monie , et Jupiter au palais de Ju-
non. (i)
Cependant l’amour, ce dieu adroit,
qui ne prend de leçons que de lin-même
et qui gouverne le temps, après avoir
ébranlé les portes ténébreuses ducahos
primitif du monde , l ’amour s’avançoit
avec son carquois, qui renfermoit les
douze traits de feu destinas (ra.) à percer
le coeur de Jupiter dans ses diverses
métamorphoses, (a) Chaque floche avoit
son inscription , qui marquoit sa destination.
La première (jss) étoit celle
qui le perça, lorsqu’il devint amoureux
de la belle Io, (3) métamorphosée en vache
et placée ensuite dans la constellation
du Taureau. La seconde, servit aux
amours de Jupiter et d'Europe. La troisième
â ceux de Jupiter Pluton ou serpent
avec Proserpine. La quatrième aux
amours de Jupiter pluie d’or avec Da-
naé. La cinquième le rendit amoureux
de Sémé'é. La sixième ( ra ) d’Egine,
sous la forme d’aiglè- La septième le
rendit amoureux d’Antiope. La huitième
de Léda, La neuvième de la
nymphe Dia - Perrebia, sous la forme
du cheval. La dixième le fît
amant d’Alcmène. La onzième deLao-
damie , et la douzième d’Olympias.
( 4 j Ce fut la cinquième fléché que
prit l’amour , pour l’adapter à son
arc.. (5) Il l'entrelace de' lierre et la
trempe tonte entière dans le nectar ,
afin que Bacchus fasse monter le jus
que nous donne l’automne. Ici le poète
nous peint la jeune Sémélé , qui dès le
matin , aussi vigilante que l ’aurore y (6)
fouettoit des mulets attachés à un char,-
et cela à la suite d’un songe, qu’elle
avoit eu et dont le poète nous donne
(O v. 109.
(1 ) y 116.
(3 ) V. 118.
(4) v. 128.
(5t v* J3>- (6jv. 137.
(i) v. 153- £8) v. 164-
les détails. On y remarque sur-tout un
présage qui annonce la fondre , dont
elle sera frappée («2) et le soin que prit
Jupiter de son fruit , qu'il cacha dans
sa cuisse, jusqu’à ce qu’il eut amené à
terme un fils armé des Cornes du taureau
, (7) et quisembloit être de la nature
de cet animal. C’est une précieuse
circonstance, qui nous foit voir, que le
fils de Sémélé , comme celui de Proserpine
, avoit les mêmes traits taurifor-
mes. Cadmus son père consulte Tire-
sias et Europe sa fille au temple de Minerve,
pour sacrifier à Jupiter,dieude la
foudre, un taureau , qui retraçoit l ’image
du dieu Bacchus , (8) et un bouc
ennemi des fruits de l ’automne. De là
Sémélé passasur les rives de l’Asopus, on
elle descendit pour sebaigner. (9) Ce fut
là que Jupiter l’apperçut au moment où
elle s’amusoit à nager. (10) L’amour lança
son trait dans le coeur du Dieu , (11)
qui,pour mieux observer son amante, se
métamorphose en aigle et voltige sur le
fleuve où elle se baigne, (12) Ici le poète
décrit l’admiration du maître des dieux à
la vue des charmes de la belle Sémélé,
qu’il compare à Vénus. (i3) L ’éclat du
jour nuit à ses amours ; il presse le soleil
de finir sacourse,et il appellela nuit trop
lente à venir prêter ses voiles au mystère
de ses jouissances. (1.4) Enfin la nuit
arrive; le ciel ne brille plus que de l ’éclat
des étoiles j (i5) Jupiter descend
chez Sémélé, et lui prodigue ses faveurs,
en prenant pi ès d’elle toutes les formes
que l ’antiquité donne à Bacchus, (16) ou
qui tiennent à ses attributs. 11 passe successivement
par les formes du taureau ,
(r2) du lion, delà panthère et du daim qui
fournissent l’habillementdeBacchus ; par
celle du serpent tortueux, pour donner
C9) v. 185.
( io ) v. 190.
( iO y* zoo.
(12) v. 214.
(W V. 231.
(14 ) v. 285.
(15) v. 310. .
(16J, y* 320 &c.
I naissance au dieu qui tient le sceptre de
( l’automne. (1) Jupiter se fait enfin con-
1 ïioître à son amante , (2) devenue mère
I au milieu des fleurs , que la terre fait
[ alors éclore de son sein , et du bruit des
[foudres du maître du tonnere. Il la con-
Isole et il lui promet de la placer un jour
[dans les champs de l'Olympe où brillent
les astres. (3) .
C h a n t ii h i t i e m e.
Après avoir consolé Sémélé, par la
1 comparaison qu’il fait de sa destinée
avec celle de ses autres amantes, Jupi-
[ter remonte aux cieux, et laisse la fille
de Cadmus enceinte, dans le palais de
son père. (41 Ses formes s’arrondissent et
trahissent sa grossesse. Déjà elle prend
du goût pour le lierre , dont elle entre-
Slace la couronne (5 ) qui orne sa tète.
Entend-elle le son de quel qu’l nstr-u ment?
déjà elle se prépare à danser et à imiter
Jes choeurs des Bacchantes ; (6) et son
fils qui s’agite dans son sein semble
accompagner sa mère. (7) Mais bientôt
il’envie , sous la forme de Mars, (8) lui
suscite pour ennemies Minerve et Ju-
non. (9) Elle rappelle à Junon les infidélités
de son époux, dont le ciel retrace
encore toute l’histoire , depuis
qu’il y a transporté presque toutes ses
amantes , et les enfans qu’il a eus des
femmes mortelles. (10) Callisto occupe
le voisinage du pôle. Les sept pléiades
[forment aux cieux leur choeur. Electre
‘en effet y mêle son éclat avec celui
|de la lune. ( 11 ) Apollon est fils de
Latone. Ganymède, né mortel, habitera
! (0 33*-
i O ) v. 350.
(3) v. 358.
I (4) Dionyfiaq. L. 8. v. 7.
(S) v. 10.
1 (/') v. 16.
( 7) V. 28.
(8) v. 39.
(9) v. 48.
Cio) y. 72.
donc les cieux ? on y verra arriver un
jour Sémélé et Bacchus ; et briller
Ariadne avec sa couronne? (12) Non, dit
Mars ou plulôt l’envie sous sa forme ,
je ne puis plus rester aux cieux , pour y
voir transplantée toute la race des mortels.
Je vais me retirer en Thrace, (i3)
plutôt que d’être témoin de cette profanation
du temple des dieux, et de voir
Andromède, Persée, sa tête de Méduse
et son harpé et les formes horribles
delà Baleine. (14) Ainsi parloitl’en-
vie , jalouse des destinées de Sémélé ,
qui l’appeloient aux cieus avec son fils.
Junon médite dès ce moment un stratagème
, pour se venger de cette nouvelle
amante. (i5) EUè s’adresse à la déesse
de la fourberie , qui erroit sur les montagnes
de la Crète , son séjour familier.^
6) Elle lui conte ses chagrins et ses
alarmes : (17) elle loi dit qu’elle craint
que Jupiter ne finisse par la bannir du
ciel, et qu’il ne fasse de Sémélé la reine
des c i c / / 18, Elle la prie de la servir et
de lui prêter sa ceinture magique , afin
qu’elle puisse par ses charmes rappeller
dans l’Olympe Mars son fils, qui s’en est
exilé. {19) La déesse de la fourberie,
trompée elle même par Junon , lui accorde
ce que celle-ci lui a demandé. (20)
Armée de cette ceinture , Junon se rend
dansl’appartementde Sémélé, (21 j déguisée
sous la forme de l’ancienne nourrice
d’EuropeetdeCadmus. (22) Elle feint de
s’attendrir sur le sort de la jeune princesse,
dont la réputation est attaquée
dans le public. (a3) Elle l’interroge et lui
demande , s’il est vrai qu’on lui ait ravi
l ’honneur ; quel est le mortel ou le dieu
| ( 1 3 ) v 73-
(14) v. 93.
(15) v- i°°-
fiû ) v. 113.
(17) v. 118.
(18) v. 125— 130— 135.
Ci 9) v. ISS-
(20) v. 163.
(2 1 ) v. 167.
(22) v. 180.
(23) V. 187.