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le* Arabes , peuples qui révèroient surtout
Baccbus. Ou ies disoit filles d'Atlas
dans certaines traditions ; d’autres
auteurs, suivant Théon , (i) les appelaient
les filles de Cadmus , ou de la
constellation du serpentaire , qui se
trouve en aspect avec elles et les fait
lever à -son coucher. (/) En effet, en
automne , lorsque le soleil avoit atteint
le Serpentaire ou étoit arrivé chez Cad-
juus , les Hyades étaient les premiers
astres , qui se levaient le soir avec le
Taureau et qui hx.oient le temps du
labourage et des semailles. Ainsi Thyo-
n é , aussi bien que ses soeurs , étaient
des filles de Cadmus , placées sur le
Taureau , qui enleva Europe soeur de
ce prince , et qui portoit, comme le
Taureau Apis, le croissant delà lune
sur l ’épaule. C’est lui qui , s'arrêtant
près du bord de la mer , marqua à
Cadmus le lieu où il devoit fonder Sa
ville aux septs portes , inscrites chacune
du nom d’une planète. La tradition
, qui fait Bacchus fils de Sérnélé ,
dit qusüi que Sémélé était une fille
de Cadntus et par une Conséquence
nécessaire , une de^ soeurs des Hyades |
puisque les Hyades , suivant Myrtile.,
étoient les filles de Cadmus.
La fable suppose que le grand Jupiter
arriva chez Cadiïius ; qu’il eut commerce
avec une de ses filles et qu’au
bclut de sept mois »acquit Bacchus.
Depuis la conjonction du soleil avec
le Serpentaire, oti depuis son arrivée
cluez Cadmus , jusqu’à sün retour au
Taureau équinoxial, il s’écoule six
mois i et il y revient au septième, précisément
au bout du terrlie que l ’an
donne à la durée de la conception dé
Baochus. Alors Sémélé l’Hyade périt
absorbée dans les feux solaires, au
moment où le dieu du printemps reprend
ses foudres , et où la nature va
éprouver l ’action féconde et bienfaifI)
Theon ;nl Arat. Pbæn- p. 12.j.
(zj Diod. 1. 1, c. 14. p. 27.
Diod. I. 4 c. 147.
CfJ Clément Alex. Adhor. ad Gen. Arnob contr,
santé du soleil. C’est alors que Sémélé
accouche d’un jeune enfant, semblable
en tout à Osiris, et qu’on dit être
le fruit d’une Théophanie, (a) Le point
équinoxial du printemps coïncidant
avec le signe du Taureau , dans lequel
sont les Hyades , est toujours en aspeot
avec le Serpentaire, qui le premier
•monte le soir sur l’horison. C'est cette
apparence Astronomique,quia fait lier la
naissance de Bacchus à 1 histoire d’Europe
et de Cadmus , et qui fait entier
dans le cé éuioniai des mystères de
Bacchus (3) le serpent et le taureau.,
comme principaux sirnboles de ce culte.
Aussi donnoit-on aux initiés aux mystères
de Bacchus cette formule secrète
à apprendre ; (4) le taureau engendra
lè serpent, et Le serpent engendra le
taureau. Gesdeux constellations fixaient
les deux époques les pins importantes
du mouvement annuel du soleil, et
fournissaient les attributs de cet astre
au printemps et en autompe. Placées
dans une situation diamétralement opposée
, l ’une fait nécessairement lever
l ’autre, et réciproquement.
Ce Serpent est celui qui s’étend sur
le Scorpion et sur la Balance, et qui
porte sa tête sous la couronne d’A-
xiadne,(5) à qui Bacchus, suivant O vide,
Hygin et Laotance , donna le nom de
L ib é ra ., ou de Proserpine. C’est elle
qui coüronnoit la lune , dans son passage
aux signes inferieurs , et qui s’u-
hissoit au soleil , lôrsqu'en conjonction
avec le serpent, il descendoit aux
régions australes et devenoit Sàràpis et
Pluton dieu des enfers- C’est cette
apparence Astronomique , qud dans
d’autres traditions fit naître Bacchus
des amours de Jupiter métamorphosé
en serpent avec Proserpine, et qui fit
supposer que lé fruit de leurs amours
fut un taureau , qu’on honora sous
le nom de Bacchus. (6) C’est le Bac-
Gent. I. 5.
(5) Ovid‘ fast.1. 3. y. 459 etflÿgin &b. «a4',Lac-
tançe I. 1. c. 10.
(6) Athenag légat, pro chr. p- 77.
chus Zàgreus , dont parle Nonnus et
! qu’il appelle le premier Bacchus. (t)
Cicéron fait aussi le premier Bacchus
fils de Proserpine, et de Jupiter. (a>
Diodore le compté pour le second , (3)
[mettant avant lui le Bacchus Indien ,
j qu’il dit être le plus ancien de tous.
On le peignoir avec une longue barbe.
Peut être est-ce cela qui le faisoit regarder
comme le plus ancien. Pour nous ,
qui ne connoissons de différence d’âge
dans les Bacchus , que celle des images
, dont les formes varioient dans
les quatre saisons , et qui ne comptons
point plusieurs Bacchus, mais uu seul,
dont les filiations varient à raison des
choix arbitraires, que les prêtres firent
de tel ou tel aspect céleste, parmi
ceux qui fixoient le moment de l ’équinoxe
, nous nous bornerons à dire ,
qu’une de ces généalogies faisoit naître
Bacchus du serpent céleste, et de
la couronned’Ariadne, appellée Libéra,
noin que toute l ’antiquité a donné à
Proserpine. Nous ajouterons , que
cette même généalogie donnoit des
cornes de boeuf à ce Bacchus , comme
les Egyptiens en donnoient à Osiris , et
qu’elle le faisoit, comme Osiris , dieu
du labourage et des semailles. Les
etoiLes. du taureau en étoient l ’indication
, par leur lever en automne au
moment de la conjonction, du soleil
avec le serpentaire, qui tient le ser
pent sur la tête .duquel repose la couronne
de Libéra, couronne que Bacchus
plaça aux cieux, dit la fable ,
au moment où il descendit aux enfers.
Voici ce que dit de ce Bacchus Diodore
de Sicile.(4) « Onparled’unsecond
[Bacchus , fils de Jupiter et de Proserpine
; d’autres disent de Cérès. On
prétend qli’il est le premier qui ait accoutumé
les boeufs au joug. Jusqu'alors
Fes hommes cuitivoient la terre de leurs
C1) Nonnus Dionys. I. 6. v. 165. 1 (zj De Nat. Deor. I. 3. c. 21.
(V Diod. 1. ii c- 138—129. 222.
Diod'. c. 139. p. 232.
(SJ Diod- I. j c. 13. p. 25. c. 10 p, 19— i i . c. 9.
propres mains.' (i) Il fut l ’atitear de
beaucoup d’inventions utiles , qui diminuèrent
les travaux du laboureur.
Ses bienfaits envers les h omines lui
méritèrent leur reconnoissance et les
honneurs de l ’immortalité. Il partagea
les hommages , que l ’on rendoit aux
dieux , et on lui immola des victimes.
Les peintres et les sculpteurs armèrent
de cornes son, front , soit qu’ils voulussent
par là caractériser la'nature de
ce second Bacchus , soit qu’ils voulussent
rappeler les services qu’il avoit
rendus aux agriculteurs , par l’invention
de la charrue. p Nous nous rappelons
, qu’on en disoit autant d’Osiris,
ou du Bacchus (5) Egyptien. Car ce
rapprochement est bon à faire , pour
confirmer l’identité déjà bien établie
entre l’Osiris Egyptien , et le Bacchus
des mystères, et entre les fables solaires
faites sous ces deux noms.
On rapprochera aussi decette tradition
lé passage de Plutarque sur les boeufs
sacrés de l'Egypte, dans lequel Philar-
chus disait que Bacchus , pour la pre-
mièrefois, amena de l'Inde deux boeufs,
dont l ’un s’appeloit Apis et l ’autre
Osiris, qui tous deux retraçoîent là
même idée théologique, suivant la doctrine
des prêtres Egyptiens. (6) Ces
boeufs étoient l ’image du Taureau céleste,
comme nous Je dit Lucien, (7)
de ce Taureau qui portoit sur son front
lés Hyades et sur son dos les Pléiades,
les deux groupes d’étoile^ ies plus fameux
par leur rapport avec les opérations
agricoles , comme 011 peut le
voir dans Hésiode , (8) dans Théon,
dans Germanicus et dans tous ceux
qui ont parlé dAstronomie rurale.
Ainsi Bacchus taureau devint le dieu
du labourage ; et on dit dé lui , qu’étant
fort ingénieux il attela le premier
les boeufs à la charrue et ensep.
18.
(S) .Plut, de Iside p. 362.
(.7) Lucian de Astroi- p 986.’
( îj Héajod. Opéra et ijitt. Thesn p, 1347-1135.