aux sept tuyaux, dans celle de Pan. On
prétemloit donc, quelimage de ce Mo-
loch étoit creuse , et que sa concavité
étoit divisée en sept parties, ou chambres
particulières, que l’on ouvroit pour
y déposer des offrandes ( i ), Chaque
chambre étoit destinée à recevoir une
offrande particulière, dont la nature
varioit, à raison du rang ou de la place
de cette chambre. Ainsi dansla quatrième
on mettoit le Bélier ; danslacinqniè-
me le Veau ; dansle sixième le boeuf; et
ceux qui vouloient offrir un enfant étoient
admis à déposer cette offrande humaine,
dans la septième chambre. Les mains de
l ’idole étoient disposées de manière à
paroître solliciter les offrandes. On dan-
soit autour, au son des instmmens les
plus bruyans , pour étouffer les cris des
malheureuses victimes , qu’on brûloit
dans les flânes de celte affreuse divinité.
Nous tenons des rabbins Simeon, et
Salomon cette description. Eux seuls
sont garans de cette tradition. Le rang
qu’occupoitlachambre,dans laquelle on
brûloit les vlctim es h umaines, sem b ! eroit
indiquer que cette offrandeétoitfaite à Sa-
turne, dévoreur d’enfans, qui occupe la
septicmeplace dansle système planétaire
(sy), Cette conjecture semble encore
apuyéedu témoignage desAnciens, quira-
content que les Carthaginois, venus de
Phénicie, jettoient aussi des enfans dans
la statue de Saturne, autour de laquelle
étoit allumé un grand feu (2). N’eut-il
pas mieux valu , dit Plutarque, pour
les Carthaginois , avoir Critias , ou
Diagoras, c’est-à dire, des Athées
pour Législateurs', que de recevoir de
pareilles ioix religieuses ? C’est bien ici
l ’occasion d’appliquer Ce fameux vers
de Lucrèce« • Tant la religion a pro-
» duit de maux , et consacré de cri-
» mes ! 3j Dans le temps qu’Agathocle
étoit prêt de mettre le siège devant Carthage
, les habitans de cette ville, ré-
(1 ) Se’den. Syntag. 1. c. 6 p, 169,
(2) Dio.l. i. 20. TertuII. Apoïog. Minut.felix Quînt-
Curc. 1. 4. c. 3. Plut, de superstic. p. 171. Lactan jiiMic. I. i. c. ai.
duits à l’extrémité, immolèrent à leur
divinité féroce deux cens enfans , des
meilleures maisons de Carthage; .et outre
cela plus de trois cens citoyens , qui
s’offrirent volontairement en sacrifice
Diodore prétend, que les mains de l’i.
dole étoient disposées de manière à ce
que l’enfant,qu’on posoit dessus.tombât
aussitôt dans une ouverture et dans une
fournaisepleine de feu. Peuple, voilâtes
dieux , tels que les ont fait tes prêtres,
Que sont cependant ces assassinats religieux
, en comparaison de ceux 4e la
Vendée ? Plutarque n’auroit-il pas encore
raison de dire , que Diagoras l’Athée
n’eût jamais fait autant de maux,
que ceux que le fanatisme religieux a
produits dans ces contrées malheureuses.
Oui, nos prêtres sont encore les descen,
dans de ces féroces Druides , qui arro-
soienï de sang humain , l ’autel de leur
dieu Mars , d’Hésus (3) , le Moloch des
Gaulois; divinité bien digne du titre de
roi, Cette ressem bl an ce pou rroit aussi faire
croire que c’étoit à Mars, dont la planète
por.toit le nom de Moloch,àMars,
dieu des combats, et du carnage, que s’a-
dressoient ces sortes de sacrifices. C’est
ce dieu des combats, que dévoient na?
turellement invoquer les Carthaginois,
pour obtenir des seGOurs dans la guerre
malheureuse, qu’ils faisoient contre Aga-
thoole.,
Dailleurs ces cérémonies religieuses
de Moloch avoient pour objet le culte
du feu , élément affecté au Bélier, auquel
préside Mars, L ’ancienne année des
Perses (4) commençoit par ie mois Azur,
ou par le mois du feu. Çe nom étoit ce^
lui du feu et déjà Planète de Mars, ap-
pellée Azar , et Azer (5), à cause de sa
pouleur de feu; car cette planète est très-
rouge. Hyde ajoute,que c’étoit cette Pis?
nète, que les Sepharaïtes adoroientsous
le noni d’Adra Melech 5 ou Adar.Me-
}ech , et qui donna son nom au mois
(3) Lucan. lib. 1.
(4) Hyde , ve,t. pers. relig. c. 19. p. 248— 152.
Cil Ibid, c, ?. p. 63.
Ad“1
Adun» ou Azaf:, Planète dé feu,de nature
•fVoce, dit Hyde: ; etqui estfcJ’un'heureux
présage dans’ies'conibatst Le nom Azur
en tre cl a n a 1 a co m p osi ti o n d e 1 ’ A n ge Azu r-
oliusluips, Ange cruel et féroce, qui
préside à la garde du feu(ii),: au milieu
duquel il est toujours. Tel étoit Moloch,
que l’on honoroit en faisant passer les
enfans à travers des brasiers, disposés
des déux côtés de leur passage. Les adorateurs
du feu (2)3; dit Maimonide, pu-
bioient, que .ceux qui ne faisoient point
passer leuis enfans par le feu, les expo-
soient au danger de mourir. C’est celte
cérémonie, qui,'suivant les livres Hébreux,
sefaisoiten honneur de Moloch,
chez les Ammonites , et dans la vallée
d’Ennom (3). On y faisoit passer les en-
fans par le feu ou entre deux bûchers (4).
Il paroît,{ qu’il ne s’agissoit que d’une
simple purification par l’élément du feu*
dans cette cérémonie ; ce qui u ’empe-
che pas que,dans d’autres circonstances ,
comme à Carthage, on ne brûlât quelquefois
ces victimes malheureuses. C’est
par-là que l ’on pourra concilier les opinions
des différons auteurs, dont les uns
prétendent que l ’on alloit jusqu’à brûler
ces innocentes -victimes, et d’antres
qu’on les faisoit simplement passer par
le feu (5). Ovide parle d’une cérémonie
à peu près pareille, qui se faisoit
aux fêtes. Palilies , à l ’entrée du soleil
au Taureau céleste, ou à l’ancien signe
équinoxial du printemps. Il apporte
diverses raisons de cet ancien
usage (6) ; et plusieurs ont rapport à
■ la fondation de -Rome , bâtie par un
fils de Mars , et à la découverte , du
feu. Il y avoit une idole de Moloch,
comme nous l’ayons ? >vn plus haut,
qui portoit sur sa tête les attributs du
signe du Taureau, s;>us':leq«eljHj fadroit
la cérémonie, .daiis laquelle on.pas-
Gl-titd. ibid. p. 252.
C1) Maimon.1. 3. c- 38.; et üufc. oeclip.'t. -I- p.329.
(3O P-eg.' 4. c., 23. v. l'o,1 -
(4) ll. Levi ben Gerf. 1. 4.
(5) Kirk. .oedipà t.T.’ p .-330, et S'é!A-.sÿnt. T c-6.
p. 168. Voss. de .idol. I, p, c. 5.
RI'g U hiv. Tome I I.
soit ûltraVersle feu chez les Romains,
comme oliez les adorateurs de Moloch
en Syrie.
Les déyots à Apollon ,- ou au dieu
Soleil , adoré sur le mont Soracte eu
Italie, passoient sur les charbons, pieds
nuds, sans se faire de mal (y): La
même chose se pratiquoit dans le même
pays , en honneur de la déesse de Fe-
ronle (8). Une foule de peuple .se rendait
tous les ans à cette fête, pouf
jouir de ce spectacle. La même céré.
monie avoit lieu en Cappadoce au temple
de Diane Perasia (g)’, ou de Diane
Tauropole, ou -de la lun e , qui a son.
exaltation au signe céleste du Taureau
, dont Moloch , suivant les Fc.ab-
bins,portoit les attributs,lesquels étoient .
ceux d’Isis , d’Astarté, d’Apis, de Mi-
thra, ou du soleil et de la lune de
printemps autrefois.
Quoiqu’il en soit des rapproeheinens*
qu’on peut établir entre les .cérémonies
qui se pratiqnoient en difï’érens
pays, et des purifications qui s’y faisoient
par le feu , on ne peut s’empêcher
de reconnoitre, que ce culte .étoit
relatif aux eorps célestes , , soit au soleil
, soit à la lune de l’équinoxe de
printemps, soit à la Pianete de' Mars,
qui présida au Bélier, signe de cet
équinoxe, et qui remplaça le Taureau,
ancien signe équinoxial. Aussi Fauteur
du livre des vois place-t-il l ’idole de
Moloch , dans, le même rang que celle
de Baal, et d’Astarté , qu’il associe
aux objets du culte du Sabistné, savoir
au culte des Planètes, des signes
.du Zodiaque, et de toute la milice
céleste (1-0), dont les monumens furent
détruits p-ar Josias/. Jérémie confoûd
même ensemble, sous les noms de Baal
de Moloch, la divinité .adorée dans
vallée d’Ennom §1 i) > c’est - à - dire,
(6) Ovid fast. 4. v. 781 &c.
(7) virgif- A*Éneià* î. £i. V. /•«t»
(8) Stra'bo î. 5. p. 226.
(9) Strabo 1. 12 p* 537.
(10) Rcg. I. 4. g. 123. v. 4 —5- 10 -13.
(11) Jerem. c. 23. v* 35. *c. 19. v. 5*