» sos ou de Bacchus , et d’autres
» dénominations variées , que lui
» donnent les hommes. Il est le pre-
» mier dieu qui se montra avec la
» lumière, et s’avança sous le nom
» de Bacchus dans la vaste carrière
» de l’olympe, changeant ses déno-
» minations et ses formes avec le temps
x et les saisons (î) ». En effet, dit Macrobe
( 2 ), on représenta sous quatre
formes différentes Bacchus, dans les
quatre principales divisions de l ’année,
c’est-à-dire, ans quatre saisons,
où la durée du jour et les faces de
la terre changent et semblent le plus
contraster durant chaque révolution
annuelle. On le peignit d’abord sous
les traits de l’enfance , ensuite sous
ceux d’un jeune homme , puis sous
ceux de l’homme fait (A ) ; et enfin
sous ceux du vieillard. Ces différences
d’âges , qu’on donne à ses images
dans les quatre saisons, expriment,
dit Macrobe, les variations du dieu
soleil et du jour, qu’il engendré. C’est
un enfant au solstice d’hyver ; un
jeune homme au printemps. Il est
dans toute sa force en été, et il tombe
dans la décrépitude pendant l ’automne.
Nous aurons occasion de rappeller
ailleurs ce précieux passage de Ma-
Crobe, et d’en faire usage , quand nous
parlerons de l ’enfance du dieu soleil
des Chrétiens, ou de Christ qui naît
au solstice d’hyver.
Macrobe invoque le tém oignage d’Aristote
, (3) dans son traité de théologie,
où ce philosophe assure , que Bacchus
et le Soleil ne font qu’une même divinité
; vérité qu’il établissoit par une
foule de preuves. Entre autres preuves ,
Aristote citoit ce qui se passoit en
Tlrrace dans le sanctuaire de Bacchus ,
où se rendent les oracles de ce Dieu,
à peu près de la même manière que
ceux d’Apollon où du Soleil à Claros.
(\i Mi-rob. Sat. I. I , c. 18 , P.A49.
Ay/ Macrob Sat. Ibid. p. 249.
(3 J Macrobe Ibid. p. 247.
(4) Pausan. Arcad. p. 270.
Il.citoit aussi l ’usage où l’on étoit â
Lacédémone de se couronner de lierre
dans les fêtes d’Apollon , comme on le
fait par-tout dans les fêtes de Bacchus ,
à qui le.lierre est spécialement consacré.
Sa statue étoit cachée en partie dans les
feuilles de laurier et de lierre à Phiga-
lie. (4) Macrobe apportoit encore 1 exemple
de l’oracle de Delplie et de l’antre
mystique de Bacchus mis sous 1 invo-1
cation du même dieu Soleil ou d Apollon
, à qui est consacré, le Parnasse ,
et où se trouvent réunis ces deux mô-
numens religieux ; de sorte qu’on
sacrifie»; sur la même montagne à cette
divinité , sous les noms de Bacchus et
d’Apollon. Bacchus , comme Apis et
comme Apollon , avoit ses oracles ,
et on lui attribuoit la science de là
divination. (5) Les peuplades Thraces,
qui àvoient conservé leur liberté sur la
eîme de leurs montagnes , adoroient ce
Dieu et faisoient respecter son oracle, (é)
Il avoit »ussi ses devins et ses prophètes.
Est-ce là le caractère d’un héros ,
ou celui de • la divinité , qui presidoit
à la divination ? Macrobe accumulant
toujours les preuves de son assertion,-
cite l’autorité de Varron , de Graniu*'
Flaccus et sur-tout celles d’Euripide
et d’Eschyle. C’èst sur le Parnasse ,
montagne consacrée à Apollon , que
tous les deux ans l’on célébroit les bac*
chanales , et que l’opinion vulgaire
faisoit errer fréquemment les Satyres 4
compagnons de Bacchus. Afin qu on
ne croie pas, ajoute Macrobe , que c é-
toit deux divinités différentes que l ’on
honoroit sur cette même montagne ,
le même Euripide , dans un de ses
vers, désigne, sous le double nom de
Bacchus et d’Apollon , le Dieu qui tient
la lyre et qui chéiit le laurier ; ce qui
ne permet pas de douter , qu’il ne fasse
de Bacchus et d’Apolhxi ou du Soleil,
absolument lamême divinité. Arnobe (7)
(Z) Plutarche Sympos. I. 7. prob. 10.
(6) Herod. I. 7 ,c. n i .
( y Arnob. I. 3 , p. 1*9.
dit
O U R E L I G I O N
dit que les anciens ne faisoient d’Apol-
t Ion, de Bacchus et du Soleil qu’une
[seule et même divinité. La ville do
iRhode , (1) consacrée au Soleil , avoit
fcèlevé un superbe temple à Bacchus.
|Epaminondas et lesThébains unissoient
IBacchus à Apollon Ismenien , dans leur
■ culte. (2) Les statues et les temples de
IBacchus sont fréquemment unies à celles
I de Diane soeur d’Apollon. (3; On trou-
I voitàOlympie l’autei d’Apollon Pythien
I avec celui d e B acchus. (4) LesThyadèsve-
I noient d Athènes tous les ans surle Par-
I nasse se réunir aux femmes de Deiplies,
I poùr célé brefles orgies de Bacchus (5;En
| sortant de 1 enceinte du temple de
f Delphes, on trou voit une superbe statué
de ce Dieu. (6) Aux voûtes du temple
on voyoit Diane , Apollon et les
; Muses , le coucher du Soleil| Bacchus
et ses Thyades; (7) aussi Plutarque nous
f clue Bacchus a autant de droit
a Delphes , qu’Apollon. 11 nous les
P0“ 11 t0us deux , .comme deux formes
müerentes de la divinité unique, qui
: préside au monde. L’un , Apollon toujours
jeune, exprime la pureté de la
j substance lumineuse ; l ’autre , prend
toutes les formes , et se distribue dans
» Ja matière élémentaire , dans l ’a ir,
I ans. ®au-> dans la terre, dans les planes
, dans les animaux , et en général
dans tout ce qui est sujet aux change-
. mens, quîrésuitent des diverses organi-
1 Rations qui s’opèrent dans la matière.
! uri est ami de la régularité , de
I ordre et de l’harmonie constante du
I mon e $ I autre partage les mouvemens
| tumultueux et les agitations de la ma-
Iticre sublunaire. Aussi on invoque
Ion, disoient les théologiens, dans
tous les temps où règne l’ordre dans
a température de.s saisons ; mais au
|commencement de l ’hy ver, alors on
U V ®trab- 1 ‘ 4: p. 652.
! -'y Pf.u.san- Messen. n. 137.
([S J ^id. Ach. p. 22a.
m p. i44? 234-
(p «usât,. Heliac. i , R 11 Pau,. Pbac. p. 3l’9P l62-
■ tielig. Univ. Tomé I I.
invoque Bacchus. Ces dogmes tliso-
logiques appartiennent à la partie mystérieuse
du culte de ces deux divinités,
suivant Macrobe. Car, ajoute ce
savant, (9) ily avoit un dogme secret
des mystères , qui consistoit à croire
qu Apollon et Bacchus étoient le même
Dieu soleil , considéré dans ses rapports
avec la partie supérieure du monde
et. la partie inférieure. Ceci signifie
, non pas comme l’a cru Macrobe,
l ’hémisphère diurne et lhéaiisphèra
nocturne, mais la partie supérieure du
monde, qui est séparée de la partie
inférieure par le cercle Idè la lune ,
lequel est sur les confins de l ’immortel
et du mortel , de l’empire de la
lum:ere et de celui des ténèbres. Eu
effet, le soleil considéré sous le rapport
simple d’astre lumineux, qui brille dans 1 Olympe et qui répand sa' lumière
dans les sept corps planétaires , enfin
comme dieu du jour , voilà ce que l ’on
doit entendre par Apollon. Mais si,l’on
considéré ce même soleil comme chaud
et comme agissant dans le monde sublunaire,,
pour organiser la matière et lui
donner de belles formes, avec l’ordre
et tous les germes de bien ,; alors il
est appellé Bacchus, ou Qsiris-. Alors
il se lie à la végétation , par la fécondité
qu’il donne à la terre et aux élé-
mens, (A) au lieu que, comme dispensateur
de la lumière , il montre tout ,•
mais ne crée rien. C’est par cette raison
, que l’oeuf simbolique., dont on
supposoit Gsiris et Phanés éclos , étoit
placé à côte de Bacchus , comme l’emblème
de la nature qui engendre et
contient tout dans son sein. (10) Le Soleil
ou Bacchus, dit Macrobe , (i 1) est
l’auteur de la fécondité donnée à la
terre, comme nous l’a dit Virgile ; et
voilà pourquoi ce poète, persuadé que
(l) Ibid. 349.
f8) Ibid. p. 334.
fjà) Plut, de u apud Delph. 3^8—389.
/Cio) Macrob. Ibid. p. 248,.
f i i j Pi* %mp. I, 2 , p. 637.
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