que celle qu’on, avoit des enfers , du
Tartare et de l’Elysée .y dont personne
néanmoins n’avoit été lever la carte ;
et les anciens, si bornés dans leurs eon-
noissances Géographiques, sont entrés
•dans les détails les plus circonstanciés
sur le,séjour, des âmes après-Ja mort,
sur le régime de chacun de.S;deux em-
pires, qui partagent le domaine immense
des ombres; sur les; moeurs, des peines,
les plaisirs , le costume même des:ha-
bitans de ces deux régions. La même
imagination poétique, qui avoit enfante
ce nouveau monde ; en fit avec autant
de facilité la distribution ÿ et en figura
arbitrairement le plan. Spcrate-, dans le
Phédon de Platon ( 1 ) , ' conséquemment
au système de l’immortalité de
lame, qu’il cherche à-.établir, parle
du lieu où ,se},rendent les aiues après
la mort.,. Il imagine une espèce de terrp
Éthérée ; supérieure, à pelle quq nops
habitons ; et. dont celle-ci n’est en quel
que. sorte que la base inférieure:, fpi-
mée par le sédiment d’une matière beau-
cou)) plus pure j et comme le fond, dp
. couffqÇ|V astqdaas leqpqU’eq.u,les tçn,è,bi;e£
et i’air.-,épai-s 'se rassemblent. -C qstj.au
Jbnd jde,J ce ,.fluide grossier que no,qs
ram j von s , et ce n est qu’à travers .cet
élément ténébreux, que nous pouvons
appercevoir la terre pure, ou la partie
supérieure de nQtrjé-.terre,’ qui. s'étend
Pians - la., région pure de FEther dqqs
les espqçes lumineux , où ;sout plaqqs
réellement les. Astres.: Nous,croyons
faussement ici-bas habiter ia surlace de la
-terre ; niais notre erreur est ;seinbiable à
celle d’un homme,qui raroperoit au fond
du bassin des, mers., ét quj,, tà .travers
le.,cristal-des ea,vpc, ,ppp£rcqvant
le Spleil et les, Astres „feroiroit ,tyi%la
surface de la mer est ,1e ,Çfel. Ce qui
arriveroit à cet lronïme, qui n’auroit
jamais pu atteindre jusqu’à cette-surface
, ni élever^ sa. tète . au-dessus îles
eaux , pour voir iç.oniblen. lajr'égiQn de
* pair est plus belle 'et plus lumineuse;
(i) Plato i» Phædon , p. 109.
la, même .chose nous arrive à nous-
mêmçs qui y demeurons, à l’égard de
cette région supérieure ; de prendre
pour ,1e Ciel la couche: supérieure de
l’air , comme si c’étoit véritablement
là ce Ciel;, dans lequel circulent les
Astres. ' Si notre foiblessé si les lois
de la pesanteur ne n ous empêchoient pas
•de nous élever jusqu’à cette superficie
de l ’air ; nous pourrions j ouir du spectacle
.brillant de cette véritable terre ,
que couvre le véritable Ciel, et où but
la, véritable lumière. Notre terre ne produit
rien de icompamble aux merveilles
de petterrégion éleyée,,Les couleurs y
ont .plus de vivacité et plus d’éclat. La
végétation y ;est également' plus admi-
rable j les-arbre.si, lçs. fleurs^ les fruits
,y prit un degré 1 de perfection infiniment)
supérieure, à celle qu’ils ont ici-
bas.,. Les pierres i précieuses , les jaSpes,
les émeraudes;,;les sardoines., ry jettent
lin,,éclat, infinimentcplus . brillant que
les nôtres, .qui n,e .sonteque la'partie
la plus [grossière qui s-ep. est détachée;
l’èàudes.perles en ,test., beaucoup:.plus
beileietipluS' puï». Cett&.-terre .sublime
en est; touffe Dsemée.y par tout' l’or et
l’argept y éblpuissexttiftsÿeux ; etle speo
îtacle, qu'elle préseii té-> fait, le -bonheur
de ses ijeureux habitans. Elle a ses animaux.
beaucoup plus parfaits-; l'élément
de, l’air- y tient.lieu de la mer, et l’Ether
qui I’pnvironne y.tient lieu de l’air.-Res
.saisons, y'.,sont.si-heureusement tempérées,
qu’}l- n’y règne ,.;jjamais.> aucune
maladie, et que la vie des hommes est
d'une bien plus,, longue, durée quels
nôtre ; leur organisation et tous leurs
isens sont pareillement, bien supérieurs
-aux nôtres, dans la.-proportion, suivant
riaquelje'fa iSubstan'c.e de l’Ether est, supérieure
à celle de'l’air. Les Temples
y-goift habités par les Dieux eux-mêmes,
qui .y rendent leurs, oracles- dé Vive
vqix , saifs l’organe de qui que-ce, soif-
LeSî jliointnes qonver.sen t avec ■ eux , ri
vivent dans leur société : eux seuls
voient le Soleil, la Lune , et les autres
Astres, tels qu’ils sont naturellement,
et ils jouissent de toute la félicité qui suit
nécessairement une pareille existence.
Ceux qui se sont distingués par leur
piété et leur vertu, affranchis et délivrés
de nos demeures souterraines ,
comme d’une prison , passent dans,
cette1 région pure et élevée, ’et vont
habiter au dessus de la rtérrè’. De ce’
nombre sont tous ceux que la philosophie
a détachés des affections terrestres,
et purgés des souillures que l’ame contracte
par son union à là matière. C’est
donc une raison pour nous \1 Bit Socrate, 1
de donner ici bas toits nos soins à l’étude
dé la sagesse ét à la pratique de
toutes les vertus; larécompense, qui nous
-attend, est assez grande ; les espérances,
qujon nous propose, assezflatteuses, pour,
courir les risques deaettè opinion et pour
m’en pas rompre le, charmé. Le but dè
ces fictions est assez marqué, par la ’
conclusion qu’en tire Socrate , qui lés’
regarde comme un encouragement à la
sagesse et a la vertu. Il en fut de même
de celles qu’on imagina, pour effrayer le
crime. On fit du séjour des Coupables la
description la plus affreuse. Voilà j dit
Socrate, en général quelle est la conformation
naturelle de la terfe et dé ce qui
l’environne. Mais elle a en outré des
gouffres, desabîmes infiniment pluaprofonds
, que les cavités que nous'habitons
(Æ) ; d’autres, le sont moins, mais plus'
larges ; et tous se communiquent entré1
eux dans les' entrailles de la tèfre , par
des routes souterraines, et des canaux,
qui se déchargent les uns dans les autres,
et par lesquels coulent des fleuves
d’eaux , les unes .froides , les autres
chaudes; Ceux-ci ne roulent' que fleV
torrens de feu;,ceux-là promènent lentement
une eau crdupissànte et fàn-
8e“8®» et un limon impur.: La plus grande
et la plus profonde dè ces ouvertures,
est celle qu’on appelle’ Iè Tartare (i); -
(1) Phædon. 112, : è.'
Le) Phæd. 11;.
dans laquelle s’engouffrent fous les fieu-,
ves, et dont ensuite ils 'ressortent tous,
par une espèce de flux et. de reflux,
semblable à.celui de l’air qu’aspirent
et que rendent nos poumons. Socrate
décrit cette circulation souterraine des
fleuves dè l ’enfer assez au long, pour
que les amateurs de l’Hydrographie infernale
,sbrent complètemént satisfaits.
Nous n’en suivrons point ici les détails.
Nous observérdhs seulement, que l ’auteur
compte quatre fleuves principaux,
dont le premier et le plus grand, qu’il
nommé Océan , environne'la terre. Le
second, qui coule en sens contraire y
s’appelle Acbé’roij, ; et va. former Sous
la terre 1 un immense maràis , appelé
Achérusien , dans lequel le grand nombre
des âmes des morts vont se rassembler
; et après y avoir séj ourné , les un es
plus', les’ autres moins de téréÿiS , elles
en sortent pour‘animer d’antres corps
d’animaux. ‘Un troisième , qui coule
entre les dehx premiers ; va décHàrgfer
ses eaux dans un vaste gouffre, où bouil-
lonnent des torrens dé soufré enflammé.
‘C’est le fleuve Pyriphlégéton,(2)f 'II1
èn ressort ensuite chargé. d’un limon'
brûlant ; et 'Circulant autour de la terre, !
il va sé précipiter dans'la partie la plus
profonde du Tartare. Dans la partie opposée
, on Voit un quatrième flèuvfe , qui
coule d’abord dans des lieux affreux et
d’un aspect horrible, où il forme le ma-'
rgiS du Styx ; il en sort ensuite avec violence;
et tournant'sur lui-même , il va
heurter de ses'flots ceux dii Pÿriphlégé-
tôn, sans cependant que son eau s’y
mêle; et se reployant par de longues sinuosités
, il va se perdre dans le Tartare,
du côté opposé au Pyriphlégéton. Ce
quatrième fléuve' s’appelle , Chez les ;
poètes, le Cocyte. i: \ '
Avant d?arriver ’a l’empire du, Dieu
des .Morts (3), ètaù séjour des ombres
sïlén'èiéusès (l) o n ’ traversoit une ré-,
gioh Vaste , déserte et ténébreuse, qui
(3) ÆneiL i. 6, v. ïriS.