Cette manière de prophétiser, d'après les mots
échappés au hasard , se retrouve dans la Grèce,
en Achaïe , à Pharès , ville où l ’on voyoit un
bois consacré aux Dicscures ou aux Gémeaux.
Pausanias ( i ) * qui nous'rapporte ce fait de la
divination par les erfans, la compare à celle
qui avoit lieu en Egypte , au temple d’Apis, ou
du Dieu Taureau , qui dans les Cieux est voisin
immédiat des Dioscures.
On attribue à Mithra, ou au Dieu monté
sur le Boeuf, l’établissement des Obélisques consacrés
au Soleil , dans la,ville d’Héliopolis, dont
le Boeuf Mnévis étoit la grande Divinité (2).
Aussi Nonnus (3 ) , dans son Hymne à
Hercule Astrochyton ou au Soleil, dit qu’il est
le Dieu Ammon des Libyens, et le Dieu Apis
des habitans des rives du Nil.
L ’Egypte et ses Temples, aux yeux d’un
Voyageur ordinaire , ne présenteient que' le spectacle
d’une grande Ménagerie, composée de tous
les animaux sacrés mais, aux yeux de l’homme
instruit, elle offroit la ressemblance d’une foule
d’emblèmes savans et ingénieux, destinés à représenter
sur la terre, par des formes vivantes,
les formes des animaux célestes et les opérations
de la nature.
(pppp) Diodore (4) parle d’un roi d’Egypte, qui
régna avant Protée, et qui portoit le nom de
Mendès, ou de Marron ; ce dernier nom étoit
celui du Cocher de Bacchus. On attribuoit à ce
Mendès le Labyrinthe ou Temple du S o le il,
que Dédale imita ensuite en Crète, et où il en-
f erma le filsdelaPleïadePasiphaë , le Minotaure,
dont Thésée triomphe dans son neuvième travail,
ou à l’entrée du Soleil au Taureau celeste.
(qqqq) La fameuse statue d’Eléphantine, destinée
à représenter k Néoménie Equinoxiale , emprun-
toit de la Chèvre et des Chevreaux, les-cornes
dé Bouc (5), qui paroient sa tête, et soutenaient
le disque du Soleil, comme nous l’avons vu à
notre article Ammon. On trouve aussi dans les
figures placées dans le Décan de la Sphère Persique
d’Abenezra, un homme à ongles de Chèvre , qui
a également emprunté ses attributs de la-Chèvre
et des Chevreaux.
Xrrrr) Nous verrons bientôt une statue de Pan,
élevée dans le temple de Panople en Egypte,
©u de la ville de Pan , dans laquelle ce Dieu
étoit représenté avec un fouet à la main, comme
le Cocher céleste (6).
(ssss) 11 y a beaucoup d’apparence, que le Bouc ,
ayant été regardé comme u» symbole de fécondité
, fut placé aux Cieux par les inventeurs des
caractères Astronomiques, qui tracèrent dans le
Ciel une espèce de Calendrier symbolique, des- 1 *3 4
(1) Pausan. A ch. p. a %6. (a) Plin. Hist. Nat. 1. 36, c. 8.
(3) Dionys. Non’n. 1. 40, v. 397.
(4) Diod. 1. 1 , «. 39, p. 70.
<5) Ci*deS5, c. 7 , p. 3.
tiné à désigner par des animaux les opérations
de la Nature et celles de l’Agriculture ; et que
les Piètres., qui élevèrent des Temples au Soleil,
à la Lune, et aux Astres, consacrèrent les images
vivantes , ou inanimées des ces animaux célestes,
Ainsi ce ne fut pas parce que le Bouc étoit sur
l'Equinoxe , qu’il devint l’emblème de la fécondité
universelle ; mais c’ est parce qu’ il étoit fécond,
qu’il fut placé aux Cieux , près du lieu où se
trouve le Soleil, lorsque cette fécondité s’exerce
sur la terre. Ceux qui retracèrent dans les
Temples l’iniage du Ciel, eurent un Bouc représentant
celui qui, dans les Cieux, avoit été placé
primitivement pour caractériser, la force génératrice
de la Nature, à cette époque du mouvement
de la révolution solaire.
(tttt) Vere tument terr» et gmitalia semina poscunt.
Tune pater omnipotens , etc. (7).
Partürit almus ager (8).
(uuuu) Les Rabbins sont partagés sur la Divinité
des HamaïteC, nommée A^ima. (9) Le plus grand
nombre et ceux qui l’ont mieux-jugée , disent que
c’étoit un Bouc, ét alors c’est le Bouc de Mendès,
le Dieu Pan, etc. des Grecs, dont la forme est
une de nos Constellations et des douze signes.
B a a l Aruch in voce Azima : « fecerunt viri
•a je math A\ima ; tradunt Rabbini nostri, quod
si A^ima sit kircus calvus , cui non est lana ».
Rassi dit : « A{ima erat simulacrum simili-
si tudine Ùirsi e t sic legunt hoc omnes > ge t sic
» explicant hoc vocabulum Rabbini nostri in
s*. Sanhedrim ».
Les Juifs reprochoient aux Samaritains de commencer
leur Pentateuque ainsi : « In principio
» Azima creavit caelum et terram ».
C’est ce qu’on voit par Abenezra , dans sa
Préface in Esther, lorsqu’il parle de la Loi des
Hébreux, reçue par les Gentils t « e t transferri
si curavenmt legem HcbroeisPevsae e t scripscrunt
» eam e t posuerunt in historia regum suoruni f
» fuerunt autan Persae idololatrrw et ideo loco
» nominis dei sancti, nomèn idoloruin suorum
» scribebant ; quemadmodum Samaritani , qui
s» scripsére p ro u : In principio D eus, etc. In principio
creavit A^irna , etc.
(xxxx) On remarquera, que le fameux Pan ( 1 0 )
joue un rôle dans l’aventure de la Cerès de Phi-
galie; que' c’ est lui qui la rencontre, après1 la
violence que lui a faite Neptüne, et qui en informe
Jupiter.
(yyyy) Macrobe appelle le Ciel supérieur, la
partie Diurne , et l’hémisphère inférieur , la partie
Nocturne. Mais c’est une erreur ; car le Soleil n’est
rien pour n o u sd a n s sa partie Nocturne, à laquelle
(6) Stephan. de Urbib.
<7) Géorgie. 1. 1, v. 3*4»
(8) Ibid. v. '3Ji.
(9) <Edip. t. 1 , p. 368, et Seld. 327.
(i©) Pausan. Arcad. p. 271.
il est nécessairement étranger. Il faut donc donner
à ce dogme Théologique le sens que nous
l\ii donnons.
Ces subdivisions du même Etre, quise multiplie
, en raison de ses qualités personnifiées, sont
conformes à la doctrine des Chrétiens sur la
T riad e , et à celle des Phéniciens sur les trois
enfans de Génca ( 1 ) , ou de génération, adorateurs
du Soleil , qui prennent les noms de Lumière
, Flamme, et F eu , trois émanations du Feu
principe , qui bouillonne dans le Soleil.
Aussi Arnobe , donne - t - i l . à Apollon
l ’épithète d'Immaculatus , Castissimus , atque
Purus ( a“) j et en même temps il convient , que
les anciens adorateurs de çe Dieu prétendoient,
qu’il étoit aussi le même que Bacchus, et que
le Soleil ; que ces trois noms diflérens désignoient
la même Divinité ( 3 ). Cette triple dénomination
est également confirmée par Servius ( 4 ) ,
q u i, d’après Porphyre , la fait dériver de la diversité
des rapports, sous lesquels on considère
son action dans les différentes parties de la Nature
, dans les C ieu x , et sur la Terre ( 5 ).
Le même A u te u r , dans son commentaire sur
le sixième Liv. v . 78 , répète encore ce même
dogmeThéolpgique,sur l’identité d’Apollon et de
Bacchus , et du S ole il, et cite ce vers de
Lucain :
Cui numine mixto.
Delphica Thebanee refetunt trieterica Bacchce.
Le Commentateur ajoute : << Vndè in torum
» sacris erat Phizbarum et Baccharum conventus ».
Nous voyons effectivement dans Pausanias, que
les 1 hyades ou les dévotes de Bacchus allouent
tous les ans s’unir aux femmes de Delphes,
pour célébrer des fêtes Orgiques sur le Parnasse
( 6 ). Macrobe appuie aussi de plusieurs
témoignages^la même vérité; et parmi les preuves
qu’il apporte deT’identité de Bacchus, d’Apollon
■ 8 du Soleil ( 7 ) , il cite celle qui se tire des
fêtes célébrées'sur le mont Parlasse, en honneur
cPApollon et de Bacchus; Pausanias nous présente
, egalement Bacchus- et Apollon unis par
un culte èommun en Elide ( 8 ).
(aaaaa) La division de 1 Année et du Zodiaque
en deux parties, par l’Equateur, qui sépare la
partie supérieure de la route annuelle du Soleil, de
sa route inférieure, et qui forme en quelque sorte
la partie d’Eté et la partie d’Hiver, faisoit croire
qü’Apolloii, ayant quitté les Neiges de la Lycie ,
(1) Sanehoniat. Apud Euseb.(2) Arnob. JL..4 , p; 144, Praep. Evang. 1, t c. 10. (3) Ibid. 1. 3 , p. 119.
(4) Servius in Virg. Eclog. 5 , v. 66.
((56)) IIdne mPh, oicni c-ïÆ pn.e i3d1. 91—. 33 2,1 .v. 92,
(7) Macrob. Saturn. î. 1 e. 18,
{%) Heliaç, 1 , p, 162.
revenoit tous les ans à Délos, sa patrie, sous
les traits brillans de. la jeunesse, tel que le peint
V irg ile , dàns son quatrième Liv. v. 143 , etc.
Servius, Commentateur de Virgile , observe, à
cette occasion, qu’Apollon. rendoit ses oracles â
Patare en L y cie , pendant les six mois d’Automne
et d’Hiver; et à Délos, pendant les six mois de
Printemps et d’E té , d’où lui vinrent les deux
épithètes de Dtlius et de Patareus.
(bbbbb) Si Bacchus avoit des cornes de Boeuf,
Mithra étoit monté sur un Boeuf, et Apollon
pareillement étoit quelquefois représenté le pied
appuyé sur une tête de Boeuf ( 9 ). Lui-même
étoit nu , pour peindre la chaleur du Printemps.
Tel il étoit représenté à Patras. On voit
dans Pausanias le rapport qu’ il y avoit , entre les
Boeufs immolés à Apollon, et le Boeuf de Cad-
mus ( 10 ) , qui portoit sur son épaulé l’empreinte
de la Lune, et de la Planète-, qui a son exaltation
au Taureau , signe Equinoxial à cette
époque.
{ccccc) On donnoit le nom de Thermios ou de
chaud à Apollon ( 1 1 ) .
(ddddd) On peut en dire autant des aventures du
jeune Cyparissus, et d’Hyacinthe, le premier
changé en Cyprès, et le second en Fleur; et
de Marsyas -, fleuve de Phrygie , qui voulut rivar
liser avec Apollon.
(eeeee) Ceux qui prétendent, que Phaëton ayant
été foudroyé, Apollon son père fut si affligé
de cette mort, qu’il refusa d’éclairer le monde,
et se bannit du Ciel, trouveront aussi l’explication
de cette fable, dans la chute ou le coucher du
Cocher céleste, appelé Phaëton, qui arrive précisément
au lever du Scorpion d’Automne, lorsque
le Soleil descend vers l’Hémisphère inferieur.
i f f f f f ) On disoit, qu’il les avoit gardées avec
Hercule { 12). Effectivement, le Soleil est alors
uni avec l’Hercule céleste.
0ïfOESê) On donne douze pieds de haut à sa statu
e , chez les Phigaliens ( i 3 ). Ailleurs la Pyramide
Egyptienne, emblème naturel du F e u ,
comme nous l’avons déjà dit, représenteit Apollon.
On couronna souvent sa tête de douze pierres
précieuses , représentatives des douze signes ,
comme dans l’Apocalypse ( 14)* L’épithète de
Loxtas, qu’on lui donnoit, désignoit sa marche
oblique dans le Zodiaque, comme l’observe très-
bien Phornutus. ,
(hhhhh) On voit pourquoi la Cigale , qui chant«
tout l ’E té , fut consacrée à Apollon ( iü ). Les
Athéniennés portoient dans leurs cheveux de»
Cigales d’o r , en honneur du Dieu-Soleil ou
(9) Pans.'Achaic^ p. tz6.
(10) Ibid. Boiotica, p. 2«»■ „
(11) Heliac. 1 , p. 163.
(1*-) August.- de Civ. Dei, 1. 18, <■ ; 13.
(i3> Paus. Arcadie. 262. Idem Attic, 42*
(14) Albricius Philosoph,
(15) Ariscoph, Schet