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vierge Thémis. On lui donnoit l’épithète de Promachos
, qur convient au Belier, premier des signes
, consacré à Mars. Là il portoit le Belier
sous son bras ( Heliac. p. 177 ). Ainsi on le représentait
en Eli de. On trouve'encore Mercure
(Arcadie, p. 263 ) , sous le nom de conducteur,
Agetor , uni aux Déesses d’Eleusis ; et avec
lui le Soleil, sous le nom de Sauveur et à?Hercule.
Quant à l’allùsion, que nous avons prétendu
que ce Caducée faisoit à la descente des âmes,
Macrobe ( Saturn. 1. 1 , c. 19 ,^ * 2 5 4 ) le dit
formellement , d’après les explications , que don-
noient les Egyptiens de ce symbole. Voyez Macrobe.
On donnoit aussi à Mercure le nom de
Par-ammon ( Pausan. Heliac. 1. 1 , p. 163 ). IJ
étoit en effet assesseur d’A m m o n o u du Soleil
d* A ries.Si ces deux Serpens entrelacés, comme je le
conjecture, sont les deux qui figurent avec la
Vierge, domaine de Mercure , les Serpens désigneront
Mercure deductor in Libra; et le Belier,
Mercure reductor, sous Arles.
O r , comme le Dieu-Soleil du Printemps étoit
peint, sous la figure d’un beau jeune homme, et
celui d’h iver, sous celle d’un vieillard; par la
même raison, il y eut un jeune Mercure; c’est
celui qu’on voit toujours accompagné du Belier:
il y en eut un autre plus vieux , ce fut donc celui
d’automne. C ’est ce vieux, que l’on peignoit
toujours en érection, suivant Hérodote ( 1 ), et
suivant Plotia ( 2 ).
Il semble, que cet état ne convenoit guère à un
vieillard, et caractérisoit mai la vieillesse. Cependant
il est constant, que le Mercure , que l’on peignoit
tenant en main l’organe de la génération,
étoit toujours le vieux Mercure ( £ ). Quelle put
être la raison de cette singulière représentation ?
Elle doit ce semble être cherchée dans la mysticité.
Ce Mercure d’automne étoit- celui qui pré-
sidoit à la descente des âmes, lorsque par la
génération elles entroient dans la matière. C ’est
donc à lui qu’appartenoit ce symbole de la faculté
génératrice ; tandis que, d’après les mêmes
principes, on dut mutiler le fameux A ty s , compagnon
du Belier, de ce Belier, dont Jupiter ôte
les testicules, dans les mystères de Cérès.
Plotin prétend au moins, que la représentation
du vieux Mercure , tenant en main l ’organe de la
génération, a un sens mystérieux et énigmatique;
que les anciens sages, qui instituèrent les initiations
, désignèrent par là le Logos intellectuel,
agissant par la voie de génération dans le monde
sensible ; ce qui peut très - bien s’appliquer aux
âmes intelligentes, qui descendent dans la matière
génératrice, suivant la théorie expliquée
par Macrobe ( 4 ). Hérodote prétend,que cette
teprésentation du vieux Mercure venoit des 1 2 3
(1) Herod. I. 2, c. $ï.
(2) Plotin. Ennead. 3, 1. 6, c. 15, p. 321—22.
(3) Plutarch. de Rep.bene ger, p.qyj.
M E S E C O N D .
Pélasges, d’où elle étoit passée dans les mystères
de Samothrace, où l’on donnoit aux initiés une explication
sacrée de ce symbole. Plutarque y voit (5)
une expression de la force intelligente, énergique
et féconde, qui se développe.
Tout , ceci est une conjecture.
• ( ƒ ) Un des symboles consacrés dans ces mystères
; étoit la Pomme, ou les Pommes des Hes-
pérides. ( Clem. Protrept. p. 12. ) On y voyoit
aussi un Globe èt une maphine Sphérique, symbole
du monde; Talus, un dé à jou er, symbole
peut-être de la fortune, qui présidoit à la génération
; Tvyjn , le sabot, symbole de sa volubilité
, et d’autres emblèmes, tels que la Toison et
le Miroir.
( h ) La théologie Phénicienne donne à Syduc ;
ou au Juste ( Balance sept fils appelés Ca-
bires ou Grands-Dieux, et un huitième frète appelé
Esculape. Ce sont eux qui transmirent les
connoissances sacrées , enseignées dans les Orgies ,
dit Sanchoniaton. (6).
( i ) Il y avoit à Athènes un ancien temple
dédié à la terre , qui n’ avoit rien de commun
avec celui de Cérès ( Thucyd. 1. 2 Lk ce qui
prouve assez , que la Terre et Cérès étaient deux
Divinités distinguées; ou si la Terre est quelquefois
Cérès, c’est à la T e r re , figurée dans un des signes,
qu’appartiennent les fables sur Cérès.
On donnoit à IsTs le nom de Mouth , q u i, en
Egyptien , signifie mère ( de Iside , p. 374 ,). Les
Grecs l’appeloient A«« ou la Dea des Latins ,
la Déesse par excellence. Ils y joignirent la qualité
de^ mère , ou M«7«p , et ils eurent Anaptilnç ,
et par contraction AMptilDf, nom de Cérès. • Le
mot de mère était en opposition à celui de Proserpine
, qu’on appeloit Kopn , la jeune Déesse ,
ou jeune fille. Cérès était mère, de Bacchus. et
de Proserpine. Ces deux dernières divinités prirent le
titre d'enfant, liber , libéra ; le pluriel est liberi, en-
fans;et la Déesse prit celui de Déesse-Mère, Anptilitp.
On lui donnoit aussi le nom à’Atkuri , qui dé-
signoit , , dit Plutarque , la maison d’Horus x
dans l’ordre du monde. J’observe que ce nom
approche fort de celui d*Arcturi , nom de la
belle étoile , qui est à côté de la Vierge , qui
se lève avec lu i, et lui sert de Paranatellon constant.
Or Servius nous dit de cette constellation,
que les Egyptiens l’appellent Orus , parce qu’il
eleva Orus , fils d’CLiris. Orus d’ailleurs étant
le Soleil, le premier Décan de la Vierge lui est
consacré. Elle est donc domus lio n mundana.
Car l ’ordre du monde est l’ordre Cosmique , 01-
vcov «p» Koc[/.tKov , dit Plutarque , traduisant
ce mot Athuri. Il ajoute, qu’il signifie aussi %o>çct
yevereac. C ’était le lieu où Orus prenoit naissance
avec l ’année , comme on le voit par le pet
((4y)) SPoluint.. iSbcidip. . pI.. 715.7.
(6) Euseb. Pr#p, 1, 1 , c. 9.
N O T E S D U T O M E S E C O N D . 3oi
tit enfant que tient cette femme;'et dont nous donnons
ailleurs l’explication.
(k) La Vierge céleste fut souvent .peinte Acéphale
, Ou sans tê te , suivant Eratosthène. Mais ,
suivant Plutarque (d e Iside, p. 358 ) , on représenta
aussi Isis décapitée. Diodore nous dit également
, que la Justice , et c’est aussi un des noms
de Thémis ou de la Vierge céleste,était représentée
sans tê te , en Egypte (1) , dans les sanctuaires
Mystagogiques , où l’on donnoit la représentation
des Enfers.
(/) ( Scalig. Not. ad Manil. p. 341,, 34** )
Dec an. 3. Leonts. Finis Equi. Finis Asini. F igura
Ursae majqris. r. Decan. V'trginis. Virgo
pulchra, capillitio prolixo , duas spicas manu gestans,
sedens in Siliquastro. Pars caudae Draconis. Crater
3. Decan. Dimidium hominis pastoris. Humérus
Simiae Australis. Intrà Ltbrae et Virginis man-
siones ascendit Aspis magna cum Cratere. Dicunt
preetereà Ægyptii hoc loco pont Virginem duas spicas
manu tenentem , quee sedet super thronum ,
Virginem pulchram longis capillis etc. Kirker
place un Singe vers le midi , entre le Sagittaire et
le Capricorne (2).
(m) D e - là , sans doute, vint l ’usage, en Egypte,
de porter dans les fêtes de cette Déesse des épis,
ou des vases remplis de blé et d’orge ( Servius,
Georg. 1. 1. Diodore, 1. 1 ). Comme les anciens
avoient donné à chaque signe une inspection
sur quelque climat , sur quelques animaux,
sur quelques plantes, d’après les raisons d’analogie,
tirées des formes célestes ; au Belier , par exemple,
la sur-intendance des troupeaux etc. ils donnèrent
à la femme porte-épi la sur-intendance des moissons
et à ce titre , la Vierge , sous divers noms,
fut Déesse des moissons et des symboles relatifs
à l ’agriculture. L’agriculture entrant dans ses mystères
et ses attributs , on crut y voir une cérémonie
commémorative de l’invention de cet art. Mais
tout ce que nous avons dit, et tout ce que nous dirons
encore, prouve bien, que la théorie de i’ame étoit
le grand qbjet des mystères ; et que les idées d’agriculture
n’y entroient , que comme un accessoire
relatif aux attributs du signe céleste, et
à sa fonction Astrologique.
(n) Columelle place le commencement de son
lever aux Ides de Mars, huit jours avant l’entrée
du Soleil au Belier. ( Columel. 1. 2 , c. 2. )
C ’était au 10 du même mois, suivant Végèce ( de
re Milit 1. 5, c. 1 ) , que l’on fixoit l ’ouverture de
la navigation, qui se célébroit par des joutes so-
lemnelles
(o) La cérémonie finie, on congédioit l ’assemblée
par cette formule d’usage : quod fe lix itaque, ac
faustum y salutareque tibi sit (3).
(p) C ’est à ce titre , qu’Isis avoit la faculté de
calmer les orages , et de faire échapper les navigateurs
aux périls de la mer ( Apulée ibid. ).
(O Diod. Sic. 1. 1.
(2) Lirk. (Edip, t. 2, part. 2, f. 201,
- (a) Diodore de Sicile ( 1. 3 , c. 62) convient,
qu’il se passoit dans les mystères de Cérès beaucoup
de choses, qu’il n’étoit pas permis de révéler
aux profanes, et ’qui indiquoient, que ce culte se
rapportait à la terre: conséquemment Cérès n’avoit
point existé comme femme , et sa fable ne
peut être qu’une histoire allégorique.
(r) Ce Cheval Arion, suivant d’autres ( ibid.
Pausan 257 ) , étoit né de la terre. Or Pégase étoit
né de la terre et du sang de Méduse.
11 résulte de cette découverte, que la même
Vierge est la Belle Méduse. En effet, Cérès a la
tête hérissée de Serpens , comme Méduse. C'est
Neptune, qui est père de Pégase dans les deux
' fictions ; donc la mère est la même, sous diffé-
rens noms. La Vierge & couche avec l’Hydre , au
lever de Persée. Vo ilà l ’origine de la fable de
Méduse tuée par Persée. Le bras et le sabre de
Persée montent, au moment où la tête de la
Vierge et la queue de l’Hydre disparoissent.
Ajoutez que, comme Méduse, la Vierge céleste a eu
la tête coupée ( Eratosthène ); et qu’Isis l’eut aussi
(Plutar . de Isid. 358 ). La tête de Méduse était
enterrée dans un tombeau , près celui de Persée,
à Argos , où l ’Lis décapitée par O rus , et prenant
la tête de Boe u f, que lui donnoit Mercure, s’ap-
peloit Io , dans sa métamorphose. En effet, après
que la Vierge a fini de se coucher , le Soleil placé
au Taureau se trouve monter en conjonction avec
la Lune (4).
GOjOn l’appeloit la Noire, Melaina, puisqu’à son
coucher , elle étoit aux portes de l’Occident et de
la nuit.
(r) On faisoit Styx fille de l’Océan, et mère d’Echid-
na, espèce d’Hydre ( Pausan Arcad. p. 251 ). Son
eau passoit pour mortelle.
(w) Bacchus fut aussi fils d’Isis , suivant les
Egyptiens (Plut, de Iside, p. 365). Il prenoit le
titre ddArsaphès , ou de fort ( fortis et potens
dans l ’écriture ).
(x ) Parmi les symboles mystérieux des mystères
de Bacchus , on comptait la Roue.
(y) Les cérémonies mystérieuses de Mithra se
terminoient par un discours sur la justice ( S. Just
adv. Tiryph. §. 70 ) , après quoi, on expliquoit aux
initiés les symboles du culte. Dans les mystères
d’Isis, on voyoit un ministre, qui portoit là main
de justice. ( Apul. met. 1. 11. ) On célébroit
à Athènes des fêtes de Cérès Thesmophofe
dans lesquelles on portoit respectueusement en
triomphe les livres des rits et des lois.
({) (Som. Scip. 1. i , c . 10 , p. 41. ) Les âmes,
qui se sont échappées de la. prison du corps , dit
Macrobe , d’après. Cicéron, passent dans un état
qu’on peut appeler une véritable v ie , et ce qu’on
appelle vie ,sur la terre, est une véritable mort,
pour l ’ame. Si descendre aux Enfers, c’est mourir*
et si c’est .vivre, que d’habiter les régions supé-'
(3) Apul. 1. n._
(4) Pausan. Corîntb, p. 64,