
 
		te r ,  ou  I oiseau  chéri  par  les  Egyptiens, 
   pour  être  l’image  du  Soleil,  
 put  être  ensuite placé  aux cieux, parmi  
 les  autres  images  du  Soleil,  telles  que  
 celles des  Hercules ,  soit  Ingéniculus,  
 soit  Ophiucus  La  liaison  de  l ’Aigle,  
 espèce d’accipiter, avec  le  Lion,  domicile  
 du  Soleil,  dont  il  est  Paranatel-  
 Ion,  sembleroit  indiquer  cette  intention. 
   Quelle  que  soit  celle  de  ces  deux  
 hypothèses  que  l’on  admette,  il  n’en  
 est  pas  moins  vrai,  qu’il  en  est  résulté  
 une  correspondance  nécessaire  
 entre  les  animaux  célestes,  ou  les  astres, 
   et  les  animaux  terrestres  ,  entre  
 les ligures peintes dans les signes et dans  
 les  constellations ,  et  celles  que  la  religion  
 consacra  dans  les  temples,  et  
 que  le  ciel  fut  intimement  lié  aux objets  
 du culte  sur  la terre.  Par ce moyen,  
 le  système  des  influences  s’établit,  et  
 fut une  suite  nécessaire  de l’analogie ,  
 qui  existait  entre  les  formes  du  Ciel,  
 et  celles  des  animaux  sacrés.  L écriture  
 hiéroglyphique se trouva donc,sur  
 la  voûte  azurée ,  employée  à  peindre  
 la  marche  de  la  nature  et  ses  diverses  
 opérations ,  durant chacune des révolutions  
 du  Soleil  et  de  la  Lune.  C’est  
 ainsi  que  la  science  des  Paranatellons  
 se  composa  des  éléinens  de  la  science  
 hi éroglyphiqne ,  et  qu’à  son  tour  elle  
 pourra  nous  servir  a  décomposer  un  
 grand  nombre  d’images  des  dieux,  ou  
 des astres , révérés  comme  dieux. 
 Cette  distinction  une  fois  établie,  
 on  verra  qu’il  y  a  certains  objets  du  
 Culte ,  dont  on  doit;  chercher  l’origine  
 aux cieux,  et d’autres qu’on ne  doit pas  
 se  flatter d’y  trouver.  On  trouvera  aux  
 Cieux , par exemple , le Bélier,  le Boeuf,  
 le Bouc,  le Chien  ; on  n’y trouvera  pas  
 le  Chat,  la Musaraigne,  encore moins  
 le  lotus  et  les  oignons.  Ainsi  nous  ne  
 donnerons  pas  la  théorie  des  Parana-  
 tellons,  et  celle  des  influences,  comme  
 la  seule  et unique  clef qu’on doive  employer  
 ,  pour  l ’intelligence  des  emblêfQAElian. 
  deaninàl.  I,  ii.e. J. 
 mes  sacrés  de  la  religion  Egyptienne>  
 quoiqu’elle  doive  nous  êtie  d’un  se.  
 cours infini, dans  l ’étude del’anliquité  
 sur-tout  pour  l ’analyse  des  inonuinens  
 composés des parties des animaux, dont  
 les types sont  aux  Cieux.  On  sent, qu’il  
 faut  y  faire  entrer  une  foule  d’autres  
 considérations  ,  soit  Physiques,  soit  
 Morales. 
 Quant  au  culte  des  animaux,  sur  
 lequel  nous  croyons  devoir  plus  parti-  
 culièrement  insister,  parce  que  c’est  
 sous  ce  rapport  que  la  religion  Egyp.  
 tienne a  paru extravagante,  etpeud’ac-  
 cord  avec  la  haute  réputation  de  sagesse  
 ,  que  s’étoient  acquis  ceux  qui  
 la  professoient  (i),nous  osons  dire,que  
 c’est  peut-être  la  partie  la  plus  ingénieuse  
 et  la  plus  savante  des  religions  
 anciennes,  puisque  c’est  celle  qui  suppose  
 l’étude  la  plus  approfondie  de  
 la  nature,  et  des  rapports  qui  lient  
 toutes  ses  parties  entre  elles.  Suivons  
 donc  ce  culte  dans  ses  détails,  et  vengeons  
 la  science  des  calomnies  de  l’ignorance. 
 Nous ne répondrons point à ceux qui  
 ont  c ru ,  que  les  sages  Egyptiens,  
 les  maîtres  de  Pythagore,  de  Platon,  
 et  les  pères  de  la  législation  et  de  la  
 philosophie,  aient  dégradé  leur  raison  
 au point de  voir, dans  les  plus  vils animaux, 
   les  arbitres  souverains  de  la  
 nature, et des êtres  plus  parfaits et meilleurs  
 qu’eux,  et  qu’à-oe  titre  ils  leur  
 aient  prostitué  leurs  hommages.  Je  
 laisse  à Juvénal  et  aux  écrivains Chrétiens  
 ces  traits  de  satyre  ;  ce  sont  
 des  armes,  dont  la haine  aveugle peut  
 seule  faire  usage,  et  qui  prouve  tout  
 au  plus  la malignité  ou  l ’ignorance de  
 ceux  qui  s’en  servent.  Mais  je  répondrai  
 à  ceux qui,  comme  Cicéron,  ont  
 vu  dans  le  culte  des  animaux  (2)  un  
 hommage  rendu  par  la  reconnoissance  
 de l’homme, qui  a cru  devoir  consacrer  
 tout  ce  qui  lui  étoit  de  quelque  utilité 
 (*) Citer,  de  nat. deor,  1, 1. c-  j<5. 
 dans Ia nature  (1).  C’est  ainsi que  plusieurs  
 savans  ont  cherché  à  rendre  
 raison  d’un  culte  aussi  extraordinaire.  
 Plutarque,  dans  son  traité  d’Isis  (2),  
 fait  reposer  eu  partie  l’origine du  culte  
 des animaux,  sur  la reconnoissance de  
 l’homme  pour  les  services  qu’il  en  ti-  
 roit.  Il  range  dans  cette  classe,  le  
 Boeuf,  la  Biebis,  le  Chien,  l’Ichneu-  
 inon,  chez  les  Egyptiens,  la Cigogne,  
 chez  les  Thessaliens  ,  l’Alouëte,  chez,  
 I les  h^bitans  de  1 isle  de  Leinnos ,  en-  
 sorte qu’il sembleroit  que  l ’homme, qui  
 oublie si facilement  aujourd’ui  les  bienfaits, 
   eût  été  autrefois  l ’animal  recon-  
 [ noissant  par  excellence.  Car  non seule-  
 I ment il  eût  placé  dans  les  Cieux,  des  
 I héros,  tels  que  Castor  et  Pollux,  Bac-  
 chus et Thésée,  et  fait  autant  de  dieux  
 de  ceux  qui  avoient  bien  mérité  de  
 lui,  mais  encore  il  eût  consacré dans  
 ;  les temples  tous les animaux  utiles. 
 Cette  idée  est  plus  séduisante  que  
 vraie, et  l’on  peut  dire,  que  dès qu’il  
 étoit  question  de'justifier  le  culte  reli-  
 [ gieux rendu  à des hommes  et à des animaux, 
   l'on  ne  pouvoit  en donner une  
 raison  plus  plausible,  et  qui  fit  plus  
 | d’honneur,  sinon  à  l’esprit,  au  moins  
 au  coeur  de l ’homme.  Mais  ici,  c'est  à  
 la  vérité  qu’il  faut  rendre  hommage,  
 et  non  à  l ’amour-propre  de  l’homme  
 [  qu’il  faut  ménager  une  excuse,  surtout  
 qugnd  il  n’en  a  pas  besoin,  et  
 ! qu il  peut  même  s’enorgueillir  des  
 productions  de  son  génie ,  qui  n’ont  
 révolté  que  l’ignorance  de  ceux  qui  
 n ont  pp  s’élever  à  la  hauteur  de  son  
 imaginai ion.  Examinons  donc,  sans  
 prévention,  cette  excuse  vulgairq,  et  
 voyons  si  la  reconnoissance  a ,  jeu  
 effectivement’  plus  de  part  que  le  
 génie  à l ’établissement du culte des animaux. 
 J’observe  d’abord,  que  si  les,hommes  
 n ont  consacré  les  animaux,qu’à 
 C1!) De nat.  deor. i,  2'.  c. 33. 
 (2! Vlut. de  Ifide. p. 3S0, 
 (?/Strab  I.  17.  p. 812  813.' 
 JAiîlian. 1.8. c. ej- Heivd. 1. 2. c. {y,  Strab»  1, 17. 
 raison,  des  services  qu’ils  en  tlroier.t,  
 ils  n’ont  dû  consacrer  que  les animaux  
 utiles.  Pourquoi donc le Lion, le Loup ,  
 le  Crocodile,  l’Hippopotame,  les  Ser-  
 pens  (3),  &c.  fuient-ils mis au nombre  
 des  animaux  sacrés  de  l’Egypte  ?  Pour  
 quoi  décerna-t-on des  honneurs  à l ’Ich-  
 neumon,  parce  qu’il  tuoit  le Crocodile^), 
   tandis  qu’on  en  décernoit  an  
 Crocodile  lui-même  ?  Pourquoi  hono-  
 roit  -  on  l’Ibis ,  en  reconnoissance  du  
 service  qu’elle  rendoit  en  exterminant  
 les  serpens  (5 ) ,  tandis  que  l’on  consacrait, 
   par  un  culte  public, les  ser-  
 pens  eux-mêmes ? 
 N'est- il  pas plus  vraisemblable  , que  
 les  animaux  liront  été  réputés  sacrés,  
 qu’autant  qu’on  les  a  choisis  pour emblèmes  
 des  dieux,  dont  ils  retraçoient  
 l’image  ,  par  quelques -  unes  de  leurs  
 propriétés  ?  Car Plutarque  donne  aussi  
 cette  seconde raison,  qu’il  joint  à celle  
 qui  est  tirée  de.  leur  utilité  ( 6 ) ,   et  
 il  est  même  obligé  de  recourir  à cette  
 explication,  quand  il  s’agit  -de  donner  
 les  motifs  du  culte  des  Serpens,  
 du Chat, du  Scarabée, &c.  qui,  dit-il,  
 ne  furent  honorés,  que  parce  que l’on  
 crut appercevoir  eh  eux  des  traits  obscurs, 
  de  la  puissance divine,  qui  s’y  est  
 peinte, à  ,peu  près  comme  l’image  du  
 Soleil  se  -peint  dans  le  nuage  qui  se  
 résout^  en  pluie.  Plutarque  à  celte  occasion  
 entre  dans  l’examen  des  différentes  
 propriétés ,  qu’on  a  cru  apper-  
 ceyoir  dans  ces  divers  animaux,  et  
 dçs rapports, sous lesquels  ils pouvoient  
 être comparés  à  la divinfé ,  ou  à,quelques 
 uns.  de  ses  attributs,  que  l'on  
 vouloir  honorer  sous  ces  symboles,  
 .Si'  les,  philosophes  les,.plus  instruits,  
 tels  que  Pytjiagore,  crurent,  dit  Plutarque  
 (7)',,  pouvoir  chercher  dans  la  
 théorie  abstraite  des  nombres  diverses  
 images  des  propriétés  divines,  à  plus  
 forte  raison  crurent-ils pouvoir  recueiL- 
 (*5yÂE!i!m.l.  i’  c. 38. Herod  I. 9. c. 74-75—76. Ci-  
 cer.de  nat  deor. 1.  i.  c. 36. Soliu* p.  102. 
 (6) P lut.  de Ilide p.  38$, 
 (7 )  Ibid, p-382.  ü  »1 
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