
 
		O R I G I N E i S   D E   T O U S   L E S   C U L T E S , 
 mença la terre  ;  ce  qui, disent  les conteurs  
 de  labiés!, le  fit représenter  avec  
 des  cornes  de boeuf  à  la  tête.  C’est ce  
 fils  de  Proserpine  et  de Jupiter,  connu  
 sous  le  nom de Bacchus  Sabazius,  sui-  
 vantDiodorede Sicile;c’est (1) celui dont  
 on  célébré  la  nuit  les  mystères et dont  
 on  couvre  l’origine  et  le  cérémonial  
 du  voile  des  ténèbres ,  pour  Cacher  
 des  opérations j  auxquelles  së  refuse  
 la  pudeur.  Nous  en  parlerons  à  l’article' 
   des  mystères. 
 En  attendant  il  suffit  de  dire ,  que  
 la  fiction  sacrée  préçentôit  l ’idée  de  
 plusieurs incestes de  la part  de  Jupiter  
 et  d’aventures obscènes.  En  effet,  on  
 enseignoit  aux  initiéé que Jupiter avoit  
 conçu  une  passion  criminelle  pour  
 Cotés  sa  mère,  fe)  Que  pour  la  tromper  
 il  s’qtoit  métamorphosé  en  taureau, 
   c’est-à-dire ,  qu’il prit  la forme ,  
 qu’il  avoit  quand  il  trompa  la  soeur  
 de Cadmus,  Europe  ,  placée  ensqitè  
 dans,  le Taureau  céleste  ;  et  qui  étoit  
 tante  de  Sémélé  ,  n.ère  de  Bacchus  ,  
 suivant  d’autres  légendes.  Sous  cette  
 métamorphose  ce dieu  força  la déesse ,  
 qui  reconnut  bientôt  l’artifice  de  son  
 hl£.  Celui-ci  se  voyant  découvert  s'échappa. 
   La  mère  entre  en  fureur  et  
 médite  le  moyen  de s’en  venger.Uupi-  
 tër  effrayé  demande  grâce ;  elle  se  
 refuse  à  toutes  les  sollicitations.  Pour  
 la  satisfaire ,   il  imagine  un  moyen  ;  
 c'étoit  de  couper  les  testicules  d’un  
 bélier.  Il  fait  croire  à  sa  mère  qu’il  
 s’est  mutilé par  une  suite  de  repentir;  
 et  pour  le  prouver,  il  lui  jette  dans  
 le sein  les  parties  sexuelles  du  bélier.  
 La déesse  s’appaise ,  prend  soin  de son  
 fruit  et  accouche  à  ternie d’une charmante  
 fille,  qu’on  uppella  Libéra  ou  
 Pfoserpine. Le Dieu Bélier ,  ou Jupiter  
 épris  des'  charmes  de la  belle  Proserpine  
 ,  on  du  fruit  de  ses  amours  avec  
 Cérês,  oublie  son  premier  crime  et son  
 repentir  ,  pour  se  porter  à  un  nouvel 
 (  1') Diodor  t   4.  c.  148.  p.  249. 
 Xi) Arüob.; t; $.  p.  170. 
 acte  de  licence.  Il  conçoit  un  désir  
 incestueux  pour la  belle  Proserpine ,  
 et  pour  la  tromper  ,  il  se  métamorphose  
 en  serpent.  Sous  cette  forme  il  
 s’approche  de  la  belle  ,  comme  le  
 démon  s’étoit  approché  d’Eve  ;  il  la  
 caresse,  l’embrassé  dans  ses  replis  et  
 la rend mère d’un  fils,  qui  avoit  toutes  
 lés  formes  du  taiiréau  et  ce  taureau  
 étoit  Bacchus.  (3) De  là  vint  que l ’on  
 enseignoit dans les' initiations  ’Cette  génération  
 mystérieuse, soiis le voile  d’un  
 vers  énigmatique  ,  que nous  avons  cité  
 plus haut :  le taureau avait engendrélè  
 dragon , et le  dragon engendra  le  taa-  
 reau(jj. C’est-:à  dire,  le soleil uni au tau*  
 reau  donna naissance  au  dragon , qui  
 se  levoit  le  soir  à  l ’équinoxe  de  printemps; 
   de  même  que  le  soleil  uni  
 ensuite  au  dragon  ou  au  serpent  dé  
 l ’équinoxe d’automne, sur lequel est Libéra  
 ou  la couronne d’Ariadne,  donna  
 naissance  le  soir  au  taureau ,  qui  por-  
 toit  sur  son  front  les  Hyades  ét  les  
 Pléiades  ,  et  annonçoit  l’époque  des  
 semailles  et  du  labourage.  Ce  serpent  
 est  celui,  que tient  Ophiucus  ou  Cad-  
 mus  ,  comme' le  taureau  est  celui qui  
 enleva  sa  soeur  Europe;  c’est-à-dire,  
 que  l ’un  èst  le  serpent  du père  et  de  
 là  tante;  l ’autre  le  taureau  de  Sémélé  
 mère  de  Bacchus  ,  dans  la fiction  des  
 Grecs  de  Tl;èbes.  Car  celle  que  nous  
 venons  de  rapporter  est  une  fable  
 Phrygiene,  faite  sur  le Bacchus  Sabazius  
 ,  que  Cicéron  dit  avoir  régné  en  
 Asie,  (jfa  Aussi  Arnobe  dît-il  ,  que  
 cette doctrine  étoit  celle  des  mystères ,  
 auxquels  on  initioit  en  Phrygiè.  (ot)  
 Cette  mutilation  de  Jupiter  ressemble  
 beaucoup  à  celle d’Atys',  et  à  la  cérémonie  
 de  l’ arbre  sacré  au pied  duquel  
 on  mettoit un  bélier , dans  la  célébration  
 des  mystères  de  Cybèle  et d’Atys  
 son amant.  Pour conserver la mémoire  
 de  cet  événement  ,  ou  plutôt  de cette  
 fiction sacrée  ,  on  couloit  un  serpant 
 (3 J  Ibid-  P-  171-  ■  v 
 (  4)  Cicer.  de nst.  Deor.  I.  3.  c.  23. 
 doré 
 Q U   R E L I G I O N 
 doré  dans  le  sein .des  initiés  et  on  le  
 faisoit  sortir  par  le  bas  de  la  robe.  
 Ç'ément  d’Alexandrie  (i)  rapporte  la  
 même  fiction  sacrée, et  l’attribue  aux  
 [chefs de  l ’initiation aux  mystères  d’A tys  
 et  de  Cybèle et  aux Cory hantes.  Il  
 dit  que  le  serpent  ,  que  l’on  couloit  
 dans,  le  sein  des  inities  aux  mystères  
 Sabaziens ,  étoit  l’image dé  Jupiter  lui-  
 même  et  de  ses  amours  . incestueux  
 avec  Proserpine sa fille ,  desquels  étoit  
 né  un  fils  à  forme  de  taureau  ;  ce  
 qui  avoit  donné  lieu  à  la  formule sacrée, 
   qui  contenoit  la  génération réciproque  
 du  taureau et  du serpent,  dont  
 nous  venons  de  parler. 
 Pour  peu  qu’on veuille  jetteruncoup  
 d’oedsurles  signes  et  les  constellations  
 qui  fixoient  alors  les  deux  équinoxes ,  
 suç les points du  retour  et de  la  retraite  
 du soleil  ,  ou  de  son  passage  d’un  hémisphère  
 à  l ’autre  , et  qui conséquemment  
 donnaient  à  ses  images  les  formes  
 variées qu’elles prenoient aux différentes  
 saisons,  on  verra  aisément  que  
 Ic^aureau  et  le  serpent, qui  s’engendrent  
 ici  mutuellement,  sont ceux  des  
 constellations  qui  pré  idoient  au  piin-  
 temps et à l ’automne.  L’un  étoit le type  
 d’Apis,  image  vivante  d’Osiris  et  de  
 Bacchus  , et l ’autre  le  serpent  de Cad-  
 mus , père de Sémélé rnère de Bacchus ,  
 cèiui  dont  la  fille"  eut  commerce avec  
 url,  4*eu  >  devint  mère  d’un  enfant  
 W f  a.voit  tous  les  traits  d’Ositis ,  dont  
 Apis  étoit  1 image  et  qu’on  peignoit  
 avec  des cornes  de  boeuf. Aussi  on voit  
 que  cette  nouvelle  généalogie  de Bacchus  
 ne  nous  fait  point  sortir  des  
 limites  célestes  , 'qui  fixoient  les  ter-  
 Tues j'le  la  course  du  soleil  dans notre  
 hemispliere  boréal  ,  et  nous  reportent  
 picore  vers'  les  Hyades  , nourrices  de  
 pacchuset versThiouésa mèrëjquibrille  
 pu  front  du Taureau ,  ou  vers  les  filles  
 fdë  Cadmus,, dont  Séiriélé  étoit  une , et  
 vers  le  serpent  que tient Cadmus sur le  
 signe d automne.  Ce serpent,  le jour  de 
 O)  Clément Prot-p.  11. 
 Kelig.  Unir.  Tome  II . 
 U N I V E R S E L L E .   îjt 
 l'équinoxe  de  printemps  ,  lorsque  le  
 soleil  s’unissoit  au  Tauieau,  mon'oit  
 le  soir  et  le  premier  sur  l’horison.  Il  
 annonçoit  le  crépuscule  de  la  pie-  
 mière  nuit,  qui terminolt  le  jour  dont  
 le matin A  ries,  ou  le bélier, qui  donna  
 ses  formes  à  Ammon  père de B.échus  ,  
 annonçoit  l ’auroie. 
 ,Voilà  l’oijgine  dé  la  liaison  qu'il  y  
 a  entre  Cadmus  d’un  côté  et  Jupiter  
 Ammon  de  l’autre  ,  qui  tons'  deux  
 figurent  dans  la ’ labié  qui  a  pour  objet  
 ,Ja  naissance  de  Btcclr  s,  C'e.L  ce  
 bélier  dont  Ls  testicules  firent  coupés  
 par  Jupiter',  et  qu'il  jeta'  dans  
 lé sein  de sa  mère , après  qu’il  eut  eu  
 commerce  avec  elle  'ëôus  la  forme du  
 taureau. C’est en'effet sou.s  le Taureau ,  
 ou  lorsque  le soleil a  atteint  ce  signe ,  
 que  le  Bélier  céleste  appelé  Jupiter  
 Ammon  par  les  anciens,  et  qui donna  
 à ce dieu ses formes  , se dégage  lematin  
 des rayons solaires, ou se lève Heliaque-  
 ment et p; écè  le  immédiatement le char  
 du  soleil  piintannier,  que  porte  le  
 Taureau  dont  Jupiter  prit  la  forme  
 pour  féconder Europe , et sous laquelle  
 ■ il cach a  Io , ou  Isis  , mère. d’Epaphus ,  
 ou  d’Apis.  Le  Calendrier  des  pontifes  
 romains  fixe  le  lever  Heliaque  de  ce  
 Bélier dix  jours  après  l'entrée  du  soleil  
 au  Taureau,  et cinq  jours  avant celui  
 de la chèvre Amakhée, que  porte  le cocher. 
   Placée immédiate ment  au-de,sus  
 du Taureau ,  cette belle nymphe,dontla  
 fableLibyerinefait une mère de Bacchus  
 nous fournit  une noaaveile preuve,  que  
 c’es  taux limites  équinoxiales que nous  
 trouverons toute la famille  de Bacchus,  
 dans toutes  les  légendes possibles. 
 En  effet les  Libyens  ,  dans leurs  traditions  
 ,  font  Bacchus  fils  de  Jupiter  
 Ammon  ,  ou  du  bélier  dont  ce  dieu  
 emprunte  les  attributs  et  d’une  belle  
 nymphe  nommée  Amaltliée  ,  qui habi-  
 toit  près  des  montagnes  Céraunienes  
 ou  de  la  foudre,-  allusion  manifeste  
 aux  météores  de  cette  saison  ,  et  que 
 C