Poisson austral, - Mass Bambyce est la antiquité, que j ’ai vus en Syrie, dit-il ' il
meme ville,que d'autres appellentHiéra- n’enestpointdepiusmûgnifiquèqueceîu'
Polis et Edessa-, ville peu distante de d’Hiéra-Polis,de plus auguste etde.plUg
Samosate , pattie de Luçien. Aussi cet sacré dans toute la terre (3). Ici il entre
écrivain nous dit, que son récit mérite dans le détail desouvrages magnifiques
d autant plus de fo i, qu’il esldùpayset des dons précieux , des statues admiré
qu il a vu ce qu’il écrit. Strabon rapporte, blés que renferme ee temple, oit l’adresse
que la était établi m le culte d’Àtar- des prêtres- avoit épuisé toutes les res-
gatis ou de la déesse de Syrie. A quatre sources de l ’art et de la méchanique
Schoenes au-delà de l’Euplu ate, nous dit pour faire illusion aux peuples- et des
ce Géographe , est Baipbyce, appellée subjuguer par l ’appareil le plus mer.
Edessa et Hiera Polis, C’e.st-Jà qu’est veilleu?., que puisse employer l’impos-
adoree Atargatis, appellée la déesse de ture et le talent du prestige (h). On .
byne. Voila donc ici Atargatis identifiée voyait des statues qui, à certaines épo,
avec ia deesse dp Syrie, Isis, Gérés , ques , étoient toutes couvertes de sueur.
Ou la Vierge celeste, et adorée près du On entendoit des voix qui sortaient du
lieu op le Poisson austral sauva.Derceto, fond du sanctuaire, dont on avoit fermé
qui s était jetpe dans les eaux. les portes, et qui prononçoient des ora-
Lucien (2.)a)oute, que çette ville ne lui clés. Les dévots y apportaient de riches
setnble pas avojr d’abord porté çe nom offrandes de toutes les contrées de
de Ville Sacrée, mais en avoir eu ori- l’Arabie , de la Pliénicie , de la BaW
gmairement un autre ; celui-ci lui. Ionie , de la Çapadoce , de la Cilicie et
ayant ete donne, depuis qu’on l ’eut de l ’Assyrie, Là étojent de riches ma,
rendue célébré par.l’institution dès fêtes gasins ou dépôts, qui renfermoient des
religieuses, et par l ’établissement des étoffes précieuses, et des masses d’or et
grands mystères qu’on y célébroit. Ce d’argent. Nulle part au monde les fêtes
fut alors qu elle prit le nom de Ville n’étoient plus pompeuses, et les assern-
des Mystères ou Ville Sacrée. Lucien blées religieuses plus nombreuses et plus
annonce, qu il va donner des dé- solemnellës. Lucien s’étant informé de
tails mteressans sur les rits et les usages l’antiquité de ce temple, et ayant voulu
religieux de cett® v»Ne,.8ur les fêtes e t . savoir quelle déesse on y adoroit fil,
les sacrifices, qui y sont établis, et en on lui fit plusieurs récits , les uns cou-
géneraf -sur tout ce; qui se pratique dans , verts d’un voile religieux, d’autres plus
ces solemmtes. Il ajoute, qu’il fbra men- clairs., d’autres -fiibileux y les. uns con,
tion des traditions sacrées, qui ont pour tenant des traditions entièrement baron]
et les fondateurs de ce temple fa- bares ou étrangères, à celles des Gréés,
meux et la-maniéré dont R fut bâti, et les autres s’accordant avec pelles
G est-iàqii ilnousdit, qu’étant lui-même qui étoient répandues-dans, la Grèce.;
Assyrien il parle d après le témoignage Ce sont ces diverses traditions que Lu-
de ses yeux et d apres celui des prêtes cien rapporte.
qu i a interrogés, Après .être entré dans La première de ces traditions portoit,
qù’îü?s ûstaüs., sur le culte d’autres que ce, temple avoit été consacré par,le,
il Tient à c°* ® J'Wnicie . telles Spythe Deucalion , sous lequel arriva
ou Hiéra-PoliQart^I , n,1JSTf , , on’s* le déluge; par ce même Deucalion , dpi t
tçmples suoerhp,f"ïar- a ■ 1 ® Sacrée les Grecs ont placé l ’image dans le Ver-
1 et.cjsptte foule, de seau, qui tient fe vase d’où coule la
CO Strab t „ par leur fleuve, que reçoit le Poisson austral, qui-
COibid.p;g7s.p' 7‘,fi’
h (J) Ibid. p. 88j.
(4) Ibid. p. 88ü. sauv*
êâïîŸâ des eaux Derceto. Les Phrygien?
adorateurs; de Cybèie plaçoient flans
ce même signe le jeune fils de Tros (1),
qui versoit à boire aux dieux. Lucien ,
à l’occasion de çe Deucalion Scythe ,
fameux par le déluge qui arriva sous
son 1 ègne , entre dans assez; de détails
sur le déluge de Deucalion. Beaucoup
i de traita de cette histoire ?ont çoinmuhs
à celle de Nflë ou à celle, du Deucalion
des,Hébreux. On, y retrouve l’arche
fameuse, dans laquelle sont renfermés
!des animaux de toutes les espèces (2),
’Les habitans d’Hiérapqlis ajoutaient à
ce récit, qu’il s’fltpjt fait chez eux une
large ouverture , qui avoit englouti le?
eaux,et qu’alors Deucalipn avoit,comme
LNoë,élevé des autels en reconnoissauce
du bienfait qui l'avait sauvé du désastre
universel. Il bâtit sur cette ouverture
un temple en honneur d,e la déesse,
qui a pour domaine le Verseau ou le
signe,dans lequel les Greçs placent Deu-
..calion (3). Ainsi ce temple fut consacré
à Junon ( 4 ), devenue déesse des Assyriens.
Lucien'nous dit, qu’il avoit vu ce
trou, qui était fort petit, et qu’il ignore si
autrefois il étoit plus grand. Au moins
celui qui existait de son temps étoit fort
peu de chose,, Nops avons déjà remarqué,
.queJes Athéniens, colonie de Cécrogs
que les Grecs placent aussi dans le Verseau
(5), montroient pareillement chez
eux, dans le temple de Rhéa , le trou
par où les eaux du déluge s’étoient per-
dues(é), Prèsde làétoitun temple antique
.de Jupiter Olympien , bâti par Dçuca-
lion, ainsi que le tombe.au deçe.mênip
Deucalion; ee qui rapproche ces deux
traditions.. Car la déesse de Syrie, .celle
dans le temple duquel .on voyoit aussi
Ce trou, passoit également pour Rhéa.,
comme nous, le,flic.Lucien (7), Pausanias
ajoute , que dans le trou du temple de
Rhéa à Athènes, on alloit tous les ans
jetter. en cérémonie des grains d’orga et
du miel. Lucien dit, que dans celui de
la déesse de Syrie , c’étoit de l’eau de
la mer, qu’on y versoit, et cela deux
fois chaque année (8).
A cette première tradition on en
substituoit une autre, qui attribuoit la
fondation de ce temple à la fameuse
Sémiramis , reine de Babylone, qui a
laissé dans toute l ’Asie beaucoup de
monumens. Elle le consacra, dit-on ,
non pas à Junon, mais à Derceto sa
mère, ou à la déesse qui fut sauvée des
eaux par lePoisson, qui est à l’extrémité
de l’eau du Verseau, ou du signe affecté
à Junon, dans la distribution des douze
gr ands dieux entre les signes du Zodiaque.
C’est à cette occasion , que Lucien
nous décrit la statue de Derceto , moitié
femme,moitié poisson. C’est aussi à cette
occasion, qu’il nous dit, que la statue de
la déesse d’HiérappIis ne lui ressembloit
pas,puisqu’elle pi ésentoitdans toutes ses
partiesrimaged’un,efemme,etqu’elleii’a-
voit rien qui appartint au poisson , dont
les formes caractérisoient Derceto. Néanmoins
il convient,que les adorateurs de
cette déesse , ainsi que ceux de Derceto ,
s'abstenaient de manger du poisson et
de la colombe (p ) ; superstition que
nous avons vu consacrée dans les traditions
rapportées plus haut sur les Poisson?
célestes, qui figur ent dans les fables
xle Derceto,et de Sémiramis. Aussi Lucien
ajontç t-il, qu’ils donno.ent pour
raison de cette abuitrence les métamorphose?
de Doive:o et de Sémiramis ,
l ’une en poisson , l’autre en colombe.
R . consent à rçconnoître , que le
temple peut avoir été bâti par Sémiramis;
mais il ne .veut pas croire, que ce(soit
Derceto qu’on y adore , et cela, dit il ,
parce qu’on troüv.e ailleurs qu’en
C5) Hyg. !. 2. c. 30.
(6) Paufan. Att. p. i6»
^7) Lucian ibid. p. 885.
(8) Ibid. p. 884.
(9) Ibid. p. 885.
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