donnaient au bon Génie la tête' de
l ’épervier ( i ) et le nom de bon Génie
au soleil. ( 2)
Horus-Apollon (3) voit dans ce même
oiseau, outre un emblème de la
divinité , celui de lJélévation et de la
victoire. Il le regarde comme l’image
naturelle du Soleil (4) , dont il contemple
d’un oeil fixe les rayons. C’est
pour cela, dit-il , que l’on peint le Soleil
sous la forme de l’épervier , comme
étant l’auteur de la lumière , qui nous
éclaire , et celui par qui nous voyons.
Il peint aussi l’élévation , parce qu’il
est le seul oiseau, qui s’élève dans les
airs, par un vol perpendiculaire. Enfin
il désigne la victoire (S) , par sa supériorité
sur les autres oiseaux. H or-
Apollon prétend, qu’il fut pris même
pour un emblème de l ’année (6), dont
les trois cent soixante-cinq jours étoient
employés'à reproduire,nourrir, et conserver
son espèce. Pour moi , j’imagine
qu’il ne fut pris pour symbole de
l ’année , que parce que déjà il avoit
été choisi pour emblème du Soleil,
qui mesure l’année.
On parle d’un Accipiter ( 7 ), oiseau
consacré au Soleil , ou à Apollon, qui
à Delphes avoit fait connoître un voleu
r, qui avoit pillé le temple. Les
prêtres d’Orus, ou d’Apollon chez les
Egyptiens étoient chargés du soin de
nourrir les oiseaux sacrés (8). Il y avoit
en Egypte la ville des éperviers , et
tout près celle d’Apollon , où l ’on fai-
soit la guerre au Crocodille (t), animal
qui a pour ennemi l’épervier , parce
que les ténèbres-ont pour ennemie la
lumière. Elien entre dans les plus
grands détails sur le soin tout parti-,
culier,. que les prêtres prenoient de la
,- / l) Eqfeb. I. i . c. 10.
(2; Ci-defîus !. 3 3. 18.
(3^ Hor. ApoM< 1 1. c. 6*
(4) Clem. Alex. Strom. 1. 5. p.
(5) Pau fan. Laconie, p. 90. Heliac 27 p. 19$.
( é j Hor. Apoü. 1. 1. c. n .
( 7 ) Elian 1. 2. c. 43. /
m Ibid, de animal. I. 7.0. g.
nourriture des éperviers et. sur le chois
qu’ils faisoient des alimens, qui leur
convenoient, à raison de leurs différées
âges. Ils les élevoient dans des bois sacrés
; où ils étoient mis en dépôt, comme
autant d’offrandes faites à la divinité du
Soleil. On en distinguoit de plusieurs
espèces. Chacune de ces espèces étoit
affectée à une divinité particulière (9),
Celle dont le vol étoit le plus rapide
étoit consacrée au dieu Soleil. On dé-
bitoit sur ces oiseaux sacrés une fable
assez semblable à celle que l ’on avoit
imaginée sur le Serpent, et sur le
Phénix , deux symboles de l ’année et
du Soleil, savoir, qu’il étoit un temps
de |1 année où ils sembloient se rajeunir
et quitter leurs anciennes dépouilles.
L'époque de ce renouvellement étoit
le Solstice d’été, au moment où le Nil
se débordoit , et au coucher du matin
de l ’Aigle célpste(io).
Hérodote (12) parle du Phénix, que
Nonnus (i3) dit être une image du Soleil
, et la peinture , qu’il nous en fait,
ressemble assez à celle de l’Accipiter,
qui tient en partie de l ’aigle et en partie
du vautour. L ’aigle sacré, celui qui,
suivant Strabon, (14) étoit révéré à. Finies
, sur les confins de l’Ethiopie > ne
ressembloit ni à ceux de la Grèce ,
ni à ceux d’Egypte. Il étoit beaucoup
plus gros et assez différent, par la variété
des couleurs. Il est possible, que ce soit
celui-là, qu’on ait désigné sous le nom
de Phénix. C’étoit en effet un oisean
rare , qrre l’on disoit n’être connu qu’en
Ethiopie , où l ’on alloit le chercher,
quand l ’oiseau sacré mouroit. Les
Turcs encore aujourd’hui respectent
cet oiseau ( i 5). Son oeil extrêmement
vif et brillant le fit comparer et coa-
(9} Strab. i, 17. p 817..
(JoJ AEfian de animai. J. m, c. 4-
(11 j Ibid. c. 4.
(12) Herod. I. a, e. 73.
(13J Nonnus Dionyf. i, 40.v. 4ta*
(14) Strafe. I. 17. p. 8i§„.
( 1 g) Comant-d'Or vil, t. 6. p. 135-. • - U- * J - ^
sacrer au Soleil, suivant plusieurs auteurs
cités ci-dessus. Suivant Porphyre
(1) » ce fut sa nature même, composée
de sang et d’esprits vifs , qui le fit regarder
comme un animal de la nature
du Soleil. Le culte qu’on lui rendoit
en Ethiopie fut cause, sans-doute , que
l’on donna au Soleil l’épithète d’Accipiter,
ou d’épervier , qui régnoit sur
le midi (2). Car Philes, où l’on révé-
roit cet oiseau sacré , dont parle Strabon
, est dans la partie la plus méridionale
de l’Egypte , à vingt-trois degrés
et demi de latitude , sons le Tropique
même età soixante-un degré vingt
minutes de longitude , suivant Ptolé-
mée (3). L’Aigle étoit aussi consacré
dans le temple de Thèbes (4) » ville de
Jupiter, ou du dieu, dont l’Aigle fut
le symbole chez les Grecs et chez les
Romains. La majesté de l'Aigle , sa
force , et la hardiesse de son vo l, peignirent
assez bien la majesté du maître
des dieux ; et on crut appercevoir, dans
cet oiseau, quelque chose de royal, suivant
Porphyre ( 5 ). L’aigle d’ailleurs
étoit Paranatellon du L ion, signe consacré
à Jupiter , dans la distribution
des signes entre les douze grands
dieux (6). Voilà plusieurs motifs, qui
ont pu déterminer à unir ce symbole à
celui du dieu, qui dans l ’ordre hiérarchique
UN IVËRSELt E. *7?
met à croître et à décroître. Elle règle
se trouve placé à la tête des
immortels, et au Soleil chef des astres.
Passons à l’Ibis , oiseau consacré à
la Lune , et quelquefois à Mercure Qyy)*
L’Ibis est un oiseau particulier à l’Egypte,
(y) et qui tient beaucoup de la
cigogne. On tire de plusieurs sources les
motifs, qui la firent consacrer à la Lune.
Quelques-uns crurent, que la durée
de son travail sur ses oeufs égale celui
des jours, que la lumière de la lune
0 ) Eufeb. præp. çv. I. 3. c. 4. p. 31.
(а) Kirk. OEdip. I. 3. p. 128.
(3) Ptaiémée gçog. i. 4. c. 5. p. I I 2.
(4} Strab. 1 .17. p. 812.
(5) Euleb. præp ev. I. 2. c. I. p. 49.
(б) ‘Manil. Afîr. I. 2. v. 439.
(7J AEliaa de animal. 1. 2. e. 38.
son régime sur la marche périodique
de cet astre, dont elle semble con-
noître et suivre les phases ( 8 ), en retranchant
de sa nourriture ou y ajoutant,
à proportion que la Lune perd ou
acquiert de la lumière. Sa vue même
éprouve l ’altération des phases de cet
astre (9).
D’autres , suivant Plutarque et Clément
d’Alexandrie , ont cru appercevoir
dans la couleur des plumes de l’Ibis
, dont une partie du corps est blanche
et l ’autre noire, une image de la
Lune dans ses phases (10). Ces rapports
vrais ou supposés, entre la couleur de
l’Ibis, entre la durée du temps qu’elle
met à couver , entre le régime de vie
qu’elle suit et la progression de la lumière
delà Lune dans ses phases, ont dû
suffire , pour en faire l ’oiseau familier
de cet astre, chez un peuple qui cher-
choit dans les phénomènes terrestres
une image des phénomènes célestes , et
qui s’étudioit à établir un système de
rapports , entre les formes du ciel e t’
celles de la terre.
On remarqua aussi dant l’Ibis une
qualité utile, sa haine pour lesserpens
et les reptiles, qui infestoient l’Egypte,
auxquels elle déclaroit une guerre destructive
(n ).-L ’Egypte , dans laquelle
l’Ibis se circonscrit, est pour elle une
patrie, qu’elle défend contre les serpens
allés , qui viennent d’Ethiopie et qui
cherchent à y entrer (12). Elle attaque
les autres serpens, qui tentent de s’y
introduire , dans le temps du débordement
; elle les dévore et les digère
facilement ; et en général elle est
le fléau de tous les insectes et de tous
les reptiles , qui peuvent nuire aux
hommes et aux fruits (i3). Elle a donç
(8gIbid. c. 34.
(9) Ibid. I. jo.c- 29.. .
(10) Mut. de Iüde p. 381. Clem. Alex. Strcfll. I.
p-S<>7- , • • '
Q11J Plut, de If. p. 381. Euf. præ.ev* I 2 ,e .x .p .4&
(12) AEfian. de animal, 1. 2. c, 38- ■ t
(13) Ibid, 1. k >. c. 29.