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dessus de ces images, formées par la
main de l’homme et mortelles , comme
lui, on doit en imaginer d’autres, éternelles
, incorruptibles, vraies images
de la divinité , immortelles comme
ellej ouvrages de dieu même : ce sont
les dieux de l'Olympe , ou les corps
lumineux placés sur la voûte céleste ,
et qui circulent éternellement avec le
inonde; c'est-à dire, le soleil ,1a lune ,
les Planètes , les signes et toutes les
constellations , dont les statues élevées
dans les temples ne sont que la représentation
, comme les corps célestes
eux-mêmes ne sont que les corps vi-
fibles des intelligences invifibles, qui y
réfident, ou les images des dieux intellectuels
, qui forment au * dessus du
monde visible un ordre de dieux, parfaitement
semblable et correspondant à
ceux du monde visible , comme nous
l’avons prouvé par l'exposé da la doctrine
de ce même empereur.
Atl tanase convient, ( i ) que ce
qu’il y avoit de 6avant chez les payens
repondoit aux reproches de ceux,
qui les accnsoient d’adorer des animaux
, des idoles de bois, de pierre et
de métal, &c. en leur disant, que tout
ce culte étoit symbolique et qu’il se
rappoj toit au Soleil, à la Lune , aux
astres , à la terre et aux élemens ,
auxquels il étoit impossible de refuser
un principe de vie éternelle , intelligente
et divine. L ’examen qu’il fait
d’autres réponses (2), par lesquelles on
justinoit ce culte , nous annonce, que
les uns cherchoient l’origine de""la consécration
des idoles, dans leurs formes
mêmes, qui les rendoient propres à y
attirer la divinité ; que d’autres pré-
tendoient, qu’elles éi.oîent destinées à
recevoir seulement les intelligences secondaires
, ministres des volontés de
la divinité ; que d’autres enfin n’y
voyoient, que des caractères de l’écriture
sacrée , et des miroirs de la divi-
0 3 Athanaz contr. Gent. p. 28.
(2 ; Ibid. p. 22.
nité. Cette dernière opinion est la véri*
table , mais n’exclut pas les deux au.
très , qui en résultèrent, comme une
conséquence du système des influences
et de la marche progressive de l’ame
divine, dans toutes Tes partiés de lg
nature.
Plotin pense, que les anciens sages, (3)
voulant rapprocher de l ’homme la divinité
, établirent des sacrifices et fabriquèrent
des statues. Qu’ayant étudié
la nature de l’ame universelle, ils
avoient remarqué, qu’on pouvoit aisément
en diriger l’action, et la captiver en
quelque sorte dans la matière, travaillée
d’une manière couvenable à ce que
cette ame pût agir sur elle , et lui
communiquer une partie d’elle-même.
Que les formes imitatives étoient le
plus sûr moyen de l’enchaîner ; que
c’étoit comme le miroir, lorsqu’il est
assez poli pour fixer en lui quelque
image. Car la nature a tout fabriqué
avec un art admirable, de manière à
rendre sensibles par l’imitation les germes
et les raisons séminales des choses
qu’elle renferme en elle.
Marsilius Ficin son commentateur ,
développant cette théorie (4), nous dit,
que celui qui prioit une étoile , dans
une disposition requise pour cela , re-
ceuilloit les esprits de vie disséminés
avec les rayons de l’étoile ; que de même
que toutes les étoiles fixes sont liées
au firmament, de même leur vie l’est
à l’ame universelle du monde, à laquelle
la nôtre est liée. Il parle de l ’a rt, par
lequel les Mages se flattoient de diri-
riger cette action céleste , et d’entretenir
cette correspondance entre le ciel et la
terre, par certains sacrifices et'certaines
prières. Il cite Abulmasar *et les autres
Astrologues, qui avoient déterminé telle
ou teileposition céleste, sous laquelle les
prières, etles sacrifices acquéroient leur
plus grand effet. Nous ne le suivrons
pas dans les détails, qui appartiennent
(g) Plotin Ennead. 4.I. e. -j j.
(4) Marti! Fie. comm. ennead 1. 4. c. 40—42—43'
à
jfl’ Astrologie et àla Magie, et qui ne tiennent
qu’accessoirement à la confection
des images et des statues. Nous ajouterons
seulement, que l ’on sera étonné
de voir Augustin lui-même croire à ces
évocations magiques , (1) en parlant de
la fameuse lampe du temple deVcnus,
qui brûloit éternellement, sans avoir
besoin de nouvel aliment. Il pense qu’il
étoit possible qu’011 fit intervenir quelque
Génie ou Démon sous le nom de
Vénus , qui ménageât cette illusion et
qui produisît ce phénomène. Car on
peut attirer, dit-il , les Démons et les
déterminer à venir habiter ici bas , par
le moyen de charmes auxquels ils
sont sensibles. Il est des pierres , des
herbes, certains bois , certains animaux
, certaines formules magiques ,
I qui servent à cet usage.
C’est sur-tout par le moyen des statues
et des images, que l ’imposture sacerdotale
exerçoit son empire sur les
crédules mortels , et qu elle développoit
toutes les ressources de l ’art du prestige.
Les Egyptiens donnèrent les premiers
l’exèmple de l ’emploi de ce perfide
talent. Ils inventèrent des statues,
qui formoient des sons articulés, qui
se mouvoient, et qui souvent restoii-nt
suspendues en l’air, si nous en croyons
Schiagia, historien arabe (2.). Ces images
étoient, dit cet auteur, destinées à
recevoir l'influencé des astres, et l’ouvrage
de leurs prêtres astrologues, enchanteurs,
devins et magiciens tout ensemble
: tel étoit le fameux Palladium (3 ).
Les prêtres d’Egypte, dit Kirker (4),
tâchoient par toutes sortes de moyens
méchaniques de faire croire au peuple,
que la divinité descendoit dans la statue,
et qu’elle y rendoit des oracles.
Pour cela ils pratiquoient des tuyaux
cachés, par lesquels ils parloient dans
leurs souterrains, et qui répondoîent à
la bouche de leurs idoles. Lè but principal
de la Magie étoit d’attirer par
CO De civît. deM. *1 e. 6.
(1) Kirker oedip. t. 2-pars 2. p. I7J.
Relig, Univ. Tome !!•
certaines cérémonies et certains en-
chantemens les Génies et les dieux dans
les statues sacrées , et de les y consulter.
On peut lire , sur les images merveilleuses
et sur les Talismans, l ’ouvrage
de Gaffarel , intitulé : » curiosités
inouïes sur la sculpture talismanique
des Persans » ouvrage dans lequel
on trouvera beaucoup de choses curieuses,
qui jetteront du jour sur la matière
, que nous traitons. Nous 11e
suivrons pas plus loin l’examen de l ’usage,
que firent les prêtres, delà mécanique,
de l’hydraulique, dé la pyrotechnie
, et de toutes les connoissànces
secrètes de la physique , connue sous
le nom de Magie, pour en imposer aux
hommes crédules, afin d’affermir leur
puissance et leur opulence, et de tyranniser
notre espèce , sons prétexte de
s’établir médiateurs entre l ’homme et
la divinité. Nous laissons ce travail à
ceux, qui feront l ’histoire des crimes
du sacerdoce, dans tous les siècles et
chez touslesjpeuples; ouvrage classique,
nécessaire pour dégoûterà jamais la postérité
de la manie d’avoir des prêtres.
Nous passerons de suite à l ’examen
de figures composées, qui sont l ’ouvrage
de leur science, et l’expression
des qualités variées de la nature et da
l’être invisible, qui lui donne la vie et
qui en règle les mouvemens.
On retrouve en Egypte , dans l’Inde
et en général dans tout l ’Orient, de ces
figures monstrueuses, qui n'ont aucun
type dans la nature , et qui sont le ré-,
sultat de l ’assemblage de plusieurs caractères
simples, réunis en un seul
tout, comme les caractères alphabétiques
dans un ou plusieurs mots,
destinés à composer une phrasé. On
peut les regarder en effet comme des
phrases entièresdu style hiéroglyphique.
Elles ne sont une monstruosité , qu’aux
yeux de ceux qui ne savent point lire
dans cette ancienne éciiture, que Tacite
{3 ) Tzetes a i Lycoph. v - 345.
(aj Idem oedip. t. 3 p.
O a