son adolescence, et étoit représenté
sons les traits d’un élégante jeunesse.
( i ) Tel étoit effectivement Apollon ,
imberbe , et brillant de toutes les
grâces du printemps de la, vie. {a5)
lt est toujours beau, il est toujours
jeune , dit Callimaque. (a) Jamais
son menton ne se couvre du plus
lé ger duvet. L'hymne d’Orphée ( 3 )
le nomme le jeune héros rayonnant
de gloire. Horace l ’appelle l’imberbe
Agyeus.
Quoiqu’Apollon, dieu soleil du printemps
, n’empruntât pas les formes du
bouc ou dé la chèvre , comme Pan ,
ni celle du boeuf,comme Bacchus et Osi-
ris, néanmoins on avoit conservé le souvenir
des rapports , qu’il avoit avec
ces animaux célestes , {bÿ) par l ’offrande
qu’on lui faisoit du boeuf et
des deux chèvres blanches, qu’on lui
immoloit aux jeux Apollinaires. On
dora les cornes de ces différentes victimes
(4). An moment où le Cycle solaire
, parti du point équinoxial, étoit
censé revenir à son origine au bout de
dix-neuf ans , on célébroit des fêtes en
honneur d’Apollon chez les Hyperbo-
réens , qui croyoient que ce dieu étoit de
retour dansleurisle où ils le supposoient
né. On jouoit des instrumens; on célébroit
des danses et ces fêtes de joie
duroient depuis l'équinoxe de printemps
jusqu’au lever des Pléiades. (S) Le printemps
étoit donc l’époque de la théo-
phanie , ou de l ’apparition du bel
Apollon, qui rapportoit la lumière et les
longs jours dans les contrées boréales,désignées
souslenomd’isleHyperboréenne.
C’étoit à l ’entrée du printemps, que sa
célébroient danstoutesles islesCyclades
les jeux établis en mémoire de la victoire
, qu’avoit remportée Apollon sur
le redoutable serpent Python. (6)
Aussi est-ce au printemps , au moment
où l’hyver finit (c5) et où l ’uni- 1 2
( 1 ) Phornutus. c. 32.
(2 ) Callim. hym. in Soient, v . 36«
( ] ) Orphie, hym. v. 4.
(43 Macrsb. Satura, I- 1, c. 17.
vers sorti des eaux du déluge, suivant
les allégories sacrées, va se reproduire,
qu’Ovide place la victoire d’Apollon
sur le serpent Python, ou sur le mon«-,
tre , dont le mauvais principe avoit pris
la forme durant tout l ’hiver, comme
nous l’avons vu dans les deux premiers
chants du poëme de Nonnus. Ce serpent
Python est celui du Pôle (7), qui
nous a déjà servi à expliquer les formes
dont se couvroit Typhon , lorsque
le principe bon ef lumineux , Jupi.
ter, reprit ses foudres et termina l’hyver
par la défaite de son affreux ennemi.
Ainsi on voit, que toutes les fables se
tiennent entre elles et se réûnissent au
même centre, ou à la nature, à ses phénomènes
et aux tableaux qui nous les
peignent dans les images célestes. Celte
fable précède immédiatement dans Ovide
la métamorphose d’Io , ou de la
Lune en vache , qui fut placée dans
l’ancien signe équinoxial de printemps,
le Taureau , ainsi qne la fable de Phaë-
ton ou du Cocher céleste , fils du vainqueur
de Python, qui prend en mains
les rênes du char de son père. Toutes
ces histoires sont donc liées entre elles
et fixées aux limites de l’ancien équinoxe
de printemps ; ce qui doit être , si
Apollon est le beau Génie, ou le dieu Soleil',
qui ramène le|printemps, et qui fait
triompher le jour dés nuits et des ténèbres
, qui s’étoient prolongées en automne
, au moment où le serpent du
pôle, Python, inontoit aux cieux pour
troubler l’harmonie de l’univers et dégrader
la nature.
C’est par la même raison, que les Hé-
liades , ou les filles du Soleil se trouvent
placées dans le ciel sur ces mêmes limites
de l’équinoxe de printemps. Apollon
a aussi pour amante ou pour épouses
sept filles , dont les noms sont ceux
desPléiadéspu des astres, qui long-temps
annoncèrent le printemps. Ce sont ces
(5) Diod. Sicil 1. 2. n. 47. p. 158.
(6) Dionyf. in Sibro de sic. orbis Lub. £n-
(7) Theun. ad Arat. I’h*n. , ,
se lève toujours au coucher du Taureau
ou des Hyades , et qui monte air
crépuscule du soir, le jour où le soleil
est uni aux Hyades ou aux astres du
Taureau du printemps. Nous en avons
déjà fait usage , sous le nom de Cad-
nms , qui cherche sa soeur Europe , placée
dans le même Taureau où est Co-
ronis , etqui ouvre la nuit du premier
jour de printemps, lorsque le soleil entroit
au Taureau équinoxial. Le lecteur
peut consulter ce que nous en avons
dit à notre sixième chapitre , dans
les trois premiers chants du poëme de
Nonnus. Il y trouvera une nouvelle
preuve de la cohérence de tontes ces
anciennes fictions , autrefois devenues
monstrueuses pour nous, et qui ne
sont plus que des allégories ingénieuses,
qui avoient échappé à la sagacité
de ceux qui nous ont précédé. Ces
monstruosités ont disparu, depuis que
nous avons retrouvé l’esprit des anciens
enseveli dans les sombres ténèbres des
siècles, et couvert du voile obscur de
l’allégorie et de l’énigme. L ’antiquité
est au jourdhui pleine de charmes et de
grâces , comme Apollon lui - même ,
qui tient aux cieux le sceptre des dieux
qu’a chantés la poésie , et dont les
aventures ne sont que les phénomènes
naturels, peints avec les traits du
génie original des anciens.
Le même Serpentaire , placé sur le
Centaure, c’est-a-dire sur la constellation,
qui figure dans le troisième travail
d’Hercule, où ce héros se mêle auxCen-
taures et aux Lapithes dans le combat ,
porte aussi le nom de Phorbas en Astronomie
(4). Et la fable fait ce Phorbas
fils d’ un Lapithe , ainsi que son
frère leGentaure, né des amours d’Apollon
et de Stilbéou de l’étincelante. Voilà
donc encore le Serpentaire, sous le
nom de Phorbas, né d’un fils d’Apollon
, dont le nom se lie à la partie dn
ciel sur lequel il est placé ; savoir le
>'7 J-J- Coh. ad gentes. p. so. Arr. 1.4. p. la i
O j Macrob. Satura. I. 1. c. 12. - r 1
(3) Ovid. !. 1. métam, fab. 13.— 16.
(4) Hygin. I. 2.