l'année de Bacchus ( i ). Le dieu dirige
sa marche par Tyr , et par Biblos,
le long des rives du fleuve Adonis ,
pies' du'Liban, et des coteaux de Nyse
en Arabie (2). Dans ces lierx régnoit
J.ÿcùirgue (X-p) fils de Mars, prince féroce
, dont le poete fait un tableau aussi
affreux',, que celui que l’antiquité fait
d’OEnoinaiis ( 3 ),, :avec qui Lycurgue
avoit été élevé ( 4 ). Il ornoit 'les portes
de son palais, des têtes des malheureux
, qu’il avoit égorgés , comme
Polypliême dans Virgile. C'eprince avoit
pour pèreDryas , ou le Chêne ; il étoit
roi d’Arabie ( 5 ). Jnnon envoyé Iris
vers ce prince , pour l’irriter contre
Bacchus, Iris , pour y réussir , prend la
forme de Mars ( 6 ) , de qui descend Lycurgue
, et lui adresse un assez long
discours ; déjà, ce prince présage sa
victoire ( 7 ). La Déesse va ensuite
trouver Bacchus, et prend pour la tromper
la forme de Mercure ( 8 ) ; elle l'engage
à ménager Lycurgue , à le traiter
avec amitié, et même à se présenter
à lui, s.ans aucune espèce d’armes (9).
Bacchus se laisse persuader (10) , et il
arrive désarmé au palais du roi féroce ,
qui sourit d’un air moqueur (11) au cortège
de Bacchus ; il menace même ce
dieu en s armant de l ’aiguillon du Bouvier,
avec lequel il poursuit déjà les Hya-
des ou les nourrices de Bacchus (12) , et
toutes la troupe effrayée des Bacchantes.
Bacchus lui-même intimidé (i3), est
obligé de prendre la fuite , et de se précipiter
dans la mer, où il est reçu par
Thétis (14) , et consolé par Nerée. Ici
est un discours insolent de Lycurgue ,
avec des menaces faites à la mer, qui a
reçu Bacchus ( i5).
Troijième Saijon.
Arrêtons ici quelque , temps nos regards
sur les Cieux , et sur le point
Equinoxial d’automne, où nous nous
trouvons, à la suite des vendanges faites
chez Staphylus , Botrys , Methê
et Pithùs , dont les noms ont trop de
rapport aux opérations, de l'automne,
pour qu’on puisse mécounoître l ’époque
de l’année où ce pèëte nous place.
Rappelions-nous, qu’Osiris est le même
que Bacchus, et-qu’Osiris fut jette
d ans la mer par Typhon , comme Bacchus
l’est ici par Lycurgue.*Qu’elle
étoit l’époque de l’année , où arriva
cet événement, dans la théologie Egyp-
tiene , qui a servi de modèle à celle
des Grecs ? Le temps où le Soleil par-
courre le Scorpion placé alors 'à l’équinoxe
, d’automne , et conséquemment
au lever Héliaque du Loup, et de l ’Aiguillon
du Centaure. C’étoit alors que
le soleil étoit dans le domicile dé Mars.
Le nom de Lycurgue n’est autre que
celui du Loup , L yfos , fils de Dryas,
ou des chênes , et des forêts , et animal
consacré au die.u Mars. C'est alors
que le Taureau céleste, qui fournit à
Bacchus ses attributs , et qui renferme
sa mère Thyoné, et les Hyades ses nourrices
, descend le matin au sein des
flots de l’océan. Ce coucher étoitjpro-
duit par l’ascension du Loup sur L’ho-
rison , et par celle du Scorpion près duquel
est placé le Loup. Le soir, le Loup,
le Scorpion et le Soleil étant: couchés,
on voyoit reparoîcre à l’Orient Bacchus
, ou son Taureau , accompagné de
la troupe des Ilyades ses nourrices ,1
■ (1) v 129.
CO v. 148.
(3) V., 154-
(4) v. 166.
(5) V. 186.
(6) v. 295.
(7) V. 253.
(8) v . 264.
, (9) v. 270.
(1©) v. 290.
( i l ) v. 303.
0 0 v. 325.
/»3).v. 349-
C '4) V- 355- 0 5 ) v- 395.
HBont une porta le nom d’Ambroisie ,
■ e t joue ici un rôle distingué.
C h a n t V i n g t -u n x à m b .
■ En effet, le chant suivant commence
^Kar le combat d’Ambroisie contre Ly-
^Èurgue ( 1 ) , qui la fait prisonnière (2).
l . i terre secourre Ambroisie , et la nié-
Bamorphose en vigne. Sous cette nou-
. fvelle forme, elle enchaîne ( 3 ) son vain-
Iueur dans ses replis tortueux. Envain
slui-ci fait des efforts pour se déba-
asser ( 4 )• Les Hyades, Polyxo , Eri-
hie, et Phésulê viennent pour Je fusti-
er ( 5 ). Neptune soulève les mers , dé-
haîne les tempêtes ( 6 ) > et ébranle la
:rreù/3 ) ; mais rien n’intimide Lycur-
ue, ’qui brave les efforts des Bacchan-
;s, et le pouvoir des dieux protec-
;urs de Bacchus ( 7 ). /Il ordonne que
H ’on coupe toutes les vignes (8) , et
■ nenace Nerée et Bacchus (9). L'Ara-
B n e vient au secours de Lycurgue , et
( e dé dvre , afin de le placer au nom-
Bsre des immortels , et de lui sacrifier
■ omme à un dieu ; (10) mais Jupiter,
■ jour ôter à qui que ce fût désormais
I [ envie d’imiter Lycurgue , frappe d’a-
I meuglement ce prince féroce (11), qui
I Pejà ne peut plus reconnoître sa rou-
I te {mi). 1
11 Cependant les Néréides, ou les Nym-
■ phes de la mer rouge , s’occnpoient de
I pacchus au sein de leur eaux (12), et
| b empréssoient de le fêter. Mélicerte et
ino ses parens , divinités marines , lui
prodiguoient leurs soins ( i3) , et leur
fendresse , tandis que les Pans et les
Ci) v, 6,
(2) v. 10.
(3) v. 30.
(4) V. 58.
(5) v. 87. 78) v. 96.
(?) v. 127.
(8) v. 132.
?9) v . 143.
Cio) V. 154. *
Ch ) V. IÖ2.
Ç12) v. 167.
(43) v . 17»,
Satyres le pléuroient, et le cherchoient
sur la terre ( 14). Cette circonstance est
à remarquer 5 car c’est la même chose ,
qui arriva en Egypte, après qu’Oùris
eut été jeté dans les eaux par Typhon.
Ce sont aussi le$ Satyres et les Pans ,
qui témoignentleur douleur, (i5) comme
nous l ’avons vu dans notre chapitfe III,
sur Isis et ses courses. C’est alors que
Plutarque nous dit, que l ’on pleuroit pendant
trois jours Osiris, et que l ’on des-
cendoit à la mer, poury faire une image
luniformé , après quoi l’on disoit qu’Osiris
étoit retrouvé (16).
Pareillement ici Nbnnus suppose
que, tandis que les Pans , les Satyres
et tous les compagnons de Bacchus s’affligent
sur sa disparition , Scelmus, ou
le S e c , vient les consoler , et leur annoncer
le retour de leur chef (17). Cet
envoyé avoit des cornes luniformes , et
un vêtement de peau de bouc (x8). Dé-
riade méprise lecorlègedeBacchus(l9);'
il se prépare' à le combattre, (20) se répand
en menaces contre le dieu, etson
armée , et renvoie avec hauteur le hé-'
rault de Bacchus (21). Il lui dit que, s'il
veut tourner ses pas vers la Bactria-
ne _, il y trouvera le dieu Mithrà(22) ,
et en Perse l’Assyrien Phaëton. Que pour
lui’ , il rejette ses présens , et son vin ;
qu’il ne veut boire que des eaux de
l ’Hydaspe (23). L’Eau et la terre, voilà,
dit i l , mes seules divinités (24). Porte
ces réponses à Bacchus , dit Dériade
et annonce lu i, que je l ’attends. Cependant
les Satyres, et les Bacchantes se
livroient à la joie, que leur causoit le
retour de Bacchus (25). Protée lui avoit
A4) v. 185.
'(15) Plut de Isid. p. 356.
(16) Plut, de laid. p. 366.
, (17) V- I9S-
(18) V- 201.
(19) V. 210.
( 2C) V. 222.
. (21) V. 235.
(22) V. 245.
(23) v- 233.
(24) V. 2«y.
(»5) v. 280.
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