
 
        
         
		preuve ;  ainsi  que  celle  d’Osiris  et  de  
 Typhon ,  rajeunie  par  Synesius,  nous  
 en  a déjà  fourni une. 
 Lucien  passe ensuite  à  la  description  
 du  temple,  sur  laquelle  nous  n’insisterons  
 pas  ic i,  nous bornant à remarquer  
 les  seules  choses,  qui  peuvent  se  rapporter  
 au  but que nous nous proposons  
 dans  cet  article.  Les  monumens  les  
 plus,  frappa ns,  de  ce  temple  sont  les  
 Statues  colossales  de  Priape,  que  l ’on  
 disoit avoir  été consacrées par  Bacchus.  
 Elles  avoient  de hauteur  trois cents or-  
 gyes.  Dans  l ’une  d’elles  on  faisoit  
 monter,  deux fois par an ^  un homme ,  
 qui  demeurait  pendant  sept  jours  au  
 sommet. Là.* il étroit censé conférer avec  
 les  dieux,  et  solliciter  d’eux  les  bien-  
 faits  qu'en  attendait  la 'Syrie»  (i).  Plus  
 près  du séjour des  immortels ,  on  croi-  
 oit  qu’il  en  seroit mieux  écouté. Ceux-  
 ci  pi etendoient,  que  ç étoit  en  commémoration  
 de  ce  qui  étoit  arrivé  à  
 Deucalion, lorsqu’au moment du déluge  
 il  se  retira  sur  les  lieux élevés.  Ceux-  
 là  disoient, *que  cette  cérémonie  se  
 pratiquoitenhonneurdeBacchus. Quoi-  
 qu il en soit, j’observerai que le nombre  
 septou celui des jours., qu’il  restait dans  
 la  cavité supérieure du colosse ,  occupé  
 a  la  prière,  est un nombre mystique  et  
 sacré , et relatif à  celui  des  sept  sphères  
 planétaires ,,  qui  séparent  la  terre  du  
 ciel  des  fixes  et  du  séjour  des  dieux.  
 Lucien  nous  décrit  la  manière  dont  il  
 montoit au haut du colosse, à l’aide d’une  
 chaîne  qui  lui  servoit  d’appui.  Arrivé  
 en haut, il lâche une  autre  chaîne (2) y  
 cjui lui sert a faire  monter  tout  ce  dont  
 il  a  besoin  ,  pour  s’y  construite  
 îme  cabanne ,  et  y  vivre  pendant  sept  
 jours.  Pendant  ce  temps-là,  les  dévêts  
 arrivent  de  toutes  parts , apportent  de  
 de  1 argent  ou  des  monnaies  de  
 bronze,  qu ils déposent  en  bas ; puis ils  
 s en  vont  apres  avoir  donné  leur  nom.  
 Un  pretre,  qui  se  tient  de bout en bas, 
 Cl)  Ibid.  p.  89g. 
 (2)  Ibid. p.  ÿqo. 
 répète  ces noms à celui qui est en haut  
 et celui-ci à chaque nom fait une prière  
 en  même  temps  qu’il  frappe  une  clochette, 
   dont  le  son  aigu  fait  assez  de  
 bruit.  Il lui est défendu de dormir; et s'ils  
 étoit tenté de le faire, aussi-tôt monteroit  
 un scorpion,qui le piquerait cruellement  
 pour le réveiller.  Voilà  au moins ce que  
 débitent les faiseurs de contes  religieux,  
 et  Lucien  n’ose  garantir  la  véiité  du  
 fait. Voilà comme les prêtresse  sont toujours  
 joués  des sots  ,  qui  leur portoient  
 de l’argent,  afin de  les  engager  à   prier  
 pour  eux ,  Comme  étant  ries  êtres  d’un  
 ordre'supérieur au reste  des. mortels, et  
 placés  entr’eux  et les dieux.  Que de fuis  
 Cette supercherie a été  répétée,  sous des  
 formes différentes ,  sans  que les peuples  
 trompés,  en  soient  devenus  plus sages  
 et les  prêtres  moins  impudens. 
 Le temple  étoit, suivant Lucien ,  exposé  
 au  soleil  levant  ,  et  aux  rayons  
 naissans  du  dieu  ,  qui  y  étoit  adoré.  
 Sa forme  et  le  style  de  son  architecture  
 étoient  Ionique.  Les  portes  en  
 étoient dorées (3). L ’or brilloit  de toutes  
 parts  dans  l’intérieur  du  temple,  dont  
 le  lambris  et  Ja  voûte  étoient  dorés.  
 L’air  étoit  parfumé  d’essences ,  efi tel  
 qu’on  le respire  en  Arabie.  L ’odeur  la  
 plus  agréable  parfumoit  jusqu’aux  habits  
 de  ceux  qui y  étoient entrés,  et se  
 faisoit  sentir  encore  longtemps  après  
 qu’ils  en  étoient sortis. Les prêtres seuls  
 entroient  dans  une  espèce  de  chapelle,  
 ou  sanctuaire  particulier  ,  dont  étoit  
 exclusle  reste  des adorateurs, qui inon-  
 doient  les  autres  parties  du  ‘temple.  
 Dans  ce  sanctuaire  étoient  placées  les  
 statues  de  Jupiter et de Junon, qu’on  y  
 adoroit,  mais  sous  d’autres noms-  Ces  
 sanctuaires  étoient  dotés,  et  les  deux  
 divinités  étoient  représentées  assises.  
 Des  figures  de  lions,  comme  nous  l’avons  
 déj.a: observé, portoient Junon (ot/V  
 et  des  taureaux  portoient  Jupiter.  La  
 statue  de  Jupiter  avoit  tous  les  traits 
 (3)  Ibid.  p.  gel. 
 J 
 auxquels on peut reconnoître ce dieu(i).  représentoitJunon, c’est-à-dire, laLune.  
 C’étoit sa tête,ses yeux, sa manière d’être  Clément  d’Alexandrie  ( 5 )  ,  Joseph  et  
 assis  Enfin, il  étoitimpossible de repré-  Philon parlent desemblables pierres,qui  
 senterautrement Jupiter. Junon, dit Lu-  composoient  la  parure  du grand prêtre  
 cien  examinéede près réunit les traits de  des  Juifs  ,  et  parmi  lesquelles  orr  en  
 différentes  divinités;  dans  le  fait,  c’est  distinguoit  deux  plus  grosses  et  plus  
 bien  Junon ;  mais  elle  a quelque  chose  brillantes,  destinées  à  représenter  le  
 de Minervé,  de Vénus ,  de la Lune ,  de  Soleil  et  la  lune. 
 Rhéa  de  Diane  ,  de  Némésis  et  des 
 Parques.  D’une  main  ,  elle  tient  un  Le  commentateur  anonyme  de Denis  
 sceptre  et  de l ’autre  un  fuseau.  Sa  tête  -le voyageurparlede cette pierre Lycnis,  
 rayonnante  soutient  des  tours,  et  elle  dont  1’écla.t  approchoit  de  celui  du  feu  
 a  îeçeste,qui  appartient  exclusivement  et  de  la  flamme ;  et il  rocs  dit,  qu’on,  
 à Vénus.  J’observerai ic i,  qu’Isis  dans  l’appelloit  aussi  pierre Selénite  ou  lu-  
 Aoulée  (2)  prend  tous  les  noms  des  naire,  parce  que sa lumière  croissait  et  
 divinités,  dont  cette Junon emprunte les  diminuoit ,  en  suivant celle  de la lune  
 attributs.  C’est  donc  bien  réellement  et  les  progressions  de ses phases  ( 6 ).  Il  
 une Isis. Elle  a  en  outre d’autres  orne-  n’en  fallut  pas davantage,pour  en  faire  
 mens  en or et en  pierres précieuses, les  le principal  ornement de  la  Junon  As-  
 unes blanches, les autres couleur d’eau,  Syrienne,  qui,  suivant  Lucien,  avoit  
 celles - ci  couleur  de  feu.  Elle  a  aussi  beaucoup  de caractères ,  qui  lui étoient  
 des  émeraudes,  des  hyacinthes,  des  communs  avec  la  Lune  et  avec Diane,  
 sardoines  ,  etc.  et  d’autres  pierreries,  Pline  parle  dans les  mêmes  termes  de  
 dont  les  Egyptiens  ,  les  Indiens,  les  la pierre Selénite,  qui  renferme  en  elle  
 jithiopiens ,  les  Mèdes, les Arméniens  une espèce d image  de la Lune, dans les  
 et  les Babyloniens, ont  composé  sa pa-  accroissemens  et  décroissemens  pério-  
 rure.  J’observerai  encore, que  dans  la  diques  de sa lumière (7).  11  ajoute, qu’on  
 peinture  que  Martianus Capella  fait  de  croit  qu’elle naît en Arabie.  Dioscoride  
 Junon, il donne  à cette déesse une  cou-  prétend-,  qu’on  la  remarque par  l ’éclat  
 ronne  de  douze pierres précieuses, des-  qu elle  jette  au  milieu  de la nuit et qui  
 tinées  à représenter  les  "douze signes  et  sert  à  la faire  trouver.  Tous ces  carac-  
 les mois, et que les pierres ici dénommées  tères  conviennent parfaitement  a  cette  
 en font partie (3).  Lucien  nous dit, que  fameuse pierre de Junon ,  dont parle ici  
 ce  qu’il  y  avoit  de  plus  remarquable  Lucien. Pline fait mention, quelquescha-  
 étoit  une  très-grosse  pierre  précieuse  -pitres  auparavant, de la pierre Lycnis ,  
 nommée  Lycnis., et qui produisoit par-  du genre des esçarboucles^ ou  pierres  de  
 fadement l ’effet,  qu’indiquoitsonnmn ;  couleur de  feu ,  et  que  l’on  trouve  au  
 car elle jettoit pendant la  nuit  un  si  vif  clair  de  la  lune, sur-tout  dans  son  
 éclat, que tout le sanctuaire étoitéclairé.  plein (8). Junon  pouvoit-elle mieux être  
 Sa  lumière n’étoit  presque  pas  sensible  caractérisée , que  par  une  pierre  qui,  
 pendant le jour (4)  i on  n'y  voioit  sim-  comme  la  lune ,  brilloit  au  sein des  te-  
 plement  qu’une pierre  couleur,  de.  feu.  nèbres de la nuit.  Aussi dans la table de 
 Je  remarquerai  ici ,  que  cette  pierre  Kirher  (9),  qui ^contient  la chaîne^des 
 Bolée  et  très-éclatante désignait  , avec  êtres  subordonnés  à  chaque  planète ,  
 beaucoup d’apparence,l’astre même que  dans  les  différens  règnes minerai  ,  vé- 
 (i)P.  002.  (6):Anovy. m Dit>nyf. ïerieg.  v. gr6. 
 0')  Apulée'métam.  I.  n i   " .  "   -  f  Q )   plia.hift:  nat. I.  37.  c.  10.  Solin p.  u s , 
 (3)  Martian. Capeil,  I.  6.  c. 4  &5.  (o)  Ibid.  I.  37.  c. 7. (41 Luciaiv.  p-  903.  .   .  ■  ( 9)  OEdip. t.  2. part.  2.  p.  ïSe. 
 (5) Cl. Alex  Str.  1.  5.  P-  5êS- ‘Jo£  aDt' J“ 1*. *• 3-e