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Apis n’étoit donc que l’image d’un
astre, d’une étoile ou d’un signe , ou
d’un astre tel que le Soleil, réuni à un
signe tel que le Taureau céleste. C’etoit
l’aine d’Osiris ou du dieu soleil revêtu
des attributs du hoeuf, qui animoit le
taureau consacrédansle temple deMem-
pjOgt C’étoit cette ame, unie à l’influence
du Taureau constellation, qui s’u-
nissoit au taureau vivant et qui pasçoit
comme par communication dans le boeuf
Apis son image. Voilà l ’origine de la faculté
prophétique attribuée au boeuf A-
pis, quiétoitaussi capable delarecevoir,
que les statués inanimées et les arbres
cpnsacrés aux astres, etgqui étoient censés
participer à la faculté intelligente
des corps célestes,, et en recevoir les
rayons et les plus pures influences. La
divination et la science prophétique ,
attribuée au dieu Apis , prend doncsa
source dans la même science, qui a réglé
les formes caractéristiques qui dévoient
distinguer le boeuf sacré de tous
les , autres boeufs. C’est encore, ici l ’Astrologie,
qui lui a imprimé son sceau ,
comme à l’organe naturel de la divination
, dont les prognostics se tiroient
des constellations, d’après ce que dit formellement
Lucien j dans' le passage que
nous avons déjà cité plusieurs fois.
C’es t par une suite des mêmes principes,
que le serpent de Delphes et la prêtresse
r.endoient des oracles subordonnés à
l ’influence de la Vierge:et du Serpent
des constellations, continue le même
Lucien. Les oracles du boeuf n’ont rien
de plusétrange, que ceux du serpent et
des Chèvres prophétesses.Labase de leur
science prpphétique est clans les cieux où
ils Ont, leurs Types.
Non seu.lemen t Apis ayoit la faculté prq-,
phé.tiquçpourlui, niais il avoit encore.le
po.uvioii' de lacommuniquer aux autres;
par exemple, aux enfans qui formoieut
son col lège. C’est PHn,e(t) qpiqpusl’apprend.
Des enfans fonnoient, nous dit
: ( i ) Plian, 1. 8. c. 46.
(2) Soiiïi. c. 32.
U S L E S C U L T E S , ’
ce sav ant,le cortège du dieu Apis,lorsqu’il
se mettoit en marche, précédé de licteurs,
qui écartoiènt la foule. La jeune
troupe,qui l ’accoinpagnoit,chantoit des
hymnes en son honneur et ce boeufsem-
bloit se prêter au rôle de dieu et attendre
les adorations du peuple. Ces mê-
mes enfans , aussi-tôt saisis de l ’enthousiasme
prophétique, prédisoient l ’avenir.
Solin (aj , qui copie presque toujours
Pline , atteste en moins de mots le mê-
mefait. ABlien(3) nous décrit la manière
dont s’exécutoit cette sorte de divination.
Celui qui vouloit connoître l’avenir
invoquoit Apis ; et des enlans , qui
joupient et dansoient entr’eux, hors de
l ’enceinte, se trouvoient aussi-tôt saisis
de l ’esprit iiivin et faisoient des predictions
, dont la certitude étoit aussi reconnue
, que celle de l’oracle de Sagra.
Nous avons vu, dans le traité d’Isis, ces
enfans à qui la faculté prophétique.étpit
accordée,et nous avons remarqué, qu’ils
la tenoient, non d’Apis ou du Taureau
céleste, mais du signe qui le suit immédiatement
ou des gémeaux , que con-
sultelsis aussitôt qu’elle a perdu Osiris,
dont’ Apis étoit l’image, ej:quiétoit représenté
parle boeufd’orcouvert d’un crêpe,
quel’on prbmenoitàl’époque de la mort
de l’époux d’Us. Ainsi les enfans, qui
suivoient le boeuf Apis, re.ndoient des
oracles (t!4) par 1 influence des enfans
des constellations , qui suivent immédiatement
le Taureau céleste. Ainsi
Ammpn ou ïe dieu, bélier , Ap's ou le
Taureau , les enfans ou les gémeaux
auquel l’oracle de Didyme , suivant Lucien,
étoit soumis i rendoient, des oracles
par une suite nécessaire de la correspondance,
qu’il y avoit entre les .êtres
inspirésspr la. teqre et les astres,qui dans
les deux le,ur corn muniqnoient leurs
influences ,comme..ri9uS; l’a vpnày.u.daim
le passage de’* Maimonide, cité '.phi*
haut. ÆÈ H -, ■
La célébrité de, l’orfccle d’Apis ‘attira
(3) Æfian d^. A n im a l» .! * io *
dans
O U R E L I G I O N U N I V E R S E L L E .
dans son temple les princes et les héros
Ses plus fameux. Le vainqueur de Darius,
Alexandrede-Grand, qui consulta
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gne de lui succéder ; tant ils attachoient
d’importî\nçe -à ce culte. Leurs ennemis
même ne croyoiejit pas pouvoir se
venger d’eux d ’une manière plus cruelle
après la victoire, que de faire tuer le
hoeuf sacré pour lequel ils avoient tant
de vénération. Les noms de Cambyse
et d’Ochus, rois de Perses,sont devenus
à jamais odieux à ces peuples , pour
s'oracle du bélier ou Jupiter Ammon ,
ont il vouloit passer pour1 fils , rendit
aussi des hommages au dieu boeuf ,
Et vint lui sacrifier à Memphis. ( 1 )
Tous avons déjà vu Germanicus (2), qui,
*vant de se rendre en Orient , va eu . . .
p u y p te rjoiir voir Apis, et consulter ses avoir porte leur vengeance ët leur haine
cracles. Auguste j dans son voyage en
Egypte , s’écarta de sa route pour
faire visité au dieu Apis. Vespasien en
fit autant. (3) Leur exemple fut suivi
par i’ernpreur Adrien (4) , et par Sep-
time-Sevère. Ce dernier , dit son histocontreies
malheureux Egyptiens vain-
eus,jusqu’à ensevelir dans leur désastre
leur dieu boeuf, et mêlé le sang d’Apis
à celui des milliers d’hommes, qu’ils
avoient massacrés. Quel pouvoit être
le motif d’un attachement aussi grand
ien (5) ; trouva son voyage d’Egypte de la part des Egyptiens, d un peuple
brt agréable, tant à cause des cérémo- dont toute l’antiquité ayante la sagesse,
tnies du cuite de Sérâpis, qu’à cause pour le boeuf sacre , s ils meussent vu
[de la nouveauté du spectacle d’animaux en lui l ’emblème vivant de la divinité
et de lieux, qui luietoientinconnus. Il suprême, du grand Osiris , dont la
trisita sur-tout avec soin Memphis, ville force et, l’énergie féconde résidait dans
■ Fameuse par le culte d’Apis. En effet, le soleil , et s’exerçoit tous les ans sur
■ quoique l’Egypte entière rendît des notre hémisphère boieal, au moment où
(honneurs au boeuf sacré, et qu’il fût la ces astres dépassoient l’équateur sous
divinité de, toutes les villes , et la plus le signe dit Taureau , et venoit dans nos
[grande divinité de toute l’Egypte , climats prolonger la durée des jours et
(néanmoins c’étoit à Memphis que son
pulte (6j-étoit le plus pompeux ; cette
bille étant spécialement mise sous la
[protection de ce fétiche, onde ce Talis-
■ 111 an vivant, consacré par les adorateurs
verser dans tous les élétnens les germes
de la fécondité, qui se développent
par la végétation périodique. Voilà ce
qu’étoit Apis ,• voilà ce qui justifie le
respect des Egyptiens pour ce symbole
jdu soleil et des astres. Apis prit donc de la force féconde, qui par le soleil et
(éminemment le titre de dieu de Mem- la lune s’exerce dans l’univers.
jphis, et la célébrité de cette ville ajouta
■a. celle du dieu boeuf, celui de tous les
(dieux Egyptiens, qüi fut le plus connu
des Grecs et des peuples de l’Orient.
Il n’étoit pas pardonnable de voyager
feu Egypte sans aller voir Apis , un des
[objets les plus singuliers et les plus fa-
Si les Egyptiens , comme on s’est plu
à le répéter faussement tant de fois,
s’étoient assez dégradés pour prodiguer
leurs hommages aux plus vils animaux,
comment auroient-ils conservé cette réputation
de sagesse,quetoute l’antiquité
leur a accordée ? Gomment les Grecs les
Ùieuxidu culte Egyptien. Rien n’éga- plus sages eussent-ils été étudier dans
loit la douleur des Egyptiens, lorsqu’ils leurs écoles, et prendre d’eux des levons
(avoient malheureusement perdu leur de science et de philosophie ? Car il
moeuf sacré 5 comme rieiwn’égaloit leur ne faut pas oublier, que leurs sages
j oie,lorsqu’ils en avoient retrouvé un di- étoient les prêtres , ceux-là même qui
C1) Arrian de expédie. Alex.!. 3, p. 156. ‘
. Tarit. Annal. 1. a- c. 49. Piin, i.ü . c. 46. Suecon
m Auguft. !• 7- c. 93. '
(3) Idem vit. Veîpaf. c 5
lie !is. UUnniivv.. Tome II.
(4) Spartian, in Adrian* c. 12.
yç) Spartiaü in Severn, c. 17.
Pomp. Mïlac, 9. AElian deariimat. 1, r 1. c. ie.
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