausanias ne vouloit point révéler
à d’autres qu’aux initiés. La Cérès, qui
étoit sa mère, étoit la Cérès noire ( a ) ;
ce qui revient assez à la dénomination
d’Hécate ténébreuse , que lui donne.
Diodore , et à la partie du Ciel inférieur
qu’habite Hecate.
Cette Cérès, mère d’Hécate , s’appelle
Deô. C’est aussi le nom que porte
la mère de Despoina, dans Pausanias
(3) , qui cite les vers de la Pythie.
D’après ce que nous venons de voir,
il paroît assez vraisemblable, que les
mystères célébrés en Arcadie, en honneur
de Despoina , sont les mystères
d’Hécate, Ou de la Tithrambo des Egyptiens
, c’est-à-dire , de la Lrrne parcourant
l’hémisphère inférieur , celui qui
a toujours été considéré comme l’enfer,
relativement à l’hémisphère supérieur.
C’étaient, en quelque sorte, les
mystères de la Nuit que l’on célébroit,
et ceux de la Lune, reine de cet empire
ténébreux. C’étoit là cette affreuse
Déesse qui éclairoit les enfers, et qu’E-
née invoque dans Virgile, L. 6.
Sous les noms de Diane, la Lune
avoit aussi ses mystères. Nous ne suivrons
pas dans tous ses détails le culte
de cette Divinité ; nous nous bornerons
à recueillir ce qui étoit relatif à
ses mystères et à ses initiations , sous
le nom de Teletê de Diane. Point de
Divinité , qui ait été adorée d’un culte
plus universel que la Lune, sous le
nom de Diane 1 A chaque page de
Pausanias, on rencontre des statues, des
temples, des autels élevés à cette
Déesse dans toute la Grèce. Mais on
(1} Ibid. p. *68.
S!(a) Ibid. p. 271. Ibid. p. 271.
Plus. Achaic. p. 115.
99
trouve peu de mystères et d’initiations
proprement dites , établies en honneur
de Diane. On trouve cependant une
fête nocturne Pannuchide, ou des veilles
sacrées , célébrées tons les ans par les
Ioniens, en honneur de Diane Triclarie.
Une fille Vierge faisoit les fonctions
de Prêtresse (4).
Qn voyoit aussi chez les Caphuates ,
en Arcadie , un temple de Neptune et
un de Diane Cnacalesse (5) , lionorée
sur le mont Cnacale , en Arcadie, où
se célébroient tous les ans des mystères
en honneur de Diane. Il y avoit là proprement
Teletê, ou initiation. Je remarquerai,
que lesCapuatesouCapuans ,
d’Italie , adoroient aussi Diane (6). La
Diane d’Arcadie près Capyes prit le nom
d’étranglée , MSffîitmeriv , d’après un
conte que rapporte Pausanias.
Diodore de Sicile (7) assure,que Diane
étoit singulièrement honorée chez les
Perses , et que ces Barbares célébroient
encore de son temps, en son honneur ,
les mêmes mystères, dont elle étoit l’objet
chez les autres nations.
Il n’est donc pas douteux, que, sous
son nom de Diane , la Lune n’ait eu
ses initiations et ses mystères , puisque
nous savons d’ailleurs , (z) qu’il y avoit
desinitiations ou Telètes en honneur de
la Lune , comme il y en avoit en honneur
du Soleil ; que l’on inirioit aux
mystères du Dieu Jour et aux mystères
du Dieu Mois. Néanmoins les mystères
de Diane, proprement dite , ne nou9
sont pas très-connus , et nous ne pouvons
pas ici donner de grands détails.
En conséquence, nous allons passer aux
mystères des Divinités Cabiriques ou
à l’initiation des Dieux de Samo-
thrace, par lesquels nous terminerons
cette première partie de notre ouvrage {a).
Il paroît, que les mystères de l’Asie
passèrent dans les îles qui séparent le
(5) Arcad. f. 254,
(6) Heliac. 1, p. 169.
(7) Di «A Sic, f. J, c, 77; p; 597.
N a