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à Tli clpussa , et qui étoit, comme n osu
l ’avons déjà dit , fille de Neptune.
Cérès , suivant ces Arcadiens , a voit
accouché , non d’un cheval, mais de
cette Despoina. Au reste , les Phiga-
lietis a voient'dans leur pays les mômes
traditions , que ceux de Thelpussa, sur
ce mariage monstrueux. Ils ajoutaient ,
que Cérès désolée de cette violence ,
en même temps qu’elle était inconsolable
de la perte de Proserpine, prit
l’habit de deuil, et qu’étant entrée dans
une caverne en ce lieu , elle y resta
long-temps. La disette la plus grande
ayant suivi sa retraite , les hommes
périssoient, et les Dieux ignoroient
ce qu’était devenue Cérès. Ce fut Pan
qui la découvrit, en parcourant l’Arcadie.
Surpris de l’état d’abattement et
de la posture lugubre , dans laquelle il
la trouva , il en instruisit Jupiter , qui
envoya les Parques pour l’assister et la
consoler. C’est en mémoire de cet événement,
que les Phigaliens consacrèrent
à Cérès cet antre, appelé Elaion , Olivier.
Elle y étoit représentée tenant d’une
main la Colombe , et de l’autre le Dauphin
; ayant elle-même une tête de
cheval hérissée de serpens , telle enfin
que nous l’avons représentée plus haut.
Pausanias fut exprès à Phigalie pour y
voir cette singulière statue , .et il sacrifia
à la Déesse à la manière des gens du
pays, laquelle consistoit en offrandes de
raisins , dé rayons de miel, en toisons
sur lesquelles on versoit de l ’huile (1).
Les Déesses avoient aussi leur Temple
à Tégée ; elles y prenoient le nom de
Carpophores ou porte-fruits, Frugiferae
(2) : tout auprès étoit celui de Vénus
Paphiène.
En s’avançant vers Argos , à l’extrémité
du mont de la Vierge , ou Parthe-
nos, étoit un ’jTemple de Cérès et de 1 2 3 4
(1) Ibid. p. 473. (2) Ibid. p. 281,
(3) Ibid. p. 282.
(4) Saloias. ann. Clim. p. 594*
Bacchua mystique ; il étoit au milieu
d’une forêt de chênes , arbre consacré
à Pan dans ce pays. C’est sur cette
montagne de la Vierge, qu’on trouvoit
le Temple de ce Dieu , et le lieu où le
jeune Télephe fut exposé dans son enfance
et nourri par une biche (3).
C’est à Areas , au Bouvier céleste,
fils de Callisto , et petit-fils de Lycaon,
que les Arcadiens attribuoient l’invention
du labourage , et l’art de se vêtir.
Cette constellation qu’accompagn oit tou-
joursCérès ou laVierge céleste doit jouer,
sous des noms variés, différen s rôles dans
l’histoire de l’invention du labourage.Les
Romains y plaçoient leur Janus ; les
Egyptiens Plorus, fils d’Isis (4), ou.au
moins le nourricier d’Horus , fils
d’Osiris , inventeur du labourage.
D’autres y voyoient un fils de Cérès (5),
nommé Phdomèle , que sa mère plaça
dans les deux, sous la forme d’un la-
hor.-eur. S’il est vrai que la Vierge soit
Isis , Cérès et même Thémis , mère
d’Evandre , il pourroit fort bien être
l’Evandre, qui enseigna aussi le labourage
aux peuples du Latiun (6), ainsi que
les arts, et qui le premier. attela les
boeufs ; ce qui caractérise bien le Bootès
qui conduit les boeufs d’Icare ; nom qu’il
porte encore (y). De-là vint le nom de
Bæufsd’Icare donn é aux étoiles de l’Ourse
que garde le Bootès,de l’Ourse Callisto sa
mère ; il cohabitait avec une Nymphe
Dryade. On appeloit en Arcadie cette
Dryade Erato , et on en faisoit une
Prophétesse. Telle fut la Carmerita ou
Thémis , mère -d’Evandre , enfin la
Vierge céleste , à qui Apollon donna le
don de prophétie (8).
Ce Bootès , inventeur du vin , eut de
son mariage avec cette Nymphe trois
enfans, comme Noë , qui partagèrent
entre tjux lé pays. L ’aîné était Azan,
(5) 1- 3-
(6) Pausan. Arcad. p. 268,
(7) Theon. p. 129.
(8) Ibid. p. 253.
dont
dont le fils établit le culte de Cérès dans
la ville de Cleitore , qu’il hâtit, comme
nous l’avons dit ci-dessus.
A Mantinée , où Cérès et Proserpine
avoient aussi un Temple ( 1 ) , on voyoit le
tombeau du Bootès , -ou d’Areas, fils
de Callisto , compagnon ordinaire de la
Cérès céleste. Le lieu où étoit ce tombeau
s’appeloit les autels du Soleil. Dans
notre article sur Janus, nous faisons
voir que ce Génie étoit dans la constellation
du Bootès ; que par son lever il
ouvrort l’année, et que c’est pour cela
qu’on mettait à ses pieds douze autels
dédiés au Dieu Soleil, qui mesure l’année.
iLes habitams de Mantinée aacri-
fi oient aussi à Jupiter-Sauveur.
Les grandes Divinités , Cérès et Proserpine
, avoient des adorateurs et des
Mystères en Messénie, dont l’origine
se perdoit dans l’obscurité des histoires
de ce pays (2). On en faisoit auteur un
petit-fils de la Terre , Caueon , qui imita
l’établissement des Mystères déjà institués
à Eleusis ;-en sorte qu’il paraît que
ce ne fut qu’une extension du culte de
Cérès Eîeusinienne , jusqu’en Messénie.
Plusieurs années après , Lycus fils de
Pandion donna un nouvel éclat à. cette
institution religieuse ; et on appeloit
encore, du temps de Pausanias , Bosquet
de Lycus le lieu sacré où il purilioit
les Initiés. Méthapus aj outa aussi quelque
chose à la dignité de ces cérémonies.
Ce Méthapus étoit Athénien, e t homme
fort intelligent dans la partie des initiations
et des orgies religieuses. Ce fût
lui qui établit le culte des Divinités
Cabires chez les Tliébains (3). Ce fut
a Andanée , en Messénie , qu’il fit célébrer
les: Mystères des Déesses d’Eleusis,
et ce fut là que leur culte fleurit primiH
rivement. Cette ville avoit été le séjour
des premiers Rois de ce pays ; et il est
assez vraisemblable , dit Pausanias,.
flue Messenê, qui donna son nom à la
(1) Pausan. p. 343.
(1) Pausan. Messes p. 111.
(J§ Ibid. 112.
Relig. TJniv. Tome II.
Messénie , et' qui avoit son palais dans
cette ville, où elle habitoitavec son époux
Polycaon f y ait jeté les premiers fon-
dernens de cette institution, qu’elle rèçut
de Cancon leur premier auteur.
Apharée, fils de Gorgophone fille
de Persée , frère et époux d’Arène ,
fondateur d’une ville de ce nom an couchant
dé la Messénie, ayant reçu chez
lui Lycus , fils de Pandion , fut conduit
par celui-ci, ainsi que sa femme et
ses enfans , aux sanctuaires d’Andanée,
où Caueon autrefois avoit initié Mes-1
senê. Tous ces Rois et toutes ces Reines,
qui tiennent {lia Mythologie plutôt qu’à
l’histoire , nous annoncent assez l’antiquité
de l’établissement des Mystères
dans cette -contrée du Péioponèse , antérieurement
au siècle de Nestor, dont
Nélée fut le père 5 Nélée , surnommé
Neptune , cousin d’Apharée , à qui
celui-ci donna pour -habitation Pylos
et toute cette plage maritime et occidentale
, où régna Nestor après lui.
Après la défaite des Messéniens, les
Prêtres et les Mystagogues des grandes
Déesses se retirèrent a Eleusis , et les
Lacédémoniens firent transporter chez
eux les statues de Cérès et de Proserpine
(4).
A Phare (5) , dans le golfe même de
Messénie, ville bâtie, dit-on, par un fils
de Mercure et de Philodamie une des
Danaïdes , était un temple et une ancienne
statue de la Fortune, Déesse
qu’Homère unit à-Cérès et à Proserpine
dans son hymne à Gérés. La Fortune est
le nom d’une des sept filles de l’Océan,
des sept Pleïades , compagnes d’io ,
DéessePharia , ou de l’Isis Egyptienne.
Si cette Fortune est une des sept Pléiades,
ou une des sept Etoiles qui , avec la
chèvre Amalthée, annoncent le printemps
au moment où le Soleil s’unit à
Io , ou au signe du Taureau, au coucher
de la Vierge céleste , il résulte que
(4) Pausan. Messen. p. 124.
(5) Ibid. p. 140.
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