*94 O R I G I N E D E T O
xens astres. Il nous représente aussi
les Grecs unissant le culte des astres
à celui de leurs images symboliques.
Le culte de la chèvre et de son idole
chez les Phliafiens en est une preuve.
Le second , ou Maimonide ( 1 ), en
nous parlant de ces temples et de ces
statues élevées aux étoiles, dit, que
ceux qui les élevèrent pensoient, que.
les influences des astres y descendoient
et que 1 intelligence, qui y venoit habiter,
communiquoit aux hommes le
don de prophétie, et leur donnoit les
avis les plus utiles, et les plus salutaires.
Ilscroyoiertt,que les arbres mêmes,
consacres a telle ou telle étoile, plantes
sous son nom et sous son aspect,
et honorés de telle ou telle manière,
recevoient de cette étoile une influence
divine, et une espèce d’intelligence, qui
venant s y établir lui donnoit une vertu
prophétique et procuroit des songes à
celui qui lui rendoît des hommages.
Il ajoute, que ce sont.ces idées superstitieuses,
qui ont donné naissance aux
enchantemens, à la divination, à l’art
augurai, à la magie, et à toute la fourberie
sacerdotale.
^ Cette idée est absolument conforme
a notre théorie sur lame universelle et
sur 1 action des intelligences: (a)r répandues
dans les astres, lesquelles,étoient
supposées exercer leur énergie influen-
tielle sur tous les objets,.qui les-retraçoient
sur la terre, tant dans le règne
animal, que dans le règne végétal
et minéral.
Maimonide -nons fait voir la liaison
de ce culte avec les besoins de l ’homme,
dont le bonheur ou le malheur
dépend de l’influence hoime ou mauvaise
du ciel sur la terre, et par conséquent
il prouve, que ce culteidolâtri-
:que étoit entièrement fondé sur l’Astrologie
et né du besoin d’attirer les
influences heureuses du ciel, ou de
- corriger celles qui étoient mauvaises.
« Si vous envisagez, nous dit ce sa,
» vant (3), les raisons du culte des as.
» très et de leurs simulacres, vous trou.
» verez, qu’il passoit généralement pour
» certain, que le culte des astres at-
» tire la fécondité sur la terre. Que la
» négligence de leur culte, et les cri-'
» mes par lesquels on les outrage font
>y tomber sur les villes et les qampa-
» gnes les plus grands fléaux. Que les
» efforts, que le cultivateur fait pour
» défricher la terre et la rendre plus ha-
33 bitable, ne peuvent que plaire singu-
» librement aux astres. Que les prêtres
» et les ministres de ces idoles annon-
» çoient et publioïent, dans, toutes les
» assemblées religieuses ,, que le culte
M qu’on leur rendoit faisoit descendre
» la pluie sur la terre, lui donnoit la
» fécondité, et étoit cause que les ar-
» bres se chargeoient de fruits... Que
» les sages et les prophètes dès la plus
» haute antiquité voulaient, que dans
» les jours de fêtes on, fît retentir les
» instrumens de musique autour de ces
» idoles , assurant que les dieux com-
y> bleroient de leurs bienfaits ceux qui
» les honoreroient ainfi, écarteroient
* les maladies, et couronneroieut la
»i terre et les arbres de moissons et de
»■ fruits ».
Ce préjugé général’ , sur la nécessité
du culte des statues des astres , et de
tous les corps célestes, étoit fondé, sans
doute, sur l’empire absolu quelle ciel et
ses parties exerçoient sur le monde et
dans toute la nature végétative. Car
tous les anciens philosophes et tous
les prêtres du Sabisme étoient persuadés
, dit le même auteur (4-) , que ce
monde inférieur, dans lequel s’opèrent
les générations- et les destructions, est
tout entier gouverné par les vertus
et les influences, des Sphères célestes.
Les idoles, étant censées attirer ces
influences et en recevoir les émanations
, durent nécessairement être hor
fO yaimon MoreNevech. c.
(a Ci-déssus, 1. 3, c. 6 & 7. Maimon. more Nevoch. c. 30. p. 120,
(4) ffflJ more Nevoch p. 3. c. ro.
«orées avec cette ferveur qu’inspire
le besoin.
Aux témoignages d’Abulfarage et de
JMaimonide se joignent ceux de Porphyre
et d’Hermès. Porphyre ( x ) prétend
, que ceux qui fabriquoient les
idoles observoient soigneusement les
mouvemens et les aspects^ des corps
célestes. De cette observation dépen-
doit la vérité ou la fausseté des oracles.
Le même auteur dit ailleurs, (2)
que les intelligences célestes ou les
dieux viennent habiter leurs statues,
et qu’elles y sont contenues , comme
dans un lieu saint.
C’est, sans doute, par une suite de
cette opinion, que les prêtres Egyptiens,
comme nous l ’avons déjà dit
ailleurs (3) , d’après Synefius , compo-
soient sur des Sphères les figures symboliques
de leurs divinités et consul-
toient les aspects astrologiques, auxquels
chacune de ces images devoit
être soumise, afin d’attirer sur elle
l’influence des cieux, et de devenir
par - là une habitation digne des dieux,
qui. se plaisoient à sanctifier par leur
présence les corps, qui retraçoient ici
bas leur image.
Les Egyptiens , dit Augustin (4) en
rapportant les principes de la théorie
Hermétique, distinguoient deux sortes
de dieux 5 les uns faits par le dieu
suprême, les autres par les hommes.
Ces dernière sont les simulacres, qui
sont en quelque sorte les corps des
dieux, dans lesquels se rendent leurs
intelligences, sur l ’invitation des hommes
qui les honorent. Il est un art,
par lequel on peut évoquer ces intelligences
invisibles , et les lier pour
ainfi dire aux corps périssables et mortels,
qu’on leur donne- ici bas ; et rendre
ces simulacres- en qnelqjae sorte
animés. C’étoit bien là transporter
le ciel sur la terre, soit en consacrant
(1) JamMicH de Myïi. AËgyfj.t- a 30-
(2^ Eufeb. præp. ev. l..g. c. 15,
(î> Ci-deff. 1. 1 . c. 3,
les animaux vivans, qui recevoient
influences des astres, soit en consacrant
des idoles inanimées, qu’ils venoient
eux-mêmes animer.
C’est dans ce sens, qu’on doit entendre
le passage d’Hermès (5) , lorsqu’il
dit , que l’Egypte retraçoit le tableau du
cie l, et que l’on y avoit transporté
tout ce qui se faisoit dans les cieux;
enfin qu’elle étoit comme le temple
de l ’univers. En effet, comme on l ’a
vu dans Lucien, les animaux sacrés,
honorés dans lés différentes villes de
l ’Egypte, retraçoient sur la terre le tableau
vivant des animaux peints dans
les cieux, ét faisoient descendre sur
les différentes parties de l’Egypte les
influences des différentes parties du
ciel, aux aspects desquelles elles étoient
soumises , et dont elles empruntoient
les pronostics et les signes de la divination
. il en fut de même des simulacres
inanimés. Le même Hermès
(1) , parlant de l’invention des idoles
, dit que les premiers Egyptiens, qui
formèrent les images des dieux, ne pouvant
point leur créer une ame par le
même art, qui avoit su leur donner,
pour ainsi dire, un corps, avoient
attiré par le moyen des évocations
mystérieuses les âmes des Génies et des
Anges, dans ces idoles et que c’étoit
en vertu de ces intelligences, qui y descendoient
, que l ’idole avoit le pouvoir
de faire le bien ou le mal qu’elle
faisoit. Que le son des instrumens, qui
imitent l’harmonie des cieux, les char-
moit, et fixoit dans les idoles la vertu
céleste , qui y avoit été attirée. :
Tandis que les dieux du c ie l, dit-il,
habitent les sommets de l ’Olympe, ces
dieux terrestres viennent au secours
des hommes , soit en guérissant certains
maux , soit en non» dormant
des avis , par les sorts et la divination.
(4) Hermès in Ascfep,,c. '
C§) Ibid. c. 13*