le bois sacré des Dioscures ; ce bois étoit
presque tout de laurier, arbre consacré
a Apollon , un des Gémeaux. Trente
pierres sacrées , nombre égal à celui des
degrés de ce signe, y recevoient les hommages
des habitans de Phares, et chacune
d’elles y portoit le nom d’une Divinité.
En Arcadie , à Mantinée, le culte
des Dioscures se trouve uni à celui de
Cérès et de Proserpine (1) , Divinité de
Samothrace. C’est là qu’on entretenoit le
feu sacré , et l’on prenoit le plus grand
soin pour l’empêcher de s’éteindre.
Là on voyoit aussi le tombeau de la
Hile de Céphée , et celui d’Areas , fils
de Caiüsto ; les autels du Soleil, etc.
Les habitans de Cleitore (2) , outre
les temples de Cérès , d’Electre et
d’Esculape , avoient aussi celui des
Dioscures, qu’ils appeloient les Grands
Dieuæ. Leurs statues étoient de bronze.
A Charadre , en Phocide (3) , on avoit
élevé des autels aux Dioscures, lesquels
étoient en plein air.
Ceux d’Amphise (4) avoient des initiations
établies en honneur des jeunes
Anactes, que l’on croyoit êtreles mêmes
que les Dioscures , ou les Curètes. Les
plus instruits disoient, que ces Dieux
Anactes étoient les Cabires. Cicéron (5),
( ï) Pauv. Arcad. p. 243.
(a) Ibid. p.
(3) Pa us as. Phocic. p. 351.
dans son traité de la Nature des Dieux
parle des trois premiers Anactes, nés à
Athènes du plus ancien Jupiter et de
Proserpine. Leurs noms sont Triopa-
treus, Eubulus, Donysius. Les seconds
Anactes sont Iss fils de Leda. Les troisièmes
sonJ| Alcon, Mélampns fils d’As-
trée. Ainsi il paroît, que ce nom de
DU Anaces a été donné à plusieurs
Divinités.
Nous ne pousserons pas plus loin
nos recherches sur l’origine du Culte
des Divinités , en honneur desquelles
les anciens avoient établi des mystères
et des initiations; sur les nuances différentes
de ces institutions religieuses,
sur les branches variées de ce grand
arbre de la superstition, sur ses progrès
et ses formes , en général sur
tout ce qui tient à l ’historique des initiations
anciennes. Nous allons maintenant
chercher à en saisir le but politique
et moral, à en examiner les ef fets
et l’influence Sur les gouvernemens et
-sur les moeurs ; et enfin chercher à
expliquer par l’Astronomie la plûpart
des formes monstrueuses des traditions
mystiques, et à lever les voile allégorique
, dont les mystères se sont enveloppés.
(4) Ibid. p. 357.
(5) Cic. de î^at. Deor. 1. 3.
D E U X I È M E P A R T I E .
ExjMEjf Philosophique des Mystères, considérés dans leurs ' rapports
avec la Politique et la Morale.
L a vérité n’a point de Mystères; ils
n’appartiennent qu’à l’erreur et à l’imposture.
Le besoin de tromper, si on
peut admettre un pareil besoin , les a
tous fait imaginer. C’est donc hors des
limités de la raison et de la vérité qu’il
en faut chercher l’origine. Comme nos
maladies ont donné naissance au charlatanisme
, nospasions l’ont aussi donné
aux institutions religieuses, oonnues
sous le nom à’Initiations et de Mystères.
Mais ni le charlatanisme des
Médecins , ni celui des Mystagogues,
n’ont jamais pu être utiles à l’humanité.
Tel est le sort , telle est la nature
du bien, de ne pouvoir naître que
des pures sources de la vérité et de la
philosophie. Un faux calcul des Législateurs
anciens, dont les Prêtres et les
Finis seuls profitèrent, et dont nous
sentons aujourd’hui tout le mal , les a
conduits à cette grande erreur politique ,
qui a- pu être favorable aux despotes
, mais qui jamais n’a servi au
bonheur des sociétés. On a dit qu’il
falloit une Religion au Peuple : oui ,
s’il en pouvoit exister sans Prêtres; s’il en
etoit une qui fût vraie, autre que le culte
de la vertu et l’admiration de lanature ;
parce qu’alors ce seroit sur la vérité que la
Morale s’appuyeroit. Mais il ne lui en
faut pas , quand on la crée ; parce
qu’alors elle ne peut avoir pour base
que l’imposture. Ôr toutes les Religions
étant des institutions humaines, on n’a
jamais pu dire , d’unè manière vague
(*) Timsus apud Plat. t. 3 § p. 104.
et générale , qu’il falloit une Religion
quelconque au Peuple, ni vanter l ’importance
de ce ressort, aussi dangereux
en Politique qu’en -Morale. Personne
n’a droit de tromper son semblable ,
quelqu’avantage qu’il puisse se promettre
de son imposture. C’est cependant
ce qu’ont fait tous les Législateurs
anciens, qui ont cru à l ’importance
des opinions religieuses ; car c’est la
manie de tous ceux qui veulent gouverner
, de chercher à tromper. C’est
même à ce caractère qu’on peut recon-
noître tous les ennemis de la liberté
des Peuples, quelque nom, quelque
masque qu’ils prennent : toutes les tyrannies
se ressemblent. Elles enchaînent
toutes la raison, et commandent des
dogmes. Ainsi fit Mahomet. Que je
plains les hommes, qui croient avoir
besoin de Rois, pour avoir un gouvernement
et des loix ; et de Prêtres, pour
avoir des moeurs ! ils auroient dû savoir ,
que la Nature nous fit libres et bons,
que les Rois nous ont fait esclaves, et
que les Prêtres, par leurs exemples, nous
ont rendu vicieux.
Ilestvrai, que les anciens ont regardé
ce moyen religieux comme le dernier
qu’on dût employer ,-et que Timéeen a
comparé l’usage a celui du poison dans
la médecine ( 1 ). Mais leurs successeur?
ont oublié, que le poison ne doit
jamais être employé qu’en petite dose,
et qu’il doit sur-tout être administré
par dfis mains bien prudentes ; et mal