r9o OR I C l N E DE T i
d’un homme assis sur un siège de couleur
d’azur, ou' plutôt sur un trône
soutenu par un globe d’azur , qu’on a-p-
pelloit le .ciel. Ce globe étoit traversé par
deux bâtons, dont les extrémités se ter-
ininoient par des têtes de serpens. L ’idole
étoit faite d’un bois précieux ; elle
avoir le front azuré , et par dessus le nez
une bande bleue , qui s’étendoit d’une
oreille à l’autre. Sa tête étoit couverte
d ’un casque de plumes de diverses couleurs,
qui représentoit un oiseau, dont
lé bec et la tête étoient d’or brunis. Son
visage avoit quelque chose d’affreux à
la première vue. Sa main droite s’ap-
pnyoit sur une couleuvre' ondoyante,
qui lui servoit de canne. La gauche por-
toit quatre flèches, que les dévots révé-
roient comme un présent du ciel. Elle
soutenoit un large bouclier,orné de cinq
plumes blanches mises en croix.
On remarquera dans cette figure des
traits caractéristiques, qui rapprochent
cette divinité dü dieu Cneph, dont nous
avons parlé plus liaut. Cneph avoit,
commé le dieu des Méxicains, des plumes
qui ornoient sa tête (1). Il avoit la
couleur bleue foncée, qui approche du
noir. Le casque Cyanée, ou noirâtre,
étoit aussi un des attributs de Piuton,
ou du Sérapis, que le serpent d’automne
enveloppe.
On entroit dans le grand temple de
Vitzliputzli (2 ) , par une vaste place
quarrée, et fermée d’une muraille de
pierre, où plusieurs couleuvres entre-
lassées de diverses manières, au dehors
du mur , imprim oient de l ’horreur, surtout
en jettant les yeux sur le frontispice
de la première porte , qui en étoit particulièrement
chargée.
L ’idole de Vitzliputzli, (3) portée dans
un coffre de roseaux, rendoit des oracles
, lorsqu’elle étoit consultée par ses
prêtres. Ce dieu avoit dicté lui-même
son culte à ses adorateurs : il leur avoit
prescrit les cérémonies , qu’ils dévoient
observer pour lui plaire. Lorsquel’armée
y U S L E S C U L T E S ,
campoit,il étoit placé au milieu du camp
sur une espèce d’autel, et toutes les fois
qu’on se mettoit en marche,ce qu’onn’o-
soitfairequ’aprèsavoirreçusesordres on
•laissoit les Vieillards etles infirmes,pour
former des colonies dans le lieu même où
l ’on avoit campé. Enfin, n’ayant entrepris
le grand voyage de leur établissement
que pour obéir à l’oracle que Vitzliputzli
avoit rendu, les Mexicains ne s’arrêtèrent,
que lorsqu’ils furent arrivés à
la ; terre qui leur avoit été promise par
leur dieu. Vitzliputzli apparut en songe
à un de ses prêtres , et il lui ordonna de
dire à son peuple , qu’il devoir s’établir
dans un endroit d’un lac, où l’on remar-
queroit un aigle perché sur un figuier,
qui auroit sa racine dans un rocher. On
reconnut le la c , on trouva le figuier
sur lequel on vit un aigle, qui tenoit un
oiseau dans ses griffes. Ce fut là que les
voyageurs jettèrent les premiers fondera
erfs de la ville de Mexico. Cette nouvelle
cité fut partagée en quatre quartiers
, qui furent mis sous la protection
d’un dieu tutélaire , suivant l ’ordre
qu’on en reçut de Vitzliputzli, dont le
tabernacle occuppoit le centre.
On se rappelle, que l’Aigle, ou le Vautour
céleste est placé sur la tête du Serpentaire,
et que, si dans la fable Phé
nicienne, on a pu prendre le signe du
boeuf, ou du taureau, pour indication
de la. fondation de la ville Tlièbes,
et l ’aigle pour celle de Tyr ( 4 ), on
pouvoir aussi prendre le lever du Vautour
, placé sur Cadmus , ou sur le Serpentaire
, pour indiquer le lieu de la
fondation de Mexico, ou de la ville où
étoit adoré Vitzliputzli. Cette ville futf
comme Thèbes / divisée en quatre quartiers,
qui regardoient les quatre régions.
Cette division est d’autant plus naturelle,
qu’il y a beaucoup d’apparence,
que cette fondation de Mexico par Vit-
zlipu tzli est une allégorie, comme celle
de Thèbes par Cadmus, ou par le Serpentaire.
Il est encore bon d’observer,
/>) Eufefa. praap. g j. e. n. (3) Ibid. p. 15*.
( a J Contant d’Orville, ifcid. p. 160, Euzebe. prsçp. Ev. £ g. c. II.
OU RELIGION U Nil V ERS ELLE. 151-
Ætie c’est dans le mois où le Soleil par-
eourroit l’ancien signe équinoxial, le
Taureau, qui avoit, pour Paranatellon ,
le fameux Cadmus, ou le Serpentaire,
eue l ’on céiébroit la fête de Vitzliputzli,
ou du dieu aux attributs de serpent,chez
les Mexicains. C’étoit en effet au; mois
[de Mai que se céiébroit sa fête (i), Peux
iours avant cette solemnitédeux vestales
paîtrissoient, avec de la farine dé:
maïs et de miel, une statue qui représentoit
cette divinité. Lorsqu’elle étoit
manifiquement parée, on la plaçoit sur
un trône de couleur d’Azur. Le jour de
la fête , aux premiers, rayous du Soleil,
toutes les vestales , deux à deux, mon-
[toient au temple , vêtues de robes Manches,
couronnées de maïs rôti avec des-
grains de maïs enfilés j le reste des bras
couvert, jusqu'aux poignets , de plumes
rouges , et les joues peintes dé vermillon..
Ces jeunes Vierges prenoient ce
jour-là le nom de soeurs de Vitzliputzli j
[elles posoient sur un brancard l ’idole
de leur frère*, dans la cour du temple-.
Là les jeunes hommes s’en enaparoient,
et l’alloient. placer au pipd des grands
degrés ,. où le peuple venoit en foule,
l’adorer , ren se jettant un peu de terre
sur la tête. Alors on alloit procession.-.
[ Bellement j«5qu’àunemontagne,quipor-.
toit le nom-de Chapultepeque, où lfon
faisoit un sacrifice, et après deux antres
[stations, on revenoit à Mexico. Au retour,
les jeunes gens portaient le brancard
au lieu.où ils s’en étoient chargés
I et ils l’élevoient au haut du temple avec
des cordes et des poulies, au bruit d’un
grand nombre d’instrumensC’étoit dans
ce moment,que le peuple redoubloit se&-
adorations,, et qu’il parsemoit de roses
et d’herbes odoriférantes tous les environs
du temple.. Ceci fait,, les vestales
venoient présenter aux prêtées de petits.
Morceaux de la pâte ,. qui avoit servi à
former l ’idole, et qui avoient la forme*
“ os y ils étoient consacrés avec beau-
coup de cérémonies, pendant que .les
vestales figüroient quelques danses, e*
chantoient des cantique» à la gloire de
l ’idole. Ces parcelles de pâte étant consacrées,
les prêtres faisoient approcher
les victimes humaines , qui étoient toujours
en grand nombre dans cette solemnité
, et ils consommoient leur barbare
sacrifice. Es distribuoient au peuple ce
pain mystérieux. Chacun en recevoit un
morceau avec une apparence de piété ,
qui alloit jusqu’aux larmes , et le
mangeoit avec l'a même dévotion ,
croyant manger la chair de son dieu -r
car on appèlloit ces parcelles , les os et
la ehair de Vitzliputzli. Ce récit est du
père Acosta (a)*- Peut être ce frippon de
prêtre a - t - i l voulu trouver jusqu’au
Mexique des preuves de l ’institution de
son, Eucharistie , que nous verrons bientôt
avoir été établie autrefois en Perse,
dans lesmystères de dieuSoleil, Mithra.
Au reste, il ajoute qù’osti voit par-là, que
Satah s’étoït efforcé d’usurper pour lui
l’honneur et le service qui n’est dû qu’ài
dieu seul. C’est uneadmii able raison,que
donnent aussi les Pères de l’Eglise, en
parlant des cérémonies du culte Mithria-
que, qui ont une grande ressemblance:
avec celles du culte des Chrétiens.
Je laisse au- lecteur à apprécier leré-
ei-t du père Acosta, et les rapports sensibles,
qui, d’après lui, semblent exister
entre les cérémonies-religieuses du nouveau
monde et celles des Chrétiens. Je
- me borne ici- à l-’examén des attributs de
l’idole de.. Vitzliputzli, qui me parois-
sen tsou s beaucoup de rapports , les.
mêines. que ceux de l’Hercule Serpentaire,
de Chrêne ,. d’Esculape jide Sérapis
et de toutes les divinités aux forrn ea
de serpent, que nous avons* vu* révé-
réesdans, l’ancien monde. Comment ces.
formes des idoles du Soleil, prises de*
l’Astronomie , ont-elles passé au Mexique?
c’est ce que j ’ignore. J’observe seulement,
que le dieu Soleil étoit revêtu de;
ces attributs, et adoré sous ces forme»
en Egypte , et en. Phénicie. Que lès Phé-
O j BiitLp. ï68. Acofta. I. 5, c. 2-a