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pourris., enchâssés dans iA’t)EëUl;là%-
gcint, deviennent autant de dieux bien-
liisans , qui, invoqués , ont le pouvoir
de détourner de dessus la tête de leurs
adorateurs les plus grands fléaux ï Un
étranger, qui voyageant chez nous pren-
droit cette idée de notre religion et qui
la consigneroit dans la relation de ses
voyages , n’auroit-il pas évidemment
pris le change sur la nature de la religion
Chrétienne et iegardé l ’erreur du peuple
comme le dogme de ses prêtres ?
N’est-il pas clair que, s’il eût interrogé
les prêtres et les docteurs do cette religion
, ils lui auroient d it , que ies'hom-
jnnges1 rendus aux objets ma toi iels ,
proposés à la vénération du peuple ,
se rapportent à des êtres invisibles ,
dont ces objets sont l'image , et auxquels
ils ont été dédiés ? que des images
, par cela même, sont respectables ,
côinme celles de la liberté , de l’égalité
et de la loi, qui ne sont cependant
ni la liberté, ni l ’égalité , ni la loi ?
Nous devons donc raisonner de même
, sur le culte idolâtrique des anciens
peuples , et ne voir dans les images de
leurs dieux, que des images et non des
dieux , sous quelque forme qu’ils aient
l’endu leurs idées théologiques, et représenté
les objets premiers et réels
de leur culte. Nous ne dirons donc pas
avec’Juvénal , que les Egyptiens ( 1 )
adorè'rént le Boeuf, le Chien, le Bélier,
l’Epervier , le Crocodile , le Bouc , le
Poisson ôxyrinque , l ’Ibis , le Lion , le
Loup , l ’Ichneuinon , le Chat, parmi les
animaux et parmi les plantes , l’oignon
, le lotus, $cc, mais nous dirons,
que les Egyptiens choisirent dans lé
règne végétal et animal les plantes et
les animaux , qu’ils crurent les plus propres
à représenter le' caractère et lés'
opérations de leurs dieux , c’est-à-dire
la nature, ses parties , et le jeu des
causes éternelles , d'oug-résultent tous
les effets produits ici mas , dans lesquels
les causes aiment souvent .à se
/i) Juvenal sat. 15.
U S L E S C U L T E S ,
peindre elles-mêmes. Porphyre nom
donne la véîTtable idée , qu’on doit se*
former.de cés images, soit vivantes, soit
inanimées , par lesquelles les anciens
ont cherché à exquisser les tableaux
variées de la nature et de ses opéra-
tions , et à rendre, sous desformes-sen.
sibles, l ’action de la forêfe féconde et
invisible, qui meut et anime l ’uni-
vers (i). Il dit, que ceux qui ne voient
dans ces statues de dieux, que dos
figures d’hommes, ou des masses de
pierre et .de bois, ressemblent à ceux
qui ne. voient dans un livre que du
papier ou des tablettes.
Nous ne devons pas plus voir dans
les animaux sacrés et dans les figures
dés dieux les êtres réels, que l’on ap-
pèrçoit, que nous n’avons vu des histoires
réelles, dans les récits merveil-'
leux des aventures des dieux. Tout
découle du même génie. On chantais
nature en style allégorique ; ohlapeih
gnit par des imâges symboliques ; e£
dans les 'images des dieux , comme
dans leur histoire , l’.esprit doit so
porter au-delà des premières idées, qui se
présentent à lui au premier coup-d'oeil;■
Les figures des dieux , simples 011
Composées, peintes ou sculptées, sont
donc des caractères d’écriture , mais
d’une écriture , dont tout lé monde n’a
pas l ’intelligence. C’est là l’écriture sa:
crée , dont les prêtres seuls et quelques
savans connoissoient le sens. Or toute
écriture a pour but de peindre des
objets, soit-corporels, soit intellectuels,
tantôt immédiatement, par les expressions
naturelles des choses , comme
font la peinture et la sculpture, tantôt
immédiatement , par L’entremisé dcS
sons qui en réveillent l’idée , ou à farde
de symboles et de formes allégoriques,
qui ont des rapports naturels
ou do conventibn avec lès objets qu’oit
Veut indiquer. Les Egyptiens avoient
imaginé ces différens genres d’écriture
, et en faisoient usage plus qu'ai*
MJ Polphyr apud-Éuseb. praep. evang. 1.3, c* 7. P 9I>
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eun autre peuple. Ils se servoient
d’une écriture courante, qu’ils em-
ployoient dans le style épistolaire et
dans les contrats (1). Les scribes sacrés
avoient une écriture particulière pour
leurs livres, et qu'on peut appëller
écriture sacerdotale. Enfin ils en avoient
une troisième, qu’on appelloit écriture
hiéroglyphique , dont les caractères
servoient à tracer les images des
dieux et les idées religieuses. La première,
simple et élémentaire, conte-
noit l’expression propre et naturelle
des mots. La seconde, composée de signes
symboliques, éroit une expression
des choses par imitation ou par
allégorie (2). Ainsi on rendoit, par imitation,
l ’idée du Soleil et de la Lune,
en peignant un cercle et un croissant.
On employoit l’allégorie et les tours
figurés dans le* fictions théologiques. La
troilième espèce d’écriture étoit plus
énigmatique. I c i, ce n’est plus par une
étoile que l’on peint un astre , mais
par l’image d’un serpent, dont la marche
tortueuse imite la route oblique
des astres fixes sur l’horizon, & des
Planètes dans le Zodiaque. Ce n’est
plus un cercle qui sert à peindre le
disque du Soleil; c’est l ’animal appelle
Scarabée , qui pousse avec ses pattes le
globe de matière,dans lequel il dépose
sa semence. Après l’avoir arrondi, comme
le globe lumineux qui verse la cha
leur sur la terre, il le roule à rebours,
comme" le Soleil , lorsque cet astre,par
son mouvement annuel , marche contre
l’ordre des signes (t'y). Cette dernière
espèce d’écriture fut appellée
par excellence sacrée ou hiéroglyphique,
parce quelle fut employée à peindre
la nature des dieux, leurs caractères,
leurs formes et leurs actions. Elle
est toute entière fondée sur les rapports
que l’on crut observer , entre les corps
sublunaires , et les corps placés dans les
régions supérieures du monde, entre
ffICIeij). Alex. Saturn. 1. 5. p. rjj.Herod. !. »• c. 36.
fa) Ibid. p. 556.
Relig. Univ. Tome II.
les animaux terrestres et les animaux
célestes, ou les astres supposé; animés
etintelligens, et qui avoient propagé
ici bas leur image, dans les animaux ,
dans les plantes et dans les pierres mêmes.
La divinité sembloit s’être reproduite
et peinte par-tout avec ses innombrables
formes , et avoir créé et disséminé
autour de nous les images variées
de ses facultés et de ses opérations ca-*
chées , de manière qu’il suffisoit à
l’homme de jeter un coup d’oeil observateur
sur tout ce qui l’environnoit,
pour rassembler tous les caractères de
l’écriture destinée â transmettre à tous
les siècles les mystères les plus secrets
de la nature. C’est cette observation
suivie du caractère et des qualités des
différens animaux, des propriétés ou
des formes des plantes, des pierres et
des métaux, qui a fourni aux savans
Egyptiens l’immense dictionnaire, qui
leur a servi à écrire l’histoire de la nature
, et à la graver dans leurs temples
, sur leurs obélisques et sur cette
foule de monumens, qui ont échappé
au temps , et aux barbares, sans aucun
fruit pour nous , qui n’avons pas assez
étudié la nature, pour recomposer leur
dictionnaire sacré. Néanmoins,quoique
nous ne pénétrions pas le sens de tous
ces emblèmes , nous ne leur en refuserons
pas un, à moins que nous ne voulions
tomber dans l’erreur de ceux ,
dont parle Porphyre , qui ne voient
dans ces colonnes sacrées, que des pierres
, et dans les livres , que du papier
et des tablettes,
Nous verrons donc dans les figures
hiéroglyphiquesdes Egyptiens, même les
plus monstrueuses, des expressions d’opinions
sages, et dans lesanimauxrévé-
rés chez eux les caractères de leur écriture
saci ée. C ’est ainsi que l’EgyptienClé-
ment, évêque d’Alexandrie, (3) appelle
des caractères d’écriture les quatre statues
dorées, que l’on pot toit dans les
f3J Clem. Alex. Str. 1. 5. p- S<7-
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