d Isis , qui se célébroit à Busiris , on
frappoit indistinctement les hommes et
les femmes (1). Gérés , suivant Pausa-
nias , cherchant sa fille, arriva chez les
Phéoeates , qui l ’accueillirent très-honnêtement.
La Déesse , en reconnois-
sance, leur fit présent de tous les légumes
, excepté des fèves , quelle déclara
impures j tradition qui décde encore
une origine Egyptienne (2) , comme
on peut le voir dans Plutarque (<?) et
dans Plérodote. Pausanias dit, que cette
exception, que fit Cérès de la fève,
tient à une opinion sacrée sur laquelle
il garde le silence ; mais sans doute, qui
étoit la même qui la fit proscrire par
les Pythagoriciens , et avant eux par les
Egyptiens leurs maîtres. Le même Pausanias
dit, que ceux qui sont initiés aux
Orphiques en savent aussi la raison. Ils
étoient Pythagoriciens (3).
On pourroit encore peut-être regarder
comme un usage Egyptien celui des
femmes Athéniennes (4) , qui consistait
à porter, pour ornement de tête, des cigales
d’or. G’étoit, chez les Egyptiens (5),
le symbole de l ’initiation. Les femmes
Chrétiennes ont pris la croix pour signe
de leur initiation. Les femmes initiées
aux mystères de Bacchus portèrent le
Phallus. Au reste on prétendoit, que les
cigales d’or n’avoient été adoptées ,
comme ornement, par les femmes (6),
que parce que cet animal étoit consacré
au Soleil ou à Horus, fils de Cérès ,
comme ayant le talent et le goût de la
musique, dont Apollon est le Dieu.
_ Chez les mêmes Phénéates , en Arcadie
, où nous trouvons établis les mystères
de Cérès Eleusienne (7), tout près
du Temple de la Déesse, étoit ce qu’on
appeloit Pêtroma ; c’étaient deux pierres
jointes ensemble, qui renfermoient les
Rituels sacrés de l’initiation. On les en
{ il Herod. I. a , c. 61.
I l) Plutarch. Sympo». 1. 8 , quest. 4T.
(3) Paus. Art. p. 35.
(4! Thucydide.
(s) Hor. Apoll. I. 2, c. je.
jé) Schsliast. Aristoph.
retiroit pour les lire aux initiés ; pu;s
on les remettait précieusement dans es
lieu sacré.
Il en étoit à-peu-près de même dans les
mystères d’Isis. L’Hiérophante tiroit du
sanctuaire des espèces de Grimoires ou
certains livres chargés de caractères Hiéroglyphiques
(8) , et dont les lignes s’entrelaçant
formoient des noeuds et des
roues ; c’était sans doute les caractères
de la langue sacrée, dont on leur don-
noit l’interprétation. Ce culte , né en
Egypte , passa à Corinthe , où Isis portait
le surnom de Pélasgique , et de-là à
Rome , où l ’on en fait remonter l’in,
troduction au temps de Sylla , à-peu-
près dans le même temps où les mystères
de Mithray furent connus , et
cela, par une suite de la communication
plus libre, qu’il y eût alors entre Rome,
l’Asie et l’Egypte.
Enfin , c’est en Egypte que nous trouvons
le modèle de ces grandes solem-
nités nationales , qui attirent tout un
peuple en un même lieu , pour célébrer
en commun des mystères. Ainsi le
peuple en loule se rendoit tous les ans à
Sais, an Temple de la chaste Minerve
on d’Isis , mère d’Horus , la même que
Cérès , pour y célébrer les mystères de
la passion d’un Dieu mort, dont Hérodote
nous a cru devoir taire le nom (9).
Lorsque le temps de l’anniversaire de
cette fête étoit arrivé , la plûpart des
Egyptiens s’embarquoient sur le Nil
dans, des barques bien illuminées (10)»
et toutle fleuve, jusqu’à Saïs , était couvert
de ces bateaux , dont l ’éclat dissi-
poit les ténèbres de la nuit. Arrivés à la
ville (11) , ils alloient rendre leurs hommages
à la Déesse, dans le lieu sacré qui
conservoit sa statue, et ilsallumoienules
bougies autour d'h Temple , et autour des
tentes où ils campoient eux-mêmes eB
(7) Pau*in. Arcad. c. i j , p. 249.
(8) Apuiée, Mécamorph. 1. 11.
(9) Herod. I. 2, c. 171.
(10; Themisti Orat. in Const. Orat. 13;
(11) Herod. i. 2 , e. 61.
plein air ; en sorte que , toute la nuit,
Saïs étoit illuminée de feux sacrés.
Ceux qui ne pouvoient point se rendre
à la solemnité allumoient également
des bougies dans leurs villes, de façon
que non - seulement Saïs , mais l ’Egypte
entière était, éclairée par une
illumination universelle. Cstte cérémonie
nous est retracée à Eleusis dans
la fête des flambeaux (1) , qui se célébroit
le cinquième jour des mystères ,
fête durant laquelle les Inities éclai-
roient la route d’Eleusis d’une multitude
de flambeaux , qu’ils se faisoient
passer de main en main. Hérodote (2)
a cru encore devoir jeter le voile du
mystère , sur l’objet de l’illumination de
Sais., ÇttjtMÊÊlIÊÊÊÊÊÈIÊÊÊÊÊtÊÊtlÊÊÊÊÊÊ
Le même Hérodote nous donne la
description d’une fête nationale ou
d’une assemblée religieuse de presque
tous les Egyptiens, tenue à Eubaste (3).
Les hommes entroient pêle-mêle avec les
femmes dans les barques , au bruit des
instrutaens de musique , dont ils accom-
pagnoient leurs chants le long de la
route : on y mêloit le sarcasme et même-
les injures qu’on lançoit contre ceux qui
ne venoient point, et sous les yeux
desquels on passoit dans les différentes
villes qu’arrose le Nil. Ces plaisanteries-
là semblent avoir été conservées dans
la marche des Initiés à Eleusis , lorsqu’ils
passoient sur le pont du Céphise
(4), en conduisant enpoinpe le jeune Iac-
chus ; ce qui dégénéroit, pour le moment,
en une espèce de Bacchanale ,
assez semblable à celles dont les dévots ,
qui alloientàBubaste, donnoientle spectacle
(5). Arrivés à la ville , ils faisoient
degrands sacrifices, et on y buvoit plus
de vin que dans le reste de l’année. Le
nombre des personnes, qui sq. rendoient
ordinairement à cette cérémonie , étoit
(0 Meursius Eleu*. c. 2J-
(-} Herod. ibid. 1. 2 , c. 61.
,(3) Herod. 1. 1 , c. 60.
(4) Meursius Eieus. c. 27 , p. 83,
(3) Herod. 1. a , p. 61.
(b) Herod. ibid. c. 38,
de près de sept cents mille , sans compter
les enfans.
Hérodote (6) convient, que ce furent
les Egyptiens qui les premiers établirent
ces fêtes, connues sous le nom de
Panégyries , la pompe des solemnités
et les processions , et que les Grecs
n’ont fait que les copier. La preuve
qu’il en apporte , c’est que ces fête»
sont nouvelles en Grèce, au lieu qu’elle»
remontent chez les Egyptiens à la plu»
haute antiquité ; ce qui s’accorde parfaitement
avec le passage de Théodoret
(7) , rapporté plus haut, qui nous assure
, que les grandes solemnités de la
Grèce , telles que les Panathénées, les
Tliesmophories , les fêtes d’Eleusis ,
avoient été apportées d’Egypte. Le*
Egyptiens n’avoient pas pour une seule
de ce*fêtes;Hérodoteen cite plusieurs^),
outre celles de Bubaste et de Sais ; l’une
en honneur de Diane , et l’autre en
honneur d’Isis ou de Cérès. Il compte
encore en outre celle qui se célébroit à
Héliopolis , en honneur du Soleil 3 celle
de Butas, en honneur de Latone , mère
du Soleil ; celle de Painpremis, en honneur
de Mars.
La cérémonie d’Eleusis était véritablement
une de ces Panégyries, dont
parle Hérodote , puisqu’elle réunissoit
toute la Nation qui se rendoit à cette
fête. On peut voir dans Hérodote lui-
même (9) la foule nombreuse des Initiés,
q»ii couvroient les chemins, lorsque
Xerxès apperçut dans le champ de
Thriase une nuée de poussière , qui s’é-
levoit sous leurs pas. Philostrate en
parle comme de la pompe la plus nombreuse
(10) ; on y accouroit , suivant
Lysias , de toutes les parties de la
Grèce : car , non-seulement les Athéniens
(11) , mais encore les autres Grecs,
pouvoient se faire initier à ces Mystère»,
{7) Theodor. Therap. 1. 1.
(8 ) H e r o d . 1. 1 , c . 59 ,
(9) Herod. 1. 8 , c. 63.
(10) Vit. Apotl. 1. 4, c. 4. Lyiiin Andoc.
(11) Meursius«. 16.
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