le souffle fît accoucher Sémélé , au milieu
des feux et des éclairs , qui rem -
fl*rer,t dune brûlante lumière la couche
de cette amante indiscrète : ainsi
tjue la naissance de Bacchus , qui reçut
deux fois le jour. Il prie sa muse de
faire^ paroitre^ devant lui le fameux
Protee (1), qui habite I’isle de Phare,
afin quecedien, fécond en métaraor-
plioses, accompagne ses chants, et que
prenant ses formes variées il lui rappelle
les divers tableaux de l'histoire
de Baccîius , qu il doit lui opposer. Si
Protee , dit-il , se change èn dragon
tortueux , je chanterai alors les géans ,
dont les têtes etoient hérissées d’affreux
serpens , et que Bacchus défit armé de
son seul Thyrse. S’il se métamorphose
en fleuve, je chanterai Bacchus au sein
1 des eaux dans son combat contre Lycurgue.
Ainsi du reste.
L invocation finie, le poète porte l ’esprit
du lecteur sur la partie du ciel, où
doit commencersonpoëme,-surle taureau
éqmnoxial de printemps, qui, suivant
la fable , servit à la métamorphose de
Jupiterdansl’enlevement d’Europe. Il le
porte également sur les deux principaux
paranatellons de ce signe , savoir sur
le cocher, qui-tientla chèvre et les chevreaux,
etsur le serpentaire Ophiucus(zr)
appelle autrement Cadmus. La première
de ces constellations, le matin
du premier jour de printemps , précé-
doit à l'Orient le char du- soleil et
annonçoit l ’aurore ; et la secondeétoit
anx portes de lOrient le soir, et ou-
vroit la marche de la nuit. 11 fixe
donc notre attention snr.le signe céleste
pù arrive l’équinoxe de printemps , et
siir les deux constellations principales
qui, le matin et le soir , détermi-
noient tous les ans cette importante
époque du renouvellement de la nature
et le commencement du règne du bon
principe , soit Ormusd , soit Osiris, soit
Bacchus, à qui l ’hyver, et Typhon
Ci) v. 14.
O ) v. 45-
chef du mal et des ténèbres alloient
faire place. Telle est l ’idée Cosmogonique
qui sera rendue dans les trois
premiers chants de ce poème.
Le poète entre donc çn matière
en racontant l’en’èvement d’Europe
par Jupiter déguisé en taureau, et les
courses de Cadmus , à qui son père
donna ordre de chercher sa soeur; c’est
à-dire qu’il chante le signe céleste dont
Jupiter , le soleil et lame du monde
doivent prendre la forme au moment où
la- terre va être fécondée. Toute cette
aventure Cosmogonique, est poétiquement
racontée. On y voit Jupiter taureau
sur le rivage du Tyr, te) la tête
parce de superbes cornes, qui fait reten-
tir 1 air de ses amoureux mugissemens ’
et prete son dos à l ’imprudente princesse
qu’il emporte au milieu des flots.
LepoetenouspeintEurope effrayée, dont
la robe neanmoins n’est pas mouillée
par les eaux. On l ’eût prise pour Thé-
tis , (3j pour Galatée , pour l ’épouse
de Neptune et même pour Astar'é
ou Venus portée sur le dos d’un Triton.
Neptune lui-même est étonné de
la vue du boeuf navigateur ; et le Triton,
qui reeonnoît Jupiter à ce mugis-1
sement imposteur , prend sa conque
et entonne les chants de l’hyménée.’
Cependantla nouvelle épouse, se tenant
aux cornes du taureau divin, naviguoit
non pas sans crainte , sous les auspices
de 1 Amour, qui lui servoit de pilote
tandis que le souffle des vents enfloit
les pans de sa robe (4) ondoyante.
Comme nous ne prétendons point
donner une analyse complété du poème
des Dionysiaques, dans toutes ses
parties de detail , mais seulement en
esquisser,le dessein, dans les rapports
qu a Ja marche du. poème avec celle
des cieux , nous ne suivrons pas plus
loin la description de cet enlèvement
et des jouissances de Jupiter taureau.
-Nous dirons seulement,, qu’arrivé en
(3) y - s i
(4) V> 70,
jjprète le maître de l ’Olympe se dépouille
de ses formes effrayantes , (i)
et prend la figure d’un beau jeune
homme. C’est sous cette forme qu’il
prodigue ses caresses à son amante éplo-
rtso, ceuille les prémices des fleurs
de 1 amour, et qu’il la rend mère de
deux jumeaux. (2) Son amant la laisse
entre les mains d’Asterion , et place
aux cieux le taureau qui lui - a servi
dans sa métamorphose. Il brille dans
l ’pjympc sous les pieds du Cocher, (3)
I l sert de monture au soleil du printemps
, etendant son pied droit vers
Orion. Le poète nous peint les rap-
jjprts dans lesquels le coucher et le le-
J?r du Taureau se trouvent ave« ceux
|Mu Cocher et d’Orion, absolument
4e la même manière qu’Hygin , (4)
Théon(,$) et tous les Astronomes mythologues
décrivent ces aspects , qui faisaient
la base des anciens poèmes.-
■ Cependant Cadmus s’étoit mis en
marche pour suivre les traces du ra-
jS;>eur de sa soeur ; et voyageant (6)
jfr Pays en pays , il étoit arrivé près
dp 1 affreuse caverne d'Arhné, oùju-
Pper avoit déposé sa .foudre , lorsqu’il
TJmluty donner le jour à Tantale. (7)
jM est que Typhée géant de Cilicie,
OÙ Typhon la découvrit, averti par la
^ •n e e qui s’éievoit de l ’antre où étoit
. foudre encore mal éteinte. Il s’en
^Bisit, (8) et fier d’être maître de l ’arme
US I-ü| 1 Olympe , il fait retentir tous
■ échos d’alentour du son terrible de
S# voix. Aussitôt tous les dragons ses
1» res > (9) sous les formes Mes plus
^■ reuses, s’unissent à lui pour déclarer
Mgueirc au cièh Ses mille bras ( 1 oj
jo u e n t violemment le Pôle et les
• r s e s qui le défendent y ils portent
1 » v' 344-
ï i 35».
■ ) v- 356.
W) Hygin g 3.
■ )T h eo n . 17 6 , 177.
V v. 138.
(? ) 147.
<b '55.
descoups terribles au Bouvier, gardien
des Ourses. L etoile du matin, l ’aurore,
les heures, tout est attaqué : la clarté
du Jour est obscurcie (z) par l’ombre
noire i de Ja chevelure des géans formée
d horribles serpens. La lune pleine
monte avec le soleil pendant le jou r,
et l’empire des deux astres se confond.
(11) Le géant, continuant ses hostilités
contre Fe ciel, s’éloigne du Pôle
et va livrer plusieurs assauts au Cocher,
ala Chèvre, au Poisson,et au Bélier (12)
situe vers le milieu du ciel, et près
du Pjint où les nuits égalent les jours.
Il eleve sa tête altière jusqu’aux nues ,
développe cette armée de bras (13) et
de serpens dont son corps affreux est
environné. L ’éclat du ciel en est obscurci.
Un des serpens s’entortille autour
du pôle , et étend ses plis et ses-
replis sur le Dragon des Hespérides.
Un autre s’allonge sur le serpent d’O-
phiucus , (14) et se repliant, forme une
couronne sur celle d’Ariadne. Nous ne
suivrons pas plus loin les détails du.
combat de Typhon contre les différens
astres , contre la lune et les heures ,
qui arment leurs bataillons intrépides
, qu’elles rassemblent des quatre
coins du monde. Il attaque Orion, (îS)
qui tire sa redoutable épée , le Chien
qui ouvre sa large gueule et en général
toutes les constellations qui lui résistent..
Cet endroit du poème est presque
une description complète de la sphère
4es signes , des zones et des constellations.
<|
Mais nous ferons remarquer,que tout
ce [morceau n’est que le développe-'
nient po.etique de la guerre que les
litanset les Géansàpiedsdeserpent firent
aux dieux % à Jupiter,- que les mauvais
- Ï9) y. »sfr-. — «
Cio) v. 16c.
(1 1J v. 175.
(12) v. 180.
(13) V. 185. • 3g -S
(14) V. 200.
O s ) v . 235. je u * •->