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l ’équinoxe de printemps jusqu’à celui
d’automne , où l’homme recueille les
fruits précieux du Dieu tutélaire de
l ’agriculture. 11 est le créateur des ligueurs
bienfaisantes qui dissipent les
chagrins de 1'lioinrne. Tel est , en
dernière analyse, le caractère distinctif
de Bacchas.
Ce qui nous reste de ses légendes
n’est pas fort complet, et on ne nous
a conservé que les tableaux qui le
rendent intéressant comme Dieu des
vendanges , quoiqu’il le soit sous
d’autres rapports plus savans -et plus
mystérieux. Bacchus, pour le commun
des hommes, n’est plus que le Dieu du
vin , ou , suivant quelques Philosophes
anciens, que la force divine qui pénètre
ce fluide, et de qui nous tenons
ce précieux don des immortels
(1 ). Chez nous c’c-st le soleil qui,
du Taureau où il reprend sa force active
, -et bienfaisante , s’élance dans le
zodiaque , et parcourt toute la partie
supérieure de l ’hémisphère , et ne
nous quitte , qu’apiès nous avoir fait
goûter le- jus des raisins, au moment
©u il se trouve placé dans le ciel en
conjonction avec le serpentaire Cad-
mus , au coucher du matin et au lever
du soir du Taureau, dont il avoit
pris la forme au printemps, et dont
limage alors passe dans 1 hémisphère
nocturne. Ce Taureau porte sur son
front les Hyades , nourrices de Bac-
elius , lit os de Cadmus , comme
Sémelé , soeur de Thyoné une d’en-
tr’eiles, que d’autres donnent pour
mere a ce Dieu: Il est surmonté de
la be Je étoile Amalthée, et préoédé
du belier Ammon , que la Cosmogonie
Libyenne donne pour père et mère
h Bacchus. Alors la couronne d’A-
nadne , Libéra , monte aux cieux le
matin, et le soleil, ou Bacchus s’enveloppe
des replis du serpent que tient
(D Cicero de nat. deor. !. 2. c. 23. Diod. I 3 c »37 P• g g , - ’
CD ï>iod. 1.1 c. 14. p. 27.1. 4. c. 147. p. 247.
Ophiucus ou Cadmus, père de Sé-
mele. Co sont ces rapports qu’a le
Serpentaire ou Cadmus , soit avec le
soleil d’automne , auquel il est uni
le matin , soit avec le soleil de l’équinoxe
de printemps, auquel il est oppose
le soir dans son lever, au moment
précis où commence la nuit,
qui ont lait jouer à Cadmus un si grand
rôle dans cette fiction, comme nous
le verrons bientôt en analysant les
Dionysiaques de Nonnus. Les habitans
de Thèbes en Grèce, qui se disoient
descendus du Phénicien Cadmus , ou
d’un prince nÜf suivant les uns, dans
le voisinage de Nyse , berceau de
Bacchus , et suivantDiodore(2) ou suivant
les prêtres d’Egypte , dont il rapporte
l ’opinion, à Thèbes en Egypte,
conservèrent la tradition , qui faisoit
Bacchus fils d’une des filles de Cad-
mus leur fondateur.
Us disoient donc que Cadmus , fils
d Agen or , avoit reçu ordre de son
père , qui régnoit en Phénicie , de se
mettre à la recherche d’Europe sa soeur,
que Jupiter venoit d’enlever déguisé
sous la forme du taureau, dont l ’image,
suivant les Mythologues , est un signe
céleste. Us ajoutaient que son père
lui avoit défendu de revenir jamais
chez lu i , s’il ne ramenoit -pas sa
soeur. Cadmus, après de longues et
d’inutiles recherches , semblables à
celles des frères d'Io , dont nous
avons parlé ailleurs ( 3 ) , prit le
parti de s’expatrier, et vint se fixer
en Béotie , où par ordre de l’oracle
il fonda la ville de Thèbes. Là il
prit pour'femme Plarmonie, fille de
Vénus, ou de la planète qui a son
domicile au Taureau (4) , dont le
front porte la troupe des Hyades ,
filles de Cidmus. Il eut de ce
mariage cinq enfans , nombre égal à
celui que quelques-uns donnent aux
(3} Ci-deflus c. 3. |
(4) 1. 4 c. 147. p. 247.
Hyades- Parmi ces enfans on comptait
'un fils , Polydore , et quatre filles,
fSémélé , Iuo , Autbnoé , et Agavé,
Ijiiiiter eut commerce avec la pre*
knière , qui desira le recevoir dans
[•tout l ’éclat majestueux qu’il étaloit
[dans ses amours avec Junon. Le
'Dieu rayonnant de gloire apparut
avec sa foudre et ses éclairs. La princesse
conçut, niais bientôt périt, absorbée
dans les feux puissans du
Dieu, qui l ’avoit fécondée. Elle accoucha
avant terme, et son fils, Bacchus,
fut porté par Me*cure sur les
sommets de Nysa en Arabie.
Tel est le précis de la fable Phénicienne
et G edque sur la naissance
de Bacchus. On voit aisément qu’elle
se lie , comme toutes les autres, au
signe céleste , qui renferme les filles
de Cadmus ou au Taureau d’Europe et
au Serpentaire , ou à Cadmus son
ïaranetellon , qui se lève, toujours en
aspect avec lu i c a r il monte sur 1 ho-
rison avec son serpent au moment où
le Taureau se couche , et il se prépare
à descendre le matin au dessous ,
au moment où le Taureau se ieye.
C’est encore ici le lieu de dire , que
le serpent engendre le taureau, et le
taureau , le serpent 5 ce qui rapproche
cette fiction de celle qu’on faisoit
sur le Bacchus fils de Proserpine,
honoré dans les mystères de la Phry-
gie. Le reste des traditions Grecques
ne nous fournit guère de traits mythologiques
des avantures de ce Bacchus,
qui puissent terîîr à la science.
Elles se réduisent toutes , comme
nous l ’avons vu , à peindre un prince
bienfaisant , qui voyagea par toute
la terie, pour y répandre ses dons.,
et sur-tout celui du vin ( 1 ) , et dont
le règne fut celui des jeux et des
plaisirs. Il étoit un des Dieui. les
plus anciens qu’ait chanté la Grèce,
et, comme Osiiis, il n’y étoit connu
que par les bienfaits nombreux dont
il ayoit comblé les mortels (£*)• Ea
Grèce étoit trop peu instruite , pour
nous conserver les traits que cette
ancienne fiction avoit avec les cieux et
avec la marche du soleil , le véritable
et le seul Bacchus, dont l’antiquité
ait jamais célébré -les bienfaits.
C’est en Egypte , qu’il nous faut
chercher les sources de cette hit?
taire, et dans un vieux poëine Egyptien
, que Nonnus , né à Pano-
ple , a réchauffé èn Grec, dans les
premiers siècles de notre Ere ( t ).
Ce poëme peu connu , quoiqu infiniment
digne de l ’être , si-non pour
ses qualités poétiques , au moins pour
ses traits mythologiques et ses rapports
suivis avec la marche de la.
Nature , et sur-tout avec celle du so-s
le il, qui y sont en grande partie conservés
, est composé de quarante-huit
chants, qui renferment en eux presque
toute la Mythologie ancienne.
C’est dans ce poëme que nous suivrons
la marche du soleil ou de
Bacchus dans ses conquêtes et ses
voyages autour du Monde. Nous y
trouverons encore une preuve com-
plete, que Bacchus est le soleil ,
puisque ce n’est qu’aux cieux et dans
le zodiaque que l ’on peut suivre ses
traces, comme c’est dans le zodiaque
que nous avons suivi celles d’Her-
cule , d’Osiris , d’Isis , de Thésee, et
de Jason.
A n a l y s e du poëme de Nonnus,
considéré principalement dans ses
rapports avec La marche de la nature
en général, et en particulier
avec celle du Soleil.
C h a n t t h e m ï s r .
Le poëte commence par invoquer la
Muse (2) qui doit 1 inspirer, et 1 invite
à chanter la foudre étincelante duiU
( 0 Diod.l- 4. c. 147. P- - 47- CD Y. D *