N O T E S D'U T
ne m’appuierai point des dates des marbres de
Paros, parce que les marbres mentent aussi facilement
que -les -livres , quand iis attestent des
faits fort antérieurs aux siècles où ils ont «te
gravés. Je dirai seulement., que l’origine des mys-
tères remonte aux temps les plus recules de
la Grèce, et- se confond avec 'celié. de sa civilisation,
et personne ne doit être assez hardi pour
£n fixer l’époque. La langue d’Homère certainement
n’est pas celle- d’un peuple, qui est sorti
récemment de la barbarie. Défio^s-nOus des gens
qui savent to u t , et qui fixent des époques dan$
les immenses déserts , qü: précèdent le cercle étroit
des temps bien connus. A l’ignorance seule appartient
une telle hardiesse. . .
( d ) En admettant notre opinion , sur 1 origine
Egyptienne de« mystères, on ne sera plus étonné
q u ’il entre tant de science dans leur composition,
;et sur-tout autant d’Astrologie.
( e ) Le même Plutarque ( quæst. Rom.
p. ab6 J examine pourquoi les Pythagoriciens
,avoient de l’aversion p.oux les feves
( ƒ ) Aussi nous trouvons souvent, dans Pau-
sanias, des temples ou des statues des Dioscures,
près de celles de Cérès. r v
i ë ) J’ai traduit, au Printemps, ç est- a- dire ,
au lever du matin des Pieïades, lorsque le Soleil
arxivoit au Taureau, où la Lune avoit son
exaltation. Hésiode fixe à cette époque les moissons.
Théon ( 0 les fixe § g ï , c^ez les Egyptiens,^
«. mois d’Avril, ou 25 de Pharmuthi,
qui répondoit au Nisan des Hebreux. C etoit
.dans le signe du Taureau, que les Romains fi-
x oient aussi le commencement du premier E té, as-,
tatis initium ( Vàrro de Rt rust. L it. 1 , C. ao , ;
ou au sept des Ides de Mai. J/ai donc cru devoir
fixer à cette époque ÜçetŸ 9sf«x , dont par e
Pausanias. C ’est au deux avant les Ides, que le
Calendrier Romain marque.: Pieïades oriuntur Hc-
üaeè ; cestus incipit j le Soleil étoit dans le l au-
reau, signe affecté à la terre , à la Lune, et a
l’Astrologie. C ’étoit pendant ce temps, et sous
ce signe, qu’én Egypte, sur les bords du Golfe
Arabique, les Sarazii s célebroient une fête mystérieuse,
qui duroit un mois , et où tout le monde
vivoit en paix. Ils en avoient une seconde, après
le Solstice d’été-
(Ji ) Derrière le Temple de Cérès Chtonienne
dtoit un lieu consacré à Pluton, un marais d A-
chéruse, et u n W u , par où Hercule sortit des
enfers emmenant le Cerbère (*). , .
r i ) Le tombeau de Pélasge , fils de Triopas,
étoit à côté du temple de Cérès. On y voyoit
trois statues 9 celles de Diane, de Jupiter et de
Latone (3). . c .
( k ) Pausanias ( Arcadicis, p. 2 4 1 , ) lait une
remarque fort juste sur ces fictions monstrueuses,
<0 HesiocL v- 3?o. Tbeon, 135.
(»J Pausanias ibiÜ;. p.. 78-
O M E SE C O N D.
à P'occasion/.du cheval dont Rhca accoucha, et
qu’elle donna à manger a baturne. Il dit qu il a
appris, par ses observations en Arcadie, que chez
les anciens Grecs, les Sages n’exprimoient ; leur
science que par'énigmes., et jamais ne larencoient
d’ une manière simple et sans figure ; et qu on peut
regarder ces traditions mythologiques, comme le
fruit de l’ancienne sagesse des Grecs. Je pense ,
comme lui , et je crois que c’ ést sur-tout en Arcadie,
qu’ il .dut faire cette remarque ; puisque ce
pays, étant le plus élevé de toute la Grèce, a du
le moins souffrir des inondations, qui ont submerge
les autres régions. Aussi les Arcadiensse pretén-
doieiit-ils plus anciens que la Lune. Ce qui ne doit
pas se prendre à H lettre, mais pourtant ce qui
annonce l’opinion qu’ils avoient de^ leur haute antiquité.
Leur principale Divinité étoit Pan, 1 lin
des plus grands Dieux de 1 Egypte. L union de
Rhéa et de Saturne, d’ailleurs » est le commencement
de la mythologie Egyptienne, comme en
peut le voir dansPlutarque ^4). La fable de-Ceres ,
et sa statue symbolique, costumée à l’Egyptiebne,
-est une nouvelle preuve de la filiation des cuites^
( / ) Servius, dans son Commentaire sur le onzième
vers du premier livre des Géorgiques, dit
que le cheval, que Neptune fit naître d’un coup
de son trident ,. s’appeloit Arion. Ainsi Arion
est donc un des noms de Pégase. *
Hésychius, à l’article de Neptune l'TTSisr , parle
de cette génération du cheval Pégase ou Arion ,
et il ajoute : àglafôt yaertv Thiyu<rov ; et à l’article
Arion , il le fait fils deJSTeptune et d’une Furie ,
ou Erynnis , ft/etr TLfdvvvaiv. Mais il étoit
fils de Cérès, dont la tête est entrelacée de Ser-
pens. Donc cette Cérès étoit prise pour Furie.
C ’est la fameuse Méduse, amante de Neptune,
et du sang de laquelle naquit Pégase. Voilà pourquoi
Méduse est ailée, comme la Vierge. La Vierge
est capite truftsata comme Méduse, et se couche au
lever de Perséè et de son Epée, La pierre
gravée du cabinet du ci-devant Duc d’Orléans,
tom. 1 , dernière figure , justifie cette conjecture.
Car Méduse ailée forme le revers de cette pierre,
dont l’autre côté représente les sept planètes, enclavées
dans le cercle des douze signe«, qui sont
eux-mêmes caractérisés chacun par une Etoile.
Le disque de la Lune est de çlus ajouté à la
Vierge. Pourquoi cela* si ce n fcst pour figurer
l’aspect de cette tête, que tient Persée avec la
Vierge, qu’il décapite. La Vierge se leve au
coucher de la Baleine , Cttus Méduse est fille de
Cctê, et une belle fille ailée, comme ses soeurs;
car Pausanias peint ainsi les Gorgones.
( 7» ) On y voyoit d’ailleurs le temple de Minerve
de Saïs, et la tradition portoit, que ce culte
avoit été institué par le« filles de Dardanus.
.(/î)A N auplia,près d’Argos, Junon redevenoit
<3) Ibid. p. 64.
(4) De Iside, p. 355.
Vierge
* N O T E S OU T
Vierge tous les »ns, çn se baignant, et oncélé-
broit des mystères en son honneur (1).
( 0 ) Plutarque ( de facie in orb. Lunae , p. 9-13 )
distingue deux Mercures, l ’Un céleste, l’autre
terrestre, qu’il dit être le compagnon d’habitation
avec Cérès et Proserpine.
( p ) Omphalos signifie nombril. Le Péloponèse
est une presqu’île : sa partie méridionale se fend
en deux jambes, dont l’une, la plus orientale, compose
l ’Argolide, et l’autre, plus large , contient la
Laconie et la Messénie. Au - dessus de l’en-
fourchure des jambes, à-peu-près où répond le
nombril dans le corps humain, est un lieu élevé,
appelé Omphalt, ou Nombril.
v ( q ) Pausanias ajoute, que cjette fête se célé-
broit au moment, où le Nil commençoit à monter,
et que les Egyptiens croient que ce sont les
larmes d’Isis, qui augmentent les eaux du fleuve,
et qui Fécondent leurs terres.
( r ) Près de là étoit l’île saerée, où étoit enterré
Sphoercus, Cocher de Pélops ( 2 ) ; mais le
Cocher céleste s’appeloit aussi Cillas, Cocher de
Pélops ; c’est donc le même Etre. C ’étoit là que
les filles de Trézène alloient consacrer leur ceinture
avant le mariage. Voyez Meursius Gracia
Feriat. L iv . i , sur les Apaturies. C’est le même
Génie appelé Phaëton, dont les Peuples voisins
de i ’Eridan,en Italie , pleuroient aussi tous les
ans la mort ( 3 ). La mort de Phaëton fait suite
à la fable d’Io , changée en Vache et devenue Isis
dans Ovide ( Métamorph. Liv. 2. ).
Il avoit aussi son tombeau , chez les Phénéates,
«ous le nom de Myrtile, Cocher d’OEnomaüs (4).
Il étoit réputé fils de Mercure, la grande Divinité
de Phénée ; on 1-ui sacrifioit tous les ans
pendant la nuit. C’étoit à Phénée, où le Prêtre
de Cérès- -frappoit les assistans, comme à Rome
on faisoit aux Lupercales.
( s ) On remarquera , que l’on attribuoit la fondation
du temple de Neptune Chevalier à Agamè-
des, nom dont le Dieu Consus, ou le Neptune
des Romains, n’est qu’une traduction : Consualia
•vocant. L’autel du Dieu étoit caché ( $ ) ; il étoit
dans le grand Cirque ; on le tenoit toujours enterré,
excepté pendant les jeux.
Ce fut, sans doute, pour cela, qu’Adrien fit aussi
cacher l’ancien sanctuaire de Neptune Chevalier,
f>rès du Stade de Mantinée ( 6 ) ; il voulut que
e nouveau temple fût bâti à l’entour de l ’ancien
sanctuaire , sans qu’on pût voir celui-ci.
( * ) Cette Bas!lis prit son nom,sans doute, de
la fameuse Reine céleste , ou Basileia des Atlantes,
q u i. fut mère du Soleil et de la Lune, et
(1) Pausan* Corinth. p. 80.
(a) Pausan. v>. 75.
(,;) Plut, de iis qui serô puniuntur, p. 357,
(4) Pausan. Arcad. p. 149.
(5) Tit. Liv. I. 1, c. 9. Plut. vit. Rom,
(.6) Pausan. p. 244.
* (7) Diod. Sic.
Relig. Univ. Tome II.
O M E S E C 0 N D. a8i
qui pleura son üls mis à mort par les Titans. Vo ilà
pourquoi les habitans du pays fixoient chez eux
la scène du combat des Titans (7),
( u ) Evandre ( suiv. Denis d'Halic. L . 1 , p. 34 )
étoit fils de Mercure et de Thémis. Thémis étoit
la 'V ie r g e , appelée aussi Cérès, signe dans lequel
Mercure a son exaltation. C ’est même pour
cela , qu’il ne quitte jamais Cércs dans les mystères.
Les Romains sacrifioient à Evandre et à sa mère (B) ,
comme les habitans de Pallantée. Ils avoient aussi
un temple de Pan, leur plus ancien Dieu, comme
il étoit aussi celui des Egyptiens: c’étoit le premier
Dieu, aux mystères duquel on initioit les
Prêtres d’Egypte ( 9 ). Son culte en Grèce , suivant
Hérodote Liv. a , Chap. 145 , étoit récent, au lieu
qu’il étoit très-ancien en Egypte, où Pan étoit un
des huit premiers grands Dieux, dont le culte fût
connu avant celui des douze Dieux ( ic ) .
.On disoit d’Evandre ce qu’on disoit en Egypte
de Mercure et d’Osiris ; qu’il étoit le premier qui
eut enseigné aux peuples d’Italie à lire et à écrire f
qui leur eut porté la découverte du blé récemment
faite en Grèce ; qu’il leur avoit appris à en-,
semencer la terre, et à atteler des Boeufs à la
charrue. C ’est sous son règne , qu’on fait arriver
Hercule, surnommé Rtcaranus, qui avoit un
perfide valet nommé Cacus ( 1 1 ) . Evandre
lui-même étoit un Prince recommandable p'àrss justice
et ses vertus. Les Arcadiens, pour .appeler
quelqu’un, disoient' vent, comme les Latins et
les Romains ( 11) ; ce qui prouve bien la filiation
des peuples, par celle du culte et du langage;
filiation déjà établie par l’histoire.
( x ) A Olympie, à l’entrée du Prytanée 4 étoit
l ’autel de Diane Agrotère ; et dans le Prytanée
même, le foyer sacré du Dieu Pan (13), où brû-
loit nuit et jour le feu perpétuel. L à , on faisoit
des libations non-seulement aux Divinités Grecques,
mais aux Dieux d’Afrique, à Junon Am-
monienne , ‘et à Mercure Par-Ammon. Les Eléens,
consacrés spécialement au Soleil, ne pouvoient
euères manquer d’adorer Jupiter Amin on, ou le
Soleil d'Arits, non plus que les Pléiades et le
Cocher, dont les images étoient à Olympie,
comme on le verra ci-après p. 39. On y immo-
ioit tous les ans le Belier noir à Pélops ( i 4).
( y ) A T é g é e , près de Pallantium, Mars avoit
aussi rendu nièrela fille de Céphée, appelée Ærope•
Peut-être est-ce Andromède placée sur leBelier,signe
de Mars. Hercule en avoit fait autanr àcelle d’Àlci-
médon, qui, instruit que sa fille étoit enceinte, la fit
exposer elle et son enfant. Une Pie, par son crijindi-*
qua à Hercule où elle étoit ; il vint délier la mère $
8) Ibid. p. 25.
9) Diod. p. 79. Id. p. 16» .
(10) Herotl. 1. 2, c. 46.
( u ) Aurel. Vict. Origo gentis Rom. p, 10 et n , c. I.
( 1 1 ) Hesÿch. voce O vsi’s/.
(U ) Pausan. Elmc. t , p. aoj.
(14) Ibid. p. 160,
N n *