tes de ceux qui verraient se faire purifier.
Lesenfans,dontl’ame encore neuve n’a
point été souillée par le crime, étoient
volontiers admis à ces initiations. Les
parens s'empressoient de les faire inscrire
sur le registre des Initiés, et les en-
finis de recevoir la robe sacrée , la ceinture
de pourpre et la couronne d’olivier,
dont on paroit le récipiendaire (1). Nous
parlerons ailleurs de la cérémonie de
l ’intronisation, ainsi que de la représentation
que l’on donnoit de la mort
du plus jeune des Cabires, massacré par
ses deux frères, qui s’enfuirent en Ltru-
lie , emportant avec eux la ciste , qui
renfermoit le pudendum de leur frère ,
d’autres disent de Bacclius. Là ils établirent
le culte du Phallus ' et de la
ciste sacrée. Ce qui fait croire , ajoute
Clément d’Alexandrie, que ce n’est
pas sans raison, que quelques-uns,ont
voulu, que Bacchus fût appelé Atys-( f ) ,
à cause de l ’abcission du Phallus. Sa
tête fur aussi enveloppée d’une étoffe
teinte en pourpre,, et son corps porté
sur un bouclier en Asie , au pied du
mont Olympe, où on l’enterra. Ceci
justifie encore notre opinion sur l’origine
de cette fable sacrée, que nous
faisons venir d’Asie. Cet Olympe est
un des sommets de l’Ida près d’Antan-
dros. Ainsi cette tradition nous reporte
dans la Troade , où étoit établi le culte
des grands Dieux. Suivant Pausanias ,
les habitans de Pergame (a) assuroient,
que leur pays étoit autrefois consacré
aux Cabires. C’étoit près de ces lieux
qu’étoit Pessinunte, et le mont Agdestis,
où l’on oeontroit le tombeau d’Atys.
Parmi les rits sacrés de ces mystères,
on défendoit de servir sur la table de
l ’ache, parce que l’on supposoit que
cette plante étoit née du sang du jeune
Cabire (3). Ainsi le sang d’Adonis avoit
donné naissance à l ’anémone ; ainsi,
dans les Thesmophories, lesfemmes dif
y) Procl. in Plat. Polit. Clen. Pretr. p. i l .
{z) Attic. p. 4.
(3) Clem. Pfott
soient, que la grenade étoit née du sann
de Bacchus. O11 a dû remarquer, entre
ces Divinités, un grand rapport, surtout
dans la cérémonie du Phallus, symbole
de la faculté active de la génération
universellecérémonie Commune
à tous ces mystères , ainsi qu’à ceux
d’Osiris en Egypte. Nous parlerons ailleurs
plus au long de l’origine de ces
institutions.Nous observerons seulement
ici qu’Hérodote dit, que les Initiés aux
mystères dés Cabires à Samothrace
savoient pourquoi on avoitétabli la pompe
Itypliallique , ou quel étoit le but et
l’origine de l ’usage où étoient les Grecs
de représenter le Phallus droit dans les
mystères (4)- Ceci s’accorde bien avec
ce que -dit Clément d’Alexandrie, que
les Cabires apprirent aux Toscans à révérer
le Phallus , ou la partie sexuelle
de leur frère,, qu’ils avoient mis à mort.
Ceci nous rappelle aussi la 'cérémonie
de la consécration du Phallus dans la
Syrie , à Héiiopolis, où l’on célébroitles
mystères d’une Divinité, qui avoit beaucoup
de rapports avec Cybèle et Atys.
Lucien (5) est entré à cet égard dans
le plus grand détail ; et sur-tout on y
remarque la description d’un énorme
Phallus , de trois cents orgyes de haut,
dans lequel un homme montoit deux
fois l’an , et y restoit l’espace de sept
jours. C’est aussi dans ce lieu, qu’on
voyoit un nain muni d’un Phallus d’une
monstrueuse grosseur. Ces différetis
symboles , communs aux mystères de
Bacchus, d’Atys et des Cabires , prouvent
assez ce que dit Lucien (6), que
l’on attribuoit a un même homme , a
Atys , les cérémonies religieuses des
Phrygiens, des Lydiens et de Samothrace
; et conséquemment ce que disoit
Hérodote, que les Initiés aux mystères
de Samothrace connoissoient le
sens énigmatique de la pompe Ityphal-
Kque , et de la posture que l’on donnoit
(4) Herod. 1. 1 , c. 51.
(5) Lucian. de Des Syria. p. SS6— 893— ïçV
$6) Ibid, p, 88}.
à l’ancien Mercure des Pelasges, à ce
Mercure que l’on comptoit parmi les
Cabires 5 savoir , d’être toujours en
érection. Dans lé monument de Mithra,
imprimé dans Hyde , et dans nos planches'}
on voit un Génie à bonnet Phrygien
, qui est dans la même attitude , et
qui ensemence la terre, comme fit Jupiter
, quand il donna naissance à Agdestis ,
mère d’Atys ; ou Vulcain, quand il donna
naissance à Erichtonius.
Nous terminerons tout ce que nous.
avions à dire sur les Dioscures , et conséquemment
cette partie de notre Ouvrage
, par un tableau rapproché des
différens lieux de la Grèce , où les Ca-
bires en général, et en particulier les
Cabires Droscures , étoient honorés, et
avoient des statues , des autels et des
temples. Pausanias va encore ici nous
Il y avoit à Athènes (1) un ancien
temple consacré aux Dioscures , qui y
avoient leurs statues et celles de leurs fils
assis à cheval. C’étoit près de là qu’étoit
le lieu consacré aux trois soeurs Aglaure,
Ersê et Pandrose, à qui Minerve confia
la fameuse corbeille , qui renfermoit le
jeune Erichtonius. On leur avoit défendu
dq l’ouvrir ; mais la curiosité l’emporta
sur deux d’entr’elles , qui ne l’eurent
plutôt ouvert et apperçu Erichtonius,
qu’elles entrèrent dans un affreux délire,
pendant lequel elles se précipitèrent du
haut de la citadelle.
Cétté fable ressemble parfaitement à
une fable Phrygienne, sur le coffret
confié à Eurypile (1) , et qu’il eut l’im-
prudèiice d’ouvrir. Ce coffret renfer-
inoit un dépôt, que Jupiter avoit autrefois
confié à Dardanus, et qu’Eurypile
trouva parmi les dépouilles de Troye.
Il renfermoit l’image de Bacchus. Dès
qu’Eurypilè l’eut apperçu,il entra en. démence.
Enée avoit, selon les mis , laissé
ce coffret ; suivant d’autres, c’étoit Cas-
sandre qui l’avoit jeté exprès , afin que
quelqu’un des Grecs, venant à le ramasser,
en fût puni. Nous avons parlé plus
haut de ce Bacchus, sous le nom d’AE-
symnètes. Quoi qu’il en soit de cette
histoire, on voit qu’elle ressemble fort
à celle qu’on débitoit dans les fêtes de
Minerve , sur Erichtonius , et sur les
trois soeurs, dont le temple étoit uni à
celui des Dioscures , ou Cabires. Cette
fable se rapproche encore d’une autre
tradition mystérieuse des Béotiens, dont
parle- Pausanias (3) ; c’est que les mystères
des Cabires étoient fondés sur un
dépôt, que leur confia Cérès, et sur lequel
Pausanias ne oroit pas de voir s’expliquer.
Cérès y prenoit le nom de Cabiriqne ,
ou y étoit honorée avec Proserpine,
comme une desDivinités Cabiriques. Près
de là étoit aussi un temple des Cabires-
Quant aux cérémonies mystérieuses, qui
se pratiquoient en l’honneur de ces
Déesses , ainsi que des Cabires, Pausanias
demande qu’on lui permette de les
taire. Il raconte seulement, qu’il y avoit
dans ces pays autrefois une ville habitée
par les Cabires , qui firent la connois-
sance de Cérès. Deux d’entr’eux , Pro-
méthée et AEtnée son fils, reçurent d’elle
un dépôt, et le présent de l’initiation.
Ces mystères furent quelque temps interrompus
après l ’expédition des Epi-,
gones , et après la prise de Tlièbes ;
niais Pé large , fille d’AEtnée, les rétablit
(4).
Ce qu’il y a de remarquable dans le
récit de Pausanias, c’est que la vengeance
des Cabires s’exerçoit sur les profanateurs
et les indiscrets , par une
frénésie telle que celle dont nous
avons parlé tout-à-l’heure. Elle for-
çoit ceux qui en. étoient atteints,, tels
qu’Eurypile et les soeurs Aglaure et
Ersê , a se jeter dans la mer , ou à se
précipiter du haut des édifices ; ce qui
rapproche cette fiction Cabirique de
celle de Minerve , d’Erichtonius et des
(i) Pauian. Attic. p. 16. (3) Bæoti. p. 300.
(*) Pausan. Achaic. p. *15. {4) Ibid. p. JQI.
Relig, JJniv. Tome II. 0*