Mithras, ont représentées par sept autels
allumjés près du boeuf, que monte Mi-
thra. On l’invoquoit comme source du
principe humide , et on lui demandoit
la pluie et les vents doux, comme à
une divinité puissante dans les cieux.-
On lui demandoit aussi la lumière, et
la chaleur. ■ Les Scandinaves le regardent
comme le pè e de toute production,
et comme le génie, qui châsse le
froid et les ténèbres , fonction qui appartient
au Taureau équinoxial du
printemps. On le prend souvent pour le
Jnp ter des Scandinaves; et effectivement
le jour de Thor, ou Thor.sdag est
chez eux le jeudi; mais alors c’est Jupiter
amant d'Europe.
Après avoi; suivi les rapportsqu’alecul-
tedu Boeuf Apis en Egypte, avec leculte
des boeufs ou desveauxd’or, &avec toutes
les divinités à formes de boeuf, adorées
chez tous les peuples , & avoir marqué
toute l’étendue de ce culte, depuis l ’Espagne
jusqu’au Japon , depuis l’Egypte ,
l ’Inde & la Perse, jusqu’en Scandinavie,
je vais revenir à l ’examen des caractères
d’Apis, & aux céi émonies établies
en honneur de ce Taureau sacré.qui me
semble avoir été le.modèle & l ’origine
de cetieiormede laçlivinitédu soleil chez
tous les peuples, qui ont adopté ce syin-.
bole religieux.
Outre les caractères luni-solaires exprimés
par les figures de l’Accipiter «ou de
l ’aigle &duScarabée, qu’on exigeoitd’A-
pis , & qui , suivant nous , désignoient
les deux astres, qui s’unissoient dans le
Taureau , au moment où commencoit
l ’a'nnée, dont l’origine étoit à l’équinoxe,
du printemps , on exigeoit encore que
le boeuf sacré eut sur le front une tache
blanche defbrmeqnarrée (i).Ce sym
bole nous semble être une expression
de 1 année Egyptienne ou de la période
de quatre ans , composée de quatre années
communes, telles que celles qui
Ci) Herod. T. 3 ,c. 28,
'Ü Ù Hor. Apot. î. 1, c. p.
(3) Ibid.l. i.c . 3.
nous doùnent les périodes Bissextiles (2)}
Hor. Apollon nous dit , que les Egyp.
tiéris peignoient l’année par ùn qùar.
fier de terre , parce qu’nne année ou 36omc. partie' de la période Soiblaqne
étoit composée de quatre années Ordinaires
, ou de la somme de ) 460 jours.
On peignoit aussi l’année, (—suivant le
mêmeHorus Apollon (3) par une palme,
C’est ce .symbole , que lés Grecs coiiSer-
vèrent.dans les fêtes Olympiques, qui se
célébroient également tous les quatre
ans. Ainsi , le quartier de terre & la
palme furent deux symboles de l ’année
Ces rapports d’Apis avec la révolution
annuelle se trouvent confirmés par
une cérémonie, qui se pratiquent au
temple d’Apis, à l ’inauguration des rois
d’Egypte. (4) Le prêtre d’Isis le condui-
soit dans le Sanctuaire du tetrnple d’Apis
à Memphis. C’est là que les piètres lui
fa-isoient prêter serment, qu’il ne tou-
clieroit en rien au Calendrier et_à l’année
vague des Egyptiens , qui étoit de 3<55jours;qu’il ne sepermetlroitd’y faire
aucune addition, aucune intercalation ,
et qu’il fa laisseroit courir vaguement ,
comme on a fait de toute antiquité.
Nous; considérerons donc la tache
quadrilatère imprimée sur le fi ont d’Apis
(5 ) , comme un symbole de l'année
équinoxiale, dont Iesoleil& lalune, désignés
par l’Accipiter & le Scarabée , fi-
xoient Je départ à la néoménie du Taureau,
figurée par le croissant imprimé
sur le boeuf sacré , qui représentoit celui
des constellations. Les poils doubles de
la queue pouvoient désigner, le double
mouvement des deux astres. Au moins
cette explication rentre dans celle , que
Porphyre & Macrobe (6) donnent des
poils du boeuf Mnevis , qui alloient en
rebroussant, pour désigner le mouvement
du soleil, en sens contraire de celui
du monde. Cejte ressemblance entre
ces deux boeufs est encore mieux établie
C4) Scho!. Germa, in Aràt Fabri. bibl. lat. r-1, p. 391.
(5) Hérodot. ibid. 16j Si:ur. 1> 1, ç. ai.
par la couleur noire, que Porphyre don-
‘se à Mnévis , & Hérodote? à Apis ; couleur
qui , suivant Porphyre , désigne
{celle que la chaleur Solaire donne à
■ nos corps ( 1
f- Nous regarderons donc le Boeuf Apis
çotûme un animal consacré au signe
Céleste du Taureau du printemps & à la
h-évolution luni-solaire, ou à l’année ,
[qui résulte du mouvement combiné du
soleil & de la lune , considéré clans ses
rapports- avec la végétation annuelle ,
avec la fécondité universelle, dont le
[développement date tous les ans de l'é-
Iquinoxe de printemps, qui autrefois ré-
•pondoit au T aureau céleste.
I Noustrouvonsunenouvellepreuvedes
[rapports,qu ’avoit le boeufApis avecles ré-
fvolutions célestes, danslapromenadeque
l ’on faisoit faire tous les ans à la vache
sacrée autour du temple. Le nombredes
ftoursquelle faisoit estun nombre sacré &
[qui a rapport, soit aux sphères, soit à ce
que les anciens appelloient changement
des mouvemens des astres d’un tropique
fou d’un équinoxe à l’autre. Le soleil,
[dit Macrobe (a) ; de qui tous les êtres
[tiennent là vie , varie son mouvement
& ses positions célestes , tous les sept
[signes, soit que l’on considère son mouvement
d’un Solstice à l’autre , soit
qu’on le considère d’un équinoxe à l ’au-
[tre équinoxe. Les variations des phases
[qu’éprouve en quelque sorte la lumière,
[soit dans l’année , soit dans le mois ,
‘soit dans la révolution diurne , se font
aussi de sept en sept, continue le même
[Macrobe, Ceci nous donne le sens emblématique
delà cérémonie Egyptienne,
[dans laquelle , suivant Plutarque (3) ;des
Prêtres feisoient faire sept fois le tour
,du temple à la vache sacrée au Solstice
fd hiver (4). On appelloitrecherchesd’O-
Isiris le mouvement du soleil dans son
[orbite ", et le nombre sept exprimoit,
■ dit cet auteur , celui des mois qui s’é-
( 1 ) Euspb. !• 5.C. -13.
(2) Somn. Scip.t» 10. 26.
(S) Plut, de Isid. p. 37a.
couloient depuisuntropiquejusqual’au-
tre. La vache étoit, sans doute , l’image
d’Io, d’Isis ou de la lune peinte avec les
formes du Taureau, clans lequel fut placée
Io : de cette lune, dont le croissant
étoit imprimé sur le boeuf sacré des révolutions,
ou sur Apis, image du premier
signe , dans lequel là lune avoit
son exaltation.
On attribuoit aussi à la naissance
d’Apis sept jours généthliaques, noin-
bré égal k celui de la durée de chacune
despliasesde la lune, & conséquemment
à l’intervalle qui s’écoule, depuis la nour
velle lune jusqu’au premier quartier. La
soleinnité établie en honneur de cette
naissance, duroit sept jours (4). On célé-
broit à Memphis , dit Solin , la nais-
sanced’Apis, &pendnntcette fête onjet-
toit une coupe d’or dans un certain
gouffre du Nil. La solemnité duroit sept
jours. On prétendoit , que pendant ces
sept jours le Crocodile faisoit une trêve
de cruautés , & que le huitième soir ,
la cérémonie acheyée, cet animal cruel
reprenoit toute sa férocité. Pline avoit
rapporté la même tradition (5) superstitieuse
; & il paroît, que Solin l’a .empruntée
de lui.,Elle est confirmée par
Ammien Marcellin (6). Je ne chercherai
point à découvrir le sens cache S o u s
cette fiction sacerdotale, ni à décider ,
si par Apis on doit entendre le bon principe
, & par le Crocodile le mauvais
principe , qui , pendant tout le temps
que le soleil met à parcourir 1 hémisr
plièr-e supérieur d’un équinoxe a 1 autre,
reste sans activité & ne reprend sa férocité
, que dansles signes inférisurs. Il est
certain au moins, que danslePlanisphere
de Ki-rker, on voit le Crocodile dans le
signe du Scorpion, en opposition avec le
Taureau, ou avec Apis, dontOsiris bon
principe prenoit les attributs. Je me bornerai
à remarquer, que ce nombre sept,
affecté à la naissance d’Apis, & que l’on
(4) Solin. c. 32.
(g ) Plin 1. 8. c. 46.
(6) Amm. Mai. p. 248-