En Achaïe (i) , les habitans de Patras
débitaient que c'étoit dans leur pays, à
Messatie, que les Pans dressèrent à Bac-
cbus des embûches , et qu’il courut toutes
sortes de dangers.
C’est dans ce pays , près des bords
du Meilichus (2) , que l’on voyoit le
coffret qui renfermoit le jeune Bacchus,
coffret précieux qu’Euripyle avoit trouvé
dans les dépouilles de Troye , et dont
Jupiter avoit fait présent autrefois à
Dardanus. Bacchus dans cèt endroit ,
dit Pausanias , est censé être une Divinité
étrangère apportée de Troye
par Eurypile ; ce qui confirme ce
que nous avons conjecturé plus haut,
que ce Dieu était honoré en Phrygie
avant de l’être en Grèce. Bacchus y
prenoit le nom d’Æsumnètes. Neuf
nommes , et autant de femmes choisies
par le suffrage de leurs concitoyens,parmi
les personnes les plus distinguées, rem-
plissoient les fonctions sacerdotales.
Dans une des nuits de cette fête (3) , le
Prêtre portoit le coffret sacré dans l’intérieur
du temple, et les enfans, la tête
couronnée d’épis , se rendoient en procession
sur les bords du Meilichus. On
déposoit ces couronnes près de la statue
du Dieu ; et après s’être baigné dans le
fleuve, on reprenoit d’autres couronnes
faites de lierre, et on se rendoit au
temple de Bacchus AEsumnètes. Il y a
beaucoup de choses dans cette cérémonie
, qui se rapprochent de ce qui
se pratiquoit en Egypte à la mort d’O-
siris, lorsqu’on se rendoit au fleuve, pendant
la nuit , avec le coffret doré , et
qu’on faisoit une image luniforme (4).
Diane paroît avoir été singulièrement
adorée à Patras (5) , ainsi que Bacchus ;
çp» dernier y avoit un temple près du
théâtre , et on lui donnoit le surnom
de Calydonien , parce qu’on prétendoit
{1) Paus. Achaie. p. 224.'
(2) Ibid. p. 225,226.
Ibid. p. 226.
(4) Ci-de«s. t. 1 , 1. 3> c. 3.
que sa statue y avoit été apportée de
Calydon. On rapportait à cette occasion
l’aventure de Corésus , un de ses Prêtres
à Calydon , lequel devint amoureux de
la Vierge Callirohé , qui avoit pour
lui la plus grande antipathie. Le Prêtre,
n’ayant pu vaincre sa répugnance , s’adressa
à son Dieu , qui frappa de délire
et de phrénésie les malheureux Caly-
doniens. Ceux-ci consultèrent l’Oraele
de Dodone , qui leur répondit qu’ils
ne trouveroient de remède à leurs maux,
qu’autant que Gorésusauroit immolé Cal-
lirohé à Bacchus , ou que lui-même- sg
seroit dévoué victime pour elle. Au moment
où la belle Callirohé alloit être
immolée, Corésus cédant à sa passion
pour elle, s’immola à sa place. La jeune
fille, touchée de ce sacrifice , sent toute
Sa répugnance pour lui s’évanouir, et
finit par s’immoler elle-même aux mânes
de cet amant généreux , au. bord d’une
fontaine de Calydon , qui depuis ce
moment s’appela Callirohé. On voyoit
aussi , près de ce lieu, differentes statues
de Bacchus, en nombre égal à celui
des villes du pays, et portant le surnom de
ces villes. Ainsi l’une s’appelle Mesa-
deus, l’autre Anthée , l’autre Areus.
Pendant la fête de Bacchus , on portoit
çes différentes statues dans le temple de
Bacchus AEsumnètes. Ce temple etoit
bâti dans la partie de la ville qui avoi-
sinoit la mer. Peu loin de là etoit un
autre temple, et deux statues consacrées
à une Divinité , connue sous le nom de
Déesse du Salut.
A Phelloë , près d’Egine (6) , Bacchus
et Diane recevoient aussi un culte.
La statue de Bacchus étoit enduite de
cinabre; celle de Diane étoit en bronze,
et la Déesse paroissoit prendre un trait
de son carquois. Dans le voisinage de
ces villes; à Pellène ( 7 ) , Diane étoit
encore honorée avec Bacchus ; elle y
(5) P»us. Adule, p. 2-7.
(6) Ibid. p. »34.
(7) Ibid- p. »JSprenoit
prenoit le titre de Soteira, Conservatrice
, et Bacchus le surnom de Làmp-
tère , ou lumineux. On y célébrait en
son honneur la fête des lumières , pendant
laquelle on portoit de nuit des-
flambeaux allumés à son temple, et on
dressoit, dans toute la ville, des coupes
pleines de vin.
Si nous passons en Arcadie (1), aux
environs de Mantinée , nous -trouvons
la fontaine des Méliastes , près de laquelle
étoit un temple de Bacchus. C’é-
toit.là que les Méliastes célébroient les
Orgies de ce Dieu. Vénus y avoit aussi
le sien, et elle y prenoit le titre de Mé-
lanie, ou de Noire.
A Cynaithe , dans le territoire des
Phénéates (2) , était un temple de Bacchus,
en l’honneur duquel les habitans
du pays-choisissoient un Taureau parmi
leurs troupeaux , et le portoient au
temple du Pieu. Ils le lui offraient pour
victime.
Dans la ville d’Aléa (3) , près Stym-
phale , Diane d’Ephèse et Bacchus
étoient encore honorés. On célébroit'tous
les ans , :en honneur de
celui-ei, une fête appelée Sciera (Um-
brosft ) , et;les femmes se flagelloient
en honneur du Dieu , comme les jeunes
gens faisoient à Sparte en honneur de
Diane Grthia.
Sur les montagnes du territoire de
Thelpuse, on voyoit les statues de.Cérès
Eleusinienne, de sa fille et de Bacchus.
(4)., ■
Près des rives de l’Alphée , à Hérée,
Baççhus avoit plusieurs temples ; il prenoit
dans l ’un le surnom de Polîtes ,
et dans un autre celui à!Agites (5).
Dn y trouvoit aussi un sanctuaire, dans
lequel on s’assembloit pour y célébrer
les orgies de ce Dieu. Pan , Divinité
(0 Pausan. Arcad. p. 241.
(a) Ibid. p. »51.
(3) Ibid. p. 154,
(4) Ibid. p. 236,
Cï) Ibid. p. »57.
(d) Ibid. p. 163.
Relig. JJniv. Tome II.
familière des Arcadiens, y avoit son
temple (6).
A Mégalopolis (7) , on voyoit une
statue de Bacchus chaussé du cothurne;
il tenoit en main une côupe, et de
l’autre un Thyrse , sur lequel étoit perché
un aigle. Près dn théâtre il y avoit
une fontaine consacrée à ce Dieu. Il y
avoit aussi eu un temple.
A Phigalie (8), Diane Conservatrice
était aussi adorée-, ainsi que Bacchus,
qui y avoit son temple. Ce Dieu y prenoit
le nom d’Acrato-Phoros ( merum
ferens. ) La partie inférieure de sa
statue n’étoit pas visible , étant couverte
de lauriers et de lierre ; la partie supérieure,
que seule on appercevoit ,
sembloit être enduite de cinabre , comme
celle de Phelloë.
A Tégée (9) , Bacchus ainsi que Cérès
et Proserpinè , avoient leurs temples.
On voyoit un autel de Proserpine près
des temples de Bacchus ; ce Dieu en
avoit deux. Sur la route de Tégée à
Argos on trouvoit aussi un temple de
Cérès et un autre de Bacchus le Myste.
Pan avoit des autels et des temples dans
tout ce canton.
C’étoit sur-tout en Béotie (10), patrie
de Bacchus , que ce Dieu recevoir des
hommages. Près des ruines de Potnie, au-
delà de l’Asopus, on trouvoit le temple
de Bacchus Aîgobole f ou Perce-Chèvre.
On raconte à ce sujet une fable : car
chez les Grecs , chaque institution religieuse
est toujours accompagnée d’un
conte , qui en explique l’origine , ou
plutôt qui là dénaturé. Il en est
de même des dénominations, dont
l’étymologie s’appuie presque touj ours ,
sur une fable inventée après coup, pour
rendre raison de ce qu’on n’entend
pas.
On montrait à Thèbes (11) les restes
(7) Ibid. p. 264.
(S) Ibid. p. 270.
(9) Ibid. p. 281.
(10) Pausan. Bæot. p. 288-
(11) Ibid. p. *91,
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