à Saiiioüirace , en ïlira c e , etc. «toit
la doctrine publique de leur île (//)
que c’étoit le fond de ■ leur ancienne
religion et de la .morale sacrée , qu’on
enseignoit chez eux publiquement. U
paroît, par ce témoignage , ' que les
?ages Cr.étois firent.comme les Chrétiens,
qui ne vouloiént point que-leur doctrine
religieuse et leur morale fussent seulement
celles d’une association ou Iran maçonnerie
particulière et secrété, mais la
religion et la morale publique : d’où il résulterait',
que le secret ne fut imaginé que
dans la suite., par une espèce de charlatanisme
, qui avoit pour but de multiplier
le nombre des adeptes, en piquant
la curiosité. Malgré la prétention des
Cretois , nous ne croyons pas. qu’ils
soient les seuls qui aient communiqué,
jaux Grecs les initiations et les mystères ;
et nous soupçonnons qu’eux-mêmes les
avoient reçus dé l’Egypte où ils faisoient
le fond de la religion nationale : car
tous les Egyptiens adoroientlsis et Osiris.
Les Phéniciens adorateurs d’Adonis,
les Syriens de Tharnuz, les Pélasges et
les Lybiens adorateurs d’Ammon , etc.
et plusieurs autres peuples ont influé en
différens temps sur le culte des Grecs ,
et en ont modilié les formes , en sorte
qu’il est difficile de fixer les époques où
ces différentes branches de religion ont
été transplantées en Grèce , et le sol
natal d’où elles ont été tirées. Cependant
, en général, l’Egypte nous paroît
La Sicile, suivant-l’orateur Ptemain
(j) étoit consacrée toute entière à Cérès
età Proserpiue. C’étoituneopine,n reçue
chez les Siciliens , ainsi que ch:& tous
les autres Peuples.., et consacrée dans
. les plus, anciens monuinens de la Grèce
que les- Déesses étoient nées dans cette
île ; qu’elles y avoient fait la première
dé couverte du blé , et que Proserpine
y a voit. été enlevée, par Plu ton dans
la Forêt d’.Iinna, e’ëst-à-dii'e , au centre
de toute la Sicile ; que Cérès sa mère
alluma aux feux de l’Ethnaies flambeaux,
qui dévoient l’éclairer dans la recherche
de sa fille, lorsqu’elle parcourut l’univers.
avoir-été comme .la pépinière de toutes
qes savantes superstitions. La Grèce
elle-même à son tour en a propagé les
rameaux dans les différentes parties du
monde, et sur-tout en Italie et en Sicile,
pays autrefois appelé la grande Grèce.
Point de pays plus fameux dans l’histoire,
de Cérès que la Sicile, qui a passé pour
avoir été son berceau et celuLde sa fille ,
et le premier théâtre de ses aventures
malheureuses. Cette île , disoit-on ,
avoii été donnée en dot à Proserpine.
(i) Cjc, in Verrem de Sign. c. 48. Solin , p. 36.
Plut, in Timol. p. 239. Arneb. contr. Gcnt. Ovid.
Fast. 1. 4.
On y montroit encore , du temps
de Cicéron , une caverne profonde, par
où étoit sorti Piuton, lorsqu'il vint l’enlever
, et qu’il l ’emporta jusqu’à Syracuse
, où il s’enfonça sous l'a terre: On
voyoit le Lac qui s’étoit formé dans cet
endroit, et auprès duquel les hommes
et les femmes de Syracuse , assemblés
en grand nombre, célébroient tous les
ans des fêtes. (2). Nous avons déjà vu
plusieurs.de ces trous et de ,ces lacs,
par où Piuton étoit descendu aux enfers
, emportant Proserpine. Cette
tradition sur la Cérès d’Lnna et sur
l ’antiquité de son culte , en Sicile , l’a-
voit rendue fameuse dans tout l'univers;
et les Romains , dans un temps de calamité
, ayant consulté les livres Sibyllins,
pour savoir comment ils pourraient
obtenir un remède à Iturs maux,
y apprirent qu’il falloit qu’ils appaisas-
sent la jjlus ancienne Cérès (3). Quoiqu’il
y eût à .Rome un superbe Temple
de Cérès, cependant ils furent obligés
d’aller à Emia offrir leurs hommages
à la Déesse , et cela , par la décision
même' des Prêtres ., dépositaires des
livres Sibyllins. Là haute. réputati: n dont
jouissoit, de toute antiquité , la Cérès
d’Enna , étoit telle, que ce n’étoit point
le Temple de Cérès, mais plutôt Cérès
elle-même, qu’on croyoit aller y visiter,
(i) .CÎcer. ibid. p. 49.
(3) Tit. Liv. 1.44, c. 38 et 35, Val. Maxim. 1. pi
c. 1.
suivant Cicéron,. En; effet, si les mystères
des Athéniens , chez qui vint Cérès
dans ses courses, étoient en si grande
vénération, et étoient si recherchés par
tout le monde ; quelle estime ne devoit-
on pas avoir pour ceux d’Enna , où
Cérès avoit pris naissance , et où elle
avoitfait la précieuse découverte, qu’elle
communiqua aux Athéniens. Cérès avoit
sa statue en marbre dans le Temple
d’Enna , et sa fille la- sienne dans un
autre. Temple. Ces statues , quoique
très - belles , n’étoient- pas anciennes;
mais il y en av-oit une autre petite en
bronze , d’un travail admirable , et qui
pasSoit pour être de la plus hante antiquité.
Devant le Temple de Cérès ,
on trouvoit deux autres statues , l’uAe
de Cérès Nieéphore , qui portoit dans
la main une petite victoire ; et- l’autre ,
de Tripolême (1). Les Peuples de Sicile
avoient grande confiance à ces Divinités,
puisqu’ils étoient persuadés,qu’une
profanation de leur culte , ou de leurs
statues , pouvoit attirer la stérilité sur
leurs terrres , et les plus grandes calamités
sur eux et sur leur île. Voilà les
Peuples , voilà les Prêtres de tous les
pays et de tous les siècles.
Les mêmes Déesses avoient aussi leur
Temple à Syracuse (2) , dans la partie
de la ville appelée la ville Neuve. Elles
y étoient honorées, sous le nom deThes-
mophorés , qu’elles portaient dans plusieurs
villes de la Grèce. Comme, en
cette qualité , elles étoient protectrices
des loix et de la justice , c’était dans
leur Temple que-l’on prêtait le plus
redoutable des sermens ( 3)'. Celui qui
devoit prêter ce qu’on appeloit le Grand
Serment, pour assurer quelque chose ,
descendait- dans le Temple des Déesses
Tl îesmophores : là , après certains sacrifices
, il mettoit sur lui "la mante'
dé p ourpre de la Déesse Proserpine 5 et
(1) Cicer. in Verrem , c. *)T ,de Sign.s.
(#) Ibicl'î ci ? 5';.!$;’.
(3) Plut, vita Dionis, p. 983.
(4) Timol. p. 239.
tenant une torche allumée , il pronon-
çoit les paroles du serinent. Callipas, au
moment même où il conspirait contre
Dion, pour écarter tout soupçon , se
soumit à cette cérémonie , et prêta ce
sesment redoutable, qu’il viola bientôt ,
en assassinant ce même Dion , le jour
de la fête de la Déesse Proserpine , qu’il
avoit prise à témoin de la pureté de ses
sentimens , et de son attachement à
celui qu’il projetoit de perdre , et qu’il
avoit autrefois initié : car ce Callipus
avoit servi à Dion d’introducteur à l’initiation
aux saints mystères de Ceres
et de Proserpine , qui avoient leur sanctuaire
et leurs Prêtresses à Syracuse (4).
La fête principale , par laquelle on honorait
les Déesses , tomboit aux environs
des semailles , et durait dix jours.
On y retraçoit les anciennes moeurs des
Peuples sauvages , que Cérès civilisa ;
on s’y permettait même des propos aussi
obscènes (5)-, que ceux qu’on tenoit sur le
Pont du Céphise, lorsque les initiés revendent
d’Ele-usis, ou que ceux des Dévots
qui alloient àBubaste en Egypte. Peut-
être aussi voulut-on imiter les grossières
plaisanteries, dont s’étoit servi Jambe
pour égayer Cérès, après la perte de sa
fille. Cérès, au rapport d’Âthénée (6),
prenoit à Syracuse les noms de Siton.
et de Simalis. On remarquera, que ce
premier nom est celui que la Cosmogonie
Phénicienne de Sanchoniaton
donne à Dagon (7) , premier inventeur
du b lé, dans cette Cosmogonie. Le nom
de Simalis approche fort de celui de
Semélé , que l’on donnoit à la mère de
Bacchns, fils de Cérès, suivant certaines
traditions. Apollon Temnitès avoit également
sa statue à Syracuse. C’est dans
cette même ville , qu’on trouvoitun superbe
Temple de la Fortune., que nous
avons vue souvent unie à Cérès et à II-
ly tliic, chez les Grecs.
(ï) ptotl. 1. 5, §. 4.
(6) Àthon. !.. p. -
(7) Eusab. Eroe. Ev. 1. 1, c, 10.