des récompenses et des peines, grand
but politique de l’initiation, Oneihploya
donc tons les efforts de l’esprit philosophique,
pour établir cette immortalité ;
et la définition même, que l’on-donnoit
de l’ame et de sa nature, en fcurnissoit
la preuve. Il falloir démontrer ,'" que la
mort ou la dissolution de la matière du
corps n’anéantissent pas tout,l’homme;
Car il a voit besoin de consolation, ait
moment oùil voyoitsorrcorps tomber un
ruines. On croyoit qu’il teiroeoitf difficile
d ’être vertueux gratuitement*, et par dë
seul'amour dé son devoir. On lu i persuada
donc, que-la mort ne faisoit que séparer
de la matière terrestre et /grossière la
partie de (matière subtile , qui le constituait
animal intelligent,et raisonnable ,>
c ’est-à-dire véritablement homme. En
effet,' si. tputseût fini avec le corps, que
deVenoit’ la belle théorie de l ’Elysée
«t du Tait are,, sur laquelle s’appuyoit
tout le système de la législation ? A
quoi bon imaginer lé dogme de la providence
des Dieux, si ses effets se por-
«oient à la courte durée de cette vie
c ù le malheur des hommes vertueux,
et la prospérité des hommes injustes
accusent souvent les D ieux, et déposent
contre leur justice et leur surveillance ?
I l falloit nécessairement supposer , que
ce qui est dans l’homme capable de douleur
et de plaisir, de chagrin et de joie,
aurvivoit à notre corps , et échappoit
à sa ruine, pour passer dans un monde
invisible , et y subir les peines , ou
éprouver les plaisirs, dont le corps n’é-
tôit plus susceptible. Cette supposition
n ’étoit plus gratuite, dans le système de
l ’éternité d e là matièreèt de la matéria-
Eté de -l’ame, tel que nous venons de l ’exposer.
C’étoitune conséquence nécessaire.
L ’ame dépouillée de cet habit mortel,
eu du corps qui la revêt,fut donc déclarée
immortelle par arrêt desprêtrés et dés législateurs
, qui appuyèrent ce dogme
de toute la force des argumens philo-
' eophiques sur la substance intelligente ,
Jji) Tuscul. 1. i , c, Sz.
qu’on appel lit l’ame1, et dont la matière
étoit censée fort différente de celle, qui
composoit son vêtement obscur et ténébreux.
Ainsi onprolorrsea l ’existence
dés nommes,aïüi dè prolorigerïe terme de
leurs espérances1 éïffe'leuré‘ètaïntes au-
delà dù-itoihbèàtdjf'dans lequel on les
auroit dru enseVëlïes avêe eux. Ce n’est
donc point sàtis'raison': que Virgile , à
la suite de’ cettè description du Tartare
e t1 de l ’Elysée' traite ' de 'la nature de
l ’ame et dé sôri immortalité ; ces deux
flclaoils |J étOiébt essentiellement liées
entre ëllés', je ï ’naissëient du même besoin
, de celui de conduire l’homme par
la religion. L ’imposture a pu donner
encore d’autres preuves de l’immortalité
de Pâme;; mais celle qui se tire de'sa
matérialité, et de la simplicité' du feu
principe , qui en constitue l'essenee, est
la plus ancienne, et d’une conséquence
nécessaire , dans l’hypotliêse de l ’éternité
de la matière, opinion qui a été celle
de tou te f antiquité. Cicéron (1), dans ses
Tusculanes, prouve encore l ’immortalité
de l’ame par des argumens tirés du droit
des Pontifes, des cérémonies funèbres ,
et sur-tout de ce qui s’ènseignoit dan»
les mystères, où l’ondonnoit à entendre,
que les Dieux n’étoient que des hommes
msçtels , qui par leur grande vertu et
par des services signalés a voient mérité ,
que leurs âmes après la mort fussent
élevées à ce haut rang ; idée qui réponé
à celle que nous avons de nos saints (c).
On trouve encore dans cette opinion
sur le feu Ether, principe de nos âmes ,
et de celles1 des autres animaux, dont
lesi organisations différentes le modifient
différemment ; l'origine du fameux
dogme de la Métempsycose répandu dans
tout l’Orient.- En e ffét, ce feu immortel
en se mêlant à là matière terrestre et
devenant, comme le dit Virgile (2), l ’ame
de l’homme , des quadrupèdes y des oiseaux'
ét des poissons, suivant tes differentes
forâtes- de- matiërê Organisée , à
laquelle il-s’unit successivement, dan«
(a) Georg. I, 4 ,y. 823.Æncwi. 1.6 J v. ya5, etj
une circulation de plusieurs siècles, il
s’ensuit que la même ame, ou la même
particule cle feu Ether peut animer suc-'
cessivement différons corps organisés,
en descendant plusieurs fois dans la
Sphère des générations sublunaires, vers
laquelle elle estsouventrepoussée, quand
elle n’a pas acquis assez delégéreté pour
arriver à la Sphère lumineuse , pu qu’a-
près y avoir été rendue , la Parque la
conduit encore sur les bords du Léthé ,
pour recommencer une nouvelle vie ( t ).
C’est bien là ce que les anciens enten-
doient par Métempsycose et par Palin-
génésie. Cette idée, au reste, est plutôt
encore l ’ouvrage de la Mystagogie', que
celui de la Philosophie; ; et on apperçoit
qu’elle est née du même besoin , que
celui qui a fait enseigner l ’immor talité de
l’ame, et la doctrine de la récompense
et des peines. En effet cette Métempsycose
n’étoit pas seulement regardée*
comme une suite nécessaire de la nature
de l ’ame, et de la circulation du
feu Ether dans toutes les 'parties de la
matière ; elle étoit plutôt encore considérée
comme une punition des Dieux,
et comme une peine infligée à Pâme coupable
; ce qui décèle évidemment sonbut
Mystagogique. Timée de Locres, dans le
passage que nous avons cité plus haut,
veut ; que. pour intimider le vice , on
fasse usage , non-seulement des fictions
Théologiques sur le Tartare et l’Elysée ,
mais encore de ces dogmes étrangers ,
qui font passer les âmes des morts dans
des corps d’animaux , avec lesquels
leurs vices leur ont donné plus d’affinité
, suivant les lois qu’a établies la
juste Némésis, de concert avec les Dieux
terrestres, vengeurs des crimes, dont
ils ont été les témoins. Quelques Auteurs
ont ern yoir , dans la fable des Métamorphoses
des compagnons d’Ulysse
par Cireé, une image de ces Métamorphoses
, qui s’opèrent durant le cercle
de plusieurs générations successives, et
. (1) Plat. JeRepubl, 1. 10, p. 621,
(2) Porphyp. de An{. Uymph.
une allusion k cette Palingénésie, dont
les formes variées sont analogues à la
nature des . passions de l’ame , qui s’est,
trop attgphép à la matière, et qui s’e st,
laissée prendre à se» appas trompeurs.
Ils ont vu. su contraire,, datisUlysse,.
le sage, qui sait se défendre des amorces
du plaisir , prémunir tous ses-sens contre,
leur force: enchanteresse , , et mériter
un prompt retour vers sa véritable par
trie, le ciel, dont Ithaque n’étoit que la
figure dans cette fiction Mystagogique ,
comme Jérusalem l ’est dans les fictions
Juives. Il est certain quTIomère (fif), écrivant
dans l ’Asie mineure, où ces allégories
étoient fréquentes, comme nous le
faisons voir dans l ’Apocalypse , a pu
faire cette allusion ; comme Porphyre
prétend, qu’il a eu en vue la descente
des âmes dans la matière , dans son
Antre des Nymphes ( 2 ). Cela est possible
: mais il est aussi possible qu’il n’y
ait paspensé, et que les Eclectiques, qui
sont venus après, y aient cherché des allusions
à leur théologie, qu’Homère n’a voit
point en vue. Quoi qu’il en soit, il est
certain que cette opinion, sur les métamorphoses
de l ’hoinme par la Métempsycose,
en punition de ses fautes, fut fort
accréditée dans l ’Orient, et qu’on en,
retrouve par-tout des vestiges. C’est de
l’Orient que Pythagore (3) apporta cette
doctrine en Grèce et en Italie ( e). Les
Mystagogues se l ’approprièrent et la rappelèrent
à un but moral, celui d’effrayer
l’homme par la crainte de ces transmigrations
pénibles et humiliantes pour
sauature, efcde l ’engager à s’y soustraire
par la vertu, qui le rendoit aussitôt à
sa véritable origine , et l'affranchissoit
du cercle de ces générations successives.
Aussi les Initiés ne demandoient rien
si ardemment aux Dieux , que d’être
affranchis du cercle des générations.,
restitués à.leur véritable vie ; d’être délivrés
de l ’empire du mal, et rendus enfin
au lieu de leur repôs.C’est hotrelibera
(3) Porphyr, Je vit. Pythag-pi >»•
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