serpine. Voilà le précis de cette fable
solaire, qui est toute entière Astronomique.
Pour la bien entendre , il faut se
rappeler- la fameuse division du zodiaque
en deux parties par l ’équateur, aux
deux points équinoxiaux , qui séparent
l ’empire de la lumière et du bien de
celui des ténèbres et du mal , et ramènent
les périodes de régénération et de
dégradation , qui partagent le- cercle
annuel de la végétation sublunaire. Il
faut aussi avoir égard à la théorie des
domiciles planétaires, que nous avons
exposée dans la première partie de notre
Ouvrage. Enfin il faut se reporter aux.
siècles anciens , qui ont été les beaux
temps du règne de la Mythologie , et
durant lesquels le Taureau d’un côté
■ et le Scorpion de l’autre occupôient
les points équinoxiaux, comme on le
•voit dans le monument de Mithra, et
comme nous l’avons supposé, dans les
fables d’Osiris et d’Isis , de Bacchus ,
d ’Herccle , &c.
Avec ces données, on verra aisément,
que le Soleil ou Adonis passoit tous les.
ans, au printemps, dans l’hémisphère supérieur,
en arrivant au Taureau, lieu de
l ’exaltation de la Lune,etdomicile de Vénus
, et en automne dans l ’hémisphère-
inférieur, eu quittant la Balance, autre
domicile de la même planète (î) , de
manière que les termes de sa course
ou du demi-cercle des signes supérieurs
appartenoient à la même planète ,
ou à Vénus. Telle est en partie l ’origine
de ses amours pour Vénus et de
son union à elle, et de sa séparation
d ’avec elle , lorsqu'il sortoit cfes enfers
et qu’il y rentrait. L ’intervalle de ces
séparations et de ces unions étant de
six mois fit dire 1, qu’il étoit pendant
six mois avec Vénus , e t six mois séparé
d’elle. En quittant l ’empire delà
lumière, dont la dernierestation, . comme
la première , étoit affectée à Vénus ,
fi) Macroly. Saturn. f. j. c. 12,
/2) Plut, de isidc. p. 356.
le soleil passoit au Scorpion g domicile
de Mars, q u i, suivant la fable, avoiffait
périr Adonis , en suscitant contre L;
un énorme sanglier. On voit aisément
l ’origine de la fiction , sur-tout quand
on se rappelle, que le Scorpion a pour
Pa-ranatellon le fameux sanglier d:£ry.
manthe, l ’Ourse céleste, le Chien de
Typhon , comme nous l'avons vu déjà
dans la fable des travaux d’Hercule et
de Thésée , et dans celle d’ Isis. C'est
sons ce signe , que mouroit Osiris (2)
lorsque Typhon son frère, qui l ’avoit
mutilé , l ’enfermolt dans un qoifre obscur
après lequel courroit Isis éplorée.
Voilà encore un trait de rapprochement
entre ces deux fables. Ainsi le soleil ou
Adonis passoit de la Balance au Scorpion,
premier des signes inférieurs, 1
ce Scorpion 'qui dévore les testicules du
Taureau printanier dans le monument
de Mithra , à ce Scorpion , sous lequel
Typhon, meurtrier d’Osiris, reprenoit
•son empire, et cela au lever de l’Ourse ;
céleste'le soir. Alors il perdoit sa force et
sa chaleur , ab.égeoit la durée des jours.;
et s'acheminent vers la partie inférieure >
.du ciel , où les anciens plaçoient les
enfers-et le séjour ténébreux du -Tar-
tare. Alors la terre' et toute la nature
sernbloient plongées dans les ténèbres et
dans le deuil, jusqu’à ce qu e , six mois
après, le printemps eût ramené le Soleil
et la Lune au domicile ■.’■ de; Vénus ,-ott
au signe céleste du Taurea'u , dont les
cornes paraient la tête de la fameuses
Astarté ou de la Vénus Phénicienne ,
amante d’Adonis. En effet' Cicéronfâ), ;
qui compte plusieurs Vénus , en par-j
lant de celle qu’il nomme la quatrième,
nous dit qu’elle-est adoré^-en- Syrie,
et à Tyr , sous le nom : d’Astarté q] qui
épousa Adonis 0 Sânchoniaton, dans soû
traité sur la théologie Phénicienne,
parle àussi de cette fameusè Astarté, qui
-épousa le dieu du temps, et i l nous dit,
qu’elle est la Vénus des Grecs ,- et
(3) Cicer- de nat deor. i.3. c. 22.
!
L i’elle prit en Phénicie , pour symbole
Caractéristique de sa royauté,une tête de
Taureau, qu’elle plaça sur ses épaules.
P’ést aussi le casqué d’Isis. R ajoute,
l u’én‘ parcourant l ’univers, Astarté
trouva
un astre tombé du ciel ,. (ZS)
(iii’elle le prit et le consacra dans sa
Mainte LledeTyr. L’auteur Phénicien lui-
dorme f l’épitliète de grande , traduction
littérale du mot Cabar, (mS) nom-
Lue les Sarrasins donnoient à la belle
planète, quils adoroien t en l ’invoquant
bar ces mots Alla Cabar. (i) Ici se préfente
une dilficulté, qui vient de ce
lue les mêmes qualifications e t . les'
blêmes attributs conviennent également
b la Lune, qui a son exaltation au Tau-
liteau , et à Vénus , qui y a son domi-
Icils; ce qui a pu les unir l’une à l ’au-
Iti e , dans la dénomination, comme dans
pes formes. Ainsi la fameuse Astarté,
Vénus , amante d’Adonis , peut être
galement/la belle planète de ce nom.
Ile peut être aussi la lune du Taureau
lu printemps , et absolument i’Isis des
■ ÿ$ tiens , dont le front est pa é, com-
61e celui de Venus, des cornqs. du Tau-
Bfcau , où siégé la fameuse Io. Les rap-
vts frappans , quiexistenr entre l ’a-
Wcntui'e d’Adonis , et celle d’Osiris , et
Bfeur liaison dans les traditions Phénicien
n es, rapportées par Lucien , 11e
Baissent guères même lieu de douter, que
ie ne soit la même fable , sous deux
formes différentes. D’où il suit, que
isejue Adonis et Osiris ne sont que
[e Soleil, Vénus épouse d ’Adonis peut
ès-fiien n’ê: ro qu’Isis épouse d’Osiris ,
lest-à-dire, la-Lune , dont nous avons
léjà donné l’explication dans la fable
“ ’Isis. Dailleurs , le passage de l ’histo-
en, (2) qui nous parle des honneurs
|ue les Sarrasins rendoient à Vénus ,
istingue Vénus de son étoile , lorsqu’il
pit , xqu’ils adoroient l’étoile du matin ,
lest-à-dire, la belle planète, et Vénus
( 0 Euthymius. zygtiben.p. 70,
, CO. Euthym, ibid. p. 1. c. 7Q
ou la déesse , dont elle étoit l'étoile. Il
a joute,. q u 'ils invoquoient legrand dieu ,
et la grande déeste, c’est-à-diie, continue
l ’auteur , la Lune et Aphrodite, ou
Vénus, autrement son étoile , puisqu’il
a voit dit auparavant, que l’étoile Lucifer
étoit l ’étoile d’Aphrodite. Mais si
la Lune est la fameuse Astarté ou la
grande , celle qu’il appelle Cabar,
Aphrodite , qu’il lui associe ic i, seroit
son étoile , appellée indistinctement
Vénus, ou l ’étoile de. Vénus. Pareillement
, si' la lune s’appelle Isis , nom
certainement qu’elle eut en Egypte ,
Vénus; dut aussi s'appeler l’étoile d I-
sis, comme elle s’appelloit l ’étoile d’As-
feirté ou de Vénus, et même cela ex-
piiqueroit le passage de Sanchoniaton,
qui dit, qu’Astarté parcourant l ’univers,
trouva une étoile tombée du ciel, qu’elle
consacra dans sa sainte isle de Tyr.
Effectivement Pline (3) nous d i t , que la
belle planète , que les Grecs et les Romains
appelloient étoile de Vénus , les
Egyptiens la nornmoient l’étoile d’Isis.;
Donc les Phéniciens peuvent l ’appeller
l’étoile d-Astarté , comme les Sarrasins
' appeloient Lucifer, ou cette même planète
l’étoile d’Aphrodite , ou de Vénus-
C’est cette affinité et cette liaison intime,
qui embarasse dans la fixation de
cette Vénus amante d’Adonis. Est-elle
la lune, qui a son exaltation au Taureau
équinoxial ?/, est- elle la planète ,
qui y a son domicile ? J’ai cru et j ’ai
écrit , que c’étoit la planète connue
sous ce nom , et je me fondois surtout
sur les témoignages d’auteurs, qui
disent qu’Astarté est une des sept planètes.
Ainsi ont pensé Suidas et un
auteur Syrien cité par Kirker. (4) Mais
ces auteurs ont pu être trompés par
la confusion des noms de Vénus et d’étoile
de Vénus ,‘ ou consacrée à Vénus,
confusion qui avoit lieu même en Egypte
ou, l’on disoit Isis et étoile d’Isis ; et
**. É ,
£3) Pline I. 2. c. 8.
y(4) Mor* isaac. syrus episcop. OEdip. Kirk. p. 3i$*j