naissance et de la vie du dernier
des Bacchus, ou du fils de Sémélé,
fille de Cadinus et petite fille d’A-
génor.
Ce Bacchus a tous les traits des
précédées ; aussi , dit-on , qu’il cher-
cha à imiter les premiers, et à rivaliser
avec eux ( 1 ) : qu’il parcourut
l ’Univers avec ses ai mées, afin de faire
recevoir par-tout ses précieuses découvertes
, et qu’il apprit aux hommes à
enrichir leur sol par des plantations
d’arbres fruitiers. C’est avec des fêni-
mes armées de simples thyrses , e.t
qui fo rmoient des choeurs de danses ,,
qu’il cherche à conquérir l'Univers j
c’est au sein des plaisirs , des jeux et
des délices , qu’il prend les traits de
volupté qui doivent assurer sa puissance
et subjuguer tous les mortels.
Il établit par-tout des assemblées ou
fêtes publiques ( 2 ) , donne des jeux,
et charme les oreilles par des concerts
mélodieux . Ce n’est pas seulement
des biens , qu’il communique
aux hommes ; ce sont des plaisirs et
des jouissances délicieuses qu’il leur
procure, afin de se les attacher plus
sûrement. Aussi tous les peuples s’empressent
ils de le recevoir, à l ’exception
d’un petit nombre de peuples de
moeurs austères et farouches, qui repoussent
le plaisir qui amollit l’aine
et un culte qui efféminé les hommes
( 3 ). Mais leur rudesse leur attire
la vengeance du dieu de la joie
et des plaisirs. Le chef farouche des
Thraces belliqueux est une de ses
victimes , ainsi que le fameux Pen-
thée, ou Deuil qui régnoit à Thè-
bes. Les coeurs les plus rebelles aux
attraits du plaisir et aux doux sen-
timens de la joie sont subjugués et
forcés de reconnoître l’empire du
Dieu, qui réjouit toute la Nature.
( i ) Diod, !. 3 C. I4Î p. 243.
< 2 ) Ibid. I. 3. c. 139. p. 233.
f 3) IM- v. 139- P- 234-
( 4 J V m b 4 c. 139. p, 233.1. 4. c. 147. p. *48.
Sa naissance et son éducation l’-avoient
voué au plaisir ( 4 )• Les Grâces
avoient pris soin de ses premiers
jours ; et les Nymphes avoient entouré
de fleurs son berceau, dans l’an-
tre délicieux de Nysa en Arabie , où
Mercure lavoit déposé. Il étoit d’une
complection foible , délicat, d’une
charmante figure , et d’un tempérament
enclin aux plaisirs de l ’amour.
Il eut pour instituteur le bon Silène,
qui le suivit dans toutes ses conquêtes
et le conduisit à la victoire et à
la gloire sur les roules du plaisir. Il
égaye sa marche par des festins , et
fait couler pai-tout le nectar délicieux
, dont il a trouvé ia source
dans la vigne qu’il a découverte et
qu’il a su cultiver. Ii prend ( 5 ) les
Muses pour compagnes de son expédition
, afin qu'elles répandent sur sa
marche l’agrément, qui naît des talens,
et sur-tout de Ja musiquq et des chants
auxquels elles président. Il est bon
de se rappeller qu’Osiris ( 6 ) en fait
autant dans la ficiion Lgyptienne sur
les voyages* d’Osiris, que nous avons
expliqués à l’article-de ce LLu.; ce
qui rapproche les traits de 1 histoire
du Bacchus Grec de ceux du Bacchus
Egyptien ou d’Osiris , dont nous prétendons
que la fable Grecque n’est
qu'une copie (7). Ou lui associe aussi,
comme à Osiris, des Satyres , qui
par leurs plaisanteries et leurs farces
comiques , cherchent à l ’amuser ( 8 ).
Car ce nouveau tiait est encore commun
aux deux histoires. Il lait jouer
des pièces de théâtre , qu’il accompagne
d’une excellente musique j et
il accorde aux artistes distingués dans
ce genre de talens les plus brillantes
récompenses. De tous les présens qu’il
fait aux hommes , le vin est un des
plus piécieux 5 c'est le fruit de ses
( s 1 Ibid. p. 249.
(6 ) Diod. f. 8. c. 11 p. 22» ci-dessus c. a»
( 7 ) Diod. 1. 1. c. il* p- 22.
(Ü J Ibid. I.4. c, 149. p.-251*
heureuses
OU R E L I G I O N U N I V E R S E L L E .
I [heureuses découvertes ( 1 ). Il porte
I ‘ Ja paix et la concorde chez les dif-
I férens peuples où il passe , et rap-
I pelle les hommes à cette fraternité,
I [qui fit le bonheur de l’âge d’or.
Api es son expédition qui le condui-
I Ssit jusqu’aux extrémités orientales du
I [monde , dans l ’Inde , il revint à
I Thfebes triomphant monté sur un su-
I perbe élêpliant. Les Béotiens , les
I Thraces et les Grecs , pour conserver
I le souvenir de cette brillante expé-
I [ ditiôn , établirent les fêtes Triéteri-
I ques ( 2 ) en honneur de ce Dieu et
I dû séjour qu’il avoit fait parmi_ les
I hommes. Les femmes chargées de la
I [célébration de cos mystères , sembla-
I t blés aux Bayadieres de l’Inde , et aux
I ; Ménades, que Bacchus mena avec lui
I dans son expédition , renouvelloient
H tous les deux ans l’image des voyages
I | de Bacchus, de ses conquêtes et de son
I triomphe. On publioit qu’à son retour
I j dans sa patrie ( 3 ) il avoit remis
I toutes les villes en liberté , et qu’il
I [avoit bâti la ville d’Eleuthère, dont
I le nom est celui de la liberté. Il par-
I tagea les honneurs de l’immortalité
I avec Cérès , qui avoit trouvé les ali-
I mens secs, comme Bacchus les ali-
I mens humides, et tous deux reçurent
I les hommages dus aux inventions les
I plus utiles à l'humanité ( 4 )• Ce sont
I j là les bienfaits que l ’on célébroit dans
I [les fêtes de ces deux divinités tutélai-
I 1res de l ’agriculture, et qui ne sont que
I [Ceux du soleil et de la lune, à qui
I [ l’administration de ce monde sembloit
I [confiée. , Dans toutes les traditions
I Cosmogoniques ( 5 ) des Indiens, des
I Libyens , des Egyptiens et des Grecs ,
a .Bacchus, ou Osiris, que Plutarque ( 6 )
I nous dit présider à tous les fluides
I hui servent à la végétation , et qui
» CO I. 4. c. 148. p. 249 c. 147. p. 248.1. 3, e. 139.
■ p . 233. - •
[ (XD- 4- c. 148. p. 248.
I (3) Ibid. c. 147. p. 248.
I (4) 9- 249.
I (5) Diod. I. 3. c. 138.- 139.p. 232,1. i.>c. ro.p. 19.
Relig. JJniv. Tome IL
3.5
en sont le fruit , étoit censé distribuer
le vin et présider aux fruits,
dont les hommes ( 7 ) tiroient toutes
leurs boissons , même à la bièie.
C’est encore un point de rapprochement
entre Osiris et Bacchus ; car
on dit de tous deux , qu’ils enseignèrent
l ’art de faire la bière dans tous
les pays où la vigne ne pouvoit pas
être cultivée avec succès ( 8 ), L ’Osi-
ris Egyptien , & le Bacchus des
Grecs , avoient tous deux été élevé*
à Nysa en Arabie, dans le voisinage
de l’Egypte (9 ) . C’étoit une ville
consacrée au culte de ce Dieu , près
de laquelle étoit une haute montagne,
couverte de bois agréables. C’est
dansce lieu charmant ( 10) qu Osiris, et
Bacchus , soit le Libyen, soit le Grec,
avoient découvert les premiers plans de
vigne,dont ils cueillirent les raisins pour
en exprimer le jus. Voilà donc un
point central auquel aboutissent toutes
ces traditions , et une broderie
commune aux romans sur Bacchus ,
dans lesquels on peint un prince bienfaisant,
qui verse la coupe du plaisir
partout où il passe, et qui par ses
bienfaits , et principalement par les
récoltes de l’automne et par le jus
des fruits qu’il a fait croître et mûrir ,
mérite la reconnoissance des hommes
dont il fait le bonheur. Les différentes
nuances de ces diverses broderies se
rapportent toutes à cette couleur unique
du portrait de Bacchus. Les traditions
différentes , qui tantôt s’écartent
, tantôt se rapprochent et .se touchent
en plusieurs points, se confondent
toutes dans ce centre commun,
qui fait de Bacchus, comme d’Qsiris,
un pénie bienfaisant qui préside à la
végétation des plantes et des arbres,,,
et au bien qu’épronvela terre, depuis
(6) De Iside. p. 365.
(7) Died. 1. 3. c. 14?. p. 239. I. 4. c. 147. p. 247.
(8) Diod. I. 1. c. 12. p. 25.
(9 ) L. 4. c. 147. p 248.
• (.10) L, 1. c 10. p. 19.1. 4. c. 147. p. 248.1. 3. c. 14*.
F- 239.
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