res et leurs rapports avec la végétation,
pendant les quatre Saisons. Avoir
une Saison complété , dont les rapports
avec le ciel et la terre sont évidemment
marqués, c’est tenir la chaîne
de toutes les autres , et des fictions
qui s’y lient. Cette conséquence est
nécessaire , pour conserver l’unité
du poëme , qui naît de celle du Héros
, et l’unité de caractère dans le
génie poétique, qui a créé ces chants.
Achevons et conduisons notre Héros
dans le reste de sa carrière, jusqu’au
point du cie l, d’où nous l’avons
fait partir ; c’est-à-dire , au Taxtreau
équinoxial. -
A la suite de la Couronne boréale,
montent les deux serpens , qui dans
l ’ancienne Mythologie fournissent leurs
attributs aux Géants, & dont déjà
nous avons fait usage au commencement
de ce poëme, en parlant du
combat de Jupiter contre Typhon et-
les Géants. Ce sont eux, qui ont commencé
la série de nos tableaux Astronomiques
; ce sont'eux qui vont la
terminer ; et comme nous les avons
déjà projetés, nous ne les projete-
rons pas une seconde fois : car nous
serions obligés de les projeter à la
même place. Ceci prouve que nous
sommes arrivés à la fin d’un cercle,
puisque les tableaux, qui terminent
notre exposition , sont communs à la
fin et au commencement du cercle
que nous avons suivi et tracé : donc
nous avons achevé une révolution.
Voilà une nouvelle confirmation de
notre théorie ; savoir, que la course
de Bacchus est une course circulaire ,
qui nous ramène à la fin du poëme
au point, d’où nous étions partis en
commençant, comme le soleil revient à
la fin de sa révolution au même point,
f»J v.’ g.
f a ) v. 7.
: t s ) ’ - *5- (‘J v. 39-
où il âvoit ouvert sa route, et se
trouve conséquemment en aspect avec
les mêmes Constellations. En un mot
nous avons eu au commencement du
poëme un combat de Typhon et des
Géants à pieds de serpent : nous en
devons donc avoir aussi un à la fin
du poëme, puisque les mêmes aspects
se reproduisent à la fin de la révolution
, tels qu’ils s’étoient montrés au
Commencement. Eh bien, ces Géants,
ce combat de Géants, nous allons l’avoir.
En effet, le poëte commence le dernier
chant, celui qui termine le poëme
et les courses de Bacchus , ou autrement
la révolution annuelle , à partir
de l'équinoxe de printerilps, par nous
présenter Je spectacle de Junon, qui
s’oppose à l’arrivée de Bacchus en Thrace,
en suscitant contre lui des Géants ,
que la terre leur mère arme contre c®
héros.
C h a n t Q u a r a n t e -h u i t i è m e .
Bacchus quittant Argos , dit le poëte,
s’avance vers les champs de la Thrace
( 1 }. Là , Junon toujours ennemie
implacable du héros, engage la terre (a.)’
à armer contre lui les Géans ses enfans.
Celle-ci les exhorte à mettre ( 3 ) en pièces
le nouveau Bacchus , Comme les Titans
y avoient mis le premier ( 4 }. Ici
le poëte décrit les diverses armes dont
se saisissent les Géans ( 5 ) , et leurs terribles
efforts contre Bacchus, qui" d®
son côté les repousse avec vigueur, et
fini par terrasser tous ces monstres,
dont les têtes sont hérissées d’affreux
serpens ( 6). Le feu ( 7 ) et son Thyrse
redoutable l ’aident à en triompher (8).
Viennent ensuite ses amours ave Pallè--
ne , fille de Sithon, avec laquelle d’#-;
( 5) v - 3$-
G ) n- 5°-
f7).v. 60.
& v- f t
bord il fut obligé de. lutter ( 1 ). Il lui
cède complaisamment la victoire. Si-
thon les sépare ( 2 ) et il est tué par Bacchus
, qui finit par épouser Pallène (3) ,
qu’il console de la mort de son père (4).
Les amours de Bacchus avec la fille de
Sithon , montagne de. Thrace , contiennent
une allusion à la Géographie du
pays, dans lequel le poëte fait voyager
Bacchus 5 c’est le Nord qui est défigné
par la Thrace , dans laquelle ou trouve
le mont Sithon , toujours couvert
de neige. Virgile défigne les frimats de
l’hiver , par les neiges du mont Sithon ;
comme il défigne l’été , par les chaleurs
du Tropique du Cancer , danssa dixième
églogue. (5) Deux péninsules de la
Thrace , sur les golphes Thermaïque ,
et Toronaïque, portent les noms de
Sithoniene et de Palléniene. Cette der-
nières’appeloit auparavant Phlégréene ;
et on sait que les contrées Phlé-
gréenes étoient la patrie des Géans.
Voilà l’objet des fictions de Nonnus sur
les amours de Bacchus pour la belle
Pallène, fille de Sithon, qui suivent
la défaite des géans ou des monstres
serpens , dont lepôle boréal conserve
les images. En effet la fable suppose, (6)
que le Dragon du pô’e est celui que
lesGéatis lancèrent contre Minerve dans
îla guerre fameuse des Géans, et que
j cette déesse saisit et attacha au pôle
Toréai du monde.
Bacchus passe ensuite en Phrygie près
de Cybèla(7),|Là il trouve dans les montagnes
une jeune chasseuse appellée
Aura, ou Vent doux et Zéphyr, fille
| de Péribée, fille elle-même de l ’océan ;
0 ) v . 125.
TV v. 174.
(3) v. .200. H T-, 210— 235.
(5) Ecl. 18. v. 65.
(6) Fïygin. I. 2. Oermaa. c. 2.
(7) v| 240. I ;
(V v . 257. g
(9) v. 264.
(10) v. 265.
I m v - ‘a74-
U 2) V. 270.
(*3) V. 289.
elle étoit légère comme le vent ( 8 ) ;
de manière à justifier son nom. Le poëte
suppose, que fatiguée des courses et
de la chasse , elle s’étoit endormie vers
le milieu du jour , et qu’elle eut un
songe, qui présageoit ses amours avec
Bacchus. (9 ). Elle croit voir l’amour
chasser (10) et présenter à sa mère les
animaux qu’il a tués (11) ; Aura elle-
niêine paroissoit soulever son car-
qùois (12). L ’amour plaisanté son goût
poùrla virginité (i3).Elleseréveilie (14);
et s’-irrite contre l ’amour et centre le
sommeil (i5).-EUe s’enorgueillit de cette
virginité 5 elle se préfère même-à Diane,
quelle contemple au moment où
elle descend dans les eaux du Sanga-
ris (16), pour s’y baigner avec la déesse.
Elle se compare à*elle, dans un parallèle
tout à son avantage (17). Diane
est piquée et sort des eaux pour s’en
plaindre à Némésis , déesse dont le
poëte nous décrit les formes, (18) les at-.
tributs èt la puissance. Némésis, apper-
cevant Diane , reconnoît déjà qu’elle
est en colère (19). Elle lui en demande
la cause. Celle-ci l’informe du sujet
de sa douleur ; elle accuse Aura (20),
et la prie de la venger de son insolent
mépris (21). Néméfis lui promet de la
punir par la perte de cette virginité,
qui lui inspire tant d’orgueil (22).*
Némésis dirige sa course aussitôt vers
les lieux (*3) qu’habite l’orgueilleuse
Aura (23). Elle arme contre elle l ’amour
, qui allume ses feux dans le
coeur de Bacchus (24). Ce dieu soupire
‘long temps et sans • espoir (25), sans
oser avouer sa flamme à Aura, Nymphe
(14 ) v. 287.' ■
•05) v. 301-
(16) v. 344.
C17) v. 368- 0 8 ) v. 380. : 0 9 ) v. 390.
(20) v. 42 T;'
<21) v. 43^5.
(22; v. 448.
C s ! v- 458-
C 4 ) v. 472.
(25) v. 480.
M a