ce dernier combat , Lenæus on le jeune
Pressoir et Cissus , le jeune lierre coururent
avec Ampelus ou avec le jeune la
Vigne et celui-ci eut encore la victoire(i).
On apperçoit aisément , que tout
ceci n’est qu’une allégorie sur l’amour
de Bacchus pour la vigne, désignée ici
sous l’euiblême d’un jeune enfant, qui
a pour camarades Pressoir et Pierre, et
pour amant Bacchus, Dieu des vendanges.
Nonnus a rendu par une allégorie
poétique , ce que Diodore ( 2 ) dit plus
simplement, lorsqu’il raconte que Bacchus
élevé à Nyse découvrit au milieu
des jeux de l’enfance l’arbuste précieux
qui porte le raifin, Ou la vigne et qu’il
apprit à en exprimer le jus. Cette manière
de traiter poétiquement une idée
très-simple , et de lui donner un grand
développement par une suite d’allégories,
étoitla manière de faire des anciens
prêtres et des poètes sacrés jet ce
seul trait doit nous faire saisir le caractère
original de toute la mythologie.
Voilà son génie, voilà son style.
C h a n t o n z i è m e .
Le chant suivant , ou le onzième
chant du poë’me contient le tableau des
jeux et des exercices différens des deux
amis. Le troisième exercice est celui du
nageur. (3) Bacchus le propose à Ampelus
ou à la Vigne. Ils se plongent dans les
eaux du Pactole (4) Ampelus remporte
encore la victoire , que son amant se
plaîtà lui. abandonner (5). Maisle jeune
vainqueur a l’imprudence de vouloir
jouer avec les animaux des forêts (6);
et il se met dans la cas de recevoir des
reproches tendres de Bacchus (7), qui
G ) v. 424-
(*) Diodor I. 3. c. 142. 1. 4. c. 147.-
(%) L. *J» v. 10.
AM v- 3^” 44'
■ fflî'if* 55-
(6) v. 70.
(9) v. 100.
fjo ) v. 113.
f i l ) v. 148.
(12) v. 160.
lux en fait voir tous les dangers. Il l’a- j
vertit sur tout de se garder des cornes du
Taureau (8). Mais cet avis fut inutile à
Ampelus, quoique Bacchns'eût toujours
soin de l'accpmp agner (9). La Déesse dé-la
malfaisance a conjuré sa perte (10) et I
lui persuade de montersur un taureau , I
comme Bellerophon sur Pégase ; mais
avec moins dedanger(n), et avec autant I
de sécurité qu’Europe, qui n’eut pas I
besoin de frein'pour conduire le boeuf I
qui l’enleva. Le hazard âmene précisé- I
ment un taureau , qui étoit descendu :
dèsmontagnes pour sedésaltérer (12). Le
jeune audacieux ose le monter j et ten- >
te de le conduire (i3). Il arrache des
joncs du fleuve pour s’en faire un fouet. I
Il pare de fleurs les cornes de l ’ani- I
mal (14). Dans cette posture il défie mê- I
me la iune (15), dont le char est attelé I
de taureaux. Cette déesse le punit de p
son insolence, en lui envoyant un
taon (16) , qui pique le Taureau. Cet I
animal devenu furieux renverse (17) le
jeune Ampelus, qui meurt de sa cliûte.
Un satyre tém oin de cet accident porte
cette triste nouvelle àBacchus (18), qui 1
en est inconsolable. Il arrose de larmes p
le corps de son ami étendu sur la pous- I
sièrejj il le couvre de roses et de lys (19). I
Il verse dans ses plaies de l ’ambroisie , I
qu’il teno-it de Rhéa , et qui, après la I
métamorphose d’Ampelus en vigne, ser- I
vit à donner à son fruit un parfum défi- I
cïeux (2o). Les Silènes partagent sa doù- I
leur (21). Ampelus, quoique mort, étoit I
encore aussi beau que s’il eût été vi- I
vant. Bacchus le contemple et exprime I
ses regrets (22). Il menace de sa ven- I
geance le cruel taureau (a.3) ; en même I
Y13) V. 170.
ƒ14 ) r. 180.
fig ) v. 185.
(ï m v. 191.
( i l ) v. 216.
(18) v. 225.
( ' 9) V. 235.
(20J v. 243.
(a i) V. 249.
O v V. 255.
f23) v. 265.
temps
temps, qu’il repaît encore ses yeux de la
[vue des graces de son amant infbrtu-
taé(i). Il accuse l ’enfèe inexorable, qui Vie
lâche point sa proie (2). Il conjure ’Jh piper
de vouloir bien rendre son au i à la
yie, pour quelques instans.( 3 ).. L’amour,
sous la forme de Silène, portant
en mainje Tliyrse , vient consoler
Bacshus (4) j et lui conseille de former de
nouveaux amours, qui lui feront oublier
l ’ami qu’il a perdu (S). H lui conte à cet
feffet une assez jolie fable (6) ; elle confient
une allégorie phyfique sur le tuyau
pu bled, qui soutient l'épi , et sur le
fruit que cet épi renferme , souS les
proms de Calamus et de Carpus personi-
fies |,'7). Mais rien ne peut calmer la
douleur de Bacchus (8). Cependant les
faisons, dont le poè'te fait ici la description
, se rendent au palais du Soleil (9).
[Elles sont filles de l’année j et chacune
[d’elles.a laparure.qui la caractérise. (10)
C h a n t d o u z i è m e .
---- liuuzieiue nous
p le tableau des saisons , (,a5) qui arri-
vont sur les bords de l ’Océan, dans le
palais du soleil leur père , où elles rencontrent
Hesperus ou l ’étoile du cou-
pliant , et la lune en croissant, dont le
phar est attelé de boeufs (11). On y voit la
description du coucher du soleil, et du
soir, où l’on remarque la peinture des
quatre chevaux, qui attèlent Je char du
soleil et celle des douze heures , qui voltigent
tout autour , en formant un
Choeur circulaire (12). Ici est la priè-
te (i3) , qu adresse à Jupiter une des saisons,
celle d’automne , qui lui demande
de ne pas souffrir qu’elle reste seule sans
fonction, et de la charger du soin de mûrir
les nouveaux fruits , que va produiie
la vigne. J upiter lui donne d’heureuses
espérances, et lui montre du doigt les
tablettes d’H-armonie.(14), sur lesquelles
sont écrites les destinées de l ’univers, de
la main même du devin Phanès , le
protogone ou premier né, II lui dit
que sur la troifîème tablette , où sont
tracées les figures du Lion et de la Vierge
céleste , elle y trouvera le fruit que
porte la vigne (i5) ,e t que sur la quatrième
elle y remarquera un certain,
roi, qui préside au nectar délicieux qu’on
exprime des raisins , et la figure de
Ganyuiède qui élève sa coupe. (63)
Après avoir entendu le discours du
Dieu Soleil, la jeune nymphe porte ses
regards sur le mur , où étoient écrites les
destinées du monde. Elle y voit une première
table, aussi ancienne que le monde
, qui contenoit tout ce qu’avoient fait
le vieuxOphion et Saturne (16). Sur la
seconde table .étoient les événemens du
second âge , et le déluge qui le termine
(17). Sur la troisième étoit l’aventure
d’Io et d’Argus (18) j celle de Philomèle
&c. La. nymphe des saisons passe rapidement
sur ces tableaux différens, pour
arriver à celui où sont tracés les caractères
du Lion,quesuit la Vierge (19),qui
tient le raisin ouïe fruit de l ’automne.
On sait en effet,qu’outre l’épi, la Viqr-
ge céleste a une étoile , qu’on appelle la
vendangeuse (20). Son lever du matin ,
dit Germanicus (2.1) , nous promet la
maturité de la vendange. A l’aîle droite
C u ) v. 17.
<137 V. 22. 0 4 ) v. 32.
Cl53 V. 38, 0 6 ) v 44.
< 17 ) v. 60.
0 8 ) v- 7°-
<19) v. 93.
(29) Hygin 1. 3.— Aral. v. 138.
(2 1) Serin. Cas. c. 8-
G