
 
        
         
		gétal, anima!, la pierre Séléjiite est celle  
 qui  est  affectée  à la  lun». 
 Ce  simulacre  avoit ' encore  quelque  
 chose  de  singulier,  dans sa manière de  
 se  présenter  à  la  vue.  Le  regardoit-on  
 en  face ?  il  paroissoit  vous  fixer.  Pas-  
 soit-on  devant?  il  sembloit  vous  suivie  
 des  yeux.  Enfin,  de  quelque  côté  que  
 vous  regardassiez sa figure, il  a voit l’air  
 d’avoir  les  yeux  tournés  sur  vous. 
 Au milieu decesdeuxstatues,dit Lucien,  
 en est une troisième, qu’on appelle d’un  
 mot générique le signe, la statue,l’image.  
 Cette statue est aussi dorée, mais elle n ’a  
 rien  de  semblable  aux deux  autres,  en  
 ce  qu’elle n’a point de  forme  propre et  
 déterminée;  elle  a  des  traits  qui  sont  
 empruntés  d’autres  dieux.  Les  Assyriens  
 l ’appellent  d’un  nom  générique le  
 signe ,  sans  lui  donner  de  nom  particulier  
 ,  et  sans  nous  rien  dire  sur  sa  
 naissance  , ni  sur  l’origine de  ses formes. 
   Les  uns  y  voyoient  Bacchus,  
 d’autres  Deucalion ,  ou  le signe  en as •  
 pect  avec  le Lion  qui  portoit  Junon  ;  
 d’autres  enfin Sémiramis ,  ou la fameuse  
 princesse ,  qui devoit  son origine  au  
 Poisson  en aspect  avec  le  lion.  Une  
 colombe, placée  sur  la  tête  de  cette  
 statue , fait  présumer  que c’est celle de  
 Sémiramis.  On va,  aj oute Lucien, deux  
 fois par  an à  la  mer  puiser  l’eau ,  que  
 l ’on  jette dans  le  trou pratiqué dans ce  
 temple.  On  trouve  en  entrant  à  gauche  
 le  trône  du  Soleil  ,  mais  vuide et  
 sans  statue dessus. Car,  dit  Lucien,  ils  
 ne  donnent  point  de  statue  au  soleil  ,  
 ni à  la  lune ,  parce  que  leurs  images  
 ou  plutôt  leurs corps  sont  visibles  aux  
 Cieux (1),  au  lieu  que  les  formes des  
 autres  divinités  ne  sont  pas également  
 visibles  à tous.  Je  pense,  que  ce  n’est  
 point là une  i aison suffisante ; mais que  
 la  véritable  raison -,  c’est  que  ces divinités  
 étoient déjà représentées sous d’autres  
 formes symboliques et sous lesnoms  
 de Jupiter  et de Junon.  On y voyoit  en 1 
 outre  la  statue  d’Apollon ,  qui  incoti-  
 testablement  est  le  soleil. Cet Apollon  
 n’étoit  point  ,  comme  l’Apollon  Grée,  
 nud  et  sans barbe  ,  mais  vêtu  et  bar-  
 bu  ;  c’étoit  donc  Esculape  ,  l’Apollon  
 d’Automue,  l'Esmun amant de la  mère  
 des  dieux,  l’Atys  ou  Soleil  mutilé,  
 ou  autrement  le soleil  privé de  la force  
 génératrice.  Comme  ses  formes  le  
 distinguoient del’Apollon Grec,sonnom  
 étoit également  différent  ;  néanmoins,  
 c’étoit  iajnême  divinité.  Ils  blâmoient  
 les  Grecs ,  et  en  général  tous  les  peuples  
 qui  adoroient Apollon  sous les formes  
 d’un  enfant  et d’un jeune homme.  
 Ils  regardoient comme  une preuve  d’ignorance  
 de  donner  à  ce  dieu une forme  
 aussi  imparfaite.  Car  la  jeunesse  
 leur  paroissoit  être  un  état d’imperfection. 
   Ils  étoient aussi les seuls, qui donnassent  
 des  habits  à Apollon. 
 Ici  Lucien  parle de la manière  dont  
 se rendoient  les  oracles  de  ce  dieu ; et  
 qui  différoit  absolument  de  celle  des  
 ofaclés  les  plus  fameux  chez  les Grecs,  
 chez les Egyptiens ,’,  en  Afrique et  en  
 Asie (2). Nulle part, en effet, les oracles  
 ne  se  rendoient,  sans  le  ministère  des  
 prêtres  ou  des  interprètes  du dieu.  Ici  
 seulement le dieu agissoil par lui-même.  
 Voici  ce  qui  arrivoif.  Quand  le  dit»  
 vouloit  rendre  un  oracle ,  il  s’agittoit  
 d’abord  sur  son  siège. Alors  les prêtres  
 le  soulevoient ;  et  s’ils  tardoient  à  le  
 faire  ,  il  se  couvroit  de  sueur  ,  et  
 s’avançoit  lui-même  au milieu du  temple. 
   Tandis qu’ils  le  portent  ainsi,  il  
 passe  souvent  d’une épaule  à  l ’autre  ;  
 il  les  fait  tourner  dans  tous  les  sens  
 dans le temple, en prenant  lui-même de  
 nouvelles  directions  à  chaque  instant.  
 Enfin  le  prince  des  prêtres  le  con-  
 sulte_ et le  prie  de  répondre  à ses questions, 
   S’il désaprouve  ce  que  l’on  vent  
 faire ,  il  se  recule.  S’il  approuve  au-  
 contraire  ce  que l’on  se propose d’exécuter  
 , il  pousse  en  avant  ceux  qui  le 
 ( 1 )  Lucian.  p, 904, (a j  Lucian  p.  905. 
 sortent  ,  comme  un  conducteur  de  
 char, qui porte en  avant  les  rênes  qu’il  
 tient.  Oh  rassemble  ses  oracles ; et  on  
 re  forme  aucune  entreprise  publique  
 ou particulière,  sans le consulter. Il fait  
 d e s   prédictions  sur  l’année  et  sur  les  
 saisons.  Il  indique  aussi  les  signes  d’après  
 lesquels  on doit  entreprendre  des  
 voyages. Lucien  prétend  l’avoir  vu lui-  
 jnême  s’élever  au  dessus  des  épaules  
 des  prêtres  et  se  soutenir  seul  en l’air. 
 Après  la  statue  d’Apollon  (  1  ) ,  on  
 trouve  celle  d’Atlas  ,  un  des  fils  du  
 Ciel  et  frère  de  Dagon  dans  la  Cosmogonie  
 Phénicienne  ; d’Atlas père de  
 Maia;etàcôté sont celles du fils de Maia,  
 Mercure  et d’IUythie.  Tels  sont  les  or-  
 nemens  de ,1’intérieur  du  temple. 
 Au  dehors,  est  un  grand  antel  de  
 bronze; et beaucoup d’autres statues, qui  
 représentent  des rois  ,  et  des  prêtres.  
 A  la  gauche ,  on  voit  celle  de  Sémiramis  
 ,  qui montre  le  temple  qui  est  
 à  sa  gauche.  Ici  Lucien  nous  fait  un  
 conte  sur  l ’origine  de  cette  attitude  
 donnée  à  Sémiramis.  On  voyoit  aussi  
 en ces lieux  les  statues d’Hélène  , d’Hé-  
 cube  , d’Andromaque, de Pâris, d’Hector  
 et  d’Achille  :  celles  de  Nérée,  de  
 Philomèle (2),  de  Procné,  encore  sous  
 la  figure  de  femme  ,  et  Térée  changé  
 en  oiseau ;  celles  de  Sémiramis  ,  de  
 Combabus , de Stratonice ; d’Alexandre  
 et  tout à côté  un  Sardanapale,  en costume  
 différent des  autres. 
 Dans l'avant - cour ,  on trouvoit  rassemblés  
 et  paissant en  libertédesboeufs,  
 des  chevaux,  des  aigles';  on  y voyoit  
 aussi des  ljpns  et  des  ours.  Tous  ces  
 animaux étoient consacrés à la divinité,_  
 ne  faisoient  aucun mal, et  étoient  singulièrement  
 apprivoisés. 
 Ici  Lucien  entre  dans  le  détail  des  
 différens  ordres  de  prêtres  attachés  à  
 ce sacerdoce ;  les  uns chargés  d’immo- 
 (O   Ibid. p. 906,  
 fa)  Ibid. p. 907* 
 1er  dès  victimes  ,  d’autres  de  faire les,  
 libations  j  ceux-ci  chargés  d’entretenir  
 le-feu  ;  ceux-là  du  soin  des autels.  Dn  
 temps  de  Lucien  ,  plus  de  trois  cents  
 prêtres  étoient  chargés  de  la  partie qui  
 concerne  les  victimes.  Le  grand  prêtre  
 est  remplacé tous  les ans par  un  autre.  
 Seul  il  a  le  droit  de  porter  la robe  de  
 pourpre  et  la  thiare dorée.  On compte  
 en  outre  une  foule  d’hommes attachés  
 à  ce  culte  ,  en  qualité  de musiciens  ,  
 de  joueurs de flûtes  ,  et  de Galles ;  sans  
 parler  d’une  foule  de  femmes  censées  
 inspirées  et  que  saisi'ssoit  un  saint enthousiasme. 
   Deux  fois  chaque  jour  on  
 fait un sacrifice  ,  auquel  tout  le  monde  
 se rend.  (3) On  sacrifie  à  Jupiter  en  silence  
 ,  sans  chant,  et  sans  aucune  espèce  
 d’instrument.  J’observe,  qu’il  en  
 étoit  de  même-à  Âbydos  en  Egypte  |  
 dans  le  temple  d’Osiris.  Il  n’étoit  permis  
 d’y entrer  à  aucun chanteur ,  à aucun  
 joueur  de  flûte ,  et  d’aucun  autre  
 instrument,  ni  à  qui  que  ce  soit  d’y  
 entonner  des  hymnes  (4)-  H  paroît  
 qu’Apollon ,  à  qui  étoit  consacré Aby-  
 dos,  étoit le  seul  musicien  digne de célébrer  
 sa  gloire.  On  remarque  en passant, 
  que  le  dieu Osiris ,  dans  le  temple  
 duquel  aucun  musicien  n’avoit  la  
 liberté de  faire  entendre  sa  voix bu  le  
 son  des  instrumens  ,  avoit pour  caractère  
 distinctif  les  formes  du  Taureau  
 ou de l’animal céleste,  sur  lequel le Ju-  
 piterdeSyrie,commeMithra, étoit porté.  
 Je crois devoir faire cette réflexion, dans  
 un  ouvrage  qui  consiste  tout entier en  
 rapprochémens  , que je regarde  comme  
 un  des  moyens  plus  sûrs  pour  con-  
 noître  la  filiation  des  cultes.  Quant  à  
 Junon  an  contraire,  lorsqu’on  alloit à  
 son  temple  porter  les  prémices  et  les  
 offrandes ,  on  chantoit , on  £lisoit  entendre  
 le  son  des  flûtes  ,  et  des  cymbales  
 ,  comme  dans  les  mystères  de 
 (  3)  Lucian  p.  908. 
 (4)  Strab.  !•  17. p-  814.