*4° O R I G I N E D E T O
pour tons lesjpeiiples du monde, puisque
ce fut la religion universelle.
Baal , Beel et Bélus. étant , comme
nous Bavons observé, un titre d’honneur
donné à différentes divinités, il
y eut plusieurs Bélus, et ce nom,entra
dans la composition des dénominations
de diverses divinités , telles que
Beel phegor, Beeltzephon , Beelzebut,
Baal-Berythe, Baal-Gad, Baàl-pharatz,
dcc. ainsi appellées , soit du lieu où on
les odoroit, soit de l’astre particulier,
auquel ce nom s’appliquoit.
Le dieuBaâl ou Bélus, adoré aBerythe
en J>^en^cm y ville fondée par Chrone le
Phénicien (1)., à qui on donna, comme
nousl avons vu, letïtredeBaaî,s’appella
Baal-Berythe, ou le dieu de Berythe,
chez les Sichimites , quilui élevèrent un
temple , et une idole (a);, que S. Augustin
met au nombre des autres Baa-
lïm, ou statues des dieux honorés sous
le titre de Baal (3-). J
' La statue de Baal Ou de Chrone, adoré
sur le mont de Phegor, ou Pheor,
devint le fameux Beel-Phegorj si nous
en croyons Suidas, (4) Beel est le nom
de Saturne , nous dit-il, et Phegor ,
celui du lieu où son idole étoit placée
et ou l ’on initioit â ses mystères (jjl)-
Apollinaris dit à-peu-près là même
chose ( 5 ) , sur le passage du Pseaume
ou il est question d’initiations aux -mys-,
tères de Baal-Phegbr', -Il s’agit, dit-il,
de 1 idole de Baal,plàeée‘en un lieu appelle
Phegor. Et les Grecs nomment
Bel ce Baâl , e^disen-t qu’il est le même
que Chrone. Cette ôppinion à été
suivie par Jean Chrysoslôme et par
Theodoret, qui ont commenté la
même Pseaume. oh ■
.Nous nous rappelions, ce què nous
avons vu plus haut-,, que le nom de Saturne
fut donné au Soleil chez les Arabes,
(X) Eufîhat. com. ad Diünyf. -v. '912. fie SLCnh.
Byz. v. Beryth.
(2) Judic. c. 9. v . .46. •
(3) Aug. in Jud. c. 48.
(4) Suid. vqç, Beel-Phég.
(5 ) Apollin. Car, Græc. patr. in Pialm. ioj.
ü S L E S C U L T E S ;
et à Hercule-dans d’autreé Cosmconï
nies, comme le prouve le passage ci’A,
thénagore. Il fut aussi donné âOrion
placé près du Taureau printannier, et
que les Egyptiens appelloient l’astra
d’Orus, ou du Soleil du printemps
peint souvent ' avec les attributs caractéristiques
de la génération , commè
on peut le voir dans notre chapitre onzième.
C’est sur-tout à cedernier Chrone
ou à fcet Orus Egyptien, peint par Suidas
(6) avec toutes les facultés génératrices
ies mieux prononcées, et qui d’ailleurs
n’est que l’expression symbolique
de là force génératrice du Baal par excellence
, que l’on peut rapporter le Baal-
Phegor adoré chez les Madiànités et les
Moabites. H a tous les traits du Priape
des Grecs, ou du dieu qui préside au
développement des germes de la nature,
fonction que le Soleil du-printemps,
et s6s astres Paranatéllons sont censés
remplir. Peut-être même que son nom
Phegor , ou Peor, n’est-il que lé nom
Or , ou Orus précédé de l ’article
Egyptien Pi ou Phi ; ce qui désigneroil
le dieu de la lumière et du jour, nom
qui caractérise 1 Bien , soit le Soleil ou
Apollon, soit le Cocher Pan et Phaë-
ton, soit Oriôni Si Cela étoit, ce seroit
alors lui qui âüroit donné son nom
à la montagne où il étoit adoré. Mais
laissons là l’étymologie du nom, pour
nous attacher à la nature et au caractère
du dieu Baal -Phegor ou Peor.
Les écrivains , dont les yeux furent choqués
de ses formes et de ses attributs
Priapiques y l ’ont appelle le simulacre
de l’ignominie , et de la turpitude. De
ce nombre sont Isidore dp Séville M et
Origène. (8) Les Rabbins■:1 cherchent
même l’origine' de ces qualifications
odieuses,dans de prétendueseérémonies
plus sales encore que lubriques (9). Phi-
£6) Suid. voc. Priap.
f7) ISd. orig. I. 8. c. 11.
(8)Orîg. num. homil. 20.
Satom. Jarchi ad num. 25, c»m. 3. Mainion-
More Nevoch. c. 46.
Ion
O U R E L I G I O N
Ion parle des mystères de -ce dieu., de
manière à donner une idée peu favorable
de la décence des cérémonies qui
s’-y pratiqtioient ; mais comme il semble
vouloir appuyer par là une! mauvaise
étymologie dece nom (1 ) , cette opinion
11e peut pas être d’un grand poids.
Néanmoins il est certain, que la religion
légitimant -tout dans l ’esprit des dévots,
il est possible que les mystères-de Beel-
Phegor né fussent pas plus décén-s., que
ceux de Priape, qv:e ceux du bouc de
Mendès, et de Pan. Les femmes particulièrement
tëmoignoient une grande ferveur
pour ce culte , comme les femmes
Egyptiennes pour-celui du bouc sacre,
et Sainte Jérôme nous apprend-, que l ’énorme
Phallus de Beel-Phegor étoit
sur-tout l’objet, qui picquoit le plus
leur dévotion (2). Il ajoute que* c ’etoit,
sans doute , -pour cela , que le roi Asa
détruisant tous les monumens du culte
lubrique d’Astarté et des autres divinités,
dont les cérémonies étoient marquées
par la licence des fêtes de Vénus
et de Priape , éloigna de lui sa mère
Maacha , fille d’Ahsalon , qui présidôit
à ces cérémonies obscènes du dieu
Priape; qu'il brisa des idoles indécentes,
les brûla et en jetta les cendres dan-sle
torrent de Cédron- (3) Ce culte ces
cérémonies lubriques ; ces idoles obscènes
étoient les monumens de la religion
des Sidoniens, des Syriens et des
autres 'peuples , au milieu desquels vi-
voient les Juifs, et à-vec lesquels leurs
rois avoient des liaisons (4) habituelles.
Les fêtes ityphaliques ét les "autres monumens
du culte de Bacchus-et de Prià-
pe , dont nous a parlé Lu'cien dans son
traité de la déesse de Syrie (S) , suffisent
pour justifier nos -conjectures à cet
.(1) rhit, de nom. mot. p. 821.
(2) Hferony. in Oseam c. 4--
Cg) Reg. 1. g. c. 15. v. 13.
(4) Paralip. 1. 2. c. 15. v. 16.
Cj) Reg. t. g. c. 11. v, I— 5— 7— S— 3S-. c- »<•
»• 23— 24.
£6) Lucian de de;l Syr. p. 887.
llelig. Unii). Tome II*
U N I V-E K S E L L E , 241
égard , et confirment: l’opinion des
écrivains Juifs et Chrétiens sur le culte
de Priape, sous le nom-de Beul-Phegor.
Tous les auteurs s’accordent a lui donner
la forme ( ry ) et les attributs
du dieu de Lampsaqüe , ou du dieu
des jardins- ( 6 ) L’expression , dont
sè servent les auteurs des livres sacrés
des Juifs (y) , lorsqu’ilstraitent-de fornication
les cérémonies de ce culte,
prouvent assez la nature des ces cérémonies
et leurs rapports avec les fêtes
de la génération,célébrées en honneur,
soit de Vénus, soit de Priape soit de
Bacchus, &c.
C’est ce que leur prophète Osée (8)
appeloit prostituer ses hommages à li-
dole , qui blesse la pudeur, et Se rendre
abominable soi,même, nomme les objets
de son culte. Les auteurs Chrétiens
n’ont eux-mêmes jamais parle en d autres
-termes des fêtes de -la génération ,
établies chez les anciens, pour célébrer
la plus belle opération de la nature ,
et le développement de la fécondité
universelle, sous les rayons puissans
du dieu Soleil àu printems, agissant
d’abord sous le Taureau, puis sous
le Bélier Plammon.
C’est ce nom- Ham, prononcé fortement
, qui donna naissance amCham
ou Chaînes , divinité des Moabites ,
et des Ammonites (9) , que St, Jérôme
prétend être la même que Beel-phégor ,
sous un autre nom (10), ou que ce
Soleil, qui par sa chaleur vivifie les
élémens, et organise les plantes. Le nom
de chaleur en hébreu est Cham (11) ,
mot qui désigne également l ’astre qui la
verse sur la terre ; car lui seul est Cham.
Les autres, au moins , -relativement à
nous, ne sont que lumineux. On voit
(7) Ruflin lib. 3. fa Oseam. Hieronym. lib. 1. cont. .
hares. Jos. c. 12. Isidor, orig. i. 8.
(8.) Osöas. c. 9. v. 10.
Mj) Judic. c. Ii^ v. 24.
^10) Hieronym. ad Saiam I. 24.
(1 1 ) Seiden.' Synt. 2. c* 8* Buxtorf, fexic. hebr..
P' S3S- ’ Hh