surdesmême, si on ne les considère point
comme des fictions poétiques, et somme
des allégories énigmatiques (1)'.
La Vierge céleste, durant les trois derniers
siècles, qui précédèrent l’ère chrétienne,
occupditFHoroscop.e, ou le point
oriental, et la porte du Ciel , par où
le Soleil et la Lune montoient sur
l’Horizon aux deux Equinoxes, Elle
l’occupoit encore à minuit au Solstice
d'hiver, à l’instant précis , où commen-
çoit l’année. Elle étoit donc essentiellement
liée à la marche du temps et
des saisons, du Soleil, de la L une, du
jour et de la nuit, dans les époques
principales de l’année. C’étoit aux deux
époques équinoxiales , comme nous l’avons
d it, que se célébroient les mystères
de Cérès, les grands et les petits.
Lorsque les âmes descendoient par la
Balance , au moment , où le Soleil oc-
cupoit ce point , il étoit précédé.dans
son lever par la Vierge; c’est elle qui étoit
aux portes du jour , qu’elle lui ouvroit.
Lorsque le Soleil étoit revenu à l’Equinoxe
• de printemps , au moment où les
âmes se régénéroient, c’étoit encore la
Vierge céleste, qui commençoit la marche
des signes de la nuit ; c’étoit dans ses
étoiles, qu’arrivoit la belle pleine Lune de
^ ce mois. Lanuitetle jours introduisoient
successivement par elle , au moment où
ils commençaient à éprouver leur diminution
, et les âmes, avant d’arriver aux
portes de l'Enfer, étaient conduites aussi
par elle. C’étoit en sortant de traverser
ces signes , qu’elles franchissoient le
Styx, au huitième degré de la Balance.
Elle est la fameuse Sibylle , qui initie
Enée,et qui lui ouvre la route des Enfers.
Cette situation heureuse de la Vierge ,
dans les signes , l’a fait entrer dans
/ toutes les fables sacrées sur la N ature,
sous une foule de noms différons , et
sous les formes les plus variées, comme
on le verra dans notre explication de
la 'fable de Christ. Elle prit donc souvent
le nom d’Isis ou de la Lune , qui
dans son plein s’unissoit à elle, au
Printemps , ou qui se trouvoit sous ses
(15 TheisE. ,j>. >18—115.
pieds. On crut aussi y voir des rapports
avec la terre , puisque, dans la
distribution astrologique des élémens ,
le signe de la Vierge étoit affecté à la
terre. Mercure, dans toutes les fables sacrées
, et dans les sanctuaires , est son
compagnon inséparable. Isis ne fait
rien sans Mercure ; c’est par ses conseils
, qu’elle fait tout. Mercure a son
domicile et son exaltation dans le
signe de la Vierge ; et cette Déesse se
trouve souvent armée de son caducée.
La liaison essentielle , que l’Astrologie
ancienne avoit établie , entre cette Planète
et ce signe , se trouva ajnsi retracée
dans les sanctuaires. N©n seulement le
Soleil et la Lune , comme nous l’avons
déjà observé , furent mis en représentation
à Eleusis ; mais encore les
autres astres et les constellations ,
soit du Zodiaque , soit hors du ZodiaCqeu
eq.ue nous avons dit des mystères
d’Isis et de Cérès , et, des rapports établis
, entre les emblèmes et les récits
mystérieux avec l’ordre du mondé ,
est encore plus clair pour les mystères
de Mithra, ou du Soleil, adoré sous
ce nom , dansl’Asie mineure , la Cappa-
doce , l’Arménie et la Perse , et dont
les mystères passèrent à Rome , sous
Sylla. La description , que nous avons
donnée de l’antre Mithrîaque , où l’on
avoit figuré les deux mouvemens des
Cieux,celui des fixes et celui des Planètes,
les constellations, les climats , les huit
portes mystiques des Sphères, les symboles
des"élémens, suffit pour le prouver.
Nous pourrions y joindre le fameux
monument de cette religion ,
trouvé (1) à R om e, et gravé dans Hyde;
mais comme nous l’avons f û t graver plus
loin avec une explication dé taillée, nous
n ’en parlerons pas ici. Il suffira' de
dire , que la fameuse Hydre , qui s’étend
sous le Lion', et sobs la Vierge,
s’y trouve aussi couchée sous! le L ion,
comme dans les Cieux ; qu’on y voit
le Chien céleste, le Taureau, le Lion,
le S corpionles sept, i’ianètes'désignées
(i) Hyd. De vet, Pe/s- Reüg. p. m .
par sept autels, les figures du Soleil
] de la Lune , et des emblèmes relatifs
à la lumière, aux ténèbres, et à
leur succession, durant l’année, où l’une
triomphe six mois , et les autres six autres
mois. Les rapports de ce monument
et d’autres, relatifs au même culte, avec
l’ordre du m onde, et celui de la nature ,
sont si frappans, qu’ils forment une démonstration
complète de notre assertion,
sur l’objet des représentations mystérieuses
des sanctuaires. Dans les mystères
de Cybèle et d’Atys , qui se célébroient
à l’entrée du Soleil au signe
d'A r le s , le Belier, ou la figure de Belier,
que l’on plaçoit au pied de l’arbre sacré,
que l’on coupoit , contenoit ‘évidemment
une allusion au Zodiaque ,
et au signe céleste du Bélier , par lequel
les âmes remontoient dans l’Hémisphère
lumineux.
Les Manichéens , qui avoient beaucoup
puisé dans la doctrine des Perses,
et adopté sur-tout le fameux dogme des
deux principes, nous ont conservé dés
traces de cette doctrine , sur la descente
et sur- le retour des âmes , ainsi
que des allusions , qu’on y faisoit à l’Astronomie,
(1 ). Nous en parlerons plus
au long , dans notre dissertation sur
l’Apocalypse.
Ils supposent que « Dieu , qu’ils
5» appellent le Père vivant , ayant
» vu que l’ame étoit affligée dans le
» corps , en eut pitié , et envoya son
55 cher fils , pour la sauver. Des qu’il
» fut arrivé, il construisit une machine
» pour le salut des âmes. Çette ma-
» chine est une -roue. ( m ) , à laquelle
» sont attachés douze vases : la Sphère
» fait tourner cette roue, laquelle en-
33 lève dans ces vases les âmes des
30 morts. Le grand astre , qui est le So-
33 leil, les attire par ses rayons, les pu-
33 rifie, et les remet à la Lune, jusqu’à
33 ce qu’elle en soit toute pleine. Cdt
33 Manichée croyoit, que le Soleil et là
3» Lune étaient deux vaisseaux. La Lune
( i) Beaus. t. a , I. 7 ; e. 6 , p. 500.
»35
>3 étant donc remplie d’aines , s’en dé-
33 charge dans le Soleil ; puis elle en re-
33 çoit aussitôt d’autres , par le moyen
33 des vases , qui descendent, et qui
33 montent sans cesse. Et lorsqu’elle à
33 remis ces amés aux Eons du Père ,
33 elles demeurent dans la Colonne de
3> la g lo ir e , qui est appelée l’air par-
» fait. Cet air parfait est une colonne
» de lumière, qui est ainsi appelée, paria
ce qu’elle est remplie d’aines purifiées».
Il est impossible de ne pas voir dans
cette Roue mystique, garnie de douze
vases, qui puisent les âmes , le grand
cercle du Zodiaque , que les Hébreux
appellent la Roue des signes , et par
qui nous avons v u , dans Macrobe , que
descendoient les âmes, avant de traverser
la Sphère , en venant ici-bas animer
des corps. Il est clair, qu’en remontant
, elles doivent circuler dans
la même Roue ou dans le même Cercle
; l’un est une conséquence de l’autre.
C’est cette opinion, sans doute, qui a fait
expliquer par Clément d’Alexandrie ( a )
la fable clés douze travaux, qui effectivement
est relative au Zodiaque , par
la marche de l’ame d’Hereuie dans
les douze signes , avant d’arriver au
séjour lumineux de son immortalité ;
parce que , dit-il , e’èst à travers les
douze signes , qu’est la route des âmes
vers leur origine.
Si on applique ici cette théorie de l'élévation
des âmes , par l’action du Soleil
jusqu’à la Lune, qui s’en rem plit, et les
porte ensuite au Soleil, il est clair que
la Lune du Printemps, étant pleine vers
le point Equinoxial opposé, Isis ou la
Vierge a , comme la femme de l’Apocalypse
, la Lune sous ses pieds ; et que
c’est elle qui préside les âmes , au m oment
où elles vont commencer à descendre
, avec la Lune , dans les région»
inférieures , pour être remises à l’astre ,
qui les fera passer par A r i e s , ou par, l’Agneau
, dans la Colonne de lum ière,
et dans l’empire d’Ormusd.
(1) Clem. Alex. Strom. 1. 5 , p. S99.
G g a