tage et s’avance jusque dans la Dyade,
qui est son premier prolongement.
C’est là cette essence, à qui Platon, dans
le Timée , donne les noms d’indivisible
et de divisible, lorsqu’il parle delà forma-
tion de l’ame du monde. Car les amës,
tant celle du monde que celle de l’homme,
se trouvent n’être point susceptibl es de division,
quand on n’envisage que la simplicité
de leur nature divine ; mais aussi
quelquefois elles en paroissent susceptibles
, lorsqu’elles s’étendent et se partagent,
l’une danslecorpsdu monde,l’autre
dans celui de l’homme. Lors donc que
l’ame est entraînée vers le cdrps , dès
le premier instant, où elle se prolonge
hors sa Sphère originelle, elle commence
à éprouver le désordre, qui règne dans
la matière , qui s’unit, à sa substance
; et c’est ce qu’a insinué Platon,
dans son Phédon, lorsqu’il nous peint
l ’ame chancelante et prise d’une nouvelle
ivresse, qui la fait tomber vers le
corps : il a désigné par-là un nouveau
breuvage de matière plus grossière, dont
elle se charge, et qui l’appesantissant,
l ’entraîne vers la corps. Nous avons, dit
Macrobe, un symbole de cette ivresse
mystérieuse dans la Coupe céleste , appelée
Coupe de Bacchus (t) , et que l’on
voit placée au Ciel , entre le Cancer
et le Lion. On a désigné par cet emblème
cette espèce d’ivresse , que l’influence
de la matière , tumultuairement
agitée , caifsè aux âmes qui doivent descendre
ici-bas. C’est là , que déj à l’oubli,
compagnon de l’ivresse , commence à se
glisser insensiblement dans les âmes.
Nous voyons la même idée philosophique
dans Platon (2) , qui fait partir
les âmes d’ùn endroit très-lumineux ,
situé dans la région la plus élevée du
monde, où un peson , représentatif des
Sphères, devient le fuseau des Parqués,
qui règlent le destin dés âmes , lorsqu’elles
veulent descendre vers la terre ,
pour y animer dés corps. Elles s’assem-
(1) Ibid- c. 13 , p. 49.
(î) Plato de Legib. 1. 10, p. é îl .
(5) .ÂEntsid. 1. é, v.749.
blent dans les champs de l’Oubli, pour
y boire l’eau du fleuve Amélès, qui leur
fait tout oublier. Cette fiction n’a pas
non plus échappé àVirgile (3). Si les âmes,
continue Macrobe ( 4 ) , portoient jusque
dans les corps la connoissance ,
qu’elles avoient acquise des choses divines
, dans leur séjour aux Cieux, il
n’y auroit jamais entre les hommes
de partage d’opinion , sur la Divinité.
Mats les unes oublient plus , et les autres
moins.
La partie la plus élevée et la plus
pure de cette matière , qui alimente et
constitue les êtres divins , est ce qu’on
appelle Nectar ; c’est le breuvage des
Dieux. La partie inférieure , plus trouble
et plus grossière , c’est le breuvage des
âmes;.et c’est ce que les Anciens ont
désigné , sons le nomde fleuveLéthé (5).
Entraînée par le poids de cette liqueur
enivrante , l’ame coule le long dn Zor
diaque et de la voie lactée, jusqu’aux
Sphères inférieures; et dans sa descente,
non seulement elle prend, dans chacune
de ces Sphères, une nouvelle enveloppe
de la matière du corps lumineux ; mais
elle y reçoit les’ différentes facultés ,
qu’elle doit exercer, durant son séjour
dans le corps. Elle acquiert, dans Saturne
, le raisonnement et l’intelligence ,
ou ce qu’on appelle la faculté logistique
et contemplative. Elle reçoit de Jupiter
la force d’agir , ou la force, exécutrice.
Mars lui donne la valeur nécessaire
pour entreprendre , et la fougue impér
tueuse. Elle reçoit du Soleil les facultés
des sens et de l’imagination, qui
la font sentir, et imaginer. Vénus lui
inspire le mouvement des dc.‘.irs. Elle
prend, dans la Sphère de Mercure , la
faculté d’exprimer et d’értoncer ce qu’elle
pense et ce qu’elle sènt. Enfin , an entrant
dans là Sphère, cle. la Lune, elle
y acquiert la force nécessaire , pour propager
par la génération , etaccroître les
corps. Cette Sphère Lunaire , qui est la
(4) Macj-ob. ibid. c. 12 , p- 49-
15) Ibid» P-'JOdernière
R E L I G 1 0 N »
dernière et la plus basse , relativement
aux corps divins , est la première et la
plus hante , relativement Aux corps terrestres.
Cecorgs-luriaire, enniêtife temps
qu’il'est comme le sédiment 4e N rr;a-
tière céleste , . se trouvp,têtrè.Ja, premier
re substance àjfi; la, matière animale.
Voilà quelle? est la différence , qui. se
trouve • entre ,l£§. - Corps terrestres,.. et .les
corps célestes,.j’entends., le Ciel , les
astres el les autres élémens,divins,; c’est
que ceux-ci spnt attiré? en haut , vçr?
le .siège 4e et yets rimmorjaîjié',
par là Nature rùêrne dela région , ,où ils
sont, et par an .ffé^ir’ d’imitation. 4,qùi
les rappelle vers sa. hauteur ;,a.u li^u, que
l’aine, est, entraînée elle versles corpç
terrestres , et qu’elle, est censée mourir,
J craquelle r .tombe dans .cette, région, caduque
, qui est ie,.singe de,lamcirtaii^. An
resse, ajoijtp Macrobe, qu’-pn iiespitpmnt
surpris; que nous parlions d souvent de ,1a
mort de cette ame , que nous avons dif
être immortelile. L’aine n’est point anéantie
ni détruite, par cette .mort; elle n’e$i
qu’accablée pour un temple 4 et-1(çette
opprç^ion momentanée ,;ne hj. prive
pqs0dàesi ;créii9gtf iyes »
pmsqug degagéf gpstnte dp porps^, après
avoir, méçfié gd’êjtre pnrifjqe, des,,souillures
du vice, ,qu’elle avoitcôntracfée?
dans son commercé, avec lui, elle peut
êtrerétabliedans tous; se? droifs^et rendue,,
de nouv«,au au1 yéjoqr Juminenx,! 4e son’ immojfqliteyi [ iÜnih aata Je m sn
.Ces principes, sont Içs rnè c : es que, ceux
des Chrétiens j qui-çrçjqnt que Jjarueiest
déchue par le péché :efriginel(4jfeSé{aiU>r
de la félicité pou elle fut primitivement
établie ; mais, qu’elle .est destinée à,y
retourner, un, joug, lorsqu'elle, aur,a été
régénérée et.purifiée 4?-Joutes ses souillure
». ? f ü. ;. i e f
Les PrisciUiani&tsç avoient à-péuqafès
adopté la même théorie que MaÇrobe,,
sur la descente des âmes . vers la tefte ,
lorsqu’elles y viennent animer des corps.
{1) Büjasob. t. s , 1.- y Vo' 1 1 4*J. l«o. Eyil t.
93. P- 45 b
Relig. Unir. Tomé /4>
-NJ Y- R R S E L L E: t i j
Léon raconte (1), que ces Sectaires enseignaient
, que les aines , ayant. péché
dans le Ciel, où elles étoient revêtue»
de corps célestes,. elles sont tombées
sur la terre; qu’en traversantes Sphères
.célestes, et les, airs , elles rencontrèrent
diverse?, puissances ,,i les unes j plus
truellef;,; les autres plus douces , qui les
enfermèrent dans des corps de condi-
fidns différentes ; que les corps et les
âmes. des hommes sont assujettis au
destip et à l'empire des Etoiles ; que
les, payties, j ’eme sont soumises à
certqrues g’uîsfàppss , et les membre,? du
qpr^Sj^jd’^utiresi Ces d,çcnhères puissances
sept les trente:-aix .Décans du
Zodiaq ne „ : pointu e il paroît par Celse,
cité, par î Ôrigène ij lesquels concou-
.rpient à; qqttspftŸÇf Iqs déçrets.-.da destin
nstrologkjue^a),,^ sroc; , sêff® y
I E’a'uteur du Eiùiandçf-,; ep établissant
égaleipept!ja > «t
leur descente: à iVavers. les S«|JWg^|r
lestés, suppose ,0qu’en | les trayérsant,
.elles y, prennent -toptes |les passions ,
. dont la matière-est Je principe , , tffW1
.s,ont ,$nalpgue|S . à : Ja ._qnature, ,de , 'qes
1 Çqihèrça. EHes.' las restitnent eniin à.ces
n îé iç es ; Sphères, iprsquleÙes remontent
nu Ciel,iyni;S le,iieu de leur origine- An1®*
cltest'eiidcrtt :àla Sphère de la Lune la
fàçultéude i’aoçroj^iemeïit, qt.de fa di-
ffiinntàbu i,du-'corps .jeà celle de Mer-
;c;iMtv, ht,fraude .architecte de? maux ;
■ à celle de .dnves, , l’aincur séduisant
qdés.ildèisirêjiàcÇcW© .4 “ s^oleil >ffa J>as*
8xonJinSadab ^ : det lft,;grandeur et de
J'enipire ; à celle de Mars , l ’audace ët
la téxuériré ; à. celle dé Jupiter, les man-
vaia ;fflï>yens d’amasser des richesses
, à. celle,do-Satiume enfin , .lumçnsonge in-
sidieux ettrompeur, Alors l ame depouil-
.iée clèj tops ces funestes présens , que
les Plaaèjtps lui avaient faits , rentre
foute nue et toufe pure dans la hui-
fièuie Sphère, qui est le Ciel suprême-
Tout ceci est dans les principes da
(») CaSiriefehcK'l t, 4*?- « d it «uu (ài».
*:* !'k e * :