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Il en existe de Domitien, moyen bronze, avec
cette inscription : S o l Sarapis (i) .
Cedrenus (2 ) , parlant de la rnême Divinité
honorée dans un magnifique temple à Alexandrie
, nous dit que les uns' assuroient,, que c’étoit
Sarapis , les autres Jupiter , d’autres Apis , iq u i,
dans un temps dé disette; avoit,nourri les Alexanr
drins. Cette dernière opinion est peut-être Teri-.
gine d’une, tradition, qui le fit confondre avec le
fameux.fils de Jacob, Joseph ( 3 ) , qui délivra
l’Egypte de la famine, et que l’on çonfond tantôt
avec Apis, tantôt« aveç Sarapis, dans le temple
duquel on nourrissent le Boeuf symbolique, connu
sous le nom d9A pis . JulmsvF,irrnicus Maternus.
( 4 ) énonce la même opinion sqr Joseph, et il
semble que le modius ou boisseau de Sérapis
, les ait conduits à cette idée. Ils croyoient vo ir .#
dans le Boeuf sacré, le culte de ranimai agricole ,
que consacre Osiris, suivant Diodore et Plur
tarque.
(èeeéeé) J’ai préféré cette étymologie à toutes celles
que nous ont données les anciens , et qui. n’ont
rien de plus vraisemblable, h i.d e plus satisfaisant.
Celle-ei est l ’expression même dè la nature
de cette Divinité: Sarap est le nom du Serpent'
en Hébreu et en Chaldéen f et c’est dans l’Orient
qu’ il faut chercher l’étymologie.des Divinités Orientales
et Egyptiennes, et sur-tout du nom Sara-
p is y qui i suivant Plutarque, étoit un mot
étranger , et nullement Grec ( 5 ).
( f f f f f f )O n disoit que les Arcadiens prirent autrefois
le nom d' Apidanes , d’un certain Apis médecin
( 6 ) , qui étoit verni s’établir chez eux, et
qui avoit délivré leur pays des Serpens, comiùe
le Serpentaire Phorbas -en atpït délivré les Rho-
diens ( 7 ) , dont l’île étoit consacrée au SoleiL
(gggggg) On remarquera, que cet Apis'étoitd^I9
famille d’ io changée en Vache, placée dans le
Tanreau céleste , et devenue Isis , cette Isis ,qu’on
unissoit à Osiris et à Sérapis , dans un' culte
commun. On trouve aussi Apis dans la série des
rois de Sicyone ( 8 ), c’est-à-dire, d’un pays fameux
par le culte d’Esculàpe, comme nous l ’avons
vu. Eschile en fait un devin et un médecin,;fils
d’Apollon; c’est-à-dire, qu’il en fait- un véritable
Esculape (9) . I l purgea tout lé pays‘dé
bêtes venimeuses. C’ est prééisément cë qu’oh
disoit du Serpentaire, sous le nom de Phorbas,
dans la- tradition -des Rhodiens , \ et Photbas est
aussi avec Apis, un des rois d’ Ârgos ( 10).' Les
Thelchines, qui avoient fait périr Apis, avoient
(1) Pellertn Méd. I , p. 224. .i .
(2) Cedren. p. J2ç.
(3) Augusr. de Civit. 1. 18, c.. ,5. RviffÎH. I. 2, c. 23.
Suidas in voce Sarapi.
(4) Julius Firm. de prof. Relie, p. 2*8, • .
(5) De Isid. p. 376. ■ (6) ï usth.-.t. ad Dionys, Petieg. y. 415.. Et Anonym,
Parapbr. ad V. 398.
<7) Hygîn, K 2+
passé à Rhodes, et Apis mort fut mis ati
nombre des . Dieux , et invoqùé sous le nom de
Sérapis, suivant le témoignage d’Apollodore (1 1 ) ,
. (Jihkhhh) Ce qu’il y a de certain, c’est que les an-
qi.ens ( 12 ) ont reconnu qu’il existoit un grand
rapport entre Apis, Osiris et Sérapis, et ce rap-1
port tient aux .aspects célestes du Taureau , et de
son Paranatellon ; ou du Serpentaire qui se lève
à son coucher, et se couche à son lever. Il suffit
de jeter un ceup-d’oeiL sur nos Planisphères, relatifs
aux aventures d’Osiris et d’is is , pour ap-
percevoir ces rapports. On voit que, lorsque le
Soleil ou Osiris étoit au Taureau, la Lune étoit
pleine dans les Etoiles, du Serpentaire , Sarapis ;
et q u e , lorsqu’en Automne le Soleil étoit au
Serpentaire, la. Lune étoit pleine au Tàiireau.
De-là ces rapports entre les foi mes du Boeuf ét
du Serpent, tant pour le Soleil ou Osiris,’
que pour la Lune ou Isis. Car comme on a des
figures d’Osiris et d ls is , à cornes de Boeuf ou
de Vache, de même on a des figures d’ Isis et
de Sarapis entortillées du Serpent. Ce sont les,
époques! Equinoxiales * ou le passage du Soleil et
dé la Lune à ces différens points , qu’on avoit
en vue de peindre. On pourroit appliquer
à ces situations respectives du Soleil de l’Equinoxe,
de Printemps, et de' la Lune du même
Equinoxe, pleine au Serpentaire Esculape, cette
tradition, sacrée rapportée par Proclus ( i 3 ) ; savoir
qu’Apollon étoit l ’intelligence Solaire, et
Esculape l’ intelligence Lunaire.
(iiiiii) Aussi Diogène (14) , qui étoit deSinope^
voyant que les Athéniens , par une basse flatterie,
vouloient décerner à Alexandre le Grand les
mêmes honneurs qu’à Bacchus , leur disoit :
« si vous faites de lui un Bacchus, faites donc
» aussi de moi un Sérapis». Diogène savoit que#
dans sa patrie, ces deux Divinités étoient unies
par "un' culte commun , comme Osiris et Sérapis
l’ étoient en Egypte, comme Bacchus l’étoit au
Serpent de la Ciste sacrée, et .à ceux des Mé-
nades.
. Les fils de Déimaque , qui accompagnèrent
Hercule dans son expédition contre les Amazones
, et qui restèrent à Sinope, étoient d«
Tricca , ville célèbre par la ^naissance et le culte
d’Esculape ( i 5 /.
(kkkkkk) On lui 4onnoit l ’épithète de Dieu aux sept
Lettres (ié) ,Fptagrammatos. Plusieurs ont cru que
cette dénomination venoitefece que , dans le non*
Sarapis, il,y a sept Lettres. Pour moi, je pense
(8) Marshani^Çhrpniç. S^ecuK 6 ,p .$ j.
(9) Æschyl. Suppl. *26.
(10) Hygin , 1. 2. ., -•
(H (12)) AC p!eomil.. 1P.- r2o.t rept. p. 3y2. Plut. . de Isid. p, 362».
(13) Proclus inTimæum, p. 49..
(14) . Diog. Laert. 1. 6 , p. 405.
ém% Schol. Apoll. 1. 2, v. 957*
(16) Hesych,
N O T E S 0 Ü T O M Ê S E C O N D /
u’ il y avoit quelque chôsè de plus mystérieux
ans-cette dénomination', et qii’ori dôit-l’entendre
des sept vdyblle's-qiü 'désîguéient le 'Sfstfètiie
v e r s e ! e t gr’and Dieu immortel i •' père de
l ’Univefs, rlë-*>L>i,éii. /’ qüi5-ét6it’re ch’è f et' le lien
de touté l’harffidhie dù fnÔndefGettë i-dée fnysté-
rieuse, ;.çst consignée- dans deux vers/ rapportés par
Eusèbe ( 1 ) , 011 on lit : « sept lettres voyelles, E pta -
grammata , célèbrent ma gloire , et cette gloire est
celle dü'grànd Dieu itrimôftél,ou du père infatigable
de toutes ^diOsésvJe-su&Tà Lÿreide l’ univers, celui
qui entretient l’harmonie des Cîeux». Nous aurons
lieu de; parler de ces? sept voyelles - affectées .au
système Planétaire* y lorsque nous expliquerons les
sept chandeliers d’or de l’Apocalypse, placés à
côté du fils de fËternel, comme la Lyre aux sept
cordes l ’est dans la main du Dieu Soleil, Apollon.
! ylllli) .Une- chose âss^z siiiguljère à. observer ,
c est que t Sérapisv( 2 ),,pàssoit pour être te Dieu ,
vers lequel ^e . ; reqdoient .les , âmes s vertueuses
après- la. mo/t, lo^squ’après.avoir traverse les sept
Sphères, çlles-reHttpient dans la ville 'Sainte aux*
douze portes et aux douze fondemens pçsps chacun,
sur une pierre précieuse. Aussi le Rhéteur Aris-
tide (3 ) , d'ans lé .pompeux éloge' qu’il fait de
Sérapis , boit s dit-il Vq^u’il est le conducteur des'
âmes, le Dieu qui les rappelle à lu i, les juge et'
les récompéifSe, II. f?ëst donc ‘pîis ' extihordinaihe
de penser , que cette “composition avoit un but mystérieux
, et què la statw - du Dieu, qui recevpit
les âmes , étoit dans les proportions du monde :"et
du système céleste , comme la ville Sàinte;et l’antre
Mithriaque , dont nous •1 parlerons ailleurs. Peut-
être quel e Modius et la règle qu’il porte, sont les
emblemes de toute espèce de mesure, et de la
Justice. In qux mensura. mensi füeritis- y dit
l ’E criture, remetietur ‘‘vobis. Clément d’Alexahdrie
regarde le cubitus ou la règle , comme symbole dè
la justice (4 )- H est-certain que le Modius, la
Règle , et la Balance, trois instrumens de-mesure;
sont dans la main de l ’homme, qui occupe la Balance,
dans le Planisphère de Kirker; Parmi les caractères
hiéroglyphiques, trouvés dans le temple de
Sérapis, 011 distingüioit ceux qui désignoient la* vie
future ; et ces caractères avoient la« forme de
Croix ( 5 ) ; ce qui détermina , dit-on, les Grecs à
accueillir ce symbole, et l’opinion des Chrétiens
sur la vie future.
{minmininm) On se rappelle l’opinion qu’avoient
les anciens, sur le Pôle abaissé, connu soüs-le
nopide Pôle Antarctique. Il n’étoit vu que par les
babitàns du Styx, dit Virgile ( 6 ) , et par les
mânes qui voltigent dans les lieux profonds; là ,
régnoit Phiton, ou le Soleil des signes inférieurs
(1) Euseb. Præp. Ev. 1. 11, c. C.
(2) Julian. Imperat. O rat. 4, p. 254.
Arist. t. iv Orat. S ; p. $6r .
(4) Strom. ]\' 6 f' "pT 633.
(5 ) 1 Cedren. p. 325.
(é) Virg. Georg, 1. r f y. 241.
2.j5
ou d’hiver! Car le Soleil en nous quittant, dit
Servius , e s t ’censé Mfer éclairer nos Ârftipbdes.
On peut voir dans Ovide , Métàm&rph. o ,
Fab, 13', comment; dans cès mystères, l ’Isis à
tête de Vache ; ôu; I ô , Diane, Apis, l’Aboyeur
Anubis, Hatpocrafe, Osiris mort, et les Serpens,
étoient- autant d’images symboliques toujours
unies.
{nnnnnri) Il y avoit près de la mer Rouge et du
golfe Sachalite, uj^e île de Sérapis, où ce Dieu
avoit son ; temple. Ptolémée la place au quatre-
vingt-qùatorzième degré de longitude, et au dix-
septième- degré trente minutes de latitude ( 7 ).
« (000000) Suidas (8J ‘.parle d’une, statue consacrée
par les Alexandrins, .’ad-orateuts d e . Sérapis , qui
reunissoit les» caractères, mystiques; d’Adonis et
d’Osiris, et. qu’il jappelle une figure, du temps
éternel, Aionqs.? pu du.Dieu, qui, -comme Hercule#
engendre-les_ saisons et les siècles.
(pppppp)- Q5 remarquer a, que l’oeuf symbolique
étoit aussi placé ^Ljrçtp de Bacchus ,-où de l ’Oisiris
Égyptien, c^^me.âl. est ici mis> dans la bouche
de C n ep h / e t dans^celle de l’Hercule, dont
parle Athénagore ; d’Hercule, grande Divinité de
Thèbes , ou de là viUe' qui adbroit'Cneph, comme
le Dieu créateur de l ’univers. '
(qqqqql) h e Serpent d’Àgàthodémon est celui
d’Esculapë, oüde Sérapis^ enfin du Dieu Soleil descendu
aiix sigbes inférieurs , lersqu’Osiris est mis
p’àr Typhon dans un côffie, ou. dans le tom-’
beau. "Cette circonstance justifie cé que nous avons
dit à l’article Isis , que lés’ Pyraniides étoient des
tombeaux du Sole il, pu d’Osiris. En effet, une
tradition' des Sabéens , que nous avons rapportée
dans cet Ouvrage '(J9 ) , "suppose que ,
sous une ' de ces Pyramides ; reposoienc
les i cendres ; d’Agathodémon ; et les Sabéens ,
comme on le • sait# àdoroient le- Soleil et les
Astres. .
I (rrrrr.r) On y voyoit deux temples, celui1 du bon
Génie, et celui de là Bonne Fortune. Or on ap-
peloit /• en Astrologie , le Soleil,- Génie y tt la
Lune y Fortune j ( io )|| • • • ■
Ce Serpent peut être l’H ydre céleste #
placée, sou? la Vierge 5 plutôt que le Serpent
d’Ophiuchus, ‘ ,
(pîtttt) Eusèbe (1 i),ou plutôt Philonde Byblos#
cite un .ancien- autçur # qui prétendoit , que les
Egyptiens et les Phéniciens avoient- représenté ,
sous I4 forme de Serpens; les premiers élémens
de la. nature, et les avoient consacrés dans leurs
temples sous cette forme# parce qu’ils, les regar-
doient comme les plus grands des Dieux, et les
modérateurs de toutes choses. On peut voir dan*
Saumaise (ia) # que souvent on donna le nom
.(7) Ptolem. Geog. 1. 6; c. i f , p. i 8ï .
(8) In heraisco..
(9) V. Ci-dess. 1. 1, c. 3, p. ça! Edit, ijj-4, :
(ro)-Salm. ann. clim. p. 129.
(11) Euseb. Præp. Ev. 1. 1, c. 1 e* •• • ,
(12) Salm, Ann. Clim.
M m a