Commune à toutes les villes de l’Egypte
(1). Cette conséquence est confirmée
par Lactance ,.(2) qui nous dit, que les
Juifs se laissèrent aller aux rits & aux
cérémonies profanes des Egyptiens ; que
Moyse leur olief étant ailé sur une montagne,
où il passa 4° jonrs , les Juifs
firent fondre une figure à tête de boeuf,
de ce même boeuf qu’011 nomme Apis ,
afin qu’elle fût portée religieusement
devant eux. St. Ambroise en dit autant
des veaux de Jéroboam. S. Jéiôme (3).
prétend, que ces idoles , que les Juifs se
firentfaire, représentoient lesTaureaux
sacrés des Egyptiens , Jjpis et Mnevis.
Il me semble , dit.il , que les Israélites ,
qui firent fondre une statue de forme
de boeuf dans le désert, pour l’adorer ;
que Jéroboam,fils deNabad,quifit faire
des veaux d’or, se proposoient d'imiter
la figure des dieux, qu’ils avoient vus
en Egypte, & de perpétuer par ce culte
superstitieux l ’opinion , que les Egyptiens
avoient delà divinité d’Apis &
de Mnevis, adorés par eux sous la forme
de boeufs. Cette conjecture acquiert
la plus grande vraisemblance, quand
on se rappellele séjour, qu’avoient fait
en Egypte les Juifs , & leur penchant
pour le culte de la divinité , rendue
sensible par des images , ou pour le
culte idoiâtrique.
On peut encore aller plus loin &
trouver dans les livres des Chrétiens,
qui ont adop'ébeaucoup d’idées Judaïque
, des traces de l’origine du culte
du boeuf & de son rapport avec le ciel,
où est le fameux Taureau des signes,
dont Apis étoit l’image. En effet on l it ,
dans les actes des apôties, un discours
attribué à un prétendu martyr de la
•secte Clnetienne, nommé Etienne , où
celui-ci est supposé rappeller aux Juifs
le penchant, qu’eurent autrefois leurs
pères pour lïdolâtiie & sur-tout les
honneurs divins, qu’ils décernèrent au
fan Pompon. Mets. ï. 1. c- 9..
(2) Laét- de vera iàpienu c. 10.
,<3) Hieronym. ad cap. 3,, Ofte.
veau d’or dans le désert. L’auteur y
suppose, ( 4 ) que ce monument idolâ-
trique faisoit partie des emblèmes du
Sabisme, ou du culte des astres, autrement
de la milice céleste. Nos pères,disoit
il,ne voulurent point obéir àMoyse,
mais ils le rebutèrent , retournant de
coeur eu Egypte, & disant à Aaron :
faites-nous des dieux qui marchent devant
nous; car nous ne savons ce
qu’est devenu ce Moyse, qui nous a tiré
du pays d’Egypte. Ils firent ensuite un
veau (5) & sacrifièrent à l’idole , mettant
leur joie dans cet ouvrage de leurs
mains. Alors Dieu se détourna d’eux,
& les abandonna au culte de la milice
céleste. C’est pour cela , qu’il est dit
dans le Prophète , vous avez porté le
tabernacle de votre dieu Moloch , &
l’astre de votre dieu Remphan , figures
que vous avez faites oour les adorer.
Qu’on suive la conséquence de ces
idées. Les Juifs,se rappellant ce qu’ils
avoient vu en Egypte, demandent à
Aaron de leur faire des dieux ; ils fondent
la statue d’un veau d’o r, qu’ils
élèvent au milieu de leur camp ; ils lui
rendent un culte, & dieu irrité les abandonne
à l’adoration des astres & des
corps célestes , désignés ici sous le nom
de milice céleste. Il y avoit donc une
liaison entre cette statue symbolique
du veau d’o r& l’arméedescieux. Quel!«
pouvoit-elle être?La même, sans doute,
qui existoit entre le boeuf Apis des
Egyptiens & le. Taureau des constellations,
dont Apis, suivant Lucien , étoit
l ’image. C’est cette liaison , qui existoit
entre le culte des animaux consacrés
dans les temples & celui des astres &
des constellations, quiétoientreprésentées
par ses images vivantes , qui fit
proscrire par Moyse le culte du soleil &
de la lune, des astres & de la milice
céleste , (6) en même - temps que celui
des animaux , reptiles, quadrupèdes ou
(4) Act. Apoft. c. 7. v. 32»
C S) Ibid. v. 41.
(6 j Deuteron. c . 4*
( i ) . Seiden de diis Syr. Syntagm. I. p. 138.
|a) Exode. 0-3. v. 4.
(3) OEdip. t. 2. pars r.
(4l p.egum 1. 3. c. 12. v. 28,
céleste du Taureau , ou au signe , dont
Apisétoit l’image vivante. Ces rapports
de la fête Juive , dans laquelle on portait
en pompe le veau d’or. , avec la
cé. éinonie1, qui se pratiquoit au même
temps en Egypte , nous montrent le
lien , qui unissoit le culte Juif au culte
Egyptien , et les cérémonies de ces deux
cultes au signe céleste du Taureau,dans
lequel arrivoit à cette époque la pleine
lune.
Si l’on supposent,commeM. Fréret,(6)
qu’il s’agit ici d’une année, qui avoit
son commencement en automne ou en
Septembre , alors le huitième mois
répondroit à Mai ou an signe du Taureau
céleste, dans lequel anivoitautrefois
la néoménie équinoxiale. Cette
fête seroit alors celle de la pleine lune
du Scorpion , dont la néoménie , ou la
naissance datoit du Taureau ; c’est-à-
dire, ce serait la lunedu Taureau, que
l’on célébroit Je jour où elle devenoit
pleine, ou au quatorze du moislunaire.
C’est cette lune , dont Apis réprésen-
toit la conjonction avec le soleil, comme
nous l’avons dit plus haut, & dont
il portoit sur ses épaules le caractère.
Nonnosus ( 7) parle d’une cérémonie
religieuse, que les Sarrasins établis dans
le voisinage de l’Egypte & de l'Arabie
célébroient tous les ans au printemps
, durant le temps où le Sojeil
parcouroit le Taureau, signe de l’exaltation
de la lune et domicile de Vénus ,
grande divinité des Arabes. Cette
fête retraçoit la tranquillité & la joie
de l âge d’or. Il ne seroit pas étonnant,
qu’il en eût été de même de celle du
veau d'or, et que sa fixation n’eût été
attachée au signe céleste du Taureau,
le huitième mois après l ’équinoxe d’automne.
Bacchus on le dieu aux formes
de Taureau étoit aussi le grand dieu
des Arabes , & sur-tout de ceux de
(5) Plut, de ïfid. p. 366.
(6) Défenfe de la chronolog. t. 2. p- 291.
(y) Photius cod. 3.