i9a R E L I G I ON, Ü N I V E R S E L L E.
religieuses, et dansles mystères de la Grèce
: nouvelle preuve que ces dogmes entroient
dans la théorie sacrée d’Eleusis.
Ils entroient aussi dans lesmyçtères, de
Bacchus, puisque le Bacchus: Grec était
l’Osiris Egyptien ; et que ■, si celui-ci
était défait par Typhon aux; pieds.et aux
mains de serpent, Bacchus étoit aussi tué
par les Titans et les Géans , nés
des flancs ténébreux de la terre, qui
s’appuyaient sur des pieds à forme de
serpent.
Les initiés aux mystères du nouveau
Bacchus, connu sous le nom dePAanès,
Dieu Lumineux, sorti de i’OEuf sacré ,
unissent la Nuit à ce Dieu. Phanès est le
premier, qui porte le Sceptre (i);le second
est à la Nuit. La nuit et le jour
étoient au nombre des huit Dieux ,
qu’on honoroit dans les mystères d’Osi-
ris, et dont les noms furent gravés
sur la colonne élevée à ce Dieu (i). De
ce nombre étoit aussi l’Amour, Père
de tous les Etres , et qu’Aristophane
fait sortir de l’oeuf.mystique.
Le passage successif de Proserpine
de l’empire des Ténèbres à celui de
la Lumière, et son séjour de six mois
chaque année dans chacun de ces deux
domaines , renferment évidemment une
allégorie relative à la division de l’Univers
entre les deux principes, Oriuusd
et Ahriman , que Plutarque ( 3) dit
être le même que Pluton, et au partage
égal de le révolution annuelle ,
entre la Lumière et les Ténèbres, entre
les jours et les nuits. Cette théorie entroit
donc dans les mystères de Froser-
pine , célébrés à Eleusis.
La même allusion se remarque dans
la fable d’Adonis, dont on célébroit
les mystères en Phénicie., Son séjour
de six mois aui Enfers avec Proserpine
, et de six mois sur la Terre avec
Vénus, exprimoit, suivant Macrobe,
( i) Proclus in Tim. 1. Ç, p. a j t .
(i) Theon. Smyrn. de Music. c. 47.'
( j) Plut, de Isiâe, p. 370,
(4) Sat. I. I , c. ï».
la marche du Dieu-Soleil dans l’hémisphère
supérieur et inférieur, dont l’un
étoit affecté au principe Lumière, et
l'antre au principe Ténèbres , et les
rapports d’accroissement et de diminution
, qu’avoient entre eux les jouis
et les nuits durant une année (4)-
Il en étoit de même de la fable d’Atys
et des mystères de Cybèle. La liaison
de ces différentes initiations aux équinoxes,
qui séparent l’empire des nuits de
celui dès jours, et qui iixent le moment
où ces deux principes commencent à
l’emporter l’un sur l’autre, est une nouvelle
preuve , que ces mystères avoient
rapport aux combats, que se livrent
dans le monde les deux principes Lumière
et Ténèbres, vainqueurs l’un de
l’autre successivement, et vaincus ensuite
l’un par l’autre.
Le but même, qu’on se proposoit dans
la célébration de ces mystères, suivant
l’empereur Julien (5) , annonce bien
que la théorie des deux principes, et
ses rapports avec l’ame, en étoient la
hase. « On célébroit les augustes mys-
» tères de Cérès et de Proserpine, dit
» ce savant Empereur, à l’équinoxe
» d’Autoiane , pour obtenir des Dieux,
» que l’ame n’éprouvât point l ’acüon
» maligne de la puissance ténébreuse,
» qui va prévaloir dans la Nature ».
Salluste le Philosophe ( 6 ) fait à-
peu-près la même remarque, sur les rapports
de l’ame, avec la marche pério-
dique de la Lumière et des Ténèbres ,
durant une révolution annuelle ; et il assure,
que les fêtes mystérieuses des Grecs
avoient trait à cet objet.
Dans toutes les explications, que Macrobe
( 7 ) nous donne des fables sacrées
sur le Soleil, adoré sous les noms
d’Osiris, d’Horus , d’Adonis, à’Jtys ,
de Bacchus ,etc, (7) on voit toujours,
qu’elles portent sur la théorie des deux
(5) Julian. Orat. 3*4— 15.
(6) Sallusi. c. 1 , p. 151,
£7) Macrob. Sat. 1. 1 , c. »1,
principe®
R E L I G I O N U N I V E R S E L.L E. ir>3
principes Lumière et Ténèbres, et sur
les ' triomphe# que l’un remporte sur
l’autre. Ainsi Oïl célébroit en Avril le
premier triomphe, que- la lumière du
jour remportait sur la durée des nuits;
et les cérémonies de deuil et de joie
avoient, dit Macrobe, pour objet les’’
vicissitudes de l’administration annuelle
du monde;, ce qui nécessairement noua’
ramène à la théorie du grand OEuf,
symbole mystérieux du monde , dont
les variations et les phénomènes divers
fürUïoient le grand spectacle, que l’on
donnoit dans les Sanctuaires.
Ceci nous conduit naturellement à
la partie tragique de ces Scènes religieuses
, et à l ’histoire allégorique
des différentes aventures dit principe
Lumière , vainqueur et vaincu tour-à-
tour, dans les combats que les Ténèbres
lui livroient ici-bas, durant chaque période
annuelle. Nous voilà arrivés à la
partie la plus mystérieuse des anciennes
initiations. Hérodote, qui le premier
nous en parle ( 1 ) , jette sur ces événe-
mens, le voile auguste du mystère et
du silence. Il s’agit du Temple de
Minerve à Sais, ou de cette Isis, qui
se disoit mère du Dieu-Soleil, et dont
lès mystères sont connus, sous le nom
à’Isiaques. Hérodote , qui nous donne
la description de ce Temple, place
derrière la chapelle, contre la muraille,
un tombeau assez semblable aux tombeaux
de Christ, qui se trouvent au
fond de nos Eglises, derrière l’autel.
« C’est le tombeau d’ull homme,
» dit Hérodote, dont je dois taire le
» nom par respect. Dans l’enclos du
» Temple, on voit de grands obélisques
» de pierre, et un lac circulaire pavé
» de pierres et revêtu d’un parapet.
» Il m’a paru être de même grandeur
» que celui de Délos ( q ). C’est dans
» ce la c, que les Egyptiens célèbrent,
» pendant la nuit , ce qu’ils appellent
» les Mystères, dams lesquels on donne
(1) Horodat. Eaterp. c. \*j\.
£*) Afhenag. Leg. pro Christ, p. 135»
Helig. Unix. ’Epme II,
» la représentation des souffrances dn
» Dieu, dont nous avons parlé plus.
» haut ». Ce Dieu étoit Osiris , mis à
mort.par Typhon, Dieu descendu aux
enfers et ressuscité , dont il avoit parlé
auparavant.
Je m’impose à moi-même, ajoute
Hérodote, un pfbfond silence sur ces
mystères , doirt je' cOntiois la plus
grande partie. «Je ne parlerai pas noir
» plus dés initiations de Cérès , con-
» nues sous le nom de Thesmophoriex
» chez les Grecs*. Cettfe dernière réflexion
donne à entendre, qu’HérOdote,
dans le premier cas, avoit voulu par ler
des autres mystères, de ceux d’Eleusis,
avec lesquels Ceux de l’Isis de Sais
avoient la plus grande affinité ; et elle
nous lait croire, que la mort de Bacchus,
fils de Cérès, y tenoit lieu de celle
d’Oàiri's époux d’Isis. « Ce quë je vais
», dire , continue PlérOdote , ne" peut
» blesser le respect, que je dois à la
» Religion ».
Athénagare rapporte ce même passage
d’Hérodote (a), pour prouver, que
non-seulement on montrait en Egypte,
la statue d’Osiris , mais encore son.
tombeau ; et que l’on y donnoit la
représentation tragique dq ses souffrances
: c’était là ce * qu’on appeloit
les Mystères de la nuit ( 3 );. Le même
Athénagare observe, que les Egyptiens
célébroient des fêtes de deuil en honneur
de leurs Dieux, dont ils pleuraient
la mort, et ensuite qu’ils leur fai-
soie'nt des sacrifices, comme étant
passés à l’immortalité ; ce qui rentre
dans l ’idée -de mort et de résurrection,
qu’on attribuoit à Osiris, à Horas, à
Bacchus, à Adonis, etc.
C’est sur ces mystères et ces souffrances
du Dieu de la Lumière , dont
On honoroit la mémoire-à Saïs,.,dans
le temple de la Vierge, mère d’Apollo
n , qu’Héroddte croit devoir étendre
(j) Ibid. p. JJ,
B b *