chailts à décrire tout ce qui est relatif
au point équinoxial de printems, ou au
Taureau et à tout son cortège Astronomique
, nous a transporté tout-à- coup
aux régions brûlantes du tropique , sous
le nom de contrées de l’Inde, et au Lion
céleste, où est le trône de la puissance
du soleil, et le terme le plus élevé de sa
course ét de sa victoire sur les ténèbres.
Voilà, où nous sommes en ce moment
placés. Voyons à quelles fictions cette
circonstance Astronomiqueadonné lieu.
Bacchus, apr ès avoir traversé l ’Asta-
cus ou le Cancer, s’approche de la forêt
voisine, qu’habitoit une jeune nymphe
nommée Nicê ou Victoire ( /3) , avec
qui il a commerce et dont il a un fils,
auquel il donne le nom de Terme, ou
de Fin, Télétê. Il bâtit dans cét endroit
• la ville ddNicëe, ou de la Victoire, ap-
pelléeainsidunomdecettenymphe.Nicè
étoit une jeune chasseuse qui, comme
"Diane Ci), vouloit conserver sa virginité.
Elle demeuroit sur un rocher fort
escarpé (a), ayant à ses pieds un Lion
redoutable , qui baïssoit respectueusement
devant elle son horrible ' crinière
( 3 )• Près de là demeuroit aussi
un jeune bouvier (gJ) j nommé Hym-
nus, qui étoit devenu amoureux de la
jeune Victoire ( 4 )• Ici le poëte décrit
sa passion avec ses effets (5). Nicè., toujours
rebelle à ses voeux, repousse ses
"prières ( 6 ) , et lui décochant un trait,
"tue ce malheureux amant ( 7 ). Les
nymphes le pleurent (8), et l’amour jure
de le venger, en soumettant cette beauté
farouche à Bacchus ( 9 ). Toute la nature
s'attriste sur la mort-dë l ’infortuné
Hymnus (10). On voit l’allégorie percer
de toutes parts dans Ce morceau.
(H v. 172.
f a ) v . 192-
(3 ; v- 203.
<4) v . 210.
( s i v . 240.
(6 ) v. 310-
( 7) v- 3S5.
(8) v. 372.
(9) v. 384.
( 10) V. 490 etc-
Les noms d’Hymnus ou du Chant, qui
veut s’unir à la victoire, désignent bien
clairement les chants de victoire, qui
accompagnent" un triomphe. Quel est
ce triomphe P celui du soleil arrivé au
Lion solsticial, après avoir traversé le
Cancer Astacus. Car ce n’est pas sans
raison , que le poëte fait voyager son
héros en Asie, près du fleuve Astacus,
et qu’il le fait passer à Nicomédie, ou
àNicée,près du lac Ascanius. Les poètes
allégoristes choisissoient toujours
sur la terre les lieux qui, par la ressemblance
des noms , se prêtoient au jeu
de mots et aux allusions qu'on vouloit
faire aux idées physiques , Astronomiques,
et même morales.
C h a n t s e i z x t è m *.
La mort du jeune HymnUs ne fut
pas impunie (11). L ’amôur lance un
trait contre Bacchus,quiapperçoitla jeu-
neNicê au bain,etqui en devient amoureux
( 12 ). Ici le poëte décrit les effets
de cettepassion chez Bacchus ( 13 )', et
les humbles prières auxquelles il descend
( 14). Il la suit par-tout ( t 5 ) ;
mais la Cruelle se refuse à ses désirs,
et même se permet des menaces contre
le dieu ( 16 ) , aux poursuites üu-
quel'elle se dérobe ( 17 )• Bacchus s attache
à sps pas, et la cherche au milieu
des forêts, à l’aide de sou chien fidèle
, que lui avoit donné Pan ,
et à qui il promet une place dans les
cieux(i8) près de Sirins, et deProcyon,
afin qu’unissan’t ses 'leux à ceux de ces
astres, il concoure à mûrir les raisins(rç)).
Cependant la jeune nymphe , fatiguée
delà course , échauffée par l’ardeur
«fi v- t-
O») V. IJ.
(13) v . 71.
(14) v- 95— " * •
( ’ S ) v. 145.
M S I 155.
Ô 7) v . 184.
18) v. 201.
ly ) v. 80J.
I f-du soleil, et ignorant le changement
I [arrivé aux eaux du fleuve ( 1 ) , va
I I pour s’y désaltérer , s'enyvre et s’endort.
L’amour en avertit Bacchus ( 2 ) ,
[ qui saisit le moment heureux pour com-
I [mettre un larcin ( 3 ) , dont Pan lui-
I [même est jaloux ( 4 )■ La nymphe se
I [réveille, et se répand en reproches con-
I [tre Vénus et Bacchus ( 5 ). Elle se la-
I mente sur la perte de sa virginité) elle
I [veut se tuer , et cherche le ravis-
I [seur pour le percer de ses traits ( 6 ) .
I [Elle est forcée de se bannir de ses an-
I [tiennes forêts , de peur d’y rencontrer
I I Diane , et d’en essuyer les repro-
I [ ches ( 7 ) ; enfin elle s’apperçoit qu’elle
I test mère. Elle met au monde une fille
I [appellée Télètê, et Bacchus bâtit en ce
I | lieu la ville de la victoire, après la dé-
I faite des Indiens , contre lesquels ilre-
I prend de nouveau les armes ( 8 ).
! En revenant sur les traits principaux
de cette allégorie où Bacchus , à l ’aide
Id’un chien , qui doit Ævoir sa place aux
[deux , découvre une jeune princesse
[qui avoit des lions couchés à ses
pieds , il n’est pas difficile de recon-
I noître,que cette fiction portesur le chien
[ céleste, placé sous le lion, et dont le le-
’ ver Héliaque annonce le passage du soleil
à ce ligne solsticial, terme ou fin de
la course ascendante de cet astre , et
• point où il consomme sa victoire. La
■ jeune nymphe , à qui il s’unit, pourroit
■ bien être Andromède, qui par son lever
■ du soir fixe la même époque; ce peut
I être aussi la couronne ; en conséquence
I nous avons projeté ces constellations.
B La couronne, qui descend au sein des
B flots le matin , au lever de Sirius , lors-
I que le soleil est au L ion, nous paroît
mériter la préférence, et être le véritable
signe de victoire. On trouve dans
Plutarque (9) cettè couronne, sous le
nom de couronne de Nephté , qu’Osiris
ou Bacchus laissa sur le bord de la
mer , après avoir eu commerce avec
Nephté, à qui le même Plutarque donne
les noms de Victoire et de Télètê ,
c’est-à-dire , les mêmes noms que Non-
nus donne à la nymphe et à son fils.
C h a n t d i x -s i x t i x x e .
Le dix-septième chant du poëme nous
présente Bacchus, qui de nouveau marche
contre les Indiens , et poursuit ses
conquêtes en Orient avec l’appareil (10),
moins d’un guerrier,qued’unchef do fête
bacchique (îx). Il arrive sur le territoire
d’Alybès , terre fertile , que le tranquille
Eudis arrose de ses eaux (12).
Là un berger nommé Gosier , ou Bron-
gus , reçoit Bacchus et lui donne l ’hospitalité
( 13 ). Ici est la description de
la cabane du berger, et du, repas frugal
qu’il sert à Bacchus ( 14) , qui de
son côté lui donne à goûter de sa nouvelle
liqueur, dont Brongus se trouve
très-bien ; et lui laisse même un plant
de vigne à cultiver ( x5 ). Bacchus continue
sa route ( 16 ) , et marche contre
Oronte, chef des Indiens , à qui Astraïs
avoit déjà fait part de la ruse employée
par Bacchus , contre ceux des
Indiens, qu’il avoit défaits, sur les borda
de l’Astacus <17). Oronte étoit le beau-
père du belliqueux Dériade, que Bacchus
alloit combattre. Ici le poëte nous
retraçe les préparatifs des deux armées
( x8 ); qu’animent au combat leurs
généraux ( 19)» Oronte donne l ’exexn-.
(1) v. 250.
(2) v. 243.
(3) V. 283.
(4) v. J20.
Hm Tv." 3J4745- .
■ v- 394-
(9) t- 4°5- De Isid. f . 355. 0 °) V. 5.
( i l ) v. ao.
(i*5 v- 35.
('3) v- 45-
S® v. 75.
(15) v. 88.
(16) v. 100.
(17) v. IJ5-
(18) v. 145.
(19) v. 170.