
 
		Dieu* se. transportèrent  des  extrémités  
 delà terre dans le temple de Babylone,  
 près  d’une  magnifique statue d’o r, consacrée  
 au Soleil. Cette statue , suspendue  
 au milieu du temple, entourée de  toutes  
 ces images ,  leur  raconta  le malheur de  
 Thammuz. Ces images le pleurèrent toute  
 la  Unit q  et le matin chapune  d’elles retourna  
 dans  les  lieux  d’où  elles  étoient  
 parties.  De-là  vint  l’usage  de  pleurer  
 tous  les  ans  la  mort de  Thammuz ,  au  
 commencement  du  mois auquel Tham-  
 muz  donna son nom.  Cette  fiction,  sur  
 l ’origine  du culte de  Tliammuz ou d’A-  
 donis ,  étoit une tradition  des Sabéens,  
 ; ou  des  adorateurs  des  astres,  dont  la  
 religion,  connue  .sous  le  nom  de  Sa-  
 bisme  est  le  fondement de  toutes  les  
 religions du  monde.  Le mois de Tham-  
 . muz (fi) coïncidoit avec le Solstice d’été,  
 et  avec  le  coucher de l’Hercule  céleste,  
 qui  descendoit  au  nord  sous  les  flots.  
 Peut-être est-ce,la mort de ce Génie conducteur  
 du  char  du  Soleil  ,  que  l’on  
 pleuroit  à  la  fin  de  l’année  Solstitiale ;  
 au moins il a  conservé  le  nom de  Tha-  
 myr  (i) ,  fort  approchant  de  celui»de  
 ■ Thammuz.  (2) Je laisse au lecteur à rassembler  
 les traits derapprochemens entre  
 ce  Génie  solaire ,  fameux  dans  toute  
 l ’antiquité  sous  différens  noms ,  et l’A donis  
 Assyrien ou Thammuz (i) ;  mais je  
 suis  plus  porté  à  croire,  qu’il  y  a  eu  
 transposition ,  et qu’il  est le Mars-Adonis, 
  le Thammuz des Macédoniens, enfin  
 l’Adonis  Phénicien  ,  dont  tous les peuples  
 célébraient  la mort et  la  résurrection  
 à  l’équinoxe  du  printemps.  Aussi  
 S.  Jérôme (a), dans son commentaire-sur  
 Ezéchiel, identifie-t-il le Thammuz Assyrien  
 avec l’Adonis tué parunsanglier;avec  
 cet Adonis dont le retour à la vie, suivant  
 Maçrobe et dans la vérité^cdincide avec  
 le  passage  du  Soleil. vers i l’hémisphère  
 supérieur.  Son erreur est d’avoir reporté  
 cet  événement  au  Solstice  d’été ,  parce 
 (1)  Cæsius  Gel.  Ai;r.  j».  jyy. 
 {r)  Hygin.  1.  2.  - 
 (î)  Uiv» Hàr»n. C$>m.  3.  ai EzechUI,  '  ' 
 que les fêtes de Thammuz s’y trouvoïënt  
 placées, par un effet de la transposition  
 de l’année, dont le quatrième mois étoit  
 fameux par la mort d’Adonis.  Il est clair  
 que lè  commencement  de  l’année  étant  
 originairementauSolstice d’hiver ,1e qua.  
 triàmemoiscoincidoit aÿeele printemps  
 et  la  cérémonie  lugubre  de  Tliammuz.  
 avec  celle d’Adonis q  .mais en supposant  
 le  commencement  de  l’année  transposé  
 à l’équinoxe,  et en célébrant toujours an  
 quatrième mois les fêtes  de  Thammuz  
 ces  fêtes  devenoient  Splstitiales ,  d’É-  
 quinoxiales  qu’è.lles  dévoient  être.  On  
 avoir donné le nom d’Adonis à l’ancien  
 Taureau équinoxial, domicile de Vénusq  
 à  cet  Adonis. ,  fils  de  Proserpine  ,  
 comme  le  Bacelius  Sabazius  des Orphiques  
 , dont le front étoit armé de cornes.  
 Aussi Orphée , dans son hymne en honneur  
 d’Adonis  ,  i’appelle-t-il  le  Dieu  à  
 deux  cornes  (4).  Il  l’invite  à  venir,  à  
 féconder la  terre, et à en faire éclore les  
 fruits. Ainsi les femmes Argiennes inri-  
 toient  Bacchus  aux  pieds  de  boeuf  à  
 venir  sur la  terre  ,  et à  assister  à  leurs  
 mystères.  Ainsi  les  Perses  invoquent  
 dans leurs prières le saint Taureau divin  
 et  céleste,  qui  fait  croître l’herbe'verte.  
 C’est  sans  doute  cette  dénomination  
 • d’Adonis ou de Seigneur, donnée à l’ancien  
 Taureau équinoxial, qui afaitdiroà  
 Plutarque ,  que  Bacchus  et Adonis  pas-  
 soient  pour  être  la même Divinité (S) ,  
 et  que  cette  opinion  étoit  appuyée par  
 une  foule de pratiques absolument semblables  
 dansles mystères de ces Divinités.  
 On  aura  transporté  au  Soleil  de  l’Agneau  
 ,  l’Adonis moderne ,  une grande  
 partie du cérémonial et des  figures mystérieuses, 
   qui avoient appartenu  à l’ancien  
 Soleil  du Taureau,  
 ü  Cette  ressemblance nous  conduit naturellement  
 aux  mystères  de  Bacchus^  
 connus  sous les  différens noms de  fêtes  
 Sahariennes , Orphiques ,  et  Dionysies. 
 (4$  Poet» Grævi,  p.  514. 
 (5)  Plut.  Symp. 1. 4, <juæit. J, 
 Ces  mystères  remontent  à  une  haute  
 antiquité chez les Grecs,  et l ’époque de  
 leur  établissement tient aux siècles Mythologiques  
 ,  puisque  les  uns  l’attribuent  
 à  Bacchus  lui-même ,  d’autres  à  
 Orphée ,  dont  l'existence  est  assez  fabuleuse  
 ,  ou  au  moins  assez  éloignée ,  
 pour  pouvoir  être  révoquée  en  doute.  
 On compte plusieurs Orphées en Grèce,  
 comme  on  compte  plusieurs  Bacchus.  
 Le  fait  est que l’origine  de ces mystères  
 n’appartient  ni  aux  Grecs  ,  ni  aux  
 Thraces, mais bien aux Egyptiens,  dont  
 le fameux Osiris devint le Bacchus Grec,  
 comme son  épouse Isis étoit  devenue  la  
 Cérès des Grecs, si on en croit Hérodote 
 (1)  ,  lequel  fait venir  d’Egypte ce culte  
 par Méktmpus, qui l’enseigna aux Giecs.  
 Les  rapprochemens  que  l ’on  peut faire  
 des pratiques religieuses  établies en honneur  
 d’Osiris  en Egypte  et  de  Bacchus  
 en Grèce  (2)  ,  des  Symboles  consacrés  
 dans leurs  fêtes,  des traditions Mythologiques  
 sur ces deuxDivinités, sont plus  
 que suffisants,pour en prouver l’identité.  
 (£)  Le nom de Bacchus,  celui d’Orgies ,  
 les mots  sacrés qu’on proférait dans ces  
 mystères ,  rien  n’est Grec 5  tout  décèle  
 unè  origine  barbare.  Dans  la  tragédie  
 d’Euripide  (3)  Bacchus  ,  proposant  à  
 Penthée de  recevoir  son  culte ,  suppose  
 que  les  barbares  célèbrent  déjà ses  Orgies  
 ,  avant  que  les  Grecs  les  aient  encore  
 admises ,  et il  loue en  cela  leur sagesse. 
   L ’établissement de  ce  culte,  jus-  
 ques  dans l’Inde  et  dans l ’Arabie,  dès  
 les  temps  les  plus  reculés  ,  annonce  
 assez  que  Bacchus  est  une  divinité  
 orientale  ,  dont  les  Grecs  ,  fort tard  ,  
 adoptèrent  le  culte.. Les  Arabes  le  fai-  
 soient  naître chez  eux à Nysa $  les  Indiens  
 et  les  Baçtriens  dans  leur  pays :  
 de  même  les  Grecs  le  firent  naître  à  
 Thèbes en Béotie q  chacun vouloit avoir  
 chez  soi  le  berceau  de  son  Dieu. 
 Le  culte  de Bacchus  s’étant  introduit  
 chez  les . différens  peuples  de  Grèce , 
 (0  Herodot.  1.  2  ,  c.  49. 
 (*)  Pausan.  Plioc.  345.  Plut,  de  Iiide. 
 à différentes  époques  ,  y   étant passé  de  
 différens pays, y  ayant été porté par dit-  
 férens  Mystagogues  ,  se trouve  en  plusieurs  
 endroits  reproduit sous plusieurs  
 formes. -Tantôt  ce n’est  qu’une secte ou  
 confrairie  particulière  ,  qui,  dans  des  
 mystères  obscurs ,  honore ce Dieu et  se  
 voue à des pratiques religieuses,  qui font  
 un  ordre  à  part  dans  le  culte  du  pays.  
 Tantôt  ce  sont  des  fêtes  publiques  de  
 tout  un  peuple  qui  ,  à  certains  temps  
 de  l’année  ,  invoque  le  Dieu  qui  féconde  
 les  campagnes  au  printemps  ,  
 et qui mûrit les raisins en automne,  i ci les  
 fêtes  rurales  ont  un  ton  de  simplicité,  
 qui  annonce  les moeurs  naïves  des premiers  
 habitans  des  campagnes.  Là  des  
 mystères plus  compliqués,  sous dés  formes  
 monstrueuses et  bizaires  , décèlc-nt  
 une origine plus  savante  et  étrangère  au  
 peuple  qui  les  célèbre,  puisque  lui-  
 même  ignore  le sens des mots qu’il  profère  
 ,  et celui des emblèmes qu’il révère.  
 Dans  lés  fêtes Sabaziennes , par exemple  
 ,  dont  le  nom  seul  annonce  une  
 origine orientale,  on  répétoit  les  mots  
 Enoi,  Saboi,  qui  ne  sont  nullement  
 Grecs  ;  et  on  couloit  un  serpent  d’or  
 dans  le  sein  des  initiés ,  en  mémoire  
 de  ce  que  Jupiter ,  sous  cette  forme  ,  
 avoit  fécondé  Proserpine  ,  et  donné  
 naissance à Bacdhus Taureau.  Certainement  
 ces  attributs monstrueux des Divinités  
 ne  s’accordent  guères  avec  les  
 belles  formes'des  Divinités  Grecques.  
 Le  style  Egyptien et Oriental s’-y recon-  
 noît assez.  Il paraît que la Phrygie avoit  
 été,  au moins pour les Grecs ,  la source  
 d’où  cette  forme  de  culte  étoit  sortie.  
 Mais  leB  Phrygiens  eux-mêmes  n’en  
 étoient  sûrement  point  les  inventeurs.  
 La  source  remontait  plus loin .vers l’Orient. 
  Le nom de Sabazius (/) fut-il donné  
 à Bacchus,  à  cause d’un lieu ainsi nommé  
 en  Phrygie,  où  son  culte étoit  établi  
 ?  ou  plutôt  le  lieu  lui-même  emprunta 
 t-il  ce  nom  de  celui  dit  Dieu 
 (3)  Euripid. B.icdi. p.  ,  etc.