Bacchus est le Soleil et Cérès’la L tine,
les invoque l’un et l ’autre au commence-
nientdeson poème sur l'agriculture,parce
qu ils concourent tous deux , l ’un
par la chaleur du jour, l’autre- parla
température douce delanuit, à féconder
les gnérêts et à mûrir les moissons. Delà
vient l’épithèle de Meristès , que
donne au Soleil Pcniperenr Julien , (i)
ou de Dieu dont l’action féconde , dit-
il , se reproduit avec celle qu'exerce
Bacchns sur la matière , dans laquelle
son énergie créatrice se distribue. Car
Factiondlemiourgique, par laquelte^Bac-
c.lnîs se i divise dans tous les canaux
féconds de la nature, n’est pas séparée
de celle du Soleil.1 Ces principes
rhéologiques sont conformes à ceux que
Macrobe attribue à Orphée, (2) lorsqu’il
nous dit que Bacchus est cette force, qui
émanée d’un principe simple se divise ,
se multiplie en s’éloignant de sa source
et se distribue dans la matière organisée.
Les physiciens appeloient le Soleil
Vame e t i }intelligence du monde : (3)
cette aiue I qui s'unit à la manière,
qui en pénètre toutes les parties, qni
se distribue dans tonte la masse des
élémens, et qui descendant des sont*
ces pures de l’Ether vient ici-bas remplir
les fonctions de la nature. Tel
étoit Bacchus , tel est le Soleil, considéré
dans ses rapports avec notre monde
sublunaire , dans 'lequel pénètrent
ses rayons,, pour agiter la matière et
y verser le mouvement et la v ie , qui
circulent dans toutes ses parties an moment
oit cet 'astre repasse dans notre
hémisphère boréal au printemps. J’apm-
terois q,u’iî y avoir, à Athènes un-Bacchus
Musagête , ou qui présidoit' au
chant 5. pour les mêmes raisons que
l'Apollon Mus a gê te , dit Pausanias. (5)
(1) Macrob Ibid. p. 251.
(2') Jüî. Hymn in Soj. p. 269*—271*.
(%) Macrob Som Scip* I. 1 , e* 18-
fâ) Macrob Sat. !* 1. <:• 18. Som Scip. ï. 2 , c. ï'2
YS^Pausan. Atticis p* 2..-—p. 51
(b) Pausan* Lacpn. p. 104.
D S L E S C U L T E S ,
comme il y avoit un Hercule et un
Apollon Musagêtç , il y avoit aussi un,
Bacchus chef des muses. Ces trois divinités
(6) étoient réunies dans la glace
publique de Gythium. Aussi voydu-ort
dans le temple de Bacchus l ’image des
muses , de Mnemosyne et celle d’Apollon.
Qsiris , qni étoit, comme Herpule ,
et comme^Apollon , un Musagête, eon-
duisoit les muses à sa suite dans ses
voyages. (7) Platon prétend , que les
dieux sensibles aux malheurs de l ’humanité
nous ont donné Bacchus et les
muses, qui forment avec lui des choeurs.
L ’union de Bacchus aux muses ou aux
neuf soeurs , qui forment le cortège ordinaire
d’Apollon , est confirmée par
Plutarque, (8) lorsqu’i l nous dit que ,
dans les fêtes de Bacchus les femmes
sont censées courir çà et là à la recherche
de ce Dieu , qui leur échappe , et
que fatiguées de leurs courses elles s’arrêtent
en disant, que ce Dieu s’est retiré
chez les muses , et qu’il vit caché près
d’elles. Aussi Diodore de Sicile (9) lie-
t-il l ’histoire de Bacchus à celle des
muses , dans le récit qu’il nous fait des
diverses traditions sur Bacchus. Ce dieu
étoit censé présider avec les muses, (10)
comme Apollon, au mouvement des
sphères , et donner à chacune l’impulsion
, à commet cer par le ciel des fixes,
ou par le huitième ciel , sur lequel
l ’ame du monde exercôit sa première
action , jusqu’au ciel de la lune. Stra-
bon et PomponiUs (1 i ) Mêla , pavlent
dhine isle située à l ’embouchure de la
Loire, dans laquelle les femmes alloient
célébrer des orgies ou fêles en l ’honneur
d’un Dieu , que plusieurs disoient
être lé même que Bacchus. Des vierges
en nombre égal à celui des muses
étoient attachées à ce sacerdoce. L’Empereur
Julien, dans son hymne au So-
('}) Julian, hymn. ad soî. p* 285*
(%) Plut Sympos. 1. 8, probs 1.
(9) Diod. Sic. 1. 4. c. 7.'
(1 o) Lilio Giraldi T. i* p-535i Kirker OEdip.Tt 2 «>
pars-i* p. 19».
H Strab.i*4, p. 198.Pompon. Mêla»
I ie i l , (t) dit que Bacchus tient ea coai-
I mua avec cet astre le sceptre de l’uni-
I vers, et qu’il gouverne les saisons^ et la
i- nature , en circulant dans le zodiaque
I partagé en 36 déoaus et en quatre
■ -divisions qui forment les quatre saisons.
K Q q remarquoit à Athènes une superbe
■ statue dé Bacchus, près de laquelle étoit
■ une fbntaineconsacrée aux neufs soeurs,
I appellée Ennéacrênon , nom qui rap-
I pellelenoinbre desiauses.(2) AOlympie
g on trouvoit l’autel de Bacchus et des
I Grâces et entré deux celui des Muses. (3)
K Nous pourrions accumuler encore ici
I une foule de preuves et d’autorités, qui
I concourent à établir cette-vérité fon-
I damentale, que Bacchus, appelé par les 1 Grecs Dionysos , Liber par les latins ,
I n’est point une divinité différente de
i celle du Soleil , adoré par tous les
I peuples, sous une foule de noms va-
I riés. Mais nous croyons suffisantes
B Celles que nous avons apportées et
I nous n’accablerons point le lecteur
B d ’une foule de citations , qni n’aj oute-
I roient rien à l ’évidence de cette propo-
I $ition et qui re tarde roient la marche
1 dé nos explications.
Nous poserons donc pour principe ,-
B que Bacchus est encore le Soleil ; mais
I le soleil considéré dans ses rapports
■ avec la végétation annuelle et avec les
■ besoins de l ’agriculture, et chanté com-
I me astre bien faisant. Aussi lui donna-
I t*ou l ’épithète de dieu bienfaisant. (4)
■ 'C’était lui qui versoit dans lé principe
■ humide , d’où se forme la sève, tous
■ les germes de bien qui se développent
■ ‘tous les ans par la production des
■ plantes , des arbres , des moissons et
■ des fruits. Bacchus sera chez les Gréés et
■ chezles Romains, ice qa’OSiris étoit chez
■ les Egyptiens, une divinité Cabiriqiie (5)
|®bu uh des grands dieux tel que Jupiter.
Mpotnme Offris , il présidera à la
•régénération des plantes, il fera croître
la vigne , donnera le vin , et méritera
par ses bienfaits la reconnûissance
des hommes. Enfin Bacchus sera Osi-
ris , sous tous ses rapports. Il n’y aura
de différence que dans le nom. Ces
principes une fois posés, nous suivrons
Bacchus dans ses voyages v comme
nous avons suivi Osiris dans les siens ,
et le ciel pour l’un et pour l’autre ,
sera le théâtre commun de leurs conquêtes.
C’est une conséquence nécessaire
des principes que nous venons
d’établir et une suite de la marche que
nous ayons tenue jusqu’ici , dans toutes
les explications que nous avons
donnéesdes légendes et des poèmes faits
sur le soleil et sur la lune , sous quelques
noms qu’ils aient -été chantes. Car
encore une fois , s’il est reconnu que
Bacchus soit le soleil , les aventures et
les courses de Bacchus sont celles du
■ soleil.
Différer)S peuples se sont disputés la
gloire d’avoir donné naissance a Bacchus
, et ont chanté ce- Dieu ; ce qui a
multiplié les légendes et les poèmes ,
dont les débris forment le dépôt confus
des traditions sur Bacchus. Les
chants sur ce dieu sont communs à tous
les peuples , comme les bienfaits du soleil.
Les Indiens ont chanté les exploits
de Bacchus ,(6)etils prétendent que ce
dieu est mé dans leur pays. Les Arabes
{7) le réclament et ils montrent
chez eux le lieu qui lui servit de berceau.
Les Arabes sont connus par le
culte spécial qu’ils rendoient au soleil
et aux astres particuliers, (8j sous la
protection desquels ils inettoient leurs
tribus. Ils honorent Bacchus comme le
■ dieu qui contribue le plus à. fournir
les choses nécessaires aux besoins de
la vie , (9) on sous les rapports de Dieu
bienfaisant. Les Grecs sont partages
G) Julian orat. 4.' p. ÿfS. •
ri) Pausan amcfe,Vi, ^3.
G) IJ* Heliac p. T 61, •
ri) Hesych. v.
G) Schol Spot. ï, 1. y. pr 7,
(6) Diod. I.3, c. 139. p.-SS4-
Y 7) ib- 1- 4- c- T47 P- 247-
(1) Ibid. I 3- c, 141-
(9) Scrab. !• 16. p. 74i.—7«4t