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pounjes mêmes raisons que Diane. Mais
de plus elfe avoit les Serpens, par la
même raison que Sérapis et Pluton les
avoient,cette constellation fixant la séparation
de l’hémisphère inférieurd’avec le
supérieur, et le lieu du passage du Soleil
et de la Lune vers les signes inférieurs,
ou aux enfèrs. Diodore (i) parle d’un
temple qu’Hééate à voit en Egyptè, et
où elle avoit le sùriiom de Ténébreuse,
ce qui s’accorde parfaitement avec notre
conjecture sur elle.
' Les différentes traditions , qui nous
sont restées sur la filiation d'Hécate ,
ne contredisent point notre hypothèse/
elles; en sont même une confirmation.
Celle qui parriît la plus ancienne la fait
naître de Jupiter et de Çérès, qui l’envoie
à la recherche de Proserpine (z) ;
ce qui est conséquent à nos principes.
Car la Luné1, au moment oit elle quittait
l'hémisphère supérieur pour passer dans
l’infériçur , sortait du signe de la "Vierge
appelée’ Cérès, et s’unissoit à la
Couronne, notre Proserpine.
D’autres lül donnent pour mère Thé-,
ràia, nom de la ‘Couronne , PKëek,
qui en tre dans celui de Ther '/.iephon ,
ou Couronne boréale, laquelle'l expose
in Tri-uio , où lè Bouvier de Cérès la
trouve et la nourrit (3). :On Sait que là
Couronne est immédiatement à côté du
Bouvier céleste ■, qui accompagne toujours
Cérès ou la Vierge, sur laquelle
il est placé.
Ceux qui en font une fille de Latorie
(4.). ont encore raison, Si Laton e est
la Vierge céleste. I.a position de la
Lune, dans son passage aux signes inférieurs
, l’unissoit au Serpentaire Escu-
lape , qui avoit s&iï Chien et’ son Serpent,
comme Hécate. Celle-ci ,• comme
lu i , procuroit les Plantes médicinales |
ainsi que les Plantes Venimeuses, qui
servoient aux enchantemehis. Ce Serpen-
(1) Diod. I. 1 , c. 96.
1 (2) Schol. Tbeoer. ad Idyïl. 2, v. 12.'
{3) Ibid. ad. v. 36. Tzet. Lycophr. Ÿ. 1 2 * 4 5/- î '
(4) Eurip. Phenic. v. 110S.
(5) Theod. Ther, p; 3.
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taire est le fameux Sérapis Egyptien.
De-là il est, arrivé que souvent on a
considéré Hécate et Sérapis, comme
les premiers d’entre les mauvais Génies
( 5).
Persée, placé sur le Bélier, se couchoit
au moment auquel Hécate ou la Lune
montait sur l’horizon dans son passage
aux signes inférieurs 5 on la fit fille
de PeSrsée (6)-, et on lui donna le
nom de Terseia. Quelques-uns la fai-
soient fille de la Nuit; d’autres du
Tartare : toutes filiations qui ont pu
avoir lieu dans notre hypothèse;
La Lune a trois phases bien distinctes,
le croissant, le plein, et la forme gih-
bosa , plein imparfait. Ces trois formes
firent attribuer trois figures à la Lune
( 7 ) , soit dans les signes supérieurs,
soit dans les,signes inférieurs, c’est-à-
dire, soit qu’elle fût Diane , soit qu’elle
fût Hécate. De-là ce vers :
Ter geminamque Hccaten , tria Virginis or a Diana (8).
Ces trois formes firent, que Diane et
Hécate s’appelèrent Triplés, qu’elles
présidèrent auxPàrréfours Tiiviis > et
qu'elles prirent le nom de Triodites.
■■ Le Mulet, ou le Poisson appelé
Triglé, lui fut aussi consacré.
On appeloit Triakas (9) le jour où l’on
donnoitle singulier repas, appelé repas
d’Hécate. On sait en effet qü’à chaque
Néoménie, ( ce qui prouve encore les
rapports d’Hécate avec la Lune , ) les
citoyens riches servoient à souper à
Hécate dans les rues, laquelle était
toujours censée venir le manger (10).
On y servoit des sèches crues, desoeufs
et même des petits chiens. Tout
ceci étoit relatif aux purifications et
aux expiations, qui étaient censées se
faire par cette Déesse.
L ’union d’Hécate ou de la Lune au
(6) Valer. Flacc. c. 6 , r. 495. Diod. 1.4 , S- 45’
(7) Cleom. 1. a , c. 5.
(8) Virg. Æneid. 1. 4.
(9) Hippocr. in voc. Tpioe.j
(to) Suid. v«c. Hx*t .
Serpent
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Serpent d’Automne fut l’origine.des
attributs, des Serpens qu’elle prit, soit
dans sa coiffure , soit dans sa chaussure.
Elle étoit alors revêtue des formes
affreuse* des Titans , de Typhon et des
Géans ( t ). Aussi l’a représentait-on
sous cet aspect horrible. C’étoit une
Géante effrayante, qui pouvoit avoir un
demi-stade de haut , dont les pieds
étaient des Serpens, et dont le regard
farouche approehoit de celui des Gorgones.
Au lieu de chevelure , sa tête
était couverte de Serpens et de Vipères,
qui siffloient autour de ses tempes ;
d’autres s’entortilloient à son cou , et
d’autres flottaient sur ses épaules. Elle
grinçoit horriblement les dents , et on
îui donnoit le surnom de Brimo, ôn
de Fretnens et Frendens ( 1 ). C’étoit
un spectre hideux, qui avoit tout l’air
menaçant des furies (2). Aussi tous
les ‘spectres effrayans , les fantômes
destinés à jeter l’épouvante dans les
âmes, étaient censés son ouvrage , et
être envoyés par elle. De-là vint aussi
son influence sur les spectres affreux
de la Magie, et sa surintendance sur
tous le® enchantemens ( a ) , opérés par
la vertu des puissances ténébreuses. Ce
n’est pas en vain , dit la Sybille ,
qu’Hécate m’a donné l ’intendance des
bois sombres de l’enfer.
Médée ( 3) invoque la puissance
d’Hécate, qui, comme la Lune, pouvoit
par des paroles mystérieuses, être
forcée de descendre sur la terre.
Je ne parlerai pas ici du cercle Magique,
appelé cercle d’Hécate, et qu’on
taisoit mouvoir (4) , en prononçant la
fameuse invocation appelée iwf;, ni des
autres pratiques superstitieuses en honneur
de cette Déesse, invoquée comme
Divinité tutélaire des enchantemens. Je
ne la considère ici, que sous le rapport de
•a Lune inférieure , qui , comme Cérès
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etCybèle, a voit aussi scs mystères secrets
et ses Orgies, comme nous l’avons vu
plus haut, dans le passage de Pausanias ,
au sujet de l’Hécate des. Eginètes. ’
St. Epiphane parle d’une Divinité'
Egyptienne appelée Tithrambo , qu’il
traduit par Hécate, et il suppose qu’elle
avoit ses initiés ( 5). Les uns, dit ce
Père, sont initiés à Titausthe , la même
que nous connoissons sous le nom
Hécate, les autres à Nephté, ceux-
ci à Thermuthi. Dans notre explication
du traité d’Isis de Plutarque,
nous faisons voir que cette Nephté est
la Lune, in signis inferioribus, la
femme de Typhon aux pieds de Serpent
; ce qui est conformé à ce que
dit Plutarque ( 6 ) , que Nephté est
ce qui est dans l ’hémisphère inférieur
et invisible.
Ainsi tout ceci s’accorde avec notre
théorie sur la Luné inférieure , ou placée
dans la partie de l’hémisphère ,
dont le Pôle est invisible.
Nous ne nous attacherons pas à
trouver l'étymologie de ces noms Egyptiens
; ce qui est peu important pour
le sujet que nous traitons. Ayant la
chose , peu importe l’origine des noms.
Nous remarquerons seulement,qu’une de
ces Divinités unies à Hécate, et appelée
Thermuli , porte le même nom
que le Serpent sacré d’Isis , ou que cet
animal mystique que nous avons vu partout
, et que nous avons dit être celui
qui est sur la Balance, sous la Couronne
et avec lequel, au point équinoxial
d’Automne , la Lune se trouve en.
conjonction. Il est , dit Elien ( 7 ) ,
une espèce de Serpent appelé Thermuli
( x ) par les Egyptiens , qu’ils
révèrent comme un animal sacré. C’est
lui qui forme la parure , qui orne la
tête d’Isis , image unique de l’Isîs,
dont Hécate a les attributs. Elien ajoute,
(1) Lucian. Pseudo-Philos.
(a) Schal. Apoll, ad. U 3. t . 860.
(3) Euripid.
(4) Porph. Ap. Euseb. Præp. I-'v. 1. j , p.
Niçeph. Greg, ad Syncs, de ïnsom. p. 364,
lïelig. Unir. Tome H.
193.
(5) Adv. Hær. 1. % ", p. 1093.
(6) Plut, de Iside , p. 368.
^7) ÆUan. de Anim. 1. io t c. 31/
* i i