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nos à màlèrt J/otév. C’est là te grand voeu,
dît Prdclus, que forment lesinitiés Aux
này^fères deBàeçbtüs et dëPrdserpiné; Ils
p‘i*ient lëVDieùxdéfaite finir|>our eux le
cërclë des générations {ƒ) , diitant lequel
leurs âmes sont errantes, et de faire èn.
sbrta, qu’ils puissen t respirèr, enfin affranchis
dès atteiiitesdu mal(i) : c’est à cette
vie heureuse, que désirent d’être ramenées
toutes les aines. Ainsi s’explique Pro-
clus , à la suite d’une dissertation inté-»
ressante sur un passage de Platon, où ce
philosophe dit, que les âmes qui ont bien
vécu remontent dans un astre, d’une nature
analogue à la leur, sy devis in riume-
fum, comme dit Virgile, et y vivent heureuses.
Il y est aussi question des périod es
de rooo ans , et de 3 ooo ans , et du
retour des âmes an monde intellectuel.
On poürroit même croire , que les figurés
d’animaux, de chiens, demonstres
affreux d’espèces différentes , que l’on
faisoit paroître aux ÿeux de l’initié ,
avant de lui montrer la lumière sacrée ,
après laquelle il soupiroit (2) /pouvoient
hvoir 'trait à ‘cétte doctrine des métamorphoses
, que l’ame subissoit, lorsqu’elle
n’étoit pas encore assez pure,
pour être admise à la possession des
champsde la lumière Etherée.Quoi qu’il
en so it, onne peut douter que le Dogme
de la Fàliiïgénésie, qui ramène l’homme
a de nouvelles organisations , et qui le
fait errer dans le cercle des générations,
dont l ’initié demandoit à être délivré ,
ne fît partie des dogmes enseignés dans
lès Mystères , comme il paroït par le
passage de Proclus, que nous venons
de citer , et par celui de . V irgile sur
l e retour des âmes à la vie. On a vn
pareillement, que ce dogme, ainsi que
celui de l’immortalité de l’ame , tiroit
sa démonstration de la nature même de
T ain e , et son origine du besoin d’intimider
les hommes, par la crainte de la
justice des Dieux.
(1) Provins jn Tim. I. 5 , p. 330.
(2) Plethôn. Scholiis ad Orac. Magic. Zoroast.
(3) Beaui. t. a , l . 7 , ç, 3. §. 6 , n. 3 , p.494.
On peut regarder ces métamorphoses
comm'e des supplices momentanés pour
l’arne, et comme une espèce de Purgatoire
, dont les peines,en expiant ses anciennes
fautes , pouvoient la rendre enfin
digne de retourner au séjour de la félicité
éternelle;
La nécessité de la purification des
âmes, avant que d’être admises dans le
G iel, dit le savant auteur de l ’histoire
du Manichéisme (3) , est un sentiment
qui ne fait point de déshonneur à la
raison ; il a été embrassé par plusieurs
Pères , et il a fourni à la superstition le
prétexte d’inventer son purgatoire. Platon
est formel sur cet article. « Les
» âmes , disoit ce philosophe, ne ver-
» ront point la fin de leurs maux, que
» les révolutions du monde ne les aient
» ramenées à leur état primitif, etne les
» aient purifiées des taches, qu’elles ont
» contractées par la contagion du feu,
» de la terre et de l ’air ». Enfin les philosophes
jugeant, continue Beausobre,
que là justice et l’équité de Dieu ne
lui permettent pas de livrer aux démons
les âmes vicieuses , à la fin d’une seule
vie, et d’une seule épreuve, crurent que
la providence les renvoyoit après la mort
en d’autres corps , comme dans de nou-
velles écoles , pour y être châtiées ,
selon leurs mérites , et purifiées par le
châtiment. Les Juifs (4) bornoient ces
transmigrations à trois , opinion
qu’ils semblent avoir prise de Platon ,
qui ne permettoit l’entrée du ciel,
qu’aux âmes qui s’étoient signalées dans
la pratique de la vertu , pendant trois
incorporations. Les Manichéens plus
indulgens en accordaient cinq. Pindare,
plus de cent vingt ans avant Platon (5) ,
enseignoit la même doctrine sur les trois
incorporations nécessaires aux âmes
vertueuses, pour entrer dans le séjour
dé la félicite, ou dans l ’Ile des Bien-
'(4) Beausobre, ibid. p. 493.
(5) Pjnd. Qlympic. 2,'y. »22, etc.
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heureux; ee qui étoit la grande promesse
de l’initiation. C ’est ce qu’on lit dans cette
belle Ode , où il nous peint la félicité
des justes, à laquelle Pinitié seul pouvoit
prétendre. Ces deux dogmes, savoir
celui de la Métempsycose , et celui de
l’Elysée,entroient donc dans la doctrine
des Mystères , puisque l ’on enseignoit
que l ’initié seul pouvoit être admis à l’Elysée
, et que ce bonheur n’étoit accordé
qu’à celui qui avoit persévéré dan3 la
justice, au moins durant trois incorporations.
Voilà donc encore une preuve
de la liaison , qu’il y avoit entre le
dogme de la Palingénesie, et les autres
dogmes enseignés dans les Mystères.
Nous avons de plus un passage de Cicéron
, conservé par Saint Augustin (1),
qui nous conduit au même résultat , et
qui suppose , que dans les Mystères on
enseignoit, que l ’homme avoit eu déjà
plusieurs vies. Les anciens prophètes ,
disoit l ’orateur philosophe , et les interprètes
sacrés de la volonté des Dieux,
dans leurs cérémonies religieuses , et
dans leurs initiations , enseign oient que
nous expions ici bas des crimes commis
dans une vie précédente,et que c ’est pour
cela que nous naissons. On enseignoit >
dans ces Mystères, que l’ame passoit par
plusieurs états, et que les peines de cette
vie étoient une expiation de fautes antérieures.
Cette opinion tient au dogme
de la Métempsycose et delà Palingénésie,
et comme Cicéron prétend qu’elle étoit
consacrée dans les initiations, il s’ensuit
, que ce fameux dogme y fut aussi
expliqué et en fit souvent partie ; ce
que nous nous sommes proposés ici
d’établir. Enfin , nous verrons bientôt
l ’antre Mithriaque et les sept portes Planétaires
, par lesquelles passoient les
âmes pour venir animer des corps, et
pour retourner ensuite à leur principe
et au lieu de leur origine. Non seulement
on s’y proposoit de tracer la
(1) August. I.4, Contr. Pelag, et Frag. Clcer.
in Oper. Ed. Oliv. t. 3, p. 577.
(1) Porphyr.l. 4. §. 16, p. 351.
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rpute de ces âmes à travers les sept
Sphères , soit en descendant du c ie l,
soit en y remontant , mais encore
on voulut y représenter d’une manière
énigmatique, dit Porphyre (z) , les révolutions
successives des âmes humaines
dans les différens corps ; c ’est-à-dire y
mettre en spectacle la Métempsycose.
Porphyre s’appuie de l ’autorité dePallas,
qui avoit composé un ouvrage particulier
sur tous les emblèmes mystérieux
du culte Mithriaque, et dont il nous a
conservé un fragment. Il est certain, que
la Métempsycose faisoit partie des
dogmes Théologiques des Perses et des
Mages , comme l’observe le même Porphyre
(3). Aussi Manès, qui emprunta
plusieurs dogmes de leur théologie, cro-
yoit-il à la transmigration des âmes (4).
Tyrbon le dit daus sa relation à Archelaüs,
et Socrate le confirme. Jamais doctrine
ne fut plus universellement répandue que
celle-ci, et n’eut une source aussi ancienne.
Elle régna dans l’Orient et dans
l ’Occident , chez les nations polies , et
chez les nations barbares, et elle remonte
à une si haute antiquité , que
Burnet dit ingénieusement , qu’on croi-
roit qu’elle est descendue du c ie l, tant
elle paroït sans père , sans mère et
sans généalogie. Hérodote la trouva établie
chez lesEgyptiens , de qui les Grecs
ont emprunté leurs idées religieuses ,
leurs cérémonies et leurs mystères. Les
Egyptiens sont les premiers, dit Hérodote
(S) , qui ayent avancé que l’ame est
immortelle , et qu’elle éprouve différentes
métamorphoses, en passant dans
le corps de différens animaux , soit terrestres
, soit marins , soit volatiles ; et
qu’ensuite elle rentre de nouveau dans
un corps humain. Ils fixent à 3ooo ans
la durée de ce cercle , qui ramène
l ’homme,après plusieurs métamorphoses,
à son organisation primitive. Voilà le
cercle de Pythagore , et de Proclus, dont
(3) Ibid. 1. 4.
(4) Beausobr. t. a , I. 7, e. 5 , §. 4 , p. 491.
(}) Hero-4. F.utcrp. c. 123.