Bacchus des Orphiques-i que Cicéron fait fils de
Jupiter et de la Lune ( i ). Le Soleil, sans doute,
n’est pas fiis de la Lu ne, pas plus qù’Osiris n’est
fils d’Isis. Mais l ’année , q,ue mesure Bacchus, et
les effets sublunaires qu’il produit', sont le résultat
de l’action combinée d’Osiris et dlsis , de Jupiter,
et d’Io ,.e tc . Cette opinion est confirmée par Pro-
clus,qui dit que le mois et l’année sont chantés comme
autant de Divinités ; que le mois, chez des
Phrygiens, est honoré- sous le nom de Sabà^tus,
nom de Bacchus, et cela• au milieu des mystères
de Sabazius ( 2 ).
(x x ). Le Poète dit, que ces Nymphes étoîent filles
de Lamns, et ailleurs il dit, que. les filles de
Lamus. ( 3 ) , qui nourrirent Bacchus y • sont les
Hyades :
As T'h^iCS KeLKlxfft AètfUS 'Tro'la.lÀtttâ'cL QVTltlV.
K eu S^ios evàS'iva, Tiùnvhtc/.vlo yevsQhYiv,
Bcutyov Z7i Grvsibvlce ‘TrohvpptKpsos toxstojo.
(yy) Jusqu’ici nous n’avons été occupés, que des
effets produits au Printemps, sous les aspects du
Taureau, et du Serpentaire, savoir du rétablis-
se-ment de. l’harmonie céleste , du retour de la
végétation et du renouvellement des saisons;car
c’est là l ’unique sujet des chants précédens.
Ganymède est le nom du Verseau , ou du
signe, qui commençoit la quatrième saison,à partir
du Taureau , ou du signe Equinoxial de Prin-
temps. La deuxième commençoit au Lion , et
murissoit les. raisins ,3 la troisième au Scorpion ,
et la quatrième au Verseau Ganymède.
(aiia) Ces quatre tableaux sont peut-être ceux
des saisons,, qui commencent aux quatre points
cardinaux, marqués, par les quatre animaux de
l’Apocalypse. Le vieux Ophion est Ophiucus, qui
préside à l’Automne ; Deucalion , le Verseau, qui
préside à l’Hiver 5 la vache I o , et Argus son
gardien, le boeuf du Printemps, lequel se termine
au solstice d’Etéj. et le Lion et la Vierge commencent
l5E té , que termine l ’Automne , et qu’ouvre
les Noirs ; leur chef Derîs prend la forme dtr
Céraste, ou du Serpent, comme Typhon et
Ahriman.
le lever du signe du Verseau Ganymède.
{bbl>) Dériades signifie combat , querelle. ( Non-
nus , 1. 2 4 , v . 7 1 ) .
AiifiaS'ns evri S'tiptv «irMe-sv IvS'vs.
Le principe Théologique, qui fait la base de ce
Poème, est ce dogme connu d’Erripédocle, qui
appeloit le principe du bien , Amour, Amitié ,
et quelquefois Harmonie (5 ) ; et principe de mal,
( S'iïpiv eti[/.ii7Géa‘0‘cLV ). C’est de ce mot S'nfis ,
qu’on a fait é'nçiaé'ns , comme en convient Non-
nus (1. 2,4, v. 71 ) , qu’on a métamorphosé en
chef des Noirs, ou des Indiens. L ’avant-garde
de l’arriiéë des Noirs est sur les bords du fleuve
Astacus , ou du Cancer, voisin du Lion , alors
au Tropique ; et le reste de l’armée s’étend jusqu’au
Dériades représente le principe de résistance ,
qui s’oppose aux bienfaits du bon principe dans
toutes les Théologies ( 4 ) , Ahriman , Typhon,
la discorde et la noise sinistre , dont le choc contrarie
toujours Ormusd et Osiris. Les Indiens sont 1 2 3 4
(1) Cicer. de’Nat. Deor. 1. 3, c. 23.
(2) Procl. in Tim. I. 4 , p. 24.
(3 ) L. H. v. i'4T- (4) De Iside, p. 370*
Tropique d’Hiver. Durant tout ce temps,
les Ténèbres croissent. Nonnus appelle souvent
les Indiens. ¥ armée, ou la Nation noire , yeveb\mr
ZÈjpegitP àiSoTt hetu ( 1. 30, v . 3 }■ . Mars ou le Dieu
de la résistance eft du parti de Dénudes ( 6 ).
Vérfus. aü contraire est pour Bacchus ; ce qui
est conforme à la doctrine enseignée parPlutarque,
dans le passage du traité d’Isis, où il développe
le système des deux principes (7 ) .
Nonnus donne aux Indiens l’épithète de yrrÿevetç
nés de la Terre, épithète des Géans ; eu de race
Noire des Indiens nés de la T e r re , 1. 3 1 , v. 73.
La Nuit dit qu’ils sont de sa couleur ( 174 ) au 1.
34» v. 362 , où Nonnus peint le général Indien,
poursuivant les Bacchantes5 il ajoute, que la troupe
Blanche des Bacchantes est maltraitée par le
Général noir. Les Blancs composoient l’armée d©
Bacchus, et les Noirs celle de Dériades.
(ccc) Diodore (8 ) appelle Myrrhanus le prince
Indien , que défit Bacchus.
(deia) Dans une monnoie d’Antonin le pieux, on
lit NiKttsecàV autour d’une Cybèle , dont la têt©
est ornée de Tours, et qui est assise sur un Lion.
Dans Godfroi , Cybèle a le Lion pour siège dans
le domicile des douze grands Dieux. Nicée
est une ville de Bithynie ( Stephan. de Urbib. ) ,
ainsi appelée d’uae Naïade , fille du fleuve San-
garis et de Cybèle , dont Bacchus eut Satyre ,
et d’autres enfans ( Memnon apud Phot. c. 43 )•
On voit, dans F. Godf., des monnoies de Néron,,
sur lesquelles d’un côté ,. autour d’un autel, on lit
ùiovvffi* itnsTv r et au-dessous N mata,. Astacus
est aussi en Bythinie. V . Strab. p. 5^63: Il y a
dans l’Inde une Nicée et des fleuves Astacus r
-Strab. p. 69,S. Nicomédie fut appelé Astacus,.
Cette manière de personnifier les êtyes Moraux
s’est perpétuée jusqu’à nos derniers âges. J’ai vu
. au dépôt provisoire des petits Augustin*, où l’on
a rassemblé les tableaux des différens Couvens ,
et Eglises supprimées, une suite d’anciennes peintures
sur bois, où sont représentés les miracles.-
(5) Bacchus est son petit-fils.
(6) L. 2.9 , v. 48} 1. 287—349 j 1. 29, v. 85.
(7) De Iside, p. 376.
(8) Diod, 1. 3.
de S. V o ult, qui n’est autre chose, que l’effigie
de Christ personnifiée, dont d’autres font Ste. Face,
«t d’autres Ste. Véronique. On y voit des Paralytiques
guéris par St. Voult, èt un grand
nombre d’autres miracles , opérés par ce Saint,
qui y est représenté sous la figure d’une image de
'Christ, qu’un Ange avoit commandée à un Peintre.
Le premier tableau est celui de l ’Ange , qui commande
au Peintre de faire St. V o u lt , et le reste
des tableaux représente ce même St. V o u lt ,
opérant des prodiges. Voiià nos Saints.
(eee) Hymnus est le nom, que donne Plutarque à
une Etoile placée dans la ^Vierge céleste, près
du Bouvier Icare (1 ).
( f f f ) Nous avons déjà vuvle jeune Ampelus ou
la Vigne, et le jeune Lierre ou Cissus (2 ) , personnifiés
, sous le titre de jeunes Compagnons de
Bacchus. On lui donnoit aussi pour ami le jeune
Lusus, ou le Jeu ( 3 ).. Ici ce sont de liouveaùx
personnages également allégoriques. Ces échantillons
doivent nous ..faire saisir le caractère de
l ’antiquité , et reconnoître la source de beaucoup
de méprises ,'pour la postérité ignorante.
T?gg) La description du monstre Campé est au 255 liv. et suivans. Quelques-uns en attribuent
la défaite à Bacchus;
(hhli) A Epidaure ( 4 ) » dans le temple d’Escu-
lape ou du Serpentaire, Constellation d’Àutômne,
on voyoit représenté Me thé, ivresse , qui buvoit
dans une coupe de verre. Le Serpent d’Esculape
est celui qui donne ses formes à Bacchus, et qui fournit
la parure des Ménades.
(iii) D’autres font Lycurgue roi de Thrace (5) ,
et alots sa filiation le rapprocheroit de la f.imiile
d’Orion né en Thrace, diez lès Bistoniens. Orion,
comme Lycurgue, poursuivoit les Pleïades.. Orion
avoit été frappé d’aveuglement.
(kkk) Ces tempêtes sont celles qu’excite en
Automne le coucher des Hyades. Quant aux
Hyades, outre Ambroisie^ le Poète nomme Pc*
lyxo, Cl eide, Gigurto , Phleio, Eriphie, Phccsule ,
Theope, Brornie, Cisseis, presque tous noms connus
des Hyades, qu’Hygin (6 ) dit avoir été
mises en fuite par Lycurgue.
(///) Les Egyptiens attribuoient à Osiris la défaite
de Lycurgue ( 7 ) , et en faisoient un Prince
de Thrace. Les Grecs en faisoient aussi un Thrace.
Nonnus en fait un Arabe; il place cette victoire
avant la conquête de l ’Inde, tandis que tous les
autres Auteurs la placent après.
La défaite de Bacchus par Lycurgue est ici à
sa véritable place, puisque c’est à l’époque d’Au-
(i) Plut. Paràtlel. p. 307.
(1) Nonn. 1. 10 et r i.
(3) Natal. Cona. 47p.
(4) Pausan. Corintn. pi 69,
((5) Germ. Cæs. c. 30. 5) Hygin. 1. 2.
(7) Biod. 1. 1, c. 12 j I, * . c. I30.
(8) L. z6 , v. ziS.
tomne, que le mauvais principe triomphe dü bon
principe, dans toutes les Théologies.
(mmm) On se rappelle que nous sommes ici dans
la troisième saison celle qui suit les vendanges.
(nnn) Dans le Chant suivant, Bacchus ( 8 , guérit
des Sourds et Muets de naissance. Il a aussi
changé l ’eau en vin, comme nous l’avons déjà
vu. Q ue l champ fut jamais plus fertile en miracles
, que celui de la crédulité ?
(000) Le Poète suppose ici ( 9 ) , comme Diodore
( 19 ) , que Bacchus revint des Indes monté sur
un Éléphant. (D io d .l. 4 , c. 148).
L’empire du mauvais principe étant de six
signes, c’est au septième , que cesse la résisrance.
Le Serpent céleste étoit l’emblème de T y phon,
ou de Dériades, mauvais principe ; et l ’Aigle ,
celui du Soleil, bon principe. On a déjà v u ,
dans notre explication du traité d’ Isis , que
Typhon, qui combat Osiris , est le principe des
Ténèbres qui combat celui de la Lumière. Aussi
quelques Prêtres Egyptiens expliquoier.t ces combats
par ce qui arrive dans les Eclipses. On trouve
une fiction semblable dans le Livre premier de la
-divination par Cicéron, c. 106.
• (PPP) Cet Hymne (10) est un morceau précieux 1
sur le Sole il, qu’il est bon de consulter en original.
On y remarque sur-tout la multiplicité
des noms donnés à cet Astre ( 11 ) , tels que ceux
de Be lus, d’Ammon, d’Apis , de Saturne , etc.
de Sérapis ( 1 2 } , de Mithra, de Phaéton, de 1 emps , de Soleil , d’Apollon , d’Esculape,
d’Æïher différemment nuancé , enfin d’Astrochy-
ton ( 1 $ ) , ou de Dieu vêtu du manteau étoilé
de la nuit. Nonnus donne la description du Dieu-
Soleil , Astrochyton, de son manteau et de sa v
barbe étoilée.
(???) Un remarquera, que le Verseau, auquel correspond
tout cet endroit du Poème, renferme 1©
Poisson austral, qui donna ses formes à la Vénus
Syrienne, et à Eurynome ( 14 ) , qui jouent un
rôle important dans tout cet endroit.
(rrr) Ici est une très-belle invocation à la Lune,'
dans laquelle le Poète rappelle les noms des différentes
Divinités, que les anciens révéroient dans
la Lime, Diane, Hécate, etc. (15)-
Alors se lève Cassiopée ou la Biche , sur
laquelle est faite la fable d’Actéon.
(sss) Comme cette Couronne se lève au passag©
du Soleil aux signes inférieurs, appelés les Enfers
, on a d i t , que Bacchus, au moment où il
alloit descendre aux Enfers, avoit placé cette
Couronne aux Cieux (10).
(9) L. 26, v. 233.
(1©) V, 374.
((1n2))‘ VV.. 430946..
((1143)) IVb.i d4.1 y3«. 312.
(15) V. 191, etc»
(16) Hygin. 1. 2.
L 1 1
l