presque pris la figure liideùse de Typhon
; ce qui s’accorde avec ce que dit
Martianus-Capella , qu’Osiris ou le Soleil
devient quelquefois le féroce Typhon
; au moins ses statues en portent
les attributs. Car le Serpent est aussi la
forme familière du Typhon. Il a donc
en quelque sorte change de nature. Le
voilà Sarapis , ou dieu serpent. (e 6) Car
Sarapis , veut dire serpent. (1) Au pi intemps
, il prenoit les formes du Taureau
: il etoit Osiris ou Bacchus. En
automne , il devient S.irapis , ou dieu
*xni aux formes de serpent, une des
formes de Bacchus ; car on sait que le
seipent étoit 1 animal symbolique consacré
dans les mystères de Bacchus,
ifieu des raisins , lequel lui-même n’é-
toit que 1 Osiris l-gyj.-tien , comme
ïious i avons fait voir. C'est donc en
automne , à l ’époque de la mort d’O-
sit is, dont Apis étoit l ’image , que le
Soleil, entortillé du sc-rpent d'Escula-
pe , ( yS ) prend le nord de Sarapb.
Ceci explique cette tradition, rapportée
par Augustin dans sa cité de Dieu (2),
‘ !u -Àa v oi t été un roi d Argos, qui
ayanfpassé en l-gypte y mourut (3) ,
et qui fut adoré ensuite, sous le nom
||f| Sarapis , une des plus grandes divinités
de l’Egypte (g6 ). Apis étoit
limage vivante du Taureau céleste ,
"auquel le soleil s’unissoit à l’équinoxe
de printemps, & qui passoit dans l’ombre
de la nuit , et se couchoit à l'équinoxe
d automne , au moment du passage
du soleil aux signes inférieurs , ou
la mort d’Osiris , époque à laquelle
on portoit en pompe un bpeuf d’o r,
couvert d un voile noir, comme nous
J avons déjà d it, dans notre chapitre
Sur Isis, C’est ainsi , qu’Apis mort
paçse dans la forme de Sérapis , ou que
Je soleil, quittant les attributs du signe.
(lu printemps , qui étoient ceux du
»
O) BuxtorC p. 849.
£3) Auguft. de ci vit. dei. 1,18 c. 5.
(3 ; Clement. Alex. Scrom. I. 1. p. gîa.
£4) Plut, delfide p. 3$?. Auguf, déctvit. dsi* V i§,
9 -§-
Taureau, prend ceux de l ’équinoxe d'au,
tomne , qui étoient empruntés du Serpent.
C’est ainsi que le Taureau et le
Serpent s’engendrent réciproquement
comme nous le dirons bientôt, en rap*
portant une formule sacrée des mystères
d’Osiris ou de Bacchus. C’est ainsi
qu’Osiris devient Sarapis, quand il „
changé de nature; secret qui n’est connu
que des initiés. Peut êire trouvera-
t-on là l ’origine d’une mauvaise Etymologie,
qui fait venir Sérapis du mot
Soros , cercueil et d’Apis , tombeau ou
cerceuil d’Apis ( 4 ) '■ l'étymologie1 sans-
doute est mauvaise. Mais il n’est pas
moins certain, que Sérapis n’est qu’O-
siris (A6) , ap: ès qu’il a été mis dans
le coffie mystérieux par Typhon , ou
que le soleil descendu dans son tom-
Dea-u , au coucher du matin du Taureau
céleste, clans lequel il ressuscitait tous
les ans au printemps. Sérapis n’est pas,
comme 1 a cru Varron , .le Sarcophage
d’Apis, mais bien Qsiris, dont Apis
etoit 1 image , et qui en automne étuit
mis dans le Sarcophage , et prenoit
alors le nom de dieu Sérapis.
Ceci s’accorde parfaitement avec ce
que nous dit Marfianus Capella , dans
son hymne au Soleil; savoir, qu’il étoit
adore sous le nom d’Osiris et de Sérapis,
sur les rives du Nil, et à Memphis,
Que Sérapis est le Soleil , ou le
dieu aux mille noms , tels que Mithra,
Ammon , Adonis &c.
Diodore dit (5) , que suivant les uns ,
il étoit Osiris, Bacchus, Plutonj suivant
d’autres , Jupiter, Pan , Ammon ,
et^que sous le nom de Sérapis, il étoit
le Pluton des Grecs- La théo-ie, que
nous avons développée dans le précédent
chapitre, prouve complètement ,
que toutes ces divinités se réduisent
effectivement a l ’unique divinité du Soleil.
Plutarque (6) prétend, que les pet'
Cî) Diod. Sic. 1. i. c. 35. p. 29.
(6) Piutarch. in grvîlo. p. 98^.
sonnes envoyées à Sinope (i6) , par
Ptolomée Soter, en apportèrent les statues
de Sarapis, et de Bacchus , c’est-
à-dire , les deux formes du Soleil,
empruntées des deux signes équinoxiaux
; celles du soleil de printemps ,
et celles du soleil d’automne , ou le
dieu aux formes du Taureau et le dieu
aux formes de serpent, qui, en dernière
analyse, ne sont que la même divinité;-
ou que ce soleil puissant, qui organise
toute la nature , et qui imprime le
mouvement aux Sphères. C’est ce qui
fit dire, sans doute, par les théologiens,
que cite Plutarque ( 1) , que Sérapis
étoit le nom du dieu qui embellit la
nature ,' et qui en entretient l’ordre ;
fonction que les anciens attribuoient au
soleil. Aussi le rhéteur Aristide, dans
le discours qu’il adresse à Esculape ,
ne manque-t-il pas de lui donner ce
caractère de toute puissance, que les
prêtres d’Egypte donnoient au grand
Sérapis. « Esculape , dit ce rhéteur (2),
réunit en lui de grandes et de nombreuses
qualités , ou plutôt il les concentre
toutes en lui. Il est le dieu qui
gouverne l’univers , et qui en entretient
l’harmonie ; le conservateur de
tout, celui enfin qui tient le gouvernail
du vaisseau du monde , et qui conserve
tout ce qui est appellé à recevoir
l’existence : aussi lui a-t-on bâti un
temple, sous le nom de Jupiter Esculape.
Tous ces traits , comme on le
voit, sont ceux que les prêtres Egyptiens
donnoient à Sérapis , ceux qu’À-
ristide lui-même lui donne dans son
discours à Sérapis ; ceux que tous les
peuples ont donné au soleil, ame du
inonde et lien de l ’harmonie des cieux,
à Pan, à Jupiter Ammon , &c. Esculape
ou Sérapis est donc le grand dieu
J qm vivifie toute la nature, et c’est, sans-
doute , à ce titre que les Egyptiens re-
gardoient leur dieu Sérapis, comme le
plus grand des dieux , celui qui émir)
Pïutarch. de Iùde. 362-- (V Aiiftid. otat. 6- g. 6-j.
brasse tontes choses. Aussi c’est là l’i dée,
que Sérapis nous donne de lui-même
par son oracle , lorsqu’interrogé
par un roi de Chypre , qui lui demande
qui il est : lecercle élevé des cieux, dit-il,
couronne ma tête ; mes oreilles sont
dans l ’air ; le bassin des mers est mon.
ventre ; la terre forme mes pieds ; mes
yeux sont dans le disque brillant du
soleil. Voilà bien le grand Pan des
anciens (k6) , la naturê dieu , l’ame
motrice du monde , dont le feu Ether,
qui bouillonne dans le soleil, est une
émanation puissante, qui anime tout
ici bas, tandis qu’elle sert de lien aux
Sphères. Aussi Macrobe ( 3 ) ne’ fait-il
pas difficulté de reconnoître dans cette
description , que fait de lui-même Sérapis
, la nature une et indivisible de
la divinité dû soleil ; l’Hercule Grec,
l ’Adonis Phénicien , l’Atys Phrygien ,
l ’Osiris Egyptien , avec lesquels il confond
Sérapis dans tout cet endroit de
son ouvrage. Il confirme son opinion
par l’examen des attributs symboliques
de Sérapis, qui tous se rapportent au
temps , que le soleil mesure par sa révolution
dans le zodiaque. Il examine
sur-tout le chien à triple tête , qui accompagne
Sérapis. C’est un composé
monstrueux des têtes du chien , du
lion et du loup ; le tout entortillé par
le serpent. L’explication de Macrobe ,
n’est pas heureuse, en ce qu’il y voit
trois temps, le présent le passé et l ’avenir.
Il falloit simplement j.etter un
coup d’oeil sur la Sphère , au moment
où sa lève Esculape , ou le matin du
jour où le soleil passe aux régions inférieures
, et le soir du jour où il passe
aux régions supérieures. Alors les
points équinoxiaux sont à l’horison , ët
le signe solstitial d’été au méridien.
Ces trois points cardinaux de la Sphère
sont occupés par te grand Chien , le
Lion , et le Loup. Ces trois emblèmes
réunis forment le tout monstrueux placé
£32 Macrob. Satuma.l e. 2».